Le réveil est douloureux mais je parviens à m'extirper du lit lentement mais sûrement. Comme tous les matins où il faut aller au lycée, le même rituel s'opère. je sors de ma chambre et rejoins les filles à table avant de me préparer et de partir. Je me dirige donc vers la cuisine avec l'estomac qui gargouille. Normal, je n'ai pratiquement rien mangé depuis deux semaines.

Les filles m'ont confié que je me suis à moitié réveillée plusieurs fois alors elles en profitaient pour me faire boire de l'eau ou ingurgiter de la soupe ou des yaourts.

Je n'en reviens pas que mon corps s'est mis en mode veille. Comme s'il avait traqué une menace ou autre chose du genre.

— Tu vas bien ? m'interroge Stella en me voyant passer le pas de la porte de la cuisine.

— Ça peut aller et vous ? enchaîné-je en m'adressant aussi à Savana et ma tante.

Elles me répondent par l'affirmative.

Je me sers à boire, avale un jus de fruit et entame une brioche avant de me tourner à nouveau vers les filles.

— Je dis quoi si on me demande ce qui s'est passé ?

— Tu dis que tu es tombée dans les escaliers et que tu t'es pris un choc assez violent qui t'as valu de rester au lit.

Simple et efficace.

Je hoche la tête avant de filer me préparer.

Je suis tombée dans les escaliers et le choc était tellement violent que ça m'a étourdie au point de rester au lit deux semaines. En espérant que ça passe.

Je m'habille chaudement et me coiffe avant de rejoindre mes amies, déjà prêtes. Nous attrapons nos affaires et sortons sans un mot.

Tante Martine ferme à clé puis nous nous dirigeons vers la droite, direction le chemin habituel.

L'aller se déroule sans que personne ne pipe mot. Le ciel est sombre et en accord avec mon état d'esprit.

                                                                                                                                                                                                    Je ne cesse de repenser à toutes ces paroles lugubres, horrifiantes, de cet entité.

« Tu n'es qu'une faible ! J'ai hâte de voir ce moment où je te ferai regretter de ne pas m'avoir rejoint ! Il est encore temps, princesse. »

Mes pensées sont toujours orientées vers ce diable, si bien que le trajet se déroule vite et que je suis surprise d'être déjà arrivée devant le lycée.

— N'oublie pas, Lili, me souligne ma tante. Tu vas en vie scolaire donner ton mot. S'ils te posent des questions, tu dis que tu es tombée des escaliers.

Je hoche la tête.

— Bonne journée les filles ! nous salut-elle avant de nous laisser passer les grilles.

— Tu veux qu'on t'accompagnes à la vie scolaire ? me demande Savana.

— t'inquiète pas ça va aller, je ne vais pas vous retarder, allez en cours.

Mes amies m'offrent toutes les deux un sourire timide que je leur rends, puis nos chemins se séparent.

Alors que je me dirige vers le bureau des surveillants afin de donner mon mot, une voix m'interpelle :

— Lila.

David.

Je ne me retourne pas et entre dans le bureau après avoir toqué.

Les surveillantes présentes m'accueillent avec des grands sourires et je me sens tout de suite mal à l'aise. De plus, l'odeur du café m'agresse presque.

— Tu vas mieux, Lila ? me questionne l'une d'elles.

Je hoche la tête et ne tarde pas à leur donner mon mot, avec la pressante envie de déguerpir vite.

La plus jeune me prend mon mot, le passe à la photocopieuse, me rend l'original et le signe avant de me dire que tout est bon. Je sors vite du bureau et ne tarde pas à retomber...

Sur lui.

— Lila.

— Qu'es-ce que tu veux ? le questionné-je avant de m'éloigner.

Malheureusement pour moi, il me rattrape.

— Tu vas bien ?

— Oui, je vais bien.

— Tant mieux, enchaîne-t-il. J'ai eu peur quand j'ai appris que-

Je continue de marcher en regardant fixement là où je vais pour ne pas avoir à croiser son regard.

— Lila, s'il te plaît, parle-moi.

— Il n'y a rien à dire !

Je me suis retournée brusquement, ce qui le fait presque sursauter.

— Je ne suis jamais sorti avec elle.

Quoi ?

Pardonnez-moi ?

Excusez-moi ? 

Depuis quand on met de la croûte de pizza dans le yaourt ?

— Tu as dit quoi ?

— Je ne suis jamais sortie avec elle.

Tu es cramée, Lili. Tu t'es retournée subitement !

— Ça a failli mais ça n'a jamais été fait.

— Ok mais ? Où veux-tu en venir ?

— Je veux te dire que je t'apprécie vraiment.

Et moi donc...

— Ok, répondé-je avant de continuer mon chemin.

— S'il te plaît, Lila ! Je ne te demande pas la lune, juste un peu d'attention.

Et pour moi, c'est la lune, David.

— Je ne t'aime pas.

Les mots m'arrachent la bouche.

— Ne dis pas quelque chose qui n'est pas vrai. Je sais que tu m'aimes bien, rétorque-t-il.

— Qu'es-ce que tu veux ?

— Toujours la même chose.

— Être amis ?

Il acquiesce et je sens mon cœur fondre. Je médite quelques instants sur une décision avant de lâcher la réponse la plus surprenante de toutes :

— Laisse-moi tranquille, David. Je ne veux rien avec toi.

Comme ça, il ne m'embêtera plus avec ça.

Si j'étais Jaffe, j'aurais ri diaboliquement de ma nervosité.

Et puis dans pas longtemps, je serai repartie.

Purée.

Pas ouf cette situation, comme diraient les Terriens.