Chapitre 19
- Je reviens tout à l'heure, d'accord maman ?
Ma mère hoche lentement la tête, et je sors de sa chambre après avoir arrangé sa couverture. Elle a refait une crise et n'a pas dormi de la nuit, alors elle a besoin de se reposer. Je n'ai pas dormi non plus, parce que je devais m'en occuper, donc je suis aussi fatigué qu'elle. Je serais presque tenté de rester à la maison pour me reposer, au lieu d'aller au lycée. Mais je ne peux pas faire ça.
Je sors et marche tranquillement jusqu'au bus, qui est à l'heure, pour une fois. Je profite du trajet pour somnoler. C'est déjà ça de gagner. Quand on arrive au lycée, je descends et vais rejoindre mon meilleur ami. Il m'avait dit qu'il m'attendait devant le lycée, mais il n'est pas là. J'espère qu'il ne lui ait rien arrivé de grave.
Je l'attends jusqu'à ce que la sonnerie ne retentisse, mais comme je ne le vois pas venir, j'entre dans le bâtiment. Ça m'inquiète, qu'il ne soit pas là. D'habitude, il est toujours à l'heure...
- Tiens, me dit Melvin en me croisant dans le couloir, Sans-dent n'est pas avec toi ?
Je lève les yeux au ciel. Je n'ai qu'une seule envie : lui effacer le sourire qui est collé sur son visage.
- C'est bizarre, reprend-il, j'espère qu'il ne lui ait rien arrivé de grave...
- Si tu lui as fait quoique ce soit, je...
- Tu vas faire quoi ?, me coupe-t-il en fronçant les sourcils et en serrant les poings.
Je prends une grande inspiration, puis souffle lentement, avant de continuer ma route. Il n'en vaut pas la peine. Mais si jamais il a touché à un seul cheveu de mon meilleur ami, je vais l'étrangler pendant son sommeil. De toute façon, c'est tout ce qu'il mériterait.
- C'est ça, rajoute-t-il, cours, Forest.
- Et ferme ta gueule, imbécile, je marmonne en m'éloignant.
Quand j'arrive devant ma salle de cours, je me rends compte que ma classe est déjà en train de rentrer, alors je me dépêche de les rejoindre. Je vais m'asseoir à ma place, comme d'habitude, et j'essaie de suivre tant bien que mal. J'ai vraiment peur qu'il soit arrivé quelque chose à mon meilleur ami. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment. Pourquoi est-ce que Melvin m'a parlé de lui, tout à l'heure ? Vu son ton, on aurait dit qu'il trouvait ça marrant. Si ça se trouve, ils l'ont tabassé ou quelque chose comme ça. Quand je pense qu'il n'a même pas de téléphone pour pouvoir prévenir quelqu'un...
Je suis tiré de mes pensées quand quelqu'un toque à la porte, et j'espère de tout cœur voir mon ami. Mais à la place, c'est un surveillant qui entre, à ma grande déception.
- Bonjour, dit-il, excusez moi de vous déranger pendant votre cours, mais je vous amène un élève en retard.
Isalis fait irruption dans la salle, et il vient timidement s'asseoir à côté de moi. Il est tout rouge. Le pauvre, lui qui n'aime pas être le centre de l'attention...
- Tu peux me dire où est-ce que t'étais ?, je murmure, en lui donnant un coup de coude.
- Désolé...
- J'ai eu peur, moi, je râle.
- En fait, commence-t-il en se grattant nerveusement la nuque, on n'a plus de courant, parce que papa a oublié de payer la facture... Du coup, mon réveil n'a pas sonné...
Je soupire, mais un petit sourire se glisse sur mes lèvres. Je suis soulagé. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu si peur. Je dois être en train de devenir paranoïaque. Surtout que j'ai toujours ce mauvais pressentiment...
- J'ai raté beaucoup de choses ?, me demande-t-il.
- Non, rien d'intéressant.
- Tant mieux alors.
On se concentre sur le cours, jusqu'à ce que la sonnerie retentisse.
*
C'est enfin l'heure d'aller manger. Ça tombe bien, parce que j'ai super faim. En plus, ce midi, on est censé manger à trois, avec Morgane. Depuis la dernière fois qu'on a révisé ensemble, chez moi, on ne s'était plus revu. On s'est croisé dans les couloirs, c'est vrai, mais on n'a pas vraiment eu trop le temps de se parler. En plus, je commence à croire que mon meilleur ami est amoureux d'elle. Il n'arrête pas de me dire qu'elle lui manque, qu'il veut la voir, qu'il veut réviser avec elle...
- Matthy, m'appelle mon meilleur ami, pourquoi tu ne bouges plus ? Ça ne va pas ?
Je cligne plusieurs fois des yeux, et me rends compte que je me suis arrêté en plein milieu de la cour. Je me remets à marcher en rigolant, tandis qu'Isalis me regarde étrangement. De toute façon, ça fait tellement longtemps qu'on se connaît qu'il a l'habitude que j'agisse bizarrement.
- Aller, je lui dis en me tournant vers lui, dépêche toi, j'ai faim.
- Oui, bah tu n'avais qu'à pas t'arrêter comme ça, bougonne-t-il.
Je ne l'écoute pas et marche vers la cantine. On fait la queue, avant d'aller rejoindre Morgane, qui nous a gardé une table.
- Coucou les garçons, s'exclame-t-elle en nous voyant, comment ça va ?
On lui sourit, et on se met à parler tous les trois tout en mangeant notre repas. Ce n'est pas très bon, mais quand on a faim, on n'est pas en mesure de faire les difficile.
- Et du coup Matthieu, avec ton copain, tout se passe bien ?
J'ouvre la bouche pour répondre à mon amie, avant de comprendre sa question. Je tourne la tête vers mon meilleur ami, qui a la tête baissée vers son assiette.
- Isalis..., je commence.
- J'ai pas fait exprès, s'empresse-t-il de me dire, c'est sorti tout seul...
Je soupire, puis secoue doucement la tête. Morgane nous regarde en se mordant la lèvre inférieure, et se dépêche de reprendre.
- Désolé, j'ai dis la chose qu'il fallait pas...
- Non, je la rassure, t'inquiète pas. Je ne voulais pas te le dire parce que ça embête mon copain, il voulait qu'on garde ça pour nous...
- Je comprends, pas de soucis.
Elle me sourit, et on se remet à parler tous ensemble. Je suis un peu énervé contre Isalis, mais je l'aime tellement je ne peux pas lui en vouloir.
- Mais du coup, pourquoi vous n'êtes jamais ensemble au lycée ?
- Bah en fait, je pense qu'il a honte de passer du temps avec moi. Mais je le comprends, trainer avec le boiteux du lycée, ça ruinerait sa réputation.
Mes deux amis font la moue, et on continue de manger. J'avoue que ça me fait un peu mal au cœur, mais je ne peux pas en vouloir à Enzo. C'est normal, qu'il ait honte de moi.
- Tu voudras que je lui en parle ?, me demande Morgane.
- Non, ça serait trop bizarre si c'était toi qui lui en parlait.
- Bof. Tu sais, on a échangé nos numéros quand on était chez toi, m'apprend mon amie, et on parle ensemble de temps en temps. Je l'aide un peu pour ses cours.
Je hausse les sourcils, un peu surpris. Enzo ne m'en avait pas parlé. Après, on n'est pas obligé de tout se dire non plus. Mais je ne sais pas, vu qu'il parle avec ma meilleure amie, il aurait pu me le dire...
- D'ailleurs, vous allez vous voir quand ?, me demande Isalis.
- Il vient chez moi ce week-end.
- Sérieux ? Mais tu sais qu'on passe le bac la semaine prochaine ?
- Bah justement, ça va me faire un petit moment de détente. Et puis, on va quand même réviser un peu.
- Mouais.
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