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2 - Suspendu.

Je longe le couloir qui mène jusqu'au bureau de notre supérieur. Le trajet se fait dans le silence et l'atmosphère est lourde. Ce n'est pas la première fois qu'il débarque dans notre bureau de cette façon, mais je n'avais encore jamais été convoqué en privé. En vue des petits grognements qu'il laisse échapper, je ne suis pas certain que cette première soit un cadeau.

Une fois devant celui-ci, il me fait signe d'entrer et m'intime de m'asseoir avant de claquer la porte avec force, au point que le store se retrouve secoué. Il ne tarde pas à me rejoindre en s'installant en face de moi et ce qui me frappe le plus à cet instant, est la rougeur de son visage. Je pourrais m'éterniser sur la veine centrale de son front prêt à exploser ou encore le regard assassin qu'il me fait, mais non. En vingt ans de service à ses côtés, c'est la première fois que je vois cet homme, rouge sur le point d'exploser.

Il s'empare d'un papier et s'éclaircit la voix.

— Ce matin, après avoir constaté que les pneus de ma voiture avaient été crevés, j'ai appelé le commissariat de police. Je suis tombée sur l'officier Marshall qui m'a répondu : "Profitez-en pour marcher, ça ne vous fera pas de mal". Mais vous êtes complètement malade ! vocifère-t-il

— Je pense qu'il y a plus important que quatre pneus crevés. Elle paie une assurance, ce n'est pas pour faire les yeux doux au pape.

— Ce n'est pas la première fois que vous envoyez balader quelqu'un. Je sais que vous vivez une passe très difficile en ce moment...

— Oui, c'est pour cette raison que vous avez décidé de mettre l'enquête sur ma fille dans l'un de vos tiroirs poussiéreux ? le coupé-je.

Ses sourcils se froncent, mais l'expression de son visage semble s'adoucir.

— Je ne compte pas l'enfermer dans le fond d'un tiroir, mais ça fait deux ans. Je ne peux pas négliger les autres enquêtes, alors que nous n'avons pas le moindre indice. Si quelque chose permet un rebondissement, je la relancerai immédiatement.

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel. Mon attitude peut sembler enfantine, mais je n'arrive pas à croire en ce qu'il me dit. Ça fait des mois que l'on me bassine avec des mots sympathiques, mais aucun acte ne suit les belles paroles. Les sourires forcés à chacun de mes passages, les regards remplis de pitié. Une réaction humaine tout à fait logique dans ce genre de situation, mais qui devient insupportable avec le temps.

Ajoutez à ça la fameuse réflexion de l'entourage qui nous reproche d'avoir changé, jusqu'à s'éloigner de nous. Qui ne changerait pas après la disparition de son enfant ?

— Marshall ?

— Hum ?

Je soupire et relève la tête dans sa direction. Il passe une main sur sa mâchoire et détourne le regard. De mon côté, mes yeux ne cessent de suivre chacun de ses mouvements que je ne peux m'empêcher d'analyser. Avant, c'était un simple réflexe de flic, mais aujourd'hui c'est devenu une obsession.

— Vous devez vous douter que vous n'êtes pas ici pour une simple remontrance, reprend-il.

Je ne réponds pas et continue de l'observer. Il est nerveux et frotte activement son pouce à l'aide de son index et de son majeur. Il tortille sa moustache dans tous les sens, comme si elle le dérangeait. Il ne m'en faut pas plus pour comprendre que ce qu'il va me dire ne va pas me plaire. En voyant qu'il ne parvient pas à trouver les mots pour me dire les choses, je décide de mettre les pieds dans le plat.

— Vous voulez que je prenne des vacances, c'est ça ?

Il grimace, ce qui me pousse à froncer les sourcils. Si j'avais vu juste, il aurait souri comme un idiot, mais cette expression ne me dit rien qui vaille.

— Je sais parfaitement que vous vivez dans le pire des enfers depuis la disparition d'Holly. J'essaie de rester compréhensif, mais en tant que représentant de la loi, je me dois d'intervenir...

— Allez droit au but, s'il vous plaît !

— Tu es suspendu, pour une durée indéterminée, annonce-t-il.

Même si la chaise retient mon corps, j'ai le sentiment de plonger dans un puits sans fond. On me renvoie de force chez moi, là où seule ma solitude m'accompagne avec des souvenirs déchirants. Je sens l'émotion monter crescendo et même si je m'étrangle avec mes mots, je parviens à m'exprimer :

— Vous ne pouvez pas me faire ça...

— J'aurais aimé ne pas en arriver là, Hank. Nous travaillons ensemble depuis tellement d'années... Mais il y a trop de personnes qui se plaignent de ton comportement. J'ai passé un accord avec mes supérieurs hiérarchiques et cette suspension n'aura aucun impact pour ta carrière, mais il y a une condition...

J'avale ma salive, tandis que mon souffle se coupe le temps d'une seconde. Une part de moi appréhende, mais d'un autre côté, je ne demande qu'à connaître cette condition.

— Laquelle ?

— Tu vas devoir rencontrer une psychologue, mais uniquement quand tu seras prêt. Elle est au courant et elle attend que tu rentres en contact avec elle. Fais-le quand tu te sens prêt et pas pour revenir avec nous au plus vite, car c'est elle qui décidera quand tu seras capable de nous rejoindre, m'explique-t-il.

Il me tend une carte que je pince entre deux doigts. Mes yeux survolent le morceau de papier pour y lire le nom du Docteur Kane. Je libère un long soupire et commence à jouer avec la carte de visite. Les mots se bousculent dans ma gorge et ne demandent qu'à sortir. J'aimerais pouvoir serrer les dents et garder le silence, mais je n'en ai pas la force.

— Je ne suis pas fou, Richard !

Ses sourcils se dressent sur son front à l'instant où son prénom s'échappe d'entre mes lèvres. Il est surpris et même si je ne le montre pas, je le suis tout autant. Après toutes ces années, c'est la première fois que je l'appelle par son prénom alors que je suis en service.

— Je sais que tu n'es pas fou, mais tu souffres. Je ne dis pas que le docteur Kane pourra tout effacer, mais je suis persuadé qu'elle pourra te comprendre...

— Me comprendre ? Me comprendre ? insisté-je.

Je me lève d'un bond, bousculant la chaise au passage qui tombe vers l'arrière. Le poing serré, la carte de visite broyée dans ma main, je commence à tourner en rond. J'utilise ma main libre pour me pincer l'arête du nez, car je dois garder le contrôle sur la colère.

Je m'arrête et ferme les yeux. Je prends le temps de respirer et tente d'étouffer cette rage qui s'enflamme dans mes veines. Je secoue la tête en comprenant que ce feu ne peut pas s'éteindre, du moins, pas de cette façon.

— Personne ne peut comprendre ce que je vis et je ne souhaite à personne de le connaître. Il n'y a pas pire que de ne pas savoir, Richard. Se lever le matin et se diriger vers une chambre, que tu sais désespérément vide, mais espérer qu'elle y soit... Je ne pourrais jamais abandonner et quand je saurais la vérité, ce jour-là, souviens-toi que tu m'auras laissé tomber !

Je n'ajoute pas le moindre mot et décide de quitter son bureau, sans même me retourner.

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