streetwear collection N01|if i were a boy
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if i were a boy,
ou la triste réalité des choses
Paris, fin mai 2015
Intimité.
Je l'avais exclus de ma vie intime.
Honnêteté.
J'avais fait preuve de fourberie en cachant mes réels sentiments à son égard.
Engagement.
Je l'avais trompé avec un autre.
Toi.
Il n'était pas le fautif dans l'histoire.
Moi.
Je m'étais comportée comme la plus grande des pétasses.
Nous.
Il n'y avait plus de "nous", désormais...
Mes journées n'en finissaient pas. Pour une adolescente d'à peine dix-sept ans, elles semblaient déjà bien vides, émotionnellement, et répétitives, jusqu'à ce Loïc vienne chambouler mon quotidien. Mais le plus désolant, ici, était que même mon meilleur ami de longue date, Luc, avec qui j'étais en couple depuis deux mois, n'avait su me sortir de cette monotonie.
À présent, il m'était difficile de poursuivre notre relation. Pas après toute la peine que je lui avais infligée, et la manière dont j'étais tombée raide dingue d'un touriste alors qu'il se donnait corps et âme pour notre couple. Mais, je crois qu'il était temps de mettre clairement un terme à tout ceci, c'est-à-dire, d'officialiser notre rupture.
Luc devait l'avoir compris également, à en juger par son expression renfrognée qui contrastait énormément avec celle que j'avais l'habitude de voir sur son visage. Oui, il devait avoir remarqué qu'un truc s'était réellement brisé dans notre couple et notre amitié. Et je ne me sentais plus capable de lui faire face à nouveau, comme si tout allait parfaitement bien entre nous.
— Séparons-nous, Lucky..., murmurai-je en déposant lentement mon verre de thé froid sur la table du restaurant. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, et tu le sais. C'est impossible.
Il stoppa net de mâcher son nugget sans toutefois prendre la parole pendant un bon nombre de secondes.
— Tu n'imagines pas à quel point tu peux être parfois horrible, Sane..., susurra-t-il tandis qu'une larme glissa le long de sa joue. M'appeler Lucky dans ces circonstances, c'est vraiment méchant de ta part.
Je manquai de m'étouffer lorsque ses propos me parvinrent aux oreilles. C'est vrai que j'avais omis ce détail essentiel. Avais-je même encore le droit d'utiliser son petit surnom ? À vrai dire, je n'en savais rien... Nos rapports s'étaient largement dégradés pour qu'on revienne au stade de simples connaissances, lui et moi.
Lucky Luke était le surnom que je lui avais donné quand nous nous étions rencontrés au collège. J'aurais pu le surnommer "Boucle d'or" au vu des nombreux spaghettis châtain cendrés qui ornaient sa tête. Mais, pour la simple et bonne raison que j'étais fan du renommé cowboy, croiser un Luc à cette époque-là s'était avéré être le destin pour moi. En plus du cowboy, Luc avait instantanément attiré mon attention parce qu'il me rappelait Chad Danforth de la série américaine pour adolescents, High School Musical.
— Désolé...
— Désolé de quoi, hein ? Dis-moi explicitement pour quoi est-ce que tu t'excuses, Sane ! haussa-t-il le ton en se levant brusquement de sa chaise.
Je ne pus m'empêcher de serrer les poings, ayant été prise de cours par sa réaction violente. Et tout comme moi, les clients du fast-food, dans lequel nous déjeunions, se mirent à le dévisager. C'est à ce moment-là qu'une autre réalité, hormis notre situation amoureuse et amicale actuelle, me frappa de plein fouet.
Mon comportement avait grandement impacté celui de mon ami. Luc se mettait rarement en rogne; et jamais contre moi. Alors, qu'aurais-je bien pu trouver à lui répondre ? Pour quoi étais-je profondément désolée, exactement ? Car, en me rendant compte que la liste était tellement longue, mon cœur s'était subitement embrumé. Il y avait tant de choses pour lesquelles je tenais à m'excuser auprès de lui...! Par quoi devrais-je donc commencer au juste ?
J'ancrai mon regard dans le sien, et ce que je vis me donna du courage pour enfin libérer Luc de mon emprise. Il devait absolument faire une croix sur moi, parce que je n'avais pas l'intention de revenir sur mes sentiments.
— Je suis sincèrement désolée parce qu'à présent, mon cœur ne battra que pour Loïc...
Oui, c'était ce par quoi il fallait entamer mon monologue de repentance. Car dès le jour où mon cœur s'était mis à battre follement pour un certain franco-américain, l'amour que j'avais pour Luc avait radicalement changé. Il était passé de celui d'une jeune adolescente à celui d'un homme marié dont l'épouse attendait désespérément, tous les soirs, un coup de fil. Néanmoins, ce dernier avait choisi de fausser compagnie à sa femme pour aller flirter ouvertement avec une certaine collègue de travail.
Si j'étais un garçon, je serais assurément ce cliché de l'homme infidèle.
Paris, avril 2015
— Maman ! T'aurais pas lavé mon baggy jean, par hasard ? Tu sais, le large pantalon marron avec des papillons sur les côtés ?
Je poursuivis ma recherche active de l'un de mes jeans préférés afin de me préparer pour mon rencard. Mais pas n'importe lequel, attention. Il s'agissait d'un rendez-vous en tête à tête avec mon précieux bijou, ma bécane que je louais sur un circuit de motocross situé hors de Paris.
Avoir l'occasion de la monter tous les samedis après-midis, accompagnée de Luc, me réjouissait davantage que s'il n'avait été question que d'effectuer une sortie banale au McDo du coin. Ou encore de danser sur la pointe des pieds en étant vêtu d'un tutu rose pimpant; tout comme ma chambre.
Ma mère apparut dans l'entrebâillement de la porte, un air suspicieux placardé sur la figure. Son chemisier chocolaté, qui se mariait à merveille avec sa peau, et son pantalon en maille de la même couleur, apportèrent soudainement un peu de diversité dans ce décor aveuglant.
Du papier peint jusqu'aux meubles ornant mon sanctuaire, tout était bicolore selon deux colorations majeures : rose et blanc.
— Tu peux toujours porter ton collant de danse, et te rendre à ton cours à moitié prête ! dit-elle en levant les yeux au plafond.
Ah oui. Mes parents ignoraient toujours que ça faisait près d'un mois que je séchais les cours de danse classique. Et si vous voulez tout savoir, un jour je payerai les pots cassés autant que j'aurais profité de ces douces semaines de liberté. Néanmoins, pour le moment, il était judicieux d'éviter toute discussion liée au ballet, non seulement pour le bien de l'humanité, mais aussi pour celui de ma génitrice, ancienne ballerine professionnelle qui risquerait de faire un infarctus.
♋︎
Ce dont j'avais toujours raffolé depuis quelques années déjà s'offrait maintenant à moi sur un plateau en argent. Depuis que je m'étais lassée de pirouetter sur un sol ciré, soit il y a de cela trois ans, mon âme était en quête d'adrénaline. Et grâce à mon cher petit-ami, j'avais enfin trouvé ce qui pourrait me procurer cette forte sensation d'évasion.
Accélérer.
Accélérer.
Accélérer.
C'étaient les seuls mots qui clignotaient actuellement dans mon esprit. Je fonçais sur ce circuit comme si ma vie en dépendait, bien que ce fut le cas en un sens. Le sable s'éparpillait à mon passage et quelques graines rebelles venaient taper contre la vitre de mon casque églantine.
Le vrombissement de ma motocross résonnait dans mes oreilles au même volume du Hip-Hop des années 2000, qui était souvent diffusé dans nos soirées privées entre amis sur les quais de Seine. Et mon cœur tambourinait dans ma poitrine, prêt à exploser.
J'apercevais déjà la rampe abrupte qui était quelques dizaines de mètres. Il ne me restait plus que quelques minutes avant de pouvoir m'envoler dans les airs en reproduisant le nouveau freestyle que Luc m'avait appris dans l'heure. Mais j'avais à peine réussi à décoller du sol que ma motocross se fracassa sans tarder au sol. J'entendis directement Lucky crier au loin tandis que j'essayais de me redresser en position assise.
Crotte de bique, j'avais encore perdu le contrôle du guidon pour la milliardième fois !
— N'essaie surtout pas de te relever en vitesse, m'ordonna Luc quand il fut à mon niveau.
Cela ne faisait qu'un minuscule mois que je sortais avec Lucky, et tout se déroulait pour le mieux entre nous; sans chichi et sans chacha. Sans hauts ni bas. Tout était parfait. Trop idyllique même, à vrai dire.
— Respire profondément, ensuite regarde-moi droit dans les yeux, Sane, poursuivit-il en me tenant fermement les épaules. Ça va ?
Je suivis ce qu'il me dit à la lettre parce que c'était lui l'habitué des lieux, ici. Il venait fréquemment rouler sur ce circuit depuis le divorce de ses parents qui était survenu deux ans auparavant.
— Laisse-moi réessayer. Je suis sûre que j'arriverai cette fois-ci ! m'exclamai-je aussitôt debout sur mes jambes et mon casque ôté.
Il secoua activement la tête, faisant danser ses longues boucles châtain cendré au passage. Puis, il me traîna hors de la piste.
— Allez, Lucky ! lui souris-je tout en déposant un baiser à la commissure de ses lèvres.
Ce dernier se mit à rire à gorge déployée, m'attrapa par la taille, puis faisant doucement glisser ses mains dans mes cheveux lissés au fer, m'embrassa subitement. Des frissons parcoururent mon corps, et tout d'un coup, la combinaison rosée que je portais me sembla être en feu.
— Comme je m'en doutais, tu dois encore t'exercer à garder le guidon dans les airs avant d'apprendre quoi que ce soit de trop compliqué.
Je vous l'avais dit; nous avions une relation amoureuse sans chichi et sans chacha. Car pour une raison qui m'échappait, je m'étais soudainement transformée en un vase ancien qu'il fallait protéger coûte que coûte. Pour Lucky, s'aventurer sur des sentiers dangereux avec moi n'était plus envisageable dorénavant.
#écrit le 10-01-2017,
réécrit le 10-04-2021
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