Chapitre 40
Je joue nerveusement avec mes doigts, et me répète mentalement ce que je dois demander à Enzo. J'ai passé toute la journée d'hier et toute la nuit à penser à ce que m'a dit l'assistance sociale, comme quoi si je trouvais quelqu'un pour m'héberger je pourrais rester ici.
Le problème, c'est que j'ai peur de demander ça à Jules... Je ne veux pas m'imposer, ni qu'il se sente obliger de quoique ce soit. Il doit déjà subvenir tout seul aux besoins de son frère et lui, et même s'il n'a pas l'air d'avoir des problèmes d'argent, je n'ai pas envie de leur en causer ou quoi. Ça me gêne... Mais je n'ai pas trop le choix, si je ne veux pas me retrouver dans une famille d'accueil à l'autre bout du pays.
Je me prépare mentalement à la conversation que je vais avoir avec mon petit copain, pour être sûr d'être prêt. Même si je sais d'avance que lui va me dire que ce n'est pas un soucis, j'ai quand même peur de la réaction de Jules. Même si on s'entend super bien, et qu'il vient d'ailleurs me voir aussi tous les jours à l'hôpital pour savoir comment je vais, je ne lui fais pas totalement confiance. Il a vraiment l'air d'être gentil et honnête, même s'il est assez... Bizarre, mais je n'ai pas oublié ce qu'Enzo m'a confié la dernière fois : que son frère lui avait fait des attouchements. Désolé, mais pour moi, ça, c'est impardonnable.
Au bout d'un petit moment a guetter l'heure, je vois qu'il est enfin dix heures : l'heure à partir de laquelle les visites sont autorisées. Je me mets à sourire, parce que ça veut dire que je vais bientôt voir Enzo. Il arrive assez tôt, généralement. Et moins d'une minute plus tard, j'entends toquer à ma porte. Je me lève de mon petit lit et vais ouvrir la porte, pour tomber nez à nez avec un Isalis tout sourire.
- Oh, coucou !, je lui dis.
Il fronce les sourcils, avant de faire la moue.
- Tu n'es pas content de me voir ?, me demande-t-il.
- Si si ! C'est juste que je m'attendais à voir Enzo.
- Ah... Désolé que ça soit juste moi, alors.
- Arrête, dis pas ça. T'es bête. Bien sûr que je suis content que tu sois là.
- Mouais...
- Mais oui ! De toute façon, je suis toujours content de te voir.
Il sourit de toutes ses dents, et cette fois c'est à mon tour de froncer les sourcils.
- Mais c'est quoi, ça ?, je lui demande, en pointant sa bouche.
- De quoi ? Ça ? C'est rien, c'est ma dent qui pousse...
J'ouvre grand les yeux, avant de me mettre à sourire.
- C'est trop bien !
- Ouiiii !, s'exclame-t-il en sautillant sur place. Je suis super content !
- Moi aussi, je lui dis, sans me détacher de mon sourire.
- Peut être que maintenant je vais enfin pouvoir trouver quelqu'un, vu qu'il aura presque toutes ses dents ! Il me manquera plus qu'une seule incisive !
- Je suis vrailent pour toi, je répète, en le prenant dans mes bras.
Je lui fais un câlin, il me serre fort contre lui.
- Je t'aime vraiment énormément, me dit-il, tu sais.
- Moi aussi.
- Je sais que je te l'ai déjà dis hier, mais je te le répète : je serais toujours là pour toi.
- Je sais... C'est gentil.
- Ce n'est pas gentil, me reprend-il, c'est normal.
Je lui souris encore, et il me retourne mon sourire avant de se reculer de s'étirer.
- Dis, t'as le droit de sortir de l'hôpital pour aller marcher dehors ?
- Euh, je ne sais pas, je n'ai pas bougé de ma chambre depuis que je suis là.
- C'est dommage, parce qu'il fait beau dehors en ce moment !
- Bah je sais, je vois le ciel à travers la fenêtre, andouille.
- Aaah oui c'est vrai...
Je secoue la tête, en soupirant. Il est bête, quand il s'y met... Presque autant qu'Enzo. En fait, je suis entouré d'andouilles.
- Tu devrais sortir un peu, insiste Isalis.
- Mouais... Je n'en ai pas spécialement envie.
- Bon, d'accord..., il fait la moue, avant de reprendre : tant pis, c'est pas grave.
- Bah j'espère bien, que c'est pas grave.
Il me sourit, puis va s'asseoir sur mon lit. J'aime bien, parce qu'il fait comme s'il était chez lui. Ça ne me dérange pas du tout, mais je trouve ça drôle.
Je vais m'asseoir à côté de lui, puis je lui explique la situation avec ce que m'a dit l'assistante sociale hier. Et je dévie aussi un peu, en lui disant ce que j'ai sur le cœur. Que ce soit par rapport à ma sœur, ma mère, ou tout ce qui me passe par la tête. Il m'écoute sans me couper, jusqu'à ce que j'ai fini.
- Enzo va forcément t'aider, me dit-il. Il ne va pas te laisser te faire envoyer dans une famille d'accueil à l'autre bout du monde.
- Oui, je sais, mais que là ça ne dépend pas de lui, ça dépend de Jules...
- Mais ça va, il est gentil Jules ! Et puis il est beau...
- Ah non, pas touche ! C'est mon beau frère, Isa !
- Ouiii je sais, dit-il en levant les mains en l'air, j'ai juste dit que Jules était vraiment très très beau...
- T'exagère, je souffle.
- Mais non ! Pas du tout ! Et puis, t'as vu ses fesses ?
Je roule des yeux. Cet enfant m'épuise...
En parlant du loup, Jules toque à la porte, accompagné de son petit frère. Isalis devient tout de suite tout rouge, et il tourne la tête vers moi en fermant les yeux.
- Pitié, murmure-t-il, dis moi qu'il a rien entendu...
Je me lève de mon lit pour aller les saluer, un grand sourire sur les lèvres. J'espère que Jules n'a rien entendu de notre conversation... Sinon, pauvre Isalis.
- Alors, commence Jules avec un grand sourire sur les lèvres, vous parlez de moi apparemment ?
Ah... Et bah oups. Je me tourne vers mon meilleur ami, qui est aussi rouge qu'une tomate trop mûre.
- C'est possible, je lui réponds, en essayant de ne pas rire. En fait... J'aurais quelque chose à te demander, je lui avoue.
Mon beau frère hausse un sourcil, et je déglutis avant de lui résumer grossièrement ma conversation avec l'assistante sociale. Mais je n'ai même pas le temps de terminer mon récit, parce qu'il me coupe en plein milieu.
- Mais bien sûr, y a pas de soucis ! Je vais pas te laisser tout seul, c'est impensable. Tu peux venir à la maison, c'est pas un soucis.
- Tu es sûr que ça ne te dérangerait pas ?
- Bah, non, me répond-il simplement.
Je lui souris, et Enzo saute sur place avant de venir me faire un gros câlin.
- Ça veut dire qu'on va vivre ensemble !, s'exclame-t-il.
Je le serre aussi contre moi, et j'enfouis ma tête dans son cou. Bon, au moins, c'est déjà ça de fait. Je vais pouvoir rester ici...
- Il faut que j'envoie un message à la dame, je marmonne.
- Il va sans doute falloir que je la rencontre du coup, non ?, me demande Jules.
- Euh... Oui, je pense.
- Elle est belle ?
Je roule des yeux, et secoue doucement la tête. Du Jules tout craché.
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