~27~
(Jérôme )
Ma matinée a été très efficace. J’ai toujours apprécié de cuisiner même si je le faisais peu lorsque je vivais seul. Aujourd'hui nous serons quatre. Mon mari - j’adore dire ces deux mots -, mon neveu Alexandre et Valery. Ma famille.
— Te voilà bien songeur, mon cœur, me dit mon mari en me posant un léger bisou sur la joue. Où étais- tu parti ?
— Nulle part. J’étais tout simplement heureux de me retrouver en famille parce que même si Valéry n’a aucun lien de parenté ni avec toi ni avec moi, cela n’a strictement aucune importance.
— Entièrement d’accord avec toi. Je n’ai aucun neveu et je doute d’en avoir un jour. Valéry a une place à part dans mon cœur entre famille et amis. Il n’est même pas onze heures et tout semble déjà prêt.
— Le train d’Alex part à quinze heures, précisé-je comme si cela expliquait tout.
— La gare est à vingt minutes, tu te rappelles ? Nous aurons du temps pour discuter. Valéry ne devrait pas tarder. Je viens de recevoir un message, il partait de chez lui.
— Bonjour. Tu aurais dû me sortir du lit, Jérôme !
— Crois-moi, Alex, j’ai essayé. Tes ronflements étaient plus forts que ma voix !
—Je me doute. J’ai voulu bosser sur mon projet en cours et comme souvent, je n'ai pas vu le temps passer. Dis-moi que je peux avaler un café avec un petit morceau de pain. Promis, cela ne me coupera pas l’appétit !
—À t’entendre, on croirait que je suis un tortionnaire ! Installe-toi, j’arrive, dis-je en rigolant.
( Alex )
A peine ai- je eu le temps de m’ asseoir que Jérôme me sert comme si j'étais incapable de me débrouiller seul.
— Te rappelles-tu de notre conversation concernant le maternage, le questionné-je avec un petit sourire ?
— Bien entendu. À l’instant, je ne suis pas du tout en train de faire cela. Je sers un invité.
Vincent éclate de rire et je le suis de bon cœur.
—Tu n’arriveras pas à le changer, petit. Met-toi seulement cela dans la tête, ton oncle adore être aux petits soins avec les autres.
— Je prends note.
Nous ricanons tous les trois au moment où Valéry franchit la porte. Son teint est blafard, et j’ai la nette impression qu'il s'évertue à ne pas croiser mon regard.
— Tu ne frappes plus à la porte ? remarque ironiquement Vincent.
— Avec le son de vos éclats de rire, tu n’as sûrement rien entendu !
Un bref instant, nos regards se croisent. Pas longtemps, c’est fugitif mais cela me suffit. Il va parler.
— Que se passe-t-il Valéry, demande Vincent qui est déjà debout près de lui. Tu es d'une blancheur cadavérique.
— Rien de grave. Enfin si... Laisse-moi parler Vincent. S’il-te-plait.
Sa tête se tourne vers moi mais immédiatement, il se recentre sur Vincent.
—Je vais t’expliquer. Vous expliquer.
Ses mains semblent prises de tremblements. Il tente de les contrôler mais en vain. Je me cramponne à la table derrière moi pour résister à l’envie de le rejoindre. Cela nous concerne tous les deux.
— Je vous ai menti. C’est ce soir-là que je l’ai rencontré.
— Le soir de la bagarre ?
— Oui.
Le mot est presque inaudible.Vincent est figé, si près de Valéry qu'il lui suffirait de tendre le bras pour le toucher. Je serre les dents. C’est ma place.
— Continue mon grand. Continue.
— Sans lui, je... ne serais peut- être pas là.
C’est presque un chuchotement, il n'y a aucun bruit dans la pièce. Je ne sais même pas si je respire encore. Vincent fronce les sourcils, analyse les mots de Valéry.
— Attends. Celui qui a débarqué avec le portable ? Celui qui a fait fuir les enfoirés qui te tabassaient ?
Valéry ne répond pas. Seule sa tête acquiesce à chaque question.
— Mais pourquoi tu ne nous l’as pas dit ? Réponds- moi Valéry.
La voix, inquiète, de Vincent me fait mal, je crois que Valéry n’a plus la force d’en dire plus. C’est à moi de continuer.
— C’est de ma faute, interviens-je.
— Qu’est-ce que tu as à voir avec ça, Alex ? demande Jérôme qui réagit pour la première fois.
— Je me trouvais sur le parking, répliqué-je.
Vincent me regarde, puis Valéry qui a relevé la tête.
— C’est Alex qui les a fait fuir ? Je ne comprends pas.
—J’étais sur le parking, je partais, insisté-je. J’ai surpris des mots inquiétants et ils étaient sur lui, j’ai réagi au mieux que je pouvais.
— On ne te reproche rien, Alex. J’essaye juste de comprendre le cheminement.
Vincent cogite. Je ne sais pas exactement ce que Valéry lui a lâché comme informations.
— Alex avait peur que je me sente mal, c’est lui qui a conduit.
—J’étais arrivé mentalement à cette étape, intervient Jérôme. Que vous n’ayez pas réagit, rien d’anormal. Aucun de vous ne savez qui vous étiez mais où ça bloque…
— C’est votre non-réaction quand vous l’avez découvert. C’était assez dingue pour en rire, un tel concours de circonstances, non ? Et pourtant aucun de vous deux ne lâche le morceau. En quoi, c’était primordial de nous le cacher ? Et, pire encore, pourquoi cela devient d’actualité de nous en informer.
Notre échange de regards suffit pour les éclairer. Valéry a débuté, il me reste à continuer.
— Il n’était pas au mieux de sa forme, j’ai préféré ne pas prendre de risques. J’ai décommandé mon taxi, et il m’a guidé jusqu'à chez lui.
Vincent, les bras croisés sur le torse, sourit.
— Et à un moment, je ne me permettrais pas de rentrer dans les détails, tu as... fuit pour arriver tout penaud au gîte. Tu as dû te prendre, vous avez dû vous prendre une sacrée claque lorsque vous vous êtes croisés à la maison !
— Je ne trouve pas cela drôle, Vincent ! N’as-tu aucune confiance en moi pour ne pas oser me parler, Alex ?
Pas le temps de répondre qu’il a claqué la porte !
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