Nous allons atterrir dans quelques minutes maintenant, le vol m'a semblé rapide, mais tout aussi terrible à supporter.

Le fait d'être si proche de Riva m'a pas mal dérangé, dans le sens où ma promiscuité avec elle a mis mon corps à rude épreuve.

Je n'avais jamais ressenti une telle chose avant de la connaître. Tout comme la première où mes yeux se sont posés sur elle, tout comme cette danse qui m'a laissé sans voix, mais aussi comme sa persévérance et sa droiture m'ont ébranlés, cette fille me bouscule dans tous les sens du terme.

Alors lorsqu'elle s'est endormie contre moi, mon réveil a été plus qu'agréable. À ses côtés, j'ai veillé silencieusement, attentif à son repos. J'ai minutieusement observé les traits apaisés de son visage, me sentant presque protecteur à son égard.

Néanmoins, j'ai hâte que l'avion se pose enfin, j'ai besoin de prendre un bon bol d'air frais pour ainsi retrouver mes esprits. Être en sa compagnie ne fait que m'affaiblir, me rendre trop docile. J'en oublie mes priorités et mes objectifs que je m'étais fixés avant ce satané casting.

Riva se réveille d'un coup lorsque les roues frottent la route bitumée. Nous nous extirpons de l'habitacle les minutes suivantes et pendant que les autres voyageurs attendent leurs valises, nous filons à travers l'aéroport de Copenhague à la recherche de notre prochain vol.

Dans la salle d'attente, cette dernière se tient debout devant les énormes baies vitrées, admirant je ne sais quoi à l'horizon.

– Dis-moi, Dohän, qu'est-ce qu'il y a de bien à faire ici ?

Plus ou moins distant l'un et l'autre, nous ne nous parlons que très peu, c'est pour cela que je suis un peu déstabilisé lorsqu'elle me pose cette question.

– Eh bien, à Copenhague, il y a beaucoup de choses à faire ! Tu peux faire des activités emblématiques comme le parc d'attractions Tivoli, le palais de Christiansborg, le quartier de Nyhavn avec ses maisons colorées le long du canal, ou encore le musée national danois pour découvrir l'histoire du pays. Ah ! Et sinon il y a le quartier de Christiania qui est pas mal.

– Je n'y comprends rien ! rétorque celle-ci en secouant la tête, un sourire amusé sur ses lèvres rosées. Tu m'en parles comme si j'étais censée connaître tout ça.

– Ce n'est pas faux. Tu n'as fait que de roupiller durant le vol. Cela m'a déçu de toi.

– Tu t'attendais à ce que je me renseigne sur la ville ?

– C'était la moindre des choses, Riva. Cela aurait dû être une pensée logique, mais visiblement, ceci ne t'a pas effleuré l'esprit.

Ma partenaire me lorgne les yeux ronds, la bouche entrouverte, semblant estomaquée par mes remarques.

– N'ai-je pas tord ?

– Comme si j'allais me lancer dans un programme touristique !

– Dans ce cas, ne me pose pas ce genre de question si tu te facilites la vie à ce point. La prochaine fois, cultive-toi en amont et tu n'auras pas à me demander ce qu'il y a de bien à faire.

– Bon sang ! Qu'est-ce qui te prends ? Tu as attrapé la rage dans l'avion ou quoi ?

– Je réponds à ta question avec autant d'idiotie que tu en use.

Les bras croisés, je fixe le même point fixe que Riva, alors qu'elle me fusille du regard.

– Quel crétin !

Hilare, je me retiens de rire jusqu'à ce que cette dernière me tourne le dos et s'éloigne de moi. J'aime bien la mettre à l'épreuve, elle a du répondant contrairement à toutes ces filles qui minaudent et pouffent dès que je leur parle.

Cette fille à du chien !

Le vol pour Aalborg passe en un éclair. À l'aéroport, je trouve un taxi pour nous emmener à Nordby, là où mes parents habitent encore.

Toujours aussi silencieuse, Riva scrute le paysage qui défile de son côté, tandis que je la fixe, toujours aussi intrigué par cette fille.

– Tu comptes bouder longtemps ?

– Je ne suis pas une gamine.

– Pourtant, tu en as l'air.

– Ferme-la, Dohän ! Tout ce qui sort de ta bouche est désagréable.

– Pourtant, la tienne ne l'est pas.

Riva me fait enfin face, mais son regard noir ne fait qu'accroître mon envie insatiable de la pousser à bout.

– Reste professionnel, tu veux ?

– J'ai le droit de complimenter ma partenaire de danse.

– Au cas où tu l'aurais oublié, je suis ta partenaire par intérim. Alors tu ferais mieux de tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de me parler de cette façon.

– Riva, soupiré-je mes yeux rivés dans les siens, tu ne sais pas que ce que tu viens de dire me fait sacrément de l'effet.

– Va au Diable !

Je ne souhaite pas la vexer ou la mettre mal à l'aise, mais j'admire sa ténacité à me tenir tête. Elle embellit mon quotidien.

– Où est-ce que nous allons ?

– Chez mes parents, à Nordby.

– Nor, quoi ?

– Nordby. C'est une ville située sur l'île de Fanø, sur la côte ouest et faisant face à la mer du Nord.

– Fanø ?

– Oui, l'île est célèbre pour ses plages de sable fin, ses dunes et son charme pittoresque. Tu vas adorer.

– Tu crois connaître mes goûts maintenant ? Réplique-t-elle, démarrant une nouvelle joute verbale.

– Je n'attends que ça, Riva. Apprendre à te connaître est une de mes priorités, lui dis-je à quelques centimètres de son petit minois, et puis comme tu es encore à mes côtés aujourd'hui, cela signifie déjà que tu as de très bon goûts.

Malheureusement, alors que nous étions enfin dans un moment suspendue, nos yeux ancrés l'un à l'autre, une tension indescriptible dans l'air, le chauffeur du taxi foire tout en m'indiquant que nous sommes arrivés.

– Tak* ! (merci !) On est arrivé, Riva, cesse d'admirer ma beauté et descend de cette voiture.

Cette dernière s'exclame et me donne un coup de poing dans l'épaule.

– Je ne risque pas d'avoir un bleu ! Même pas une toute petite trace. C'était minable comme démonstration de force, Riva.

Dans une ambiance étrange, mais amusante, nous attrapons nos sacs et nous dirigeons vers notre destination finale.

Ce séjour risque d'être assez cocasse et très divertissant.

*Mot en Danois.