57-Elle
Notre retour à New-York s'est très bien déroulé et m'a semblé plus rapide que l'aller.
Néanmoins, malgré une bonne ambiance, je sens une tension sous-jacente. Je suis persuadée que Dohän ne s'est pas remis de ce magazine avec nous deux en une de couverture. C'est un sentiment que je peux comprendre, mais il ne doit pas se laisser envahir par la contrariété et la colère aussi facilement.
Même si en apparence, le Dohän que j'ai rencontré semble avoir disparu, ce n'est qu'une illusion, car en observant bien, son comportement excessif qu'il a actuellement, démontre que l'odieux Dohän Van Rein est encore présent.
Non pas que cela m'ennuie, je lui ai certifié que je le prenais tel qu'il était, que j'aimais autant ses mauvais côtés que les bons. C'est ce qui fait son charme, et c'est avant tout ce qui me plaît. Cependant, c'est pour lui que ça m'attriste. Bien qu'il tente d'arrêter sa dépendance aux antidépresseurs, une situation aussi futile que celle-ci pourrait l'y replonger sur le tas.
– Dohän ? L'interpellé-je, curieuse de savoir comment il se sent.
– Riva, soupire celui-ci, je sais d'instinct ce que tu souhaites me demander. Je vais bien, crois-moi, c'est juste qu'il faut sans cesse se battre contre quelqu'un dans ce bas monde. C'est navrant et épuisant.
– Je ne veux pas que tu t'en fasses pour si peu...
– Ce n'est pas rien pour moi. Quand cela me touche, ça me déplaît au plus haut point, mais quand on t'y implique aussi, cela me met dans un accès de colère et... De frustration. Je serais capable de tout pour te protéger, Riva. Tu n'es pas digne d'une photo volée prise sur le faite et de plus sans ton consentement publiée aussi salement sur un bout de papier glacé. Tu mérites tellement mieux que cette saloperie.
– Et si je te disais que je m'en fiche ?
La discussion n'est pas si animée qu'il y paraît, Dohän garde son calme malgré une colère latente. Il se contrôle, car il sait que je n'aime pas les esclandres inutiles.
– Ne me fais pas croire ça, lâche-t-il avec dédain, je suis certain que cela t'affecte. Peut-être pas autant que moi, mais ça te touche, ne le nie pas.
– C'est vrai. Tu es content ? Je n'aime pas me voir en photo, mais j'apprécie ce couple qui est affiché à la une de ce magazine.
Un bref sourire illumine son visage avant de s'évaporer.
– Je compte bien rattraper cette erreur. C'est beaucoup trop tôt pour moi, Riva.
– Trop tôt pour quoi ?
Ses paroles m'intriguent, de quoi veut-il parler ?
– Pour nous montrer, explique-t-il, nous avons une compétence dans très peu de temps, Riva. Que vont dire les gens si nous sommes déjà un couple de danseurs qui, de surplus, est en couple dans la vie ?
– Les gens aiment les histoires d'amour.
– Pas les juges. Ils s'en contre-fichent, pire même, ils vont attendre le meilleur de nous. Une fusion infaillible, une complicité sans nom et j'en passe ! Il faudra effectuer des danses d'un haut niveau, Riva !
– Et alors ? M'exasperé-je. Nous en sommes capables, non ? Tu es déjà un danseur talentueux, tu veux quoi de plus, Dohän ?
– Je veux de l'intimité.
Son aveu sonne tel un pamphlet. Chaque fois qu'il parle de cette manière, ça me laisse sans voix.
– Ce n'est pourtant pas si difficile à comprendre, n'est-ce pas Riva ?
Sa voix cynique et son regard moqueur me font sourire malgré moi. Il a une telle aisance à passer d'une émotion à une autre que ça me déroute toujours autant.
Nous récupérons enfin nos valises qui arrivent sur le tapis roulant. Exténuée par le voyage, je ne pense qu'à rentrer au plus vite tandis que Dohän ne pense qu'à écumer les boutiques de presse.
– Fais ça sans moi, par pitié !
– Tu me déçois, je pensais qu'on aurait pu se promener par la même occasion.
– En épluchant chaque magazine people ? Non merci ! J'ai mal aux doigts rien que de songer aux nombres de pages que je vais devoir tourner.
– N'en fais pas tout un drame. Crois-le ou non, je ne compte pas laisser cette affaire en suspens.
– Grand bien te fasse, mais ça sera sans moi.
Quand bien même il semble touché par cette histoire, il n'en perd pas moins son humour.
– Je te dépose à la maison dans ce cas.
– Ne te dérange pas pour moi, je peux prendre un taxi.
– Hors de question que tu montes dans une voiture miteuse où tout un tas de personnes s'assoit à longueur de journée. Je vais demander à Wade de te raccompagner.
– Dohän...
– Ne discute pas. Je ne te laisserais pas vagabonder dans une banquette arrière avec un inconnu au volant.
L'irritation qui me prenait est vite remplacée par l'inénarrabilité de la situation.
Mes ricanements attirent son attention et à son tour, il sourit malgré son incompréhension.
– Quoi ?
– Puis-je vous poser une question Dohän Van Rein ?
Ce dernier fronce des yeux, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Son regard vert est si absorbant, si intense que je ferais le souhait de le fixer sans fin.
– Ne seriez-vous pas un peu jaloux ?
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