Chapitre 6
- Ça y est, me dit mon kiné, tu devrais pouvoir remarcher.
Je lui souris en me levant de mon lit, et je soupire de soulagement en faisant quelques pas dans ma chambre. Enfin ! Heureusement qu'il a pu se libérer et venir dès ce matin, parce que je n'aurais pas tenu. Je n'ai pas pu aller aux toilettes de toute la nuit... Et ça devient vraiment urgent. Je sais me retenir longtemps, mais quand même. Mon corps a des limites.
Je file dans la salle de bain pour me soulager, puis je me lave rapidement. Il faut que je me dépêche d'aller au lycée. Vu l'heure, j'ai déjà raté le premier cours. Isalis va encore faire la tête, parce que je l'ai laissé tout seul. Pourtant, je lui ai dis que mon genou a encore fait des siennes.
Une fois que je suis tout propre et que j'ai récupéré mes affaires, je descends pour attraper un pain au chocolat, que je mangerais sur le trajet.
- À tout à l'heure !
Maman me fait un petit signe de la main, après m'avoir pris dans ses bras. Je sors de la maison, et marche tranquillement jusqu'à l'arrêt de bus. Quand les cours seront finis, j'irais à la bibliothèque avec mon meilleur ami, puis on ira faire les courses. Il n'y a presque plus rien à la maison. Et puis, il est obligé de venir avec moi à chaque fois. Ma sœur ne veut jamais m'accompagner, et même si je la force, elle ne m'aide pas à porter les sacs. Et comme ma mère n'a pas trop le droit de sortir de la maison, je ne peux pas compter sur elle. Étant donné qu'elle perd un peu la tête, ça lui est arrivé de s'en aller en plein milieu de nos courses et de faire n'importe quoi. Comme rechercher notre chienne inexistante en courant en plein milieu de la route, par exemple.
Je secoue doucement la tête. Ce n'est pas le moment de penser à tout ça. Je n'ai qu'à réfléchir à autre chose. Comme au contrôle de maths que je viens de rater, par exemple. Ça m'arrange, parce que j'avais totalement oublié de réviser. Je comptais le faire hier soir, en rentrant de courir, mais comme j'étais avec Enzo... Bah je ne l'ai pas fait.
Je finis par arriver au lycée, un peu plus en retard que prévu. Mais cette fois, c'est de la faute du bus, qui n'est pas arrivé à l'heure.
- Matthieu, s'exclame Isalis en me voyant arriver, t'es enfin là ! J'ai eu peur que tu ne viennes carrément pas...
Je lui souris, et lui fais un câlin. Il est venu m'attendre devant le portail, alors que c'est l'inter-cours et qu'il n'était même pas sûr que je vienne. Quand je dis qu'il est chou.
- Tu penses qu'on pourra quand même aller à la bibliothèque ?, me demande-t-il en faisant la moue.
- Bah oui, pourquoi ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas envie que tu te fasses mal au genou à cause de moi...
- Mais non, ne t'inquiète pas, je peux marcher. Et puis après, on ira faire les courses.
- D'accord !
Il me fait un grand sourire, et c'est contagieux. Mais les gens qui étaient derrière se mettent à rire, ce qui me fait serrer les poings. Je sais très bien pourquoi ils rigolent. Quand Isalis sourit, on voit bien qu'il lui manque des dents, et ça les fait rire. Quelle bande d'idiots.
- Tu viens ?, je lui dis.
Il hoche la tête, et me suis sans rien dire. À cause de ces crétins, il ne va plus sourire de la journée. Génial.
Je soupire, et on entre dans notre bâtiment. Il faut qu'on se dépêche, car ça a déjà sonné. Les gens de notre classe doivent déjà être rentrés. Mais devinez qui je vois quand on arrive dans le couloir ?
- Oh, salut Matthieu, me dit Enzo en souriant, ça va mieux qu'hier ?
- Oui, le kiné est venu ce matin, je lui explique, juste avant que je vienne au lycée.
- Tant mieux alors !
- Oui ! Je te laisse, sinon je vais être en retard...
- D'accord... On se reparle par message de toute façon, hein ?
J'acquiesce d'un hochement de tête, et on le dépasse pour aller dans notre salle de classe. Je ne sais pourquoi, mais il s'est retourné et m'a regardé partir. Étant donné que j'étais de dos, je me demande pour quelle raison il m'a regardé.
*
- J'ai trop hâte, me répète Isalis en sautant sur place, j'espère qu'ils l'ont encore !
- Je suis sûr que oui, tu m'as dis qu'il était arrivé hier.
- Justement ! Il faut qu'on se dépêche, ou quelqu'un risque de le prendre !
- Aucun risque, je marmonne.
Connaissant Anne-Marie, la bibliothécaire, elle nous l'a forcément mis de côté. Elle dit qu'on est ses lecteurs préférés. C'est sans doute parce qu'on va souvent la voir. Très souvent, même. Et puis, ça se voit qu'Isalis est son petit chouchou.
- Ralentis un peu, je lui demande, s'il te plaît...
- Oh, oui, pardon, s'excuse-t-il en revenant à mes côtés.
On continue notre chemin vers la bibliothèque, et heureusement, Isalis a arrêté de marcher aussi vite. J'ai bien cru qu'il allait se mettre à courir. J'ai déjà assez à faire avec ma sœur, pas besoin que mon meilleur ami ne s'y mette aussi.
Quand on arrive à la bibliothèque, Isalis entre en trombe et se jette devant le bureau d'Anne-Marie, ce qui l'a fait sursauter.
- Est-ce qu'il est encore là ?, la questionne-t-il.
- Évidemment, lui répond-elle en riant, je te l'ai gardé au chaud.
Elle farfouille dans les tiroirs de son bureau, pour finir par lui tendre un livre d'environ quatre cent pages.
- Merci !, s'exclame Isalis.
Il se dépêche d'aller s'asseoir, et je le rejoins après avoir dit bonjour à Anne-Marie. Il a déjà commencé à lire.
- Bonne lecture, je lui lance.
- Hum, marmonne-t-il, merci...
Je souris en le voyant comme ça, et je sors mon téléphone. Pour une fois, je n'ai pas spécialement envie de lire. C'est rare. Mais je l'ai senti vibrer pendant qu'on venait ici, et je sais déjà de qui il s'agit.
Enzo: Coucou !
Enzo: :)
Enzo: Grrr, réponds moi ! >:(
Moi: C'est bon, je suis là !
Enzo: Enfin ! Tu faisais quoi ?
Moi: On est à la bibliothèque. Isalis voulait lire un livre qu'ils viennent juste de recevoir.
Enzo: Berk, je déteste lire.
Moi: :o
Moi: Comment c'est possible ?
Enzo: Bah quoi ?
Moi: J'adore lire moi !
On parle tous les deux pendant un moment, et on dérive sur plusieurs sujets. Ça en devient même un peu bizarre. On en est arrivé à parler... De la naissance de l'univers.
Enzo: Attends, je reviens.
Moi: D'accord ! Tu vas où ?
Enzo: Quelque part.
Moi: Waouh...
J'attends quelques secondes, mais comme je n'ai aucune réponse, je pose mon téléphone en soupirant.
- Tu me feras lire ta conversation, hein, me dit Isalis sans quitter son livre des yeux. Il en est déjà à la centième page.
- Oui, oui.
- Vous avez reparlé de ce matin ?
- Hein ?
- De quand il a regardé tes fesses, reprend-il, toujours sans me regarder.
Un petit sourire apparaît au coin de ses lèvres, mais je deviens rouge pivoine. Alors, je n'avais pas rêvé, il m'a bien regardé partir... Mais Isalis se trompe. Ce ne sont pas mes fesses, qu'il a regardé. Taïrick m'a bien assuré qu'il était hétérosexuel, alors je ne vois pas pourquoi il les aurait regardé.
- Lis, au lieu de dire des bêtises, je lui dis.
- Tu sais bien que j'ai toujours raison...
- Bien sûr. Et moi, je suis Miss France.
- Ça t'irait bien. Je te vois trop en robe et en bikini.
Je lui tire la langue, mais comme il ne me regarde pas, il ne le voit pas. C'est nul. Pour la peine, je reprends mon téléphone.
Moi: T'es long...
Enzo: Désolé, je viens de revenir.
Moi: T'étais où ?
Enzo: Tu forces. XD
Moi: Un peu...
Enzo: J'étais aux toilettes...
Moi: Bah pourquoi t'as pas pris ton téléphone ?
Enzo: T'arrives à pisser en écrivant des messages, toi ?
Moi: Euh... Je sais pas. XD
Je sens Isalis tapoter mon épaule, ce qui me fait sursauter. Je me tourne vers lui, et vois qu'il a posé son livre sur sa jambe. Pour qu'il arrête de lire, c'est qu'il doit avoir un truc important à dire.
- Demande lui pour tes fesses, me dit mon meilleur ami.
Je me mords la lèvre supérieure en fronçant les sourcils, ce qui le fait rire.
(Note de l'auteur : j'ai essayé, ça m'a fait rire pendant dix minutes... XD)
- Aller, fais le, insiste-t-il.
Je souffle en roulant des yeux, mais je décide quand même de suivre son conseil. Si jamais ça se passe mal, je l'étrangle et lui fais bouffer son livre.
Moi: Au fait... Je vais te paraître bizarre, mais ce matin j'ai eu l'impression que t'avais regardé mes fesses ! XD
Enzo: Euh...
Moi: F ?
Enzo: G !
Je rigole, et Isalis me donne un coup de coude. C'est vrai qu'on a pas le droit de rigoler, dans la bibliothèque.
Moi: Tu me fais rire.
Enzo: C'est normal, je suis drôle !
Moi: Pas tant que ça...
Enzo: T'es méchant... :(
Enzo: J'allais te proposer de sortir avec moi, mais tant pis pour toi.
Mon cœur loupe un battement. Quoi quoi quoi ? Il veut sortir avec moi ? Je donne un coup à Isalis avec mon téléphone, ce qui me vaut un regard noir. Mais même comme ça, il est mignon.
- Quoi ?, finit-il par me dire.
- Regarde, je lui dis en lui montrant mon portable, qu'est-ce que je réponds ?!
- Dis lui que tu veux sortir avec lui, me répond-il en haussant les épaules.
- Mais c'est trop tôt !
- Matthieu..., il marque une petite pause, avant de se mettre à sourire fortement, il te propose juste une sortie. Il ne te demande pas d'être son petit ami.
- Tu crois ?
- Bah oui.
Je fais la moue. Je me suis emballé tout seul. Et puis, pourquoi est-ce que je me suis emballé ? On ne se connait pas encore beaucoup, et puis, il ne m'intéresse pas du tout. On est juste ami.
Moi: Oh non, je voulais faire une sortie avec toi, moi... :(
Enzo: Ce weekend, ça te va ?
Moi: Si tu veux.
Enzo: Cool ! :)
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