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[Ch01] Les multiples facettes d'une prison (2/3)

 Cíqiǎo se relève en grinçant. Méditer occupe son esprit, mais son corps réclame aussi de l'exercice. Pour réveiller la circulation dans ses jambes engourdies, elle marche en rond dans le maigre espace, sans oser trop s'approcher des bambous frappeurs. Elle les entend frétiller sur son passage. Aussitôt, des inquiétudes plus terre à terre l'assaillent ; leur boucle incessante lui noue les entrailles.

Pourquoi Lumière Éternelle les garde-t-il enfermés ici ? Que redoute-t-il de leur part ? Il les a conduits dans son pavillon dès leur arrestation, sans daigner leur adresser la parole. Même s'ils parvenaient à se défaire de leur étrange prison, la pièce ne possède qu'une unique issue, qui passe directement par le bureau du souverain dans lequel ils ont été reçus les fois précédentes. Seul le chien leur tient compagnie par moment, babines souriantes, queue frétillante, comme si tout ceci n'était qu'un vaste jeu. Mais le roi lui-même n'a pas reparu. Même si elle est peut-être biaisée sur la réponse, elle ne peut s'empêcher de se demander pourquoi le dragon ne les a pas tout simplement tués, s'il est à ce point persuadé de leur trahison.

Que devient le capitaine Zhān Jiágù ? La date de leur rendez-vous est largement dépassée ; le connaissant, il doit se fustiger d'avoir accepté qu'ils partent de leur côté, endossant tous les torts sur des épaules encore bien jeunes. Imagine-t-il qu'ils ont péri sous l'attaque de quelques bandits de grand chemin ? Comment pourrait-il deviner que les cinq émissaires sont retenus prisonniers par le souverain qu'ils sont censés servir ?

Ils n'ont même pas réussi à confirmer l'hypothèse qui les avait conduits jusqu'ici. Le roi les a cueillis avant qu'ils pénètrent dans la chambre d'auberge que louait Trois Yeux. Cíqiǎo tâte la base de sa natte. La clé est toujours là. Ils ont jeté leurs armes et personne ne les a fouillés. L'injonction du dragon suffisait.

Qui est au courant de leur arrestation ? La rumeur, propagée par les gardes qui y ont assisté, s'est-elle répandue au palais ? Dans la ville ? Ses entrailles se resserrent sur un nouveau tour de vis. Sa fille Chánzhé sait-elle qu'ils sont enfermés ici ? Si seulement elle pouvait lui transmettre un message ! Peut-être pourrait-elle intercéder en leur faveur ? Si le roi les accusait par une démarche plus officielle, ils pourraient au moins se défendre devant un juge qui entendrait leurs arguments.

Et Lányě ? Sa cadette n'est plus en sécurité dans le district de Shēn menacé par la guerre. Où pourra-t-elle se réfugier si les troupes ennemies débarquent ? Acceptera-t-elle de revenir à Línzı̄, quitte à abandonner derrière elle ce lieutenant Xú Zhànzhí pour lequel elle a tout risqué ? Un reniflement dérisoire lui échappe. Autant espérer que les fleuves se mettent à remonter vers leur source !

Elle en est à ce point de ses réflexions maintes fois ressassées lorsque l'impensable se produit.

La haie de bambous s'écarte sur une clarté aveuglante. Après les interminables journées d'atmosphère tamisée, Cíqiǎo cligne des yeux larmoyants et lève un bras en visière. Ses pieds s'enracinent à la vue de la gueule jaune aux longues moustaches soyeuses, des babines retroussées sur des crocs sévères, des pupilles fendues qui la considèrent. Qílóng enroule son corps serpentin dans la pièce qui rapetisse soudain aux proportions de mansarde. Ses écailles luisent dans toute leur gloire comme un second soleil. Ses pattes griffues reposent sous le nez des cinq soldats médusés qui émergent de leurs bulles élémentaires.

Zhúgāng s'accroupit tel un renard prêt à bondir. Hǔníng ramasse la tunique abandonnée à ses pieds et essuie son torse luisant de sueur avec un rictus gêné. Assis en tailleur, Tao pivote sur son postérieur pour hausser un regard interrogateur de sous ses mèches ébouriffées. Un voile gris fugace se résorbe devant son visage. Quant à Měifèng, elle bondit avec la vivacité d'une flamme sur un boisseau sec.

Elle n'a pas fait deux pas qu'une vague surgie du sol plonge et la noie dans un grondement d'écume. Le reflux roule son corps crachotant, détrempé, jusqu'à l'emplacement qu'il n'aurait jamais dû quitter. Zhúgāng interrompt son bond avec un glapissement de colère, sous la menace d'une pique acérée jaillie sous son nez. Tāo secoue les coquillages de sa chevelure dans un cliquetis pour en chasser des gouttelettes imaginaires. Hǔníng éternue avec un brusque frisson et Cíqiǎo tousse pour cracher de ses poumons une eau inexistante. Měifèng se redresse à genoux, dégoulinante d'espoir bafoué, une étincelle de rage au fond des yeux.

Le dragon se contente de hocher la tête, comme si tout cela revêtait un sens profond ; sa gueule se fend sur une vitrine de dents dorées qui s'apparente à un rictus satisfait.

— Bien. Je Vois Que Mon Cadeau S'Est Renforcé Et A Cru En Puissance.

 Cíqiǎo relève le nez. Son cœur bat un peu plus vite, un peu plus fort. Qílóng est-il venu les tuer ou les écouter enfin ? Elle avance d'un pas, mais une voix impérative s'enroule autour de son esprit pour lui couper toute volonté d'autonomie.

— À Genoux !

Elle ploie sous la pression d'une main divine ; ses jambes cèdent contre son gré. Ses compagnons s'exécutent avec des degrés divers de mauvaise grâce. Zhúgāng retrousse les lèvres sur une rangée de dents pointues.

La lumière cligne des paupières. Ou bien est-ce elle ? Cíqiǎo inspire un hoquet incertain.

Le long museau froncé tourne ses moustaches dans sa direction. La fente insondable des pupilles la pétrifie. La toute-puissance divine ne lui a jamais paru aussi écrasante qu'en cet instant où elle doute des intentions inhumaines qui l'animent, où elle doute de sa foi envers le dieu tutélaire du Qí.

C'est à elle que Qílóng s'adresse. Elle a toujours été leur bouche... sa bouche.

— Répondez, Maintenant : Travaillez-Vous Contre Moi ? Êtes-Vous Les Agents De Mon Ennemi ?

 Les mots mettent son âme à nue avec la brutalité d'un voile arraché. Une lumière d'une intensité inégalée s'y déverse, aucun repli ne lui échappe, aucune zone d'ombre. Un cri étranglé monte dans sa gorge. Elle ne pourrait mentir quand bien même sa vie, la vie de ses filles, le sort de tout le royaume en dépendrait. Alors, dans un éclair de lucidité, elle comprend.

Sans avoir compté précisément les jours, ignorant tout de l'heure de la journée, elle sait pourquoi Qílóng a attendu si longtemps pour leur parler. Elle sait que si elle sort dehors, le soleil resplendira à son zénith, elle sait que, ce soir, la lune s'arrondira dans le ciel, elle sait que Lumière Éternelle a attendu le faîte de sa puissance pour leur poser cette unique question.

— Non, s'entend-elle répondre d'une voix qui ne lui appartient plus. Nous sommes loyaux au Qí, nous servons le royaume, ainsi qu'il en a toujours été.

Un grondement accueille sa déclaration – un grondement apparenté au ronronnement d'un tigre de la taille d'une maison. L'éclat mordant de la lumière s'atténue d'un degré subtil. Le dragon a-t-il rétréci ou est-ce que ses yeux larmoyants lui jouent des tours ?

— Le Bì De Jade De Shénzǐ A Disparu De Mon Bureau Le Jour Où Vous Vous Êtes Enfuis Du Palais. Je Sens La Présence D'Un Guǐ Parmi Vous. Quelqu'Un Éveille Les Esprits. Est-Ce Vous ?

 La nouvelle saisit Cíqiǎo à la gorge. Des images de leur affrontement d'autrefois se superposent aux pupilles démesurées qui attendent sa réponse : les soldats morts marchant au milieu des vivants, les hurlements de terreur, le fracas décousu du champ de bataille, les cadavres des bêtes mêlés à ceux des humains, elle, à genoux auprès d'Éclat de Fer dans une mare de sang, le rire déjà vainqueur du sorcier qui la nargue. Pour la seconde fois, elle lève les yeux vers l'épée rougie du guerrier ennemi, dressée pour le coup de grâce. Tout s'efface avec un frisson.

Elle n'est pas prête à revivre l'horreur de la Bataille du Sorcier au Bì de Jade.

— Non, croasse-t-elle. Jamais nous ne ferions une chose pareille.

Le corps du dragon se rétracte comme un éventail qu'on replie. Il ne reste bientôt plus qu'une tête moustachue aux crocs luisants. L'ensemble surmonte un buste bien trop humain, revêtu du luxueux chángpáo brodé de Lumière Éternelle. Il lève une main terminée par des griffes écailleuses. Cíqiǎo croit voir un orbe de lumière pure scintiller dans le creux de sa paume. Elle replonge dans le kaléidoscope d'une vision du passé.

Ce jour-là, cet instant-là, quand tout semblait perdu, le dieu tutélaire du Qí a fondu du ciel, chevauchant la qílín sous les traits du prince Tián Jiàn, auréolé d'un halo divin. Les sabots de Corne Céleste ont éclaté le crâne du guerrier ennemi devant elle. Sa corne de cerf a éventré les deux autres qui se précipitaient à sa suite. Qílóng a sauté à terre, il a levé cette même main écailleuse et enfoncé une griffe incandescente longue comme le bras dans la poitrine du sorcier. Il a arraché le de jade tandis que le corps sans vie de Shénzǐ s'affaissait au sol. Un bref soleil est né ; les morts se sont dispersés.

— Bien, Je Vous Crois, interrompt le dragon. Mais Le Vol De Cet Artefact Fait Planer Une Nouvelle Menace Sur Mon Royaume. Il Est Puissant, Dangereux. Quand J'Ai Constaté Sa Disparition, Je Me Suis rendu Sur Le Mont Tài Pour Y Chercher L'Âme Forgée Que J'Y Avais Laissée, À L'Abri Des Convoitises Humaines – Celle Que Vous Appelez Griffe De Feu.

 Il se penche en avant, ses babines se retroussent sur des crocs menaçants.

— Elle N'Y Était Plus. Est-Ce Vous Qui L'Avez ?

 Cíqiǎo cligne des paupières, déconcertée. Puis tout prend son sens et rejoint les doutes qu'elle nourrissait déjà sans leur trouver de fondements. Elle secoue la tête, encore abasourdie par ce qu'elle vient d'apprendre.

— Non, nous ne l'avons pas...

Elle hésite. Doit-elle parler de ses soupçons ? Mais la compulsion de la voix se relâche sur son esprit ; le dragon paraît satisfait de la sincérité des réponses. Les griffes se résorbent sur des doigts calleux de guerrier. Le visage immuable du prince Jiàn reprend ses droits sur son corps. Au fond des orbites, les pupilles s'arrondissent.

Cíqiǎo décide de se taire. Après tout, elle n'a aucune certitude, elle pourrait se tromper. D'autres questions bouillonnent à la place. Elle tente de se redresser une première fois ; ses jambes peinent à lui obéir. Le commandement du dragon reste imprimé dans sa chair par toute la puissance de la lumière céleste qui règne en ce jour et en cette heure. Un nouvel effort la hisse sur des genoux tremblants.

La moustache du souverain frémit, mais aucun ordre ne franchit ses lèvres. Ont-ils regagné sa confiance par ces trois dénégations ?

— Autrefois, vous avez prétendu que le Seigneur des Supplices avait obtenu ce qu'il voulait, défie-t-elle d'une voix encore incertaine. Maintenant, vous avouez avoir conservé Griffe de Feu. Vous avez menti ! Qu'est-il réellement advenu de Mille Ruses ?

Hǔníng la dévisage en roulant des yeux fous, comme si elle avait perdu la tête. C'est peut-être bien le cas. Peut-être est-ce la révolte qu'elle perçoit dans Měifèng et l'indignation de Zhúgāng qui étouffent sa raison et parlent à sa place ?

Qílóng la fixe d'un air songeur, comme s'il lisait bien plus dans sa question que les mots qui la composent. Ses sourcils se rejoignent sur une moue réprobatrice. La lumière papillonne un bref instant.

— Le Seigneur Des Supplices Cherchait Réparation Contre Un voleur Et L'A Obtenue. J'Avais Besoin De L'Âme Forgée Pour Briser Les Protections Du Sorcier ; Il L'A Laissée À Ma Garde.

 Cíqiǎo serre les poings si fort qu'elle sent ses cicatrices se tendre, ses ongles rescapés s'imprimer dans sa paume. Le geste réveille une vive douleur, écho de celle de son cœur. Elle ne sait plus que croire. De quelle âme parle Qílóng ? D'une ancienne légende ou d'un événement plus récent ?

— L'a-t-il consumé dans les flammes ? L'a-t-il entraîné dans les sombres cours du Dìyù pour l'y torturer ? L'a-t-il... maudit ?

Un doute la chatouille tout à coup. Qui était le corps calciné, méconnaissable, qu'ils ont découvert en arrivant ? Six guerriers sont partis pour le mont Tài : le prince et son escorte, mais ils n'ont trouvé qu'un seul cadavre. Des explications du dragon, ils avaient conclu que Tián Jiàn avait brûlé en affrontant le démon, puis que le Seigneur des Supplices était reparti vers le Dìyù avec son bien et le voleur. Officiellement, ils ont prétendu que les cendres étaient celles de Mille Ruses. Elles reposent dans une urne au palais, dans le temple consacré aux sept héros. Et si leur fable reflétait en fait la vérité ? Dans ce cas, qu'est-il advenu de Tián Jiàn ? De l'âme de Mille Ruses ?

Une ombre balaie la pièce. Le roi rejette ses interrogations d'un haussement d'épaules dédaigneux. Il extrait de sa manche un paquet de lamelles de bambou, qu'il consulte d'une main machinale, l'air absent.

— Son Sort N'A Aucune Importance, répond-il distraitement.

 Cíqiǎo s'humecte les lèvres. Le regard d'avertissement de Hǔníng lui picote la nuque ; elle n'ose pousser trop loin la fragile patience du dragon.

— Sommes-nous libres de quitter le palais, Votre Majesté ? Nous pouvons encore empêcher votre ennemi de nuire.

Tián Jiàn se détourne vers le paravent de toile qui masque l'ouverture menant à son bureau.

— Il Est Trop Tard Pour Cela. Vous Resterez Ici.

 Au moment où le souverain prononce sa sentence, Cíqiǎo sent un étau de plomb se refermer sur ses pieds. Son cœur dérape de consternation. Měifèng pousse un cri enflammé, le visage de Hǔníng se rembrunit, un discret cliquetis de coquillage provient de Tāo.

Il va partir, il va les abandonner de nouveau. Pour combien de temps ? Un torrent de mots affolés se bouscule sur ses lèvres, même si elle en mesure toute l'inutilité.

— Vous ne pouvez pas nous garder enfermés ! Vous avez besoin de nous. Nous devons renouer le pacte avec le gardien du métal, identifier le traître qui détient le Qíjı̄ng, retrouver le de jade avant qu'il ne sème la terreur, stopper l'avancée des armées du Wèi et du Zhào. Votre Majesté, nos ennemis massent des troupes importantes à nos frontières. Ils prévoient sûrement un assaut pour l'été, vous devez mobiliser nos forces pour contrer leur attaque !

Elle ignore totalement ce qu'il entend ou comprend de ses paroles. Quelle bouillie reste-t-il au travers de sa perception parcellaire du royaume ? Pourtant, elle jette toute son âme dans cette ultime plaidoirie. Qílóng doit entendre raison !

Le souverain se fige. Son halo palpite comme si un vent inexistant soufflait sur la flamme divine. Sans même se retourner, il répond d'un grondement qui résonne jusqu'au fond de leur âme.

— Ses Manigances M'Échappent, Mais Je Sais Qu'Il Est Là, Il Écoute. Je Ne Peux Vous Faire Totalement Confiance, Et Je Ne Peux Vous Laisser Repartir. Vous M'Êtes Trop Précieux.

 Il en paraît presque désolé. Pour eux ou pour lui ?

— Si Vous Voulez Vraiment Le Bien Du Qí, Veillez Sur Le Don Que Je Vous Ai Confié, C'Est Encore Ce Que Vous Pouvez Faire De Mieux.

Ses pas s'éloignent dans le silence incrédule. Il atteint le paravent ironiquement décoré d'un somptueux dragon, se retourne une dernière fois. Les traits sévères de Tián Jiàn les contemplent depuis un gouffre de vingt-quatre années ; sa voix s'apaise sur une piètre consolation.

— Vous ne manquerez de rien.

Zhúgāng relève un nez rétif et découvre une rangée de dents aiguisées.

— De rien ? crache-t-il. Juste de liberté.

— La liberté n'est qu'une illusion, dont vous autres, humains, aimez vous embarrasser.

Le souverain pivote sur les talons et disparaît derrière le voile. Les murs de leurs prisons élémentaires se referment autour d'eux plus sûrement que des griffes.

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