- N'oublie pas de le dire à maman !, je répète à ma sœur.

- C'est bon, râle-t-elle, tu me l'as déjà dis trente mille fois !

Je roule des yeux, et sors de la maison pour aller au lycée. Hier soir, Morgane m'a demandé si on pouvait réviser tous les trois, après les cours. J'ai dis oui et je leur ai proposé, à Isalis et à elle, de venir chez moi. Isalis restera dormir à la maison, mais pas Morgane. Ses parents ne veulent pas qu'elle passe les nuits avec des garçons.

Je marche jusqu'à l'arrêt de bus, et j'attends. Ça m'énerve, qu'il soit toujours en retard. Quand ce dernier arrive, je monte dedans et vais m'asseoir, les écouteurs dans les oreilles. J'aimerais bien qu'Isalis prenne le bus, comme ça on serait tous les deux. Mais il n'aime pas ça, il préfère marcher. Il faut dire que sans moi dans les pattes, il peut largement arriver au lycée à l'heure.

Moi: Je m'ennuie ! T'es déjà au lycée ?

Isalis: Bientôt Matthy, bientôt ! XD

Moi: Tu peux m'attendre devant le portail ?

Isalis: Je sais pas...

Moi: S'il te plaît... :(

Isalis: Si je t'attends, tu me fais un câlin ?

Moi: Hum...
Moi: Oui.

Isalis: Alors je t'attends ! :D
Isalis: J'ai trop hâte !

Je souris. Il me fait rire. Il aime trop les câlins et les bisous. Bon, c'est vrai que moi aussi, j'adore ça. Quand j'arrive au lycée, je le vois m'attendre devant l'entrée. Je vais le saluer, et je lui fais un câlin pour le remercier de m'avoir attendu.

- Je peux toujours dormir chez toi ce soir ?, m'interroge mon meilleur ami.

- Bah oui ! Tu dormiras dans mon lit.

- Je pourrais dormir contre toi ?, me demande-t-il.

- Si tu veux, je pouffe, mais qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux beaucoup de câlins, aujourd'hui.

- Papa vient de partir pour le travail, et il ne revient que dans trois jours...

- Ah... Tu peux rester à la maison pendant tout ce temps, si tu veux.

Un grand sourire apparaît sur ses lèvres. Je suis sûr que c'est ce qu'il attendait. Il ne me l'aurait jamais demandé directement, mais je sais qu'il n'aime pas être tout seul. Et c'est compréhensible.

- Bon, on y va ?

Il hoche la tête et on entre dans le lycée, pour aller en cours.

*

- Dépêche toi, j'ai faim !

- Oui, oui, je vais me dépêcher, soupire mon meilleur ami en entrant dans les toilettes.

Je l'attends devant la porte, comme il me l'a demandé. Au moins, il n'y a personne dans les couloirs. Mais c'est normal. Quelle idée, de faire pipi avant d'aller à la cantine ! On va devoir faire toute la queue, et on n'aura pas beaucoup de temps pour manger. D'habitude, c'est de ma faute, si on arrive en retard.

- T'attends quoi ?, me dit une voix derrière moi.

- Bonjour, déjà, je lui répond.

- Bonjour Matthieu, me répond Enzo en soufflant, qu'attendez-vous ici ?

- Mon meilleur ami, et toi ?

- J'ai une envie pressante, m'explique-t-il.

- L'envie de me voir ?, je lui demande, en lui faisant des yeux de chien battu, ce qui le fait sourire.

- Peut-être...

Je lui souris aussi, et il s'avance pour me prendre timidement dans ses bras, après avoir regardé autour de nous. Il doit s'assurer qu'il n'y a personne. Je le comprends : ça serait la honte, d'être surpris en train de me faire un câlin, à moi, l'handicapé de l'école.

- T'aimes bien les câlins, je marmonne, à ce que je vois.

- Voui...

On reste un petit moment à se regarder, avant qu'il ne se recule en rougissant. Il faut dire que même si on s'est beaucoup rapproché et qu'on se parle énormément, pour ne pas dire quasiment tout le temps, on ne se connait pas depuis longtemps. Ça ne fait même pas encore deux semaines. Mais étant donné qu'on se parle tous les jours, jusqu'à parfois deux heures du matin...

- J-Je vais y aller, me dit-il, à tout à l'heure.

Il entre dans les toilettes, et fait aussitôt quelques pas en arrière pour revenir avec moi.

- Euh, est-ce que tu veux bien qu'on ressorte ensemble ?, me propose-t-il.

- Quand ça ?

- Ce soir ?

- Je peux pas, je vais passer la soirée à réviser...

- Pourquoi ?, me demande-t-il en fronçant les sourcils.

- Je te signale que j'ai le bac de français à la fin de l'année, moi.

- Ah oui c'est vrai, murmure-t-il, on ne va pas passer le même bac... Bah, on ne peut pas se voir quand même ? Un tout-petit peu ?

Je réfléchis quelques secondes. Étant donné que j'ai invité Morgane et Isalis chez moi, je ne pourrais pas sortir. Mais je peux bien l'inviter chez moi, lui aussi. Il a déjà vu ma maison, et ma famille, alors...

- Si tu veux, tu peux venir chez moi après les cours, pour qu'on révise tous ensemble.

- D'accord, me répond-il en hochant vivement la tête.

Il a un grand sourire sur les lèvres. Il a l'air content de venir chez moi.

- Matthy ?

Je tourne la tête vers Isalis, qui vient juste de sortir des toilettes, et qui nous regarde bizarrement. Enzo le contourne et entre dans les toilettes, tandis qu'on part manger.

- C'est lui, le garçon avec qui tu parles ?, m'interroge-t-il.

- Oui... Comment tu le sais ?

- Il sent le bonbon.

- Je te l'avais dis !, je m'exclame en lui donnant une petite tape sur le bras. Lui qui pensait que je disais ça parce que j'étais amoureux !

*

- Coucou les garçons !, s'écrie Morgane en nous voyant sortir du lycée, vous êtes longs !

- Désolé, je lui dis, c'est ma faute...

On se dirige vers l'arrêt de bus, et je vois qu'Isalis commence déjà à être tendu. Il ne fait que se balancer d'un pied sur l'autre, en mâchouillant sa lèvre inférieure. J'attrape sa main et la caresse avec mon pouce, pour le rassurer. Ça a l'air de marcher, car il s'arrête enfin de bouger.

Quand le bus arrive, on entre et on va s'asseoir tous les trois tout au fond, là où il y a cinq places. Isalis se colle contre la vitre, et je m'assois à côté de lui, tandis que Morgane s'asseoit sur la place du milieu. On passe le trajet sans parler, mais j'en profite pour écouter la conversations des filles devant nous. Apparemment, le frère de l'une aurait trompé sa copine avec la mère de celle-ci. Berk.

- Morgane, t'as pris tes affaires pour réviser, je lui demande, au moins ?

- Bah oui !

Je hoche la tête. Heureusement, parce que je n'aurais pas pu l'aider. Étant donné qu'elle est dans une filière scientifique, alors qu'on est en littéraire, ça aurait été compliqué. La seule matière où je pourrais l'aider ça serait, éventuellement, les maths, étant donné qu'avec mon meilleur ami, on a décidé de prendre l'option maths.

Une fois qu'on arrive enfin à mon arrêt, on descend et on se dépêche de marcher jusqu'à chez moi. Vu le ciel, il ne va pas tarder à pleuvoir. En plus, les nuages sont vraiment foncés. Il va y avoir un gros orage, j'en suis sûr.

- Vous voulez goûter, je leur propose, avant qu'on monte dans ma chambre ?

- D'accord, me répondent-ils en chœur. Des fois, je me demande s'ils le font exprès, d'être aussi synchro.

Ils s'assoient à table, et je nous sors un paquet de gâteau. On grignote, avant de monter dans ma chambre pour nous mettre à réviser.

- Au fait, j'ai invité un autre ami pour réviser. Ça ne vous dérange pas ?

- Non, me dit Morgane en fronçant les sourcils, pas du tout. Mais c'est qui ?

- Il s'appelle Enzo, et il a un an de moins que nous.

Ils hochent tous les deux la tête, et mon meilleur ami essaye de cacher son grand sourire. Quelle andouille, il va finir par me cramer. D'ailleurs, à peine quelques minutes après, je sens mon téléphone vibrer.

Enzo: Tu comptes me faire attendre longtemps ? Il pleut fort, dehors...

Moi: Oups, j'arrive.

Enzo: Tu m'avais oublié ? :(

Moi: Mais non !
Moi: Je ne peux pas t'oublier.

Enzo: Arrête de répondre et viens m'ouvrir ! XD

Je pose mon téléphone en pouffant, et je descends pour le faire rentrer. Il n'a pas menti, il pleut fort. D'ailleurs, il est tout trempé.

- T'aurais dû taper, je lui dis.

- C'est ce que j'ai fais ! Plusieurs fois, même !

- Alors t'aurais dû taper plus fort, je lui dis en riant.

Il roule des yeux en souriant, et entre dans la maison. Il enlève ses chaussures, et je l'amène dans la salle de bain pour qu'il puisse se changer. Je lui donne un drap de bain pour qu'il se sèche, et vais lui chercher des vêtements à moi.

- Quand t'es prêt, je lui dis, tu nous rejoins dans ma chambre !

Il hoche la tête, et je retourne avec mes deux meilleurs amis, qui me regardent en souriant. Pourquoi est-ce que je sens qu'Isalis a vendu la mèche ?

Je me rasseois sur mon lit, à côté de lui, tandis que Morgane est assise devant mon bureau.

- Bonjour ?, lance Enzo en entrant dans ma chambre.

Il est trop mignon, habillé comme ça. Je lui ai donné un tshirt beige et un jogging blanc, et c'est parfait pour lui. Enfin, le t-shirt est un peu ample, vu qu'il est plus maigre que moi. Mais on fait la même taille, alors ça lui va quand même super bien.

- Enzo, je commence, je te présente Isalis et Morgane, mes meilleurs amis.

Ils se sourient, et Enzo reste debout en regardant la pièce d'un air un peu perdu. Isalis fait exprès de se décaler pour lui laisser sa place, à côté de moi. Enzo s'y assoit, et il nous regarde réviser pendant quelques minutes.

- Tu ne comptes pas réviser ?, je lui demande.

- Euh, si, si...

Il va chercher un cahier dans son sac de cours, et il revient s'asseoir à côté de moi. Il lit la même page pendant une dizaine de minutes, ce qui me perturbe. Je finis par lui en parler, et il m'explique qu'il ne comprend rien en physique. Malheureusement, ce n'est pas moi qui vais pouvoir faire quelque chose.

- Je peux t'aider, si tu veux, lui propose Morgane.

- D'accord...

Elle prend ma place, et ils passent un moment à parler tous les deux. Je n'écoute même pas leur discussion, étant donné que je ne comprends rien.

On révise tous pendant environ deux heures, puis on descend pour dîner. Heureusement que ma mère avait fait assez à manger, parce que j'avais oublié de la prévenir qu'Enzo aussi venait. Par chance, elle n'a pas fait de crise durant le repas.

Une fois qu'on a fini de manger, on remonte dans ma chambre pour réviser pendant encore une heure, puis Morgane rentre chez elle, nous laissant entre garçons.

- Tu veux dormir ici ?, je propose à Enzo.

Un grand sourire illumine son visage, et il accepte en hochant la tête.

- Ça te gêne pas qu'on dorme tous les trois dans le même lit ? Sinon, je peux toujours dormir dans le canapé...

- Non, marmonne le maigrichon, t'inquiète...

- De toute façon, intervient Isalis, je suis juste le meilleur ami de Matthieu. C'est presque mon frère. Je peux vous laisser dormir tous les deux, vu que...

- Mais non, je le coupe, on dormira tous les trois. Je dormirais au milieu.

- Contre moi, alors, marmonne Enzo. Il a parlé tellement doucement que j'ai eu du mal à l'entendre.

- On se douche avant de dormir ou pas ?, je leur demande.

- Ensemble ?, s'étonne Enzo, en rougissant.

- Quoi ? Non, je m'exclame, avant de rigoler, chacun son tour !

Je leur donne des pyjamas, et je file à la douche. Isalis y va après moi, suivi de Enzo. Une fois qu'on est tous propre, on se glisse tous sous la couette. Mon meilleur ami à ma droite, et le futur médecin à ma gauche. Étant donné que je n'ai qu'un lit deux places, les deux sont collés à moi. Isalis s'endort en posant sa main sur mon torse, et le pied de Enzo n'arrête pas de frôler le mien, ce qui me fait rougir. Heureusement que l'on est dans le noir, et qu'il ne peut pas le voir. Je me demande s'il le fait exprès ou pas.

- Il dort enfin, murmure le garçon à ma gauche, en entendant Isalis ronfler.

- Oui, je chuchote, il s'endort toujours rapidement.

- Tant mieux. C'est juste ton ami, hein ?

- Bah oui, je pouffe, en essayant de ne pas faire trop de bruits.

- Promis ?

- Promis, je répète, mais pourquoi ça t'intéresse autant ?

- Parce que.

- Bah j'ai le droit de savoir, j'insiste, surtout vu ce que tu disais au lac.

- Je t'ai dis que j'étais désolé, soupire-t-il, mais tu sais... C'est juste que mon grand frère est homophobe, et..., il marque une petite pause, avant de reprendre, il parle comme ça tout le temps, donc j'ai pris l'habitude de faire pareil que lui...

- Je vois...

- En tout cas, je t'ai promis de ne plus dire ça, et je tiendrais parole. Je ne veux pas te faire du mal.

- Au moins, tu reconnais ton erreur, je souffle, c'est déjà ça.

- Oui... Je peux te faire un bisou pour me faire pardonner ?

- J'en veux deux.

Il se tourne pour être se mettre sur le côté, et il dépose deux petits baisers sur ma joue, ce qui me fait sourire.

- Bonne nuit, me dit-t-il, en posant sa jambe sur la mienne.