Légèreté
Je ne sais pas par où commencer tu sais ? Tout est si compliqué aujourd’hui… Je crains de ne me montrer maladroite dans mes propos… Désormais, les gens ne recherchent qu’une seule et même chose : la perfection. Sans elle tu n’existes pas, tu ne vaux rien. Nulle erreur permise, tu dois t’accorder avec la société au risque de devenir un paria. Comme j’envie Baudelaire… Et comme tu me manques…
Ton absence me pèse et la frivolité qui accompagnait ta présence disparaît peu à peu. Le monde noircit de jour, ses teintes pâles dérivent vers l’obscurité quand mes yeux découvrent un décor nouveau ténébreux et obscur. Je ne demande qu’à te revoir une dernière fois, entendre ta voix fluette et ton rire cristallin. Je ne réclame qu’à m’allonger près de toi sur l’herbe humide du matin et contempler l’aurore tout en sentant la brise m’effleurer… Je te veux toi. Juste toi… Mon oxygène dans ce cachot étroit… Toi qui appréciais m’écouter narrer des histoires en tout genre, qui te les remémorais le soir dans ton lit et t’endormais au son de ma voix… Une nuit nichée dans les plumes d’un oiseau géant, tu décollais vers une destination inconnue ; l’autre métamorphosée en fée, tu explorais une forêt aux trésors enfouis. Belle et courageuse aventurière, tu ne manquais pas de ressources et rêvais toujours d’atteindre les plus sommets… Quel bonheur lorsqu’un sourire se formait sur ton visage d’ange ! Rien ne te rendait plus heureuse que de laisser valser tes pas l’un après l’autre en rythme avec une mélodie. Là, tu oubliais tout, éprise par la musique, enchantée par ses consonances… Et tu devenais sur scène la colombe parmi les moineaux. Etoile pour un instant tu brillais plus que jamais et resplendissait pour toi, pour moi. Un pas après l’autre, leste et aérien. Tes pieds frôlaient le parquet, si vivement que la rencontre entre les deux éléments semblait ne pas s’accomplir. Soudés à l’air tes bras s’ouvraient au monde, dévoilant ton corps fin et gracieux en mouvement. Comme je t’admirais ! Mais tu as commis une erreur...
Poupée de porcelaine en action, tu tachais d’atteindre l’excellence et veillais à accomplir chacun de tes gestes avec minutie tel l’horloger devant son ouvrage. Tu ne t'autorisais pas le moindre écart, la moindre pièce défaillante… Il te fallait plus, toujours… À vouloir t’approcher du soleil, tu t’es brûlée les ailes… Petit ange enjôleur, vouloir égaler la légèreté ne s’accomplit pas sans frais…
Pas une heure, une seconde ne se passe sans que je ne pense à toi et ne me représente mon enfant dansant parmi les astres.
22 / 07 / 18
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