
Chapitre 22
- Et ça, c'est bien ?
- Mais oui, je lui réponds en soupirant, c'est très bien.
- Mouais... Je vais essayer autre chose.
Je fais semblant de pleurer, ce qui le fait rire. On est tous les deux invités chez Samy, mais mon petit ami ne sait pas comment s'habiller. Ça fait au moins sept fois qu'il change de tenue, et on va finir par être en retard.
- Zozo, mets ça, je lui dis en pointant du doigt les vêtements qu'il a posé sur mon lit, ça te va bien.
- Mais je veux être bien habillé...
- Bon, tu m'agaces.
Je me lève de la chaise sur laquelle j'étais assis et m'approche de mon petit ami, et je lui enfile son t-shirt tandis qu'il se met a rire.
- Je peux m'habiller tout seul, me dit-il.
- Non, t'es un petit bébé.
- C'est même pas vrai !
- T'as raison, c'est pas vrai... T'es un gros bébé.
Il fait la moue, et croise les bras, ce qui m'empêche de lui mettre sa chemise. J'essaie de lui faire décroiser les bras, mais il fait exprès de les gonfler.
- Tu ne m'impressionnes pas du tout, je le préviens, même Isalis est plus musclé.
- Comment tu le sais ?
- Bah, ça se voit.
- T'es méchant...
Cette fois, c'est moi qui rigole. C'est faux, bien sûr qu'il est plus musclé que mon meilleur ami. Même s'il est tout maigre.
- Sérieux Enzo, habille toi...
- Alors tu me mets mon pantalon.
Je soupire, et il se laisse tomber en arrière sur son lit. Je prends son pantalon et lui enfile, puis je lui mets ses chaussettes et ses baskets.
- Bon, on peut y aller maintenant.
- Oui !
On sort de chez lui, et on se met en route pour la maison de Samy. Apparemment, il habite à seulement vingt minutes de chez mon copain. D'ailleurs, une fois qu'on est assez loin de sa maison, il me prend sur son dos. Il ne voulait pas le faire avant, car il avait peur que son frère ne le voit.
- Tu sais, t'es quand même lourd, me dit-il, je vais finir par te faire payer les trajets.
- Ah bon ? Et ce serait quoi, le tarif ?
Il réfléchit quelques secondes, avant de se mettre à sourire.
- Alors... Un bisou pour cinq minutes, un autre avec la langue pour dix minutes, et un câlin à partir d'un quart d'heure.
- Et si c'est plus long ?
- Euh... Un gros gros câlin ?
- Ça me va !
On rit tous les deux, et on passe le reste du trajet sans parler. Je ne fais que le regarder. En fait, non, je ne le regarde pas. Je l'admire, en souriant. Je suis vraiment content d'être son petit ami. J'avais peur de me tromper sur mes sentiments, mais cette angoisse s'est totalement dissipée. Je l'aime, j'en suis persuadé. Même si ça ne fait que quelques semaines qu'on est ensemble, et qu'on se connaît, je suis sûr d'être amoureux de lui.
- C'est ici, déclare mon petit ami en me posant par terre.
- C'est plus petit que chez Taïrick.
- Ouais. De nous tous, c'est lui qui a la plus grande maison.
- Qui ça, Samy ?
- Non, me dit-il en pouffant, Taïrick !
Je hoche la tête, et on entre dans la maison. Même si elle est plus petite, elle reste assez grande. Elle doit être à peu près comme la mienne. Il y a un étage, et quand on entre, on tombe dans une grande salle à manger. Comparée à la soirée précédente, c'est beaucoup plus calme. Il n'y a qu'une soixantaine de personnes.
- On va manger un peu ?, me propose Enzo.
- Si tu veux.
- J'ai le droit à combien de verres ?
Je hausse les épaules, et il fait la moue. Ce n'est pas à moi de lui dire ce qu'il doit boire, il est assez grand pour faire ce qu'il veut. J'espère juste qu'il ne va pas en prendre trop.
- Bon, alors... Je vais boire un peu, mais je ne vais pas finir bourré. Promis.
- Comme tu veux.
Il me sourit, et on part directement vers le buffet. Au moins, il y a un côté positif à ce genre de soirée. Ce n'est vraiment pas trop mon truc... Mais ça fait plaisir à Enzo, que je l'accompagne, alors j'y vais. Je préfère quand il y a moins de monde, et que l'ambiance est plus conviviale. Là, on se croirait en boîte de nuit.
- Les gars, s'exclame Samy en nous tapant dans le dos, vous êtes en retard !
- Ton pote avait du mal à s'habiller, je lui explique.
- Tu parles... Fallait juste pas baiser cinq minutes avant de partir !
J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais aucun mot n'en sort. À la place, j'éclate de rire. Je ne peux pas m'en empêcher. La tête que tire mon petit ami est juste hilarante. Le rouge lui est monté jusqu'aux oreilles, et il fait de grands yeux.
- N-N'importe quoi !
- Bah quoi, s'étonne-t-il, tu vas me dire que vous ne sortez pas encore ensemble ?
- M-Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Bah vous êtes fait l'un pour l'autre, ça crève les yeux. Quand vous vous faites des câlins, vous souriez comme si vous étiez au Paradis. Presque tout le monde l'a remarqué.
Mon copain ne lui répond pas. Il détourne les yeux, et j'ai l'impression qu'il n'est pas très à l'aise. Je sais qu'il tenait vraiment à ce que personne ne soit au courant... Si ça se trouve, il regrette de sortir avec moi et de me faire des câlins.
- Le grand Enzo n'est pas aussi homophobe qu'il le laissait paraître, rajoute Samy en souriant, mais franchement, c'est cool. Je suis content pour vous.
Il tape une nouvelle fois l'épaule de son ami, avant de s'en aller pour parler à quelqu'un d'autre.
- Zozo...
- On aurait pas dû venir...
- Arrête, je soupire, ne dis pas n'importe quoi. Il l'avait vu bien avant.
- Mais...
- Tu veux que je m'en aille ?
- Quoi ? Pourquoi ?
- Pour que tu les fasses changer d'avis. Dis leur que je suis un pot de colle qui te suis partout, ou quelque chose comme ça.
Il secoue lentement la tête, avant de me prendre par la main. Il me tire vers les escaliers, et on monte jusqu'à la chambre de Samy. Enfin, je pense que c'est la sienne, parce que c'est une chambre d'ados, et qu'il me semble que c'est un enfant unique.
- Matthy, me dit Enzo en s'asseyant sur le lit, je ne veux pas que tu t'en ailles. T'es mon petit copain, je te signale.
- Je sais, mais...
- Mais je t'aime, me coupe-t-il, donc on reste ensemble. Pour le meilleur ou pour le pire.
- C'est pas ce qu'on dit le jour du mariage ?
- Je crois que si, pouffe-t-il.
Il écarte les bras, et je m'avance vers lui pour m'asseoir sur ses cuisses.
- N'oublie pas que j'ai droit à un gros gros câlin, vu que je t'ai porté pendant plus d'un quart d'heure.
- T'as de la mémoire, quand tu veux.
Il rigole, et me serre un peu plus contre lui, tout en posant sa tête dans mon cou. J'enroule mes bras autour du sien, et il pose ses mains sur ses hanches. Il les caresse doucement, et commence à embrasser ma peau.
- Je t'aime, marmonne-t-il, je t'aime vraiment beaucoup.
- Moi aussi.
On reste un moment comme ça, avant de redescendre dans le salon. Mon petit ami me demande de l'attendre, pendant qu'il va parler avec Samy. Il veut lui expliquer notre relation, lui dire qu'on sort ensemble, mais il ne veut pas qu'il en parle aux autres. Même si je suppose qu'ils sont déjà tous au courant.
Au bout d'un moment, je me rends compte qu'un garçon me fixe bizarrement. Qu'est-ce qu'il me veut ?
Je détourne le regard, en essayant de ne pas montrer que ça me fait peur. J'ai lu une histoire, une fois, où le personnage s'est fait agressé pendant une soirée. D'ailleurs, il se faisait harceler tout le temps. Mais c'est normal, c'était un peu le titre de l'histoire. Ce livre était vraiment bien.
- Eh, me dit-il en venant vers moi, excuse moi, t'es le frère du boiteux ?
- Le boiteux n'a pas de frère, je soupire, il est devant toi. Pourquoi ?
- Attends, depuis quand les gens comme toi viennent dans ce genre de soirée ?
- Depuis que les imbéciles y vont, je lui réponds. Je me retiens de préciser que c'est lui que je vise en particulier, même si j'en ai grandement envie.
- Ça craint... L'autre est là aussi ? Celui qu'a pas de dents.
- Peut-être bien. Ça te dérange ?
Il grimace, et retourne parler avec ses potes. Même pas cinq minutes après, ils sortent de la maison. Quelle bande de couillon.
- Ça y est, s'exclame mon copain en revenant vers moi, j'ai tout expliqué à Samy !
- Tant mieux...
- J'ai vu que tu parlais à quelqu'un... Tu t'es fait des amis ?
- Non, ils ont quitté de la fête. Ils étaient déçus que je sois là.
- Ils sont nuls. Moi je suis content que tu sois là.
Il me fait un câlin, mais me lâche rapidement pour qu'on aille manger. On a toujours rien avalé, vu que Samy est venu nous parler tout a l'heure.
- Je peux boire ce truc ? Ça sent trop bon.
- Arrête de me demander Zozo, prends ce que tu veux.
Il sourit, et porte le verre à ses lèvres. Il en boit une gorgée en grimaçant, puis il se met à tousser, ce qui me fait rigoler.
- C'est hyper fort, me dit-il avec la voix cassée, ce qui accentue mon fou rire.
Il finit son verre et le pose en tirant la langue, avant de commencer à manger tout ce qu'il trouve sur le buffet.
- Je vais t'appeler l'estomac sur pattes, je m'exclame, comme Isalis !
- Mais j'ai faim, me dit-il entre-deux bouchées.
Je rigole, et mange aussi un peu. Je suis content, parce que mon petit ami préfère boire du jus plutôt que de l'alcool, comme moi. Une fois qu'on s'est assez goinfré, on remonte dans la chambre de Samy. Je ne sais même pas si on a le droit d'y aller ou pas, mais je me dis que s'il ne voulait pas qu'on y entre, il aurait fermé la porte à clef. Et puis, c'est le copain d'Enzo, donc je pense qu'il accepte de nous prêter sa chambre.
Je m'assois sur son lit, à côté de mon petit ami, et il attrape ma main. Il la caresse un moment, avant qu'on ne se mette à se regarder la bouche ouverte. On se regarde en se faisant de grands yeux, et on éclate de rire. Au moins ça me rassure, car ça prouve que j'ai bien entendu. Il y a des gens qui sont en train de faire des choses pas très nettes dans la pièce d'à côté. Le lit tape contre le mur, et ça s'entend beaucoup.
- Les gens sont dégoûtants, je marmonne.
- Pourquoi ?
- Bah ils font ça ici !
- Et alors ? Nous aussi, on peut se câliner.
Il se penche vers moi pour m'embrasser, et sa main glisse sous mon t-shirt. Je le repousse doucement, mais il revient à la charge.
- Enzo, arrête...
- Mais pourquoi ? Juste un petit câlin...
- Mais j'en ai pas envie. Même si on sort ensemble, tu ne peux pas me forcer à me faire des trucs sexuels si j'en ai pas envie.
- D-Désolé, je ne comptais pas te forcer...
Il baisse la tête, avant de se mettre à renifler. Je fronce les sourcils, et passe ma main autour de sa taille pour le coller contre moi.
- Ça ne va pas ?
- J-Je suis désolé...
- Non mais eh, ne t'excuse pas, c'est juste que que là je n'ai pas spécialement envie de ça, c'est tout.
- Je ne suis pas un bon petit ami...
Je soupire, et caresse doucement son dos. Je ne comprends pas pourquoi il se met dans cet état. Il doit avoir besoin de se lâcher. Mais cette andouille se retient. S'il me ressort qu'un homme ne doit pas pleurer, je le fais tomber du lit.
- Laisse toi aller, je lui dis, je suis là. Des fois, on a besoin de pleurer.
- Je ne peux pas...
- Pourquoi ça ?
Il secoue vivement la tête de droite à gauche, en plissant les yeux. Même s'il n'y a presque pas de lumière dans la pièce, étant donné qu'on est seulement éclairé par les rayons de la lune qui passe à travers la fenêtre, j'arrive à le voir correctement.
- Enzo, je te promets que je ne te jugerai pas. Au contraire, je suis là pour toi. Personne ne le saura...
- Il va le savoir... Il va le voir...
- Hein ? De qui est-ce que tu parles ?
Il ne me répond pas, alors je vais m'accroupir en face de lui.
- Enzo, parle moi...
- Mon frère... Il va le savoir...
- Non, je te promets qu'il ne le saura pas. Tu dormiras chez moi, si tu veux, comme ça il ne te verra pas.
Je me lève et le tire, pour qu'il mette debout, et pour que je puisse le serrer contre moi. On se sera fait beaucoup de câlins, à cette soirée. On reste comme ça un moment, puis il finit par éclater en sanglots. Il s'agrippe à mon haut, et se colle à moi. C'est dingue de se mettre dans cet état juste parce que je n'ai pas voulu lui faire de câlin érotique. Je n'aurais pas pensé que ça allait déraper aussi loin.
- Ça va aller, je murmure, en essayant de l'apaiser, ne t'inquiète pas.
Il passe de longues minutes à pleurer, avant de réussir à se calmer.
- Je suis nul...
- Ne dis pas ça... T'es loin de l'être. T'es vraiment super.
- Je ne voulais pas te forcer... Je ne l'aurais pas fait...
- Je sais, Enzo. Je sais. C'est rien.
On continue notre petit câlin, puis je le lâche pour qu'il puisse se moucher.
- Tu sais, je lui dis, faut pas que tu te mettes dans tous tes états juste pour ça...
- Mais c'est grave...
- Non, pas du tout. Tu t'es arrêté quand il le fallait.
- Il faut que je te dise un truc, rajoute-t-il, c'est important que tu le saches...
- Tu veux qu'on attende d'être chez moi, ou tu veux qu'on en parle maintenant ?
Il baisse la tête en haussant les épaules, ce qui me fait soupirer. Je pense que c'est mieux si on en parle plus tard. Autant profiter du reste de la soirée pour s'amuser un peu, et pour qu'il pense à autre chose.
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