~22~
(Vincent )
— C’est tout ce qu'il t’a dit ? Je ne vois pas en quoi cela doit nous rassurer !
—Tu n’as écouté que ce que tu as voulu comme d’habitude. Valéry a précisé que cette relation n’était pas un Éric.
— Et tu comprends quoi dans cette phrase, toi ?
—Qu'il a grandi, répond ma sœur en soupirant. Qu'il ne fait plus les mêmes erreurs.
— En se rendant chez un mec qu'il ne connaît pas ?
— Ai-je dit cela, Vincent ? Il a précisé qu'ils avaient passé le week-end ensemble. Pas chez Valéry ni forcément chez cet homme. Et peut-être que la rencontre est moins récente que nous le pensons. Vincent, si tu le brusques, il va rester mutique. Laisse- lui un peu de temps. Je présume que Jérôme est au courant ?
—Crois-tu un instant qu’il n'a rien vu de mon état lorsque je suis rentré de l'exploitation ? Il me décode en un regard, bougonné-je. Il a tenté de m’ apaiser et je lui ai parlé des livraisons qu'il a refusé de faire.
— Du coup il est aussi inquiet que toi, c'est cela ? Essayez l'un comme l'autre de ne pas le harceler. Je crois vraiment qu'il veut en parler. Nous sommes sa famille, c'est important pour lui, notre approbation !
— C'est justement à cause de son silence que je suis inquiet. Il a peur de se tromper et j'aimerais savoir pourquoi.
(Alex)
Je me félicite pour l’idée de ce rendez -vous immanquable. Cela m’a permis de me débarrasser rapidement de Mathieu. Celui-ci n’avait de toute façon pas grand chose à me dire à part un projet de fiesta -voyage auquel il souhaiterait que je participe. J’ai clairement dit que je n'étais pas le moins du monde intéressé. Sa grimace prouvait nettement qu'il en était contrarié mais qu’importe.
Pour éviter de me repasser dans la tête des images du week-end, j’ai utilisé une méthode radicale. Bosser, bosser et bosser. En fait, je me suis tant plongé dans l’action que lorsque Valéry m’a appelé vers 20 heures, je n’avais quasiment pas décollé de mon bureau.
— Hello. Je ne te dérange pas ?
— Pas du tout, non. En fait, je crois que tu me sauves la vie. Pour éviter de penser au week-end, j’ai décidé de bosser sur mon projet et j’ai un peu plongé profond. Et toi, as- tu réussi à te mettre à jour pour tes livraisons de demain ?
— Je viens seulement de finir. Je suis passé chez Francesca pour discuter avec elle de la commande que je n’ai pas pu finaliser…
— Elle était fâchée, m'inquièté-je ?
— Pas le moins du monde mais elle me connait très bien. Peut être encore mieux que Vincent.
— Et elle a essayé de connaître la vérité ?
— Elle voulait comprendre, et pour obtenir des réponses, elle est passée sur l’exploitation samedi. J’ai eu envie de me trouver immédiatement une sorte d’alibi, mais Vincent lui aussi avait tenté de me trouver. Que voulais-tu que je fasse ? J'ai avoué avoir passé du temps chez quelqu'un.
— Et bien entendu, elle ne t’a pas vraiment cru. Valéry, le souci majeur est qu’ ils te connaissent très bien. Avais-tu déjà fait une chose pareille auparavant ?
— Non. Ils ont peur, je pense.
Il semble perdu, angoissé. Et moi si démuni. Comment puis-je le réconforter à distance ? Il est nécessaire qu'il libère ce fardeau qui semble peser sur ses épaules.
— Que tu te retrouves dans une mauvaise posture comme l’autre soir ?
— Non... Peu de temps avant le mariage de Vincent et Jérôme, je n’en pouvais plus de cette solitude. Oh merde, comment te raconter cela sans…
— Me faire fuir ? Tu en es encore là ? Raconte-moi s'il te plait.
— Il était au bar, reprend-il après un long soupir, et visiblement il recherchait la même chose que moi. Je ne veux pas que tu es une vision vulgaire de moi mais...
— Tu me l’as expliqué, Valéry, les coups d'un soir et, rassure-toi, j’en ai très bien compris la nécessité. Visiblement cette fois cela a été différent puisque depuis ils ont peur pour toi. Ce type t’a-t-il blessé, grondé-je ?
— Pas physiquement, chuchote-t-il. Nous nous sommes retrouvés une ou deux fois, des étreintes rapides sans chaleur puis à l'hôtel. Cela ne semblait pas le déranger, moi si. J’étais con, naïf et, lui, très malin. J’ai cru à ses bobards, qu'il préférait cela à me perdre.
— Et il est venu chez toi. Je commence à comprendre la réaction de Francesca. Elle redoute que tu te retrouves dans la même situation. J'aimerais être à tes côtés pour te prendre dans mes bras, te réconforter. Comment t’es-tu rendu compte qu'il abusait de la situation ?
— Un con fini, je n’ai rien vu, se reproche-t-il. Sans Félix qui passait par hasard, il m’aurait vidé la baraque de tout ce qu'il pouvait monnayer !
— J'espère que Félix lui a laissé quelques marques en cadeau.
— Je ne te pensais pas être adepte de la violence.
— J’ai appris à me défendre. Entre mes oncles homophobes et Jérôme pas vraiment outillé pour me protéger, j’ai dû me débrouiller. Sans être un bagarreur, j’ai vite compris que grogner et mordre de temps en temps éloigne les roquets. Veux-tu que je vienne ?
— Non. Nous en avons déjà discuté. Je ne te reproche rien, j’ai compris tes peurs et je les accepte. Notre plan me semble être une bonne idée.
— Pourtant ta voix ne semble pas du tout assurée. Est-ce que tu me caches quelque chose ?
— Francés m’a promis qu’elle allait tenter de contenir Vincent…
— Et tout comme moi, tu doutes qu’elle y arrive. J’ai une idée pour brouiller les pistes. J’appelle Jérôme dès demain matin. Il ne me sera pas très compliqué de faire en sorte qu'il me dise de passer. Cela devrait relâcher un peu la pression sur toi. Qu’en dis- tu ?
— Je pense que cela devrait détourner un peu l’attention de Vincent. Mais il nous faudra être prudent.
— Promis. En attendant, tâche de limiter les têtes à têtes. Je te tiens au courant. File te reposer.
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