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Chapitre 14 (partie 1/2) - Jour / Nuit


70e jour de la période du croissant de lune — 1338

Dergur [dɛʁɡyʁ] = Jour / Nsezk [nsɛːzek] = Nuit


Tous les quatre reprirent la route sanglante jusqu'à la ville de Pontes, dépités. Comment allaient-ils récupérer une telle somme en si peu de temps ?

Helja marchait en retrait et marmonnait des injures envers les sœurs de la sagesse. Elle se plaisait à les imaginer périr dans d'atroces souffrances. Jamais encore on ne l'avait congédiée de cette manière. Jamais on ne l'avait obligée à payer autant pour une simple information. Elle était folle de rage. Même si elle, elle n'aurait pas hésité à en faire de même, sa fureur avait atteint des sommets.

Mais finalement, ce qui l'énervait sûrement le plus, c'était de n'avoir aucune autre option. Elle-même était incapable de savoir à quoi ce cercle pouvait servir.

Totalement concentrée, les yeux rivés sur les racines rouges que formaient le chemin, elle ne vit pas Charlie ralentir pour arriver à sa hauteur.

— Ça va ? demanda-elle.

La sorcière se contenta de souffler longuement.

— Je pense bien que c'était l'habitation la plus ignoble que j'ai eu à visiter.

Elle essaya en vain de détendre l'atmosphère avant d'entamer un sujet plus sensible. Mais comme Helja n'y était pas réceptive, la fillette posa la question sans détour :

— Tu comptais vraiment me vendre à ces horribles sorcières ?

Helja se tourna vers elle et la fixa droit dans les yeux. Le regard noir de la gamine était plein de détermination et on aurait pu y plonger dedans.

Effectivement, elle y avait songé. Faire une économie de mille pièces d'or n'était pas négligeable, mais elle répondit :

— Non, bien sûr que non. Tu appartiens déjà à une seule et unique sorcière et cette sorcière c'est moi.

Charlie eut un large sourire.

— Ça me rassure alors, je n'ose pas imaginer ce qu'elles m'auraient fait subir.

Elle hésita un court instant puis, elle se décida à ouvrir son cœur :

— Et puis, je ne me voyais pas non plus être loin de toi, ou de Bastet. On ne se connaît pas depuis longtemps, mais je tiens beaucoup à toi. Quand je pense aux moments passés avec mon père, je me retiens de pleurer parce que je me dis que toi... toi tu ne pleures jamais. Tu es forte et j'ai envie de devenir aussi forte que toi.

Helja ne s'attendait pas à ça. À autant d'affection. Elle n'y été pas habituée et ne savait pas comment réagir.

Que ressentait-elle ? Cette révélation de Charlie avait eu l'effet d'une bombe. Que devait-elle lui répondre ? Comment devait-elle répliquer ? Rester froide ? Le voulait-elle vraiment ? La sorcière se sentait déboussolée et détestait ne pas avoir le contrôle.

Après quelques secondes, elle déclara tout simplement :

— Je sais.

Puis elle pressa le pas pour ne plus être seule à la hauteur de Charlie.

La suite du chemin se déroula dans un silence quasi total. Charlie et Bastet essayaient de distraire les deux autres en racontant des blagues à tour de rôle, mais Helja n'écoutait pas l'histoire hilarante du grand chat sur la fée, la sorcière et le troll qui entre dans une taverne, trop occupée à réfléchir aux paroles de la fillette. Elle tenait à elle et la prenait pour exemple. Sans comprendre pourquoi, Helja ressentait une drôle de sensation dans le creux de l'estomac. C'était agréable de se dire que l'on comptait pour quelqu'un, savoir que l'on était un modèle.

Mais cela ne devait pas arriver. Jamais. Si elle commençait elle aussi à s'attacher, elle deviendrait faible. Charlie constituerait le moyen de la faire plier, de l'obliger à choisir ses sentiments plutôt que la raison. Or, seule la mission prédominait. Elle devait tuer le roi.

Lorsqu'ils atteignirent le centre de la ville, le soleil se révéla, réchauffant les corps et les cœurs. Luba se chargea de réserver trois chambres dans une auberge tandis que Charlie partit acheter de quoi manger. Quant à Helja, elle s'éloigna afin d'exécuter à nouveau un sortilège de métamorphose. S'ils demeuraient ici pour plusieurs jours, elle ne pourrait pas rester cachée sous une capuche sans se faire démasquer.

Quand la sorcière alla rejoindre ses compagnons près de la fontaine, elle avait grandi d'au moins dix centimètres. À présent, ses cheveux dansaient en boucles dorées, son visage arborait une forme presque carrée et ses yeux étincelaient comme l'océan. Mais, le changement corporel n'était vraiment pas la magie qu'elle maîtrisait le plus. Cette fois-ci, elle ne se retrouva pas avec une moustache, mais avec des lobes d'oreille qui s'étiraient jusqu'à effleurer ses épaules, tandis que ses sourcils brillaient de deux nuances distinctes, l'un d'un noir profond, l'autre d'un rose délicat.

Ils essayèrent de ne pas se moquer en la voyant arriver, mais ce fut beaucoup trop dur et tous les trois se tordirent de rire. Vexée, Helja se retint de les envoyer voler dans l'espace et préféra aller dans sa chambre.

Lorsque Luba frappa à la porte, la sorcière s'était légèrement calmée. Elle balança le grimoire acheté dans la ville souterraine et laissa tout le monde entrer. Charlie se posa au bout du lit, Bastet sur ses jambes et la métamorphe resta debout.

— Bon qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-elle. Nous devons rapidement connaître la fonction de ce cercle. Qui sait ce que le roi prépare pour nous retrouver et nous l'arracher.

— On ne pourrait pas tout simplement créer de l'or avec de la magie ? interrogea Charlie. Ou bien multiplier les pièces que nous avons.

— C'est impossible, répondit Helja, et tu penses bien que j'ai déjà essayé. J'ai vomi de fausses pièces pendant des jours et ce n'est vraiment pas très agréable, tu peux me croire.

— Mais pourquoi ?

— Peu de personnes le savent, mais l'or est la seule matière insensible à la magie. Les sorcières ne peuvent ni la fabriquer, ni la contrôler. Le métal agit en quelque sorte comme un bouclier où se répercutent les sorts. À l'époque, certains démons étaient vêtus d'armure entièrement construite en alliage d'or pour se protéger de nous. Mais j'imagine que l'information s'est perdue avec le temps et maintenant, il n'y a que les sorcières qui sont au courant. Et tu te doutes bien que nous ne le crions pas sur tous les toits.

Quelque chose lui brûla le poignet et quand elle baissa la tête, Helja découvrit le bracelet de Dolos. Les voix du roi et des gardes se mélangeaient et face à elle, la salle du trône tanguait dangereusement. À moins que ce soit elle qui était en train de basculer ? Le bijou lui rongeait la peau et l'empêchait d'utiliser sa magie. Elle se sentait faible. Impuissante.

Et le coup de grâce fut porté. On lui trancha la gorge.

— Helja ? demanda Bastet. Ça va ?

Elle ouvrit les yeux et remarqua qu'elle s'était levée du lit, les mains autour de son cou. Tous la regardaient avec étonnement.

— Oui, ça va. Problème de sorcière. Ne vous en faites pas pour moi.

Elle se reposa, s'efforçant de ne pas songer à ce fameux bracelet.

— Et tu penses que tu pourrais essayer d'en créer des fausses, comme... une illusion ? proposa Luba.

— N'oublie pas à qui on s'adresse. Elles reconnaîtront tout de suite la supercherie.

Ils paraissaient tous les trois dépités.

— Mais comme ces vielles chouettes ont dit, je suis une sorcière, ajouta Helja. Il nous suffit de tomber sur quelqu'un qui a besoin d'aide pour se débarrasser d'un fantôme et lui faire payer deux-mille pièces d'or.

— Et comment va-t-on trouver cette personne ? s'enquit Bastet.

— Là où l'on trouve les individus les plus désespérés d'une ville, répondit-elle, grand sourire.

Le soir venu, ils se rendirent tous les quatre à l'unique taverne que l'on retrouvait à Pontes. Elle n'était pas très importante, ne comptant qu'une vingtaine de sièges. Un bar en bois trônait contre le mur et plusieurs étagères présentaient divers alcools, dans un magnifique camaïeu de bleu. Des lanternes éclairaient suffisamment l'endroit décoré par de multiples banderoles et œuvres d'art.

Cette nuit-là, la salle était presque vide. Un petit groupe écoutait tranquillement deux hommes jouer de la musique. D'autres encore sirotaient leur nectar dans un silence quasi total et une femme derrière le comptoir triait les bouteilles de vin. Helja mena ses compagnons vers la table la plus à l'écart. Mais avant de commencer leurs recherches de client, il paraissait nécessaire de s'abreuver.

La sorcière revint rapidement avec quatre verres au contenu azur qu'elle donna aux deux filles, gardant les derniers pour elle. Sous le regard interrogateur de Bastet qui ouvrit la bouche, Helja lui expliqua :

— Tu ressembles à un chat et pour les humains, les chats ne parlent pas. Ça aurait été trop bizarre pour eux de te voir boire la même chose que nous.

— C'est ça, rétorqua-t-il doucement. C'est sûr qu'aller dire à des inconnus que vous êtes des sorcières en quête de chasse aux fantômes c'est moins risqué. Et pourquoi quatre boissons dans ce cas ?

— Ces deux-là c'est pour moi. Maintenant, comporte-toi comme un chat normal !

Helja engloutit une longue gorgée de son premier verre tandis que Luba l'interrogea :

— Alors, comment fait-on ? Comment les aborde-t-on ?

— Aucune idée, avoua Helja. D'habitude ce sont les gens qui viennent à moi, pas l'inverse.

— On ne pourrait pas tout simplement leur dire : « Bonjour, je suis une sorcière et je cherche des personnes qui auraient besoin de mes talents, connaissez-vous quelqu'un d'hanté par des fantômes ? » proposa Charlie.

— Je t'en pris, essaie donc, répondit Helja en lui ouvrant la scène d'un geste théâtral.

— Mais, je ne suis pas une sorcière moi.

— Sauf que ça, ils ne le savent pas. Allez, et ne revient pas sans un sac rempli de deux-mille pièces d'or petite.

Sur ces mots, la jeune fille les quitta et se dirigea vers un groupe de femmes d'âge mûr.

— Tu es sûre que c'est prudent de la laisser faire ? interrogea Luba.

— Oui, tu t'inquiètes trop pour elle, répliqua Helja qui venait déjà de terminer son verre et entamait le deuxième.

Au même moment, ils entendirent à la table voisine les vielles dames congédier Charlie à coup de jurons anti sorcière. Toujours autant déterminée, elle alla voir l'homme assis seul devant sa bière un peu plus loin.

— Et toi tu ne t'inquiètes pas assez. Tu as remarqué sa réaction quand les sœurs ont proposé de l'échanger contre la moitié de la somme demandée et que tu as envisagé d'accepter.

— C'est bon, nous nous sommes expliquées à ce sujet. Tout est réglé.

La métamorphe but une gorgée et prit un air faussement surpris :

— Ah bon ? Tout est réglé ?

— Oui, tout à l'heure, sur la route du retour.

— Vraiment ? intervint Bastet.

— Les chats ne parlent pas ! Tu as oublié ?

L'animal baissa la tête et miaula sûrement une insulte.

Cette fois-ci, Charlie quittait l'homme sans injure, mais sous des regards pervers et insistants. Elle se dirigea alors vers le bar, monta sur un des tabourets et se mit à discuter avec la serveuse.

— Fais plus attention à elle, continua Luba qui ne semblait pas en avoir fini avec Helja. Cette fillette n'a que treize cycles et tu lui...

— Je ne lui dois rien du tout si c'est ce que tu allais dire. Je suis tout ce qui lui reste, c'est ce qu'elle m'a raconté. Elle me considère peut-être comme quelqu'un de sa famille ou bien sa meilleure amie, je n'en sais rien. Mais je n'ai pas signé pour ça. J'ai accepté de la prendre avec moi uniquement pour la faire taire et crois moi, je ne pensais pas qu'elle survivrait si longtemps.

Mais Helja comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Elle tourna la tête et vit Charlie debout devant elle, les yeux imbibés de larmes.

— La serveuse est d'accord pour passer une annonce pour nous, j'ai réussi à la convaincre.

A peine eut-elle finit sa phrase qu'elle courut à l'extérieur de la taverne.

— Voilà, tu es contente ? sermonna Luba, les sourcils froncés.

— Oui ! Très contente même ! rétorqua Helja, devenu soudainement rouge. Qu'elle parte, je n'ai pas besoin d'elle. Ni de toi d'ailleurs. Je sais que tu es là uniquement pour le plan secret de la reine et pour aucune autre raison.

Sans dire un mot, Luba se leva et quitta également les lieux. Helja termina son deuxième verre en tête à tête avec Bastet.

— Lamentable, blâma ce dernier. Pourquoi tu te comportes comme ça avec toutes les personnes qui essaient d'être gentilles avec toi ?

— Peut-être parce que je n'ai pas envie qu'on soit gentil avec moi. Je n'ai pas besoin de la pitié des autres.

— Ne confonds pas la sympathie et la pitié Helja. Charlie t'apprécie vraiment et je pense que Luba n'est pas là uniquement pour respecter les souhaits de la reine.

— C'est ce que tu crois ! De toute façon, j'ai tout gâché, comme d'habitude. Mais peu importe. Tout sera bientôt terminé et nous pourrons tous retourner à notre petite vie bien tranquille.

Le chat hocha la tête avant de sauter sur la table pour se placer bien en face de la sorcière et la regarder droit dans les yeux.

— Rien ne sera plus jamais comme avant Helja ! Nous avons le roi à nos trousses. Une personne dotée de grands pouvoirs dont nous ignorons tout a réussi à franchir ton sortilège de protection. Et pour couronner le tout, nous transportons sûrement l'arme la plus puissante qui existe. Ce n'est certainement pas le moment de perdre des amis. Surtout que, bordel Helja, je sais que tu peux faire preuve de gentillesse quand tu le décides. Du moins, à ta façon.

Elle parut étonnée, mais, pour la première fois, elle n'eut pas le temps de répondre. Bastet prenait le devant de la conversation.

— Sans toi, je serais sans doute mort à l'heure qu'il est. Si je n'avais pas croisé ta route, si tu n'avais pas fait de moi ce chat pour me garder en sécurité, les hommes qui en avaient après moi m'auraient rattrapé tôt ou tard et... tout ce que je veux dire c'est que tu m'as sauvé la vie. Ce n'est pas vraiment ce que j'imaginais, mais je ne vais pas m'en plaindre. Donc maintenant, reconcentre-toi et présente tes excuses à Charlie et Luba.

Le grand félin sauta sur le parquet avant de s'éloigner dans de petites enjambées aériennes, laissant la sorcière seule avec son verre vide, ses regrets et ses questions.

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