- Qu'est-ce qu'on a sur lui, concrètement?

- Pas grand chose qui permette de le mettre sous les verrous. Il va falloir le relâcher, le procureur ne prolongera pas la détention provisoire de Lee sans plus de preuves. Mais on abandonne pas l'enquête. 

- On a quelque chose de plus?

L'officier haussa les épaules. 

- Rien qui ne permette d'identifier un coupable. Cependant, on a retrouvé la trace de Jeon Wonwoo.

- Interrogez-le. Il sait peut-être quelque chose, et si ça se trouve c'est par peur qu'il n'a rien dit. 

- Il ne souhaite pas répondre à nos questions. Il n'interagit pour le moment qu'avec le docteur Yoon Jeonghan, son psychiatre.

- On a des éléments contre lui. S'il refuse de nous répondre, on peut l'arrêter, soit pour le meurtre de Lee Chan, soit pour obstruction à la justice. C'est à lui de choisir. Soit il coopère avec nous, soit il finit sous les barreaux.

Minghao les écoutait parler, appuyé contre l'encadrement de la porte. Puis il prit la parole.

- Je vous suggère de ne pas tenter de l'arrêter maintenant. Je pense que ça ne ferait que l'effrayer davantage et le pousser à commettre d'autres meurtres s'il a quelque chose à voir dans cette affaire. 

- Et s'il tue quelqu'un d'autre?

- Ce sera l'occasion de le prendre sur le fait. Mais je préférerais éviter de tirer des conclusions trop hâtives sans preuves irréfutables.

L'officier de police acquiesça. En soi, le raisonnement de Minghao tenait la route. Approcher Wonwoo de trop près, sachant que si c'était bien lui le meurtrier, ses actions étaient calculées dans le moindre détail, selon Jeonghan, c'était le pousser à agir plus vite et plus violemment encore. 

On ne voulait pas d'un autre meurtre. Celui de Lee Chan avait déjà causé suffisamment d'émoi et de dommages. 

C'était une vie volée. Une vie de trop. Une vie qu'on avait pris sans crier gare, détruisant tout ce qui entourait Chan au passage. Le jeune homme avait été aimé, avait eu des amis, de la famille, et tous ces gens portaient désormais le poids d'une absence qu'ils n'auraient jamais dû avoir à supporter.

C'était injuste. 

Si c'était bien Wonwoo qui avait fait ça, comment pouvait-il infliger une chose pareille à ceux qui avaient été pendant de nombreuses années ses amis, ses frères? Et si ce n'était pas lui, qui cela pouvait-il être? Et pourquoi s'attaquer à un homme comme Lee Chan, qui vivait juste sa passion sans faire de mal à qui que ce soit.

Quoi qu'il en soit, Jihoon avait été relâché. La police n'avait pas suffisamment d'éléments tangibles contre lui pour le garder en détention.

Quand il avait été relâché, Minghao avait eu un petit sourire satisfait aux lèvres, mais un des agents de police l'avait toisé de haut en bas, le jugeant clairement.

- Profitez tant que vous le pouvez, Maître Seo. Ou devrais-je dire.. Maître Xu Minghao. Cette affaire est loin d'être finie. J'espère que vos soi-disant compétences vous permettront de le tirer de là. Sinon il est bon pour la case prison. Peut-être que dans votre pays d'origine, vos clients s'en sortaient facilement, mais ici ça ne se passe pas comme ça.

Minghao le regarda froidement, restant parfaitement calme et professionnel face à cette remarque explicitement xénophobe venant de l'agent de police. Entendre son nom de naissance sortir avec autant d'irrespect de la bouche de cet homme faisait bouillir le sang qui coulait dans ses veines, mais il s'efforça de se maîtriser et de ne rien laisser paraître.

- Sachez que vos mots auront des conséquences. Je tiens également à vous faire savoir que je travaille pour mes clients indépendamment du pays dans lequel ils vivent. La justice, la vraie justice, pas celle que vous montrez en arrêtant un innocent, n'a pas de frontière. 

L'autre homme lâcha un rire froid, dédaigneux.

- Lee Jihoon a été libéré par manque de preuves. Ce n'est pas un fait de votre compétence, mais de l'enquête qui est toujours en cours. Ne vous croyez pas plus haut que vous ne l'êtes, d'autant plus que vous n'êtes pas en Chine ici. Ne vous croyez pas intouchable.

- Comme vous l'avez bien dit, on manque de preuves de sa culpabilité. Alors jusqu'à preuve du contraire, mon client est présumé innocent. Faites votre boulot et continuez l'enquête, je ferai le mien en défendant mon client contre toute accusation infondée à son encontre. Et je vous ferai savoir, avec tout le respect que je vous dois, que si j'entends encore une seule remarque xénophobe quittant votre bouche, je vous ferai sanctionner pour propos xénophobes vis-à-vis d'un officier public. Je doute que vous souhaitez voir ça figurer dans votre dossier, d'autant plus que vous désirez une promotion, je me trompe?

L'autre homme resta bouche bée. Il ne s'attendait pas à ce que cet avocat, en apparence jeune et inexpérimenté, lui cloue le bec de cette façon. Il se contenta de lever les yeux au ciel et de s'éloigner. 

- Cette histoire n'est pas terminée, Maître Seo. 

Minghao ne laissa pas paraître son agacement et se contenta de le laisser s'éloigner, raccompagnant ensuite Jihoon chez lui. Quand Soonyoung le retrouva, il se précipita vers lui et le serra contre lui. Il avait eu si peur de le voir finir derrière les barreaux.

Une fois qu'il fut enfin décidé à lâcher Jihoon, il serra Minghao dans ses bras à son tour, le remerciant maintes et maintes fois. Minghao se contenta de sourire et de lui rendre son étreinte. Pour lui, c'était normal d'agir ainsi. SEVENTEEN, c'était sa famille. Ils avaient toujours été là pour lui, maintenant c'était à son tour de l'être. 

Ils devaient rester unis. Leur pire ennemi n'était pas le meurtrier- qui que ça puisse être. Leur pire ennemi était eux-mêmes, la discorde que les meurtres pouvaient semer entre eux.

- Venez avec moi. On va aller voir Jeonghan et lui annoncer la bonne nouvelle. Il est dix-huit heures, il est sûrement déjà rentré à l'appartement. Et s'il n'y est pas, Seungkwan y est sûrement et il sera sûrement content de voir que tu as été libéré, Jihoon.

Soonyoung et Jihoon avaient accepté avec enthousiasme, heureux de pouvoir retrouver une vie normale. Jihoon ne comprenait juste pas comment on avait pu l'accuser d'un tel acte de cruauté, surtout vis-à-vis du plus jeune membre du groupe.

Il était vrai qu'il lui arrivait d'être dur avec les membres, surtout pendant les années SEVENTEEN. Il avait ses principes et sa propre éthique de travail, et ça avait parfois créé du conflit. Il avait parfois pu paraître froid, dur dans ses paroles. Mais il n'était pas cruel et sans cœur pour autant. Il n'était pas aussi froid qu'il voulait laisser paraître, et les autres membres du groupe le savaient. Il n'était pas un meurtrier, ni même un homme violent. Il voulait juste le mieux pour eux sans compromettre ses principes et ses idéaux. Il n'était pas l'homme froid, sans remords ni émotions pour lequel la police avait voulu le faire passer.

Ils se mirent en route vers l'appartement de Jeonghan, le sourire aux lèvres, le soulagement que tout ça soit terminé pour eux palpable.

Jeonghan ne s'y trouvait pas. Il n'était pas encore rentré du travail. Mais peu leur importait, à vrai dire. Il ne tarderait sans doute pas à rentrer, et puis voir Seungkwan était très bien aussi.