Je me réveille lentement, et souris en sentant la présence de mon meilleur ami à côté de moi. Il est encore en train de dormir. En plus, il ronfle. C'est marrant.

Je tâte la table de chevet, jusqu'à sentir mon téléphone. Je le prends, et l'allume. Je n'ai aucune notification. C'est dommage, parce que je m'ennuie. Vu l'heure, on va devoir se lever pour se préparer dans un peu plus d'une demi-heure. Je ne sais pas pourquoi je me suis réveillé aussi tôt...

Moi: Salut ! T'es réveillé ?

Taï: Euh ouais, pourquoi ?

Moi: Cool ! Ça va ?

Taï: Non, je suis fatigué. XD

Moi: Désolé... :/
Moi: Tu pourrais me donner le numéro de ton pote ?

Taï: Qui ça ?

Moi: Celui qui fait du skate.

Taï: ...
Taï: On est un groupe de skateur. XD

Moi: Ah oui... Oups.
Moi: Celui qui est venu me voir samedi, quand je suis parti.

Taï: Ouais, pas de soucis. Mais pourquoi ?

Je lis son message, et pose mon téléphone sur mon torse. Pourquoi ? C'est une bonne question...

Je ne sais pas. J'ai envie de faire sa connaissance, c'est tout. Il a l'air gentil, et sympathique. Je le sens bien.

Moi: Pour lui parler. Il a l'air gentil.

Taï: Il l'est. XD
Taï: Mais je te préviens, il est hétéro.

Je roule des yeux, et pousse un profond soupir. Pourquoi est-ce que les gens se sentent toujours obligé de préciser ? J'ai juste envie de faire sa connaissance, c'est tout. Ce n'est pas parce que je suis gay que j'ai envie de sauter sur tous les garçons qui passent.

Je reçois un autre message, avec son numéro. Je le remercie, et hésite à lui envoyer un message. Et si Taïrick lui avait dit quelque chose ? Tout le lycée n'est pas au courant que je suis gay, et j'aimerais éviter ça. Je me fais déjà un peu harceler parce que j'ai du mal à marcher, alors si tout le monde sait que je suis gay... Mais bon, je n'ai pas non plus envie de me priver d'un potentiel ami juste pour ça. Tant pis. Advienne que pourra, comme on dit.

Moi: Coucou. :)

Inconnu: C'est qui ?

Moi: J'ai demandé à Taïrick ton numéro.

Inconnu: Ça ne répond pas à ma question...

Moi: Je te laisse deviner ! :p
Moi: Indice... Je me suis pris un ballon dans la gueule.

Inconnu: Matthieu ? XD

Je me mets à sourire derrière mon téléphone. Il a retenu mon prénom, donc ça veut dire qu'il s'intéresse un tant soit peu à moi, non ? Et s'il s'intéresse un peu à moi, c'est qu'il voudrait aussi qu'on devienne ami. Enfin, c'est comme ça que je vois les choses.

Moi: Bien vu ! Et toi, comment tu t'appelles déjà ?

Inconnu: Tu ne connais même pas mon prénom ? :"(

Moi: Non, désolé, mais je crois qu'on n'a pas été présenté...

Inconnu: C'est Enzo.

Moi: Ah d'accord, j'aime bien ton prénom ! :)
Moi: T'es italien ?

Je le renomme dans mon téléphone en attendant sa réponse. D'ailleurs, il prend plus de temps que tout à l'heure. Je me demande ce qu'il fait.

Enzo: Pas du tout, je suis français pure souche. Pourquoi ?

Moi: Je ne sais pas, je trouve que ton prénom sonne plutôt italien.

Enzo: Ok... XD

- Matthy, c'est qui Enzo ?

Je sursaute en entendant la voix de mon meilleur ami, et il en profite pour attraper mon téléphone.

- Rends le moi !, je m'écrie.

- D'abord, me lance-t-il en souriant, tu me dis qui c'est !

Je soupire, et lui saute dessus pour reprendre mon portable. Il le cache dans son caleçon, mais ça ne m'arrête pas. Je le récupère quand même, en pinçant quelque chose au passage, ce qui le fait pousser un petit cri.

- Mais t'es fou, s'exclame-t-il, tu viens de me pincer la courge !

- La courgette, tu veux dire !, je le reprends, en riant.

- Vengeance !, crie-t-il en me poussant du lit avec ses pieds.

Je tombe par terre, et on rigole tous les deux. Une fois qu'on s'est calmé, je remonte m'asseoir à côté de lui, et je lui explique qui est Enzo. Je lui donne même mon téléphone pour qu'il puisse lire le début de notre conversation. De toute façon, il savait très bien que je lui aurais montré, étant donné que l'on ne se cache rien, alors c'est pour ça qu'il n'a pas essayé de fouiller dans mon portable de lui-même. Il connait mon code, alors ça n'aurait pas été bien compliqué.

- Je vois. Tu devrais lui répondre, me conseille-t-il, je crois qu'il s'impatiente. 

- Ah bon ?, je m'étonne.

Je reprends mon téléphone, et en effet, Enzo m'a renvoyé deux autres messages depuis tout à l'heure.

Enzo: Tu te lèves tôt en tout cas !
Enzo: T'es encore chez ton meilleur ami ?

Moi: Oui et oui ! Toi aussi tu te lèves tôt je te signale.

Enzo: Tu sais... Je pensais être le seul à me lever aussi tôt ! XD

Moi: Et bah non, on est trois !

Enzo: Ah, ton pote aussi est réveillé ?

Moi: Oui, pourquoi ?

J'attends un petit moment, mais je n'ai plus de réponse. Je hausse les épaules, et Isalis soupire bruyamment à côté de moi.

- T'es vraiment nul pour draguer, me dit-il.

- Je ne le drague pas, je me défends, je veux juste être son ami.

- Mouais, je te connais hein ! Vu comment tu me l'as décrit, je suis sûr qu'il te plaît !

- Mais pas du tout !

- Tu dis qu'il sent carrément le bonbon !

Il se met à rire, mais je croise les bras et commence à bouder. Enzo sent vraiment le bonbon, j'en suis sûr ! Je n'ai pas pu inventer ça. Il avait cette odeur toute douce, toute sucrée. J'en mettrais ma main à couper.

- Eh, t'as pas le droit de bouder !, s'offusque mon meilleur ami.

- Et pourquoi ça ?

- Bah parce que c'est mon truc à moi, me dit-il en me tirant la langue.

- Bah justement, tu déteins sur moi.

- Si je te fais un câlin, tu arrêtes de bouder ?

Je fais mine de réfléchir un instant, puis je hoche la tête. Il sourit, et se penche vers moi pour me faire un câlin. Il pose sa tête sur mon épaule, et me serre fort contre lui.

- T'es vraiment trop confortable, marmonne-t-il, je crois que je vais me rendormir.

- Rêve pas de moi, cette fois.

- Eh, t'avais promis qu'on en parlerait plus !, s'écrie-t-il en me tapant la cuisse.

Je me mets à rire, mais il me repousse et se lève de son lit pour aller prendre des habits. Il m'en jette à la figure, et part se laver. C'est vrai que c'était un coup bas... Quand on était en quatrième, on a regardé notre premier porno ensemble, après avoir entendu des plus grands raconter des trucs dans les couloirs. Ça nous avait un peu choqué... Et le soir même, il a rêvé qu'on couchait ensemble tous les deux ! Il était tout gêné quand il me l'a dit, mais c'était trop mignon. Il m'a assuré qu'il n'était pas amoureux de moi et qu'il ne voulait pas que ça change quelque chose entre nous.

Évidemment, ça n'a rien changé.

- Matthy, crie-t-il depuis la salle de bain, bouge tes fesses !

Je le rejoins, et on se déshabille pour aller se laver. Étant donné que son père n'a pas beaucoup de sous, tous les moyens sont bons pour faire des économies. Aussi, quand je viens ici, on se douche ensemble pour user moins d'eau. De toute façon, je l'ai déjà vu nu des centaines de fois, peut-être même plus, alors ça ne me gêne pas.

- C'est toujours moi qui ai la plus grande, murmure-t-il fièrement quand on entre dans la cabine de douche.

- Chut, je le coupe, en lui donnant une petite tape sur les fesses.

Il sourit, et fait couler l'eau. La douche est assez petite, ce qui fait qu'on est presque collé tout les deux. En tout cas, c'est sûr que je ne ferais pas ça avec quelqu'un d'autre.

- Mets moi du savon dans le dos, je lui demande.

- Rooh, râle-t-il, tu ne sais rien faire tout seul. Espèce de gros bébé.

Je ne relève pas, et une fois qu'on est tous les deux propres et essuyés, on s'habille et on descend déjeuner.

- Il ne t'a toujours pas répondu, Enzo ?

- Non, je dis en faisant la moue, tu penses que je l'ai vexé ?

- C'est possible... Il est susceptible ?

- Je n'en sais rien.

Je m'assois à table pendant qu'il me tend un grand bout de pain, que je coupe en deux. On tartine les deux bouts avec du beurre, et on y met du chocolat en poudre. Miam.

*

Je regarde encore mon téléphone, et je soupire en ne voyant aucune réponse. C'est dingue, depuis ce matin, Enzo ne m'a toujours pas répondu. J'ai vraiment dû le vexer... Pourtant, je n'ai rien dis de mal ! Je ne comprends pas...

- Écris, me murmure Isalis en me donnant un coup de coude.

Je cligne plusieurs fois des yeux, et me dépêche d'écrire ce que le prof dicte. J'avais totalement oublié que j'étais en cours. Heureusement qu'il me l'a rappelé. Mais de toute façon, j'ai le droit d'utiliser mon téléphone partout, tant que je ne perturbe pas les autres élèves du lycée. À cause des problèmes de ma mère, le proviseur m'en a donné l'autorisation.

Le cours se finit assez rapidement, et je range mes affaires pour aller manger. J'ai beaucoup trop faim.

- Attends moi !, s'écrie Isalis derrière moi.

- De toute façon, tu m'aurais vite rattraper.

- C'est pas faux.

On marche tranquillement jusqu'à la cantine, mais je trébuche sur quelque chose et m'étale par terre, ce qui fait rire les gens à côté de nous. Je me redresse avec difficulté, en grimaçant. Mon genou me lance, ça me fait mal. Je regarde derrière moi, mais ne voit rien. Sur quoi est-ce que j'ai pu broncher ?

- Quelqu'un t'a fait un croche-patte, me dit Isalis en m'aidant à me mettre debout.

- Ça ne m'étonne pas, je souffle.