𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟎
★ 𝐌𝐮𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐫𝐞𝐜𝐨𝐦𝐦𝐚𝐧𝐝é𝐞 : Gangsta de Kehlani ★
❝ Sauvée ? ❞
𝐑 𝐀 𝐃 𝐇 𝐀 𝐍 𝐊 𝐇 𝐀 𝐓 𝐑 𝐈
Ils me traînent jusqu'à la porte, leurs pas lourds résonnant derrière moi. Je me retiens de leur jeter un regard, préférant fixer la poignée métallique devant moi. À peine ai-je franchi le seuil que la porte se referme brutalement dans mon dos. Pas un mot, pas une once d'humanité. Ces types ne sont que des ombres, des pantins silencieux. Je passe une main dans mes cheveux encore humides, essayant de contenir la colère qui bouillonne en moi.
C'est alors que je la vois. Une boîte.
Elle est posée sur mon lit, incongrue dans cet appartement sinistre. Mon regard se pose dessus, méfiant, avant d'apercevoir un petit mot griffonné : Pour ta victoire.
Je reste immobile une seconde, mon cœur battant plus vite sans raison. Une part de moi veut ignorer cette boîte, la laisser là comme une provocation supplémentaire. Mais ma curiosité prend le dessus. Avec des gestes lents, je m'approche et soulève le couvercle.
À l'intérieur, un objet familier. Mon vieux MP3. Noir, usé par le temps, mais intact. Les écouteurs enroulés soigneusement autour. Je le prends dans mes mains, la gorge serrée.
Il est là.
Ma musique. Des centaines de morceaux que j'ai accumulés pendant des années, chacun lié à un souvenir, une émotion. Ce petit appareil m'a accompagné dans les moments les plus difficiles, les plus solitaires. Et maintenant, il est ici, entre mes doigts, comme une part de moi que je croyais perdue.
Je le serre contre ma paume, sans réfléchir. Pour un instant, la rage s'efface, remplacée par une étrange chaleur. Je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça. Pourquoi elle m'a rendu ça. Un cadeau ? Non. Une manipulation de plus.
Je n'ai pas le temps de m'y attarder. La porte s'ouvre de nouveau, me tirant de mes pensées. Instinctivement, je me retourne, prêt à faire face à un autre de ses sbires ou peut-être à elle-même. Mais non.
Une jeune femme entre, ses pas hésitants. Blonde, petite, habillée simplement d'un pantalon noir et d'un pull beige. Elle tient un plateau dans ses mains, chargé de petits échantillons de nourriture. Elle me regarde avec une méfiance presque palpable, ses yeux scrutant chaque détail de mon visage comme si elle cherchait à évaluer le danger.
— Je... Sa voix tremble légèrement, elle déglutit avant de reprendre. Je m'appelle Georgia, Madame Tsvetkova m'a demandé de vous apporter ça.
Je la fixe, silencieux. Elle tend le plateau vers moi, et je le prends avec précaution, sans un mot au départ. Elle n'a pas l'air menaçante. Au contraire, elle semble... fragile, à sa façon. Je ne peux pas m'empêcher de me demander si elle est ici de son plein gré.
— Merci, dis-je finalement, d'une voix rauque.
Elle incline légèrement la tête, comme soulagée que je ne sois pas un monstre. Mais elle ne bouge pas. Son regard reste accroché au mien, incertain, avant qu'elle ne reprenne :
— Madame Tsvetkova voulait aussi savoir si son cadeau vous plaisait.
Je serre les mâchoires, mon pouce frôlant inconsciemment le MP3 que je tiens encore dans ma main. Elle attend une réponse, et je me contente d'un grognement.
— Pourquoi ça l'intéresse ?
Georgia esquisse un sourire nerveux.
— Elle peut paraître froide... même dure. Mais c'est une très bonne personne au fond.
Ses mots me frappent, et pas dans le bon sens. Une bonne personne ? C'est ce qu'elle pense réellement ? Je la détaille, cherchant dans ses traits une quelconque trace de mensonge, de manipulation. Mais non. Elle est sincère.
Alors elle n'est pas une prisonnière. Elle est là par choix.
— Elle t'a fait quoi, à toi, pour que tu sois aussi aveugle ? demandé-je, ma voix froide et méprisante.
Georgia recule légèrement, déstabilisée, mais elle ne répond pas. Elle secoue simplement la tête, comme si elle voulait défendre Anastasia, mais ne trouvait pas les mots.
Je soupire et repose le plateau sur la table sans y toucher, le MP3 toujours dans ma main. Cette fille est un mystère, tout comme sa précieuse Anastasia. Et pour la première fois depuis longtemps, je ne sais pas quoi penser.
Georgia se tient encore là, un pas en arrière, comme si mes mots venaient de lui retirer le peu de courage qu'elle avait réussi à rassembler. Elle baisse les yeux un instant, hésite, puis relève son regard vers moi.
— Vous savez, commence-t-elle d'une voix douce, presque tremblante, elle m'a sauvée.
Je fronce les sourcils, interloqué.
— Sauvée ?
Elle hoche la tête, serrant les bras contre son plateau vide.
— Avant de travailler pour elle, j'étais... dans un très mauvais endroit. Je n'avais rien, personne. J'étais... Elle s'interrompt, cherchant ses mots, comme si en dire trop risquait de la briser. Elle m'a tendu la main quand personne ne l'aurait fait. Elle m'a donné une chance, un toit, une vie.
Je la fixe, incapable de masquer mon incrédulité. Anastasia Tsvetkova ? Sauver quelqu'un ? Cette femme qui ne semble nourrir que cruauté et contrôle ?
— Tu parles bien de la même femme qui m'a kidnappé et qui me traite comme un jouet ?
Georgia secoue doucement la tête, un faible sourire sur les lèvres, presque triste.
— Vous ne voyez qu'une facette d'elle. Elle n'est pas parfaite, mais elle n'est pas que ce que vous pensez.
Je reste silencieux, cherchant un sens à tout ça. Georgia, elle, semble considérer que notre échange est terminé. Elle recule vers la porte.
— Bonne soirée, Monsieur, murmure-t-elle avant de disparaître dans le couloir, refermant la porte derrière elle.
Je reste là, planté comme un idiot, un poids invisible pesant sur ma poitrine. Anastasia, capable de sauver une personne ? L'idée me semble si absurde qu'elle frôle le ridicule. Et pourtant... Georgia semblait sincère.
Je me passe une main sur le visage, chassant ces pensées. Peu importe ce qu'elle a fait pour d'autres, ça ne change rien pour moi.
Mon regard retombe sur le plateau abandonné sur la table. L'odeur des plats remonte à mes narines, et je sens mon estomac gronder. Je voulais résister, ne rien prendre de ce qu'elle m'a offert, mais je suis affamé. Je cède. Je m'assois, attrape un morceau de pain et un petit plat que je ne prends même pas la peine d'identifier. Je mange en silence, chaque bouchée atténuant un peu la tension dans mes épaules.
Une fois rassasié, je retourne vers le lit et m'y laisse tomber lourdement. Le MP3 est toujours dans ma main. Je le fixe, la lumière de l'écran s'allumant faiblement. Sans réfléchir, je branche les écouteurs, les glisse dans mes oreilles et appuie sur "lecture". La première note résonne, douce et familière, me ramenant à une époque bien différente. Une époque où ma vie avait un semblant de normalité.
Je ferme les yeux, mes muscles se détendent. La musique m'enveloppe, me coupant du reste, même de cette fichue prison dorée. Mes doigts restent serrés sur l'appareil comme si je craignais qu'on me l'arrache. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens un peu... moi.
Le sommeil finit par m'emporter, les notes toujours présentes dans mes oreilles. Mais une pensée persiste, flottant dans l'obscurité de mes rêves : pourquoi une femme comme Anastasia ferait-elle quelque chose de bon ?
𝐀 𝐍 𝐀 𝐒 𝐓 𝐀 𝐒 𝐈 𝐀 𝐓 𝐒 𝐕 𝐄 𝐓 𝐊 𝐎 𝐕 𝐀
Le lendemain
Le froid glacial de la pièce s'insinue jusqu'à mes os, mais cela ne me dérange pas. Cette salle, ma salle, n'est pas faite pour le confort. Les murs en béton brut suintent encore de l'humidité, et l'air est saturé de l'odeur métallique du sang séché. Je me tiens droite au centre, bras croisés, les talons de mes bottes résonnant sur le sol à chaque pas que je fais pour m'approcher des deux hommes attachés aux piliers.
Ils sont pitoyables. Leurs visages sont enflés, marqués de coups que mon frère a infligés sans relâche. L'un a une épaule déboîtée, l'autre peine à respirer, chaque souffle brisé par des côtes fracturées. Leur sang forme des traînées rouges le long des piliers, créant de petites flaques au sol. Alexei est méthodique, comme toujours.
Il est là, silencieux, agenouillé devant l'un d'eux. Dans ses mains, une pince en acier. D'un geste sec, il arrache un ongle, et le hurlement de l'homme résonne dans la pièce comme une symphonie qui me plaît un peu trop. Alexei ne réagit pas. Son visage reste neutre, mais ses gestes, eux, sont d'une précision clinique. Lentement, il passe à un autre doigt, ignorant les suppliques et les gémissements.
Je prends une profonde inspiration et me penche légèrement vers l'autre homme. Celui qui reste encore un peu plus lucide, bien que son regard soit déjà voilé par la douleur et la peur. Ses poignets, attachés par des sangles de cuir, sont couverts d'ecchymoses profondes.
— Alors, dis-je calmement, ma voix douce mais tranchante comme un rasoir, tu comptes parler ?
Il ne répond pas, son menton tremblant de rage ou de terreur, je ne sais pas. Mais ses lèvres restent scellées.
— Rien ? Pas un mot ? Je souris légèrement, mais mon regard se durcit. Je te préviens, Alexei peut continuer toute la journée. Moi aussi, d'ailleurs.
Mon frère jumeau se relève, essuyant le sang qui macule ses mains sur un chiffon noir. Puis, sans un bruit, il attrape une aiguille longue et fine posée sur la table métallique à côté. Son regard croise le mien, et je lui fais un signe de tête. L'homme hurle déjà avant que l'aiguille n'atteigne sa chair, s'enfonçant lentement dans un espace précis sous son genou. Un cri guttural emplit la pièce, suivi de sanglots.
— Qui vous a envoyés voler notre cargaison ? je demande à nouveau, cette fois avec une pointe d'impatience.
L'autre homme, celui qui manque de s'évanouir à chaque instant, tente de balbutier quelque chose, mais son compagnon l'interrompt d'un grognement rauque, presque animal. Ils préfèrent mourir plutôt que parler, semble-t-il.
— Loyauté... admirable, je murmure, avant de me redresser et de faire quelques pas en arrière.
Je prends le temps de les observer tous les deux, mes yeux passant sur leurs vêtements trempés de sueur et de sang, leurs corps brisés mais résilients. Aucune marque de clan. Aucun tatouage, aucun symbole. Rien qui puisse m'aider à les identifier.
Alexei, toujours imperturbable, saisit un couteau à lame fine et l'approche du visage de celui qui s'était montré le plus résistant. La lame glisse le long de sa joue, juste assez pour ouvrir un filet de sang. Je sais qu'il ne s'arrêtera pas là. Mon frère aime tester les limites de la douleur humaine, surtout lorsqu'il est contrarié comme aujourd'hui.
— La cargaison, je reprends, ma voix plus froide cette fois. Qui vous a donné l'ordre de la voler ?
Pas de réponse. L'un d'eux crache du sang au sol, comme pour me défier.
Je sens une pointe de frustration monter, mais je la refoule. Je ne leur montrerai jamais qu'ils ont cet effet sur moi.
— Alexei, dis-je, détachée, fais ce que tu veux. J'en ai assez de leur silence.
Il ne se fait pas prier. Un rictus presque imperceptible déforme sa mâchoire alors qu'il attrape un chalumeau. Le sifflement de la flamme bleue emplit la pièce, une lumière dansante illuminant ses traits concentrés.
Je croise les bras, observant l'homme qui tremble en voyant la flamme s'approcher de son bras. Je pourrais presque plaindre ces pauvres idiots. Presque.
— Parlez, et cela s'arrête, dis-je en soupirant, un léger agacement dans la voix. Mais aucun d'eux ne cède.
Alexei commence alors à brûler légèrement la peau du premier homme. Les hurlements sont insoutenables, mais ils ne me dérangent pas. Ici, dans cette pièce, je me sens en contrôle. C'est un espace où je peux être la personne que j'ai toujours été : impitoyable.
Et pourtant, quelque chose me tracasse. Pourquoi ces hommes risquent-ils tout pour garder le silence ? Ils ne sont liés à aucun clan ennemi connu. Qui les a envoyés ?
Un sourire presque imperceptible étire mes lèvres. Peu importe combien de temps cela prendra, je le découvrirai. Je découvre toujours tout.
Alexei s'arrête une seconde, ses mains maculées de sang, son regard fixe et glacial posé sur moi. Je lui fais un signe bref du menton, et mes mots tombent comme une sentence :
— Ils sont inutiles. Tue-les.
Je me détourne, mes talons claquant sur le sol bétonné de la pièce de torture. À peine ai-je atteint la porte que l'un des hommes hurle, un cri perçant, inhumain, qui fait écho dans la pièce froide et résonne jusqu'à mes os. Je ne me retourne pas. Je sais parfaitement ce qui est en train de se passer.
Alexei, mon cher frère silencieux, est méthodique, mais il a aussi une imagination cruelle. Il ne se contente pas d'infliger la douleur : il aime la refléter. Ce qu'il leur fait subir, il l'a vécu, et cela le remplit d'une satisfaction froide et macabre. C'est sa manière à lui de ne jamais oublier.
Je grimpe les escaliers menant au salon, laissant derrière moi les hurlements étouffés qui s'échappent à travers les murs épais. Ici, l'atmosphère est bien différente. La lumière douce des lampes diffuse une chaleur accueillante, et un parfum boisé flotte dans l'air.
Kian et Levi sont affalés sur les canapés en cuir, chacun avec un verre à la main. Kian tient une cigarette non allumée entre ses doigts, la faisant tourner distraitement, tandis que Levi gesticule avec enthousiasme, le visage éclairé par une expression amusée.
— Je te dis que c'était ce crochet du gauche, Kian. Là, ça a été plié ! Le gars en face n'a rien vu venir, lance Levi avec un grand sourire.
— T'exagères toujours, répond Kian en roulant des yeux. Le crochet, c'était bien, mais c'est le jeu de jambes avant qui a tout fait. Ce gamin a un instinct de tueur, c'est indéniable.
Je m'approche sans un mot, contourne le bar du salon et attrape une bouteille de whisky irlandais vieilli. Sa couleur ambrée reflète la lumière des chandeliers. Je verse une dose généreuse dans un verre de cristal et le porte à mes lèvres. La chaleur de l'alcool descend le long de ma gorge, atténuant légèrement la tension de la nuit.
— Tu as vu, Ana ? demande Levi en se redressant un peu. Ton petit protégé a fait sensation hier. Le public est en délire. Ils veulent le revoir samedi prochain.
Je reste silencieuse, mes doigts jouant avec le bord du verre. Je m'approche de la grande baie vitrée, mes talons s'enfonçant légèrement dans le tapis épais. La vue sur le jardin illuminé s'étend devant moi : un espace parfaitement entretenu, où tout est à sa place, un contraste saisissant avec le chaos qui règne dans mon esprit.
— Il a un potentiel brut, dis-je finalement, ma voix calme mais réfléchie. Si on veut en tirer un maximum, il doit enchaîner les victoires.
— Alors trouve-lui un adversaire, réplique Kian en haussant les épaules. Le public attend déjà.
Je prends une longue gorgée de whisky, les yeux toujours fixés sur les arbres qui dansent doucement dans la brise nocturne. Puis une idée me traverse l'esprit, une idée qui me fait sourire.
— Et pourquoi pas un tournoi ?
Je me tourne vers eux, les observant du coin de l'œil.
— Deux combats. Deux victoires. Et ensuite, une finale digne de ce nom.
Levi claque des mains, ravi.
— J'adore ! Ça va être explosif.
Kian sort immédiatement son téléphone et commence à taper un message, le regard concentré.
— Je m'en occupe. Les organisateurs vont adorer ce concept.
À cet instant, un cri long et strident résonne, venant de la pièce de torture en bas. Levi lève un doigt en l'air, comme s'il faisait une déclaration importante.
— Je parie qu'il est en train de lui couper une couille.
Kian explose de rire, sa tête retombant contre le dossier du canapé. Je secoue légèrement la tête, mais un sourire se dessine malgré moi. Ils sont insupportables, ces deux-là. Mais ils me rappellent qu'il est possible de rire, même au cœur du pire chaos.
Les hurlements continuent en bas, déchirant la tranquillité apparente du salon. Levi reprend, toujours avec son ton exagérément dramatique :
— Ah oui, c'est sûr cette fois. Une boule en moins.
Kian rit de plus belle, son fou rire devenant incontrôlable. Je ne peux m'empêcher de sourire encore plus, même si je secoue la tête, faussement agacée.
— Vous êtes deux idiots, je lâche en les regardant du coin de l'œil, mon ton moqueur adouci par la chaleur que je ressens en leur présence.
Ils ne sont pas seulement des alliés ou des hommes de main. Ils sont comme une extension de ma famille, une version moins brutale mais tout aussi loyale que celle que je partage avec Alexei. Parfois, je me demande si nous aurions été différents, si nos vies avaient pris un autre chemin. Mais cette pensée ne dure jamais longtemps.
De nouveaux cris retentissent, mais je n'y prête plus attention. Je suis entourée de ceux qui comptent, et malgré tout, cela suffit à me maintenir droite dans ce monde déchiré.
Et voici le dernier chapitre pour aujourd'hui, qu'avez-vous pensé de celui-ci ?🙂↕️🖤
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro