~William Solace~

Si les gens me fixaient, c'était parce qu'il devait me prendre pour un fou. Et je leur accordais complétement raison. Qui se ramènerait devant la maison de son petit-ami et de la sœur de celui-ci avec trois couettes et un oreiller ? Bianca m'ouvrit presque aussitôt, heureusement, et je pus m'éloigner du regard insistant de leur vieille voisine.

-Will ! Tu es venu, murmura-t-elle, la voix gorgée de soulagement.

-Je suis prêt à tout pour la personne que j'aime !

Je désignai les couettes et l'oreiller dans mes mains et un doux sourire prit place sur le visage de Bianca. Elle avait l'air d'être aussi déterminée que moi à faire sortir Nico de sa chambre. Depuis quelques jours, il refusait obstinément d'en sortir sans qu'il ne dise à quiconque la raison. Il m'avait même bloqué parce que je cite : ''Tu me harcèles trop'' !

-Je sais pas ce qu'Andrea ferait sans toi. Tu es vraiment un petit-ami parfait pour elle.

Nico n'a toujours pas dit à Bianca qu'il était trans ? m'étonnai-je en essayant de ne rien laisser paraitre. Peut-être était-il juste moins proche de sa grande sœur que je ne le pensais...Je me contentai d'hocher la tête, l'esprit ailleurs.

-Bon, tu sais où est sa chambre. Essaye de la faire sortir pour l'heure du repas et pas à deux heures du matin, plaisanta-t-elle.

-Le mot qui est important dans ta phrase, c'est essayer. Tu la connais, elle serait capable de s'emmurer vivante pour qu'on ne la sorte pas de là.

-Will, ne lui donne pas de mauvaises idées...

Je m'apprêtai à traverser le couloir quand Bianca m'agrippa le poignet. Son sourire moqueur avait complétement fondu, et elle paraissait angoissée. Sa lèvre était ensanglantée, signe qu'elle l'avait mordu un peu trop fort.

-Je ne t'en voudrais pas si tu n'arrives pas à la faire sortir.

Je lui envoyai le sourire le plus rassurant du monde, l'air de dire : ''Elle va sortir, c'est moi qui te le dis'', mais j'étais aussi persuadé qu'elle que Nico ne daignerait même pas me parler. Son côté dark je suppose.

-Je te confie l'appartement, finit par dire Bianca après m'avoir lâché. Il y a de quoi manger dans le frigo, fais comme chez toi. Oh et si ça ne te plait pas il y en a dans le placard aussi, et peut-être dans le réfrigérateur...

-J'ai compris, Bianca, ris-je. Je ne vais pas mourir de faim, et N...Andrea non plus.

S'il sait la boulette que j'ai failli faire, il va me frapper la tête contre le mur jusqu'à ce que mon sourire s'imprime dans ce dernier...Mais Bianca n'avait pas l'air d'avoir remarqué mon bégayement. Elle attrapa sa veste et un trousseau de clé avant de partir travailler. Je pus enfin me planter devant la chambre de Nico, dont la porte était la seule de tout l'appartement à être entièrement peinte en noire.

-Nico devine qui c'est !

A l'autre bout du couloir, Acqua, le petit chat des Di Angelo, me lança un regard hostile avant de se faufiler dans la cuisine. Si même le chat ne voulait pas de moi...Ma mission s'avérait bien plus difficile que ce que je pensais.

-Bon, la blague est moins drôle quand je te cache pas les yeux, c'est vrai. Tu peux répondre tu sais, Bianca est partie travailler.

Etais-je en train de parler à Nico ou à la porte ? Je penchai pour la deuxième option, puisque je n'eus toujours pas de réponse. Je me demandais presque s'il ne dormait pas, malgré qu'il soit presque midi.

-Death Boy, t'es mort ?

Je ricanai à ma propre blague mais je me rendis vite compte que ce n'était pas ce genre de phrases qui allait le faire réagir. Je toussai faussement pour reprendre un ton beaucoup plus sérieux.

-Sinon, ça fait combien de jours que t'avales rien ?

Je crus entendre un bruit derrière la porte, comme si quelqu'un s'enroulait dans une couverture. J'avais à la fois envie de le frapper et de le prendre dans mes bras jusqu'à qu'il étouffe.

-T'as intérêt de sortir pour manger. Ordre du docteur, et je rigole pas.

Un ange passa. J'étais tombé sur le petit-ami le plus têtu du monde, apparemment. Mais ça tombait bien, moi aussi j'étais têtu. J'attrapai ma première couverture et l'étalai dans le couloir. J'en pris une deuxième pour la mettre par-dessus, avant de balancer la dernière restante et mon oreiller sur mon lit de fortune.

-Je t'explique la situation, my Death Boy. Sois tu sors maintenant manger, et après tu peux retourner dans ta grotte jusqu'au prochain repas, sois je dors dans le couloir jusqu'à que tu sortes de ta chambre. Qu'est-ce que tu veux faire ?

-Non...

Je restai un instant silencieux. Sa voix était si faible, si triste...Est-ce que c'était moi qui l'avait imaginé pour me convaincre qu'il était là ? Je m'assis sur mon faux lit et me grattai l'arrière du crâne.

-Nico, tu peux pas passer des jours enfermé dans ta chambre. Qu'est-ce qui va pas ? C'est à cause de Percy ? Tu sais, il ne le pensait pas vraiment que tu aimais les filles. Il est juste, hmm, vexé ? Ouais, vexé que tu lui ai parlé un peu...durement ?

J'espérais vraiment que ce n'était pas pour ça que Nico était triste, parce que je n'avais pas trop envie de me mettre à arracher des algues. Je ris à ma propre blague. Mon petit-ami devait croire que j'étais fou.

-Nico, sors pour manger. Juste un peu.

Je me demandai à quoi il pensait pour m'ignorer ainsi, ou juste ce qu'il faisait de ses journées s'il avait bloqué tous ses amis. Dormir ? Ça m'étonnerait, je ne le voyais vraiment pas sans ses cernes.

-Un tout petit peu ?

Peut-être qu'il avait juste ses écouteurs dans ses oreilles et qu'il ne m'entendait absolument pas. Bah quoi, il faut bien se rassurer comme on peut ! J'avais mal au cœur à l'idée qu'il m'ignore...

-Juste un gâteau alors. Je t'en supplie Nico, je veux pas te voir mourir de faim...

Les mots s'échappaient de ma bouche sans que je ne puisse vraiment les comprendre ; le temps passait à une vitesse folle. La porte de l'appartement s'ouvrit dans un grand bruit, me faisant presque peur.

-Je suis rentrée ! cria Bianca.

Elle courut dans le couloir et toute sa joie s'évanouit à la vue de la porte fermée devant moi. Elle tenta de reprendre un visage heureux mais c'était trop tard : je voyais bien que je l'avais déçu.

-Elle n'est pas allée manger ?

-Non...Je suis désolé Bianca, je n'ai eu aucune réponse de sa part...

Bianca m'ignora complétement et posa ses mains sur ses hanches, les sourcils froncés. Elle ressemblait en tout point à sa mère dans cette position. Cette pensée me fit frissonner quand je repensais à ma rencontre désastreuse avec celle-ci.

-Andrea Di Angelo, tu as deux secondes pour sortir sinon ton seul repas ce soir sera Acqua !

Un lourd silence tomba, interrompu par un miaulement effrayé du chat en question. Bianca haussa les épaules, l'air indifférente, et laissa tomber ses bras le long de son corps. Ses yeux brillaient de tristesse.

-Je savais que ça ne marcherait pas, j'ai essayé hier, avant-hier, avant-avant-hier, avant...

-J'ai compris, Bianca, la coupai-je doucement.

-En tout cas, jeune fille, reprit-elle en parlant à la porte, sache que la semaine prochaine, Hazel vient à la maison. Tu me feras le plaisir de sortir de ta chambre d'ici-là.

Oh non, Hazel. Je l'aimais beaucoup, et Nico aussi, mais c'était le genre de fille un peu trop immature à mon goût. Le genre de fille incapable de comprendre que Nico se sentait mal et qu'il ne pouvait voir personne.

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Oui je vais vous balancer toute ma playlist ftm. Vous inquiétez pas, ce sera un doux voyage sans douleur. On se revoit pour le prochain chapitre (du point de vue de notre cher Death Boy), avec une nouvelle musique !

A plus ! ~Yuruma ☆