I said I'm sorry
La prairie était encore bien verdoyante et sentait bon. Le jeune homme glissa ses doigts entre les brins d'herbe sur lesquels quelques gouttes de rosée persistaient encore. Yunho étendit ses jambes et admira le paysage. Il avait eu raison. Sortir prendre l'air, ça changeait. Elle s'installa à côté de lui, et sortit du panier les victuailles qu'elle avait préparé. Pendant tout le trajet, elle était restée silencieuse, et plutôt pensive. Elle ne disait toujours rien.
— ça va pas ?
— Si, si, répondit Angel toujours évasive, sortant les assiettes.
Mais Yunho n'était pas dupe, il voyait bien que quelque chose la tracassait. Il fouilla dans sa mémoire s'il avait été désagréable ou s'il avait fait quelque chose, mais rien ne lui revenait. Ce devait être un problème personnel qui ne la concernait qu'elle.
— Je peux t'aider à quelque chose ? Insista-t-il.
— Epluche les pommes, si tu veux.
Yunho eut un petit sourire et attrapa les fruits qu'il commença à débarrasser de leurs peaux.
— Non, je parlais pour toi. Je peux t'aider ?
Elle se retourna vivement, et son visage s'empourpra.
— Je t'ai dit que je n'ai rien, Yun ! Arrête !
Il n'insista pas, il connaissait Angel. Quand elle était dans ses soucis personnels, il valait mieux ne pas trop parler. Il termina sa tâche consciencieusement, coupa des quartiers qu'il disposa dans une des assiettes, puis s'allongea dans l'herbe, les bras croisés derrière la tête. Angel fit de même et posa sa tête sur le torse de son amoureux.
— Pardon, je voulais pas m'énerver, murmura-t-elle.
Il sourit en regardant un nuage qui avait la forme d'une grenouille. Ce n'était pas grave. Tout le monde avait des mouvements d'humeur. Il caressa les cheveux blonds d'Angel sans rien dire.
— Yun, prononça-t-elle d'une petite voix comme si elle était coupable...
— Hum ?
— ça fait longtemps qu'on est ensemble, non ?
Yunho ferma les yeux. Il redoutait la tournure de la discussion. Elle avait déjà abordé quelques fois le mariage, les enfants, tous ces trucs-là dans lesquels Yunho ne voulait pas vraiment se projeter. Il ne répondit pas et préféra la regarder pour qu'elle continue. Mais Angel était une personne têtue.
— N'est-ce pas ? Insista-t-elle.
— Oui, murmura Yunho.
Il s'attendait à ce qu'elle continue une certaine litanie telle que "On devrait officialiser auprès de nos proches." ou "Je ne connais même pas tes parents.", ce genre de choses, peut-être.
— Je suis enceinte, dit-elle simplement après plusieurs minutes de silence.
Yunho ne percuta pas. C'était un peu comme si ce n'était pas Angel qui avait parlé. Il ne comprit vraiment pas ce qu'elle disait. Aucun son ne sortit de sa bouche. Alors, la jeune femme se redressa, s'appuya sur ses coudes et le fixa.
— Tu as entendu ?
— C'est une blague, n'est-ce pas ?
Elle se doutait que la réaction de son petit-ami allait être de cet ordre là et ne se vexa même pas. Ils n'avaient jamais projeté d'avoir des enfants. Yunho n'avait jamais émis la moindre opinion à ce sujet.
— Non, ce n'est...
— Comment ça se fait ?
La surprise était trop grande pour Yunho. Ils ne partageaient pas énormément de moments intimes, et Angel prenait sa pilule tous les soirs.
— C'est comme ça. Il y a des ratés. Maintenant ce que je voudrais savoir, c'est la suite, Yun.
Le ventre du jeune homme se tordit et il fut pris d'une violente nausée. Angel l'observa et lui tendit un verre d'eau.
— C'est à moi d'être malade, normalement.
Le ciel s'assombrit et un vent frais se leva. Cela fit réagir Yunho qui attrapa la petite couverture en polaire et la plaça sur les épaules de sa copine. Ou sa femme ? La mère de son enfant. Il ne s'y faisait pas. Comment allait-il devenir papa dans ce monde ? Ce n'était pas son désir. Pas maintenant. Pas à cet âge. Vivre sa vie avec elle ne le dérangerait pas outre mesure, mais quand il la regardait, il y voyait plus une meilleure amie, ou même une grande sœur confidente, qu'un amour passionnel. Il s'était habitué à elle. Il aimait la voir. Mais elle ne lui manquait pas quand elle partait quelques jours en vacances avec sa bande de potes, il ne la désirait pas sexuellement, et se sentait souvent coupable quand elle lui faisait des démonstrations d'amour qu'il ne pouvait rendre. Il aimait cette fille, mais il n'en était pas amoureux. Il l'avait toujours su. Même lors de leur premier baiser. Son cœur n'avait pas battu la chamade. Le temps ne s'était pas arrêté. Ses jambes n'avaient pas flanché. Et il n'avait pas spécialement envie que ce baiser soit interminable. Non.
Être père. Devenir responsable d'un être humain qui n'a rien demandé à personne. Comment assumer un tel poids. Son job n'était clairement pas suffisamment pour nourrir une famille et ce n'était pas exactement une vie comme ça dont il rêvait.
— Je peux encore avorter, dit-elle d'une petite voix.
Yunho ne se sentait pas légitime de prendre une décision. C'était elle qui portait l'enfant. C'était elle qui allait subir les plus grosses conséquences. Et ce serait elle, qui s'en occuperait, si un jour il venait à la quitter. Il le savait. Il respira lentement et répondit :
— Je suivrai ta décision et te soutiendrai quoiqu'il arrive.
Elle le regarda un long moment. Puis sourit enfin.
— D'accord.
Elle n'avait pas décidé. Elle ne savait pas, elle aussi n'avait pas imaginé qu'une chose pareille se produirait. Elle aimait les enfants et savait qu'elle en aurait un jour. Mais pas de cette manière. Elle aimait profondément cet homme, mais elle n'était pas dupe. Les sentiments de Yunho à son égard n'étaient pas aussi romantiques et chevaleresques qu'elle en avait rêvé quand elle était petite fille. Mais son amour pour lui la poussait à accepter la situation, à s'en accommoder. Au début de leur relation, elle se disait que leur histoire se finirait rapidement. Et puis, les mois ont passé, et tout doucement, la routine a fait sa place. Les mois se sont changés en années. Sans dispute. Sans heurt. La douceur de Yun et son affection suffisait à Angel, qui se raccrochait à ça pour se dire qu'elle était heureuse. Jamais elle n'eut l'idée, ni même l'envie de tout arrêter en espérant trouver un amour plus fort ailleurs. Elle aimait, sans rien attendre en retour. Et au final, leur vie leur convenait.
Venir tout chambouler avec un bébé lui faisait terriblement peur. Elle ne voulait pas que Yunho se sente prisonnier. Mais ce bébé, elle l'aimait déjà si fort. Depuis le moment où elle avait su qu'il vivait en elle. Il ne lui restait que quelques semaines pour prendre une décision, après ce serait trop tard. Il serait là, et il faudrait faire avec. Devenir une famille classique, qui pousse un landau le dimanche au bord des parcs, qui va faire des tours de manège, et qui part chez le photographe pour tirer le portrait de famille. Il faudrait rentrer dans le moule, et faire comme les autres. Voire même se marier, pour ne pas faire d'histoire dans la famille de Yunho.
Angel n'avait pas de famille. Alors, de ce côté-là, elle était plutôt tranquille. Elle avait grandi dans un orphelinat, avec pleins d'autres gamins et gamines de son âge. A partir d'un certain âge, les enfants ne sont plus adoptés. A croire que les familles adoptantes n'ont d'intérêt que pour les petits bébés. Mais cela n'avait pas dérangé Angel. Madame Seo Sun Yi avait choyé la petite au visage d'ange, qui était rapidement devenue sa protégée. Au fil des années, Angel aidait Madame Seo à s'occuper des nouveaux enfants qui arrivaient Elle était devenue la grande sœur de tous les plus jeunes. Puis, à 16 ans, elle se sentit le besoin d'indépendance. Madame Seo lui avait décroché un premier job dans un fast-food, en tant que livreuse, et très vite, Angel avait pû s'offrir son premier scooter. Une grosse fierté. Ce fut bien plus tard, qu'elle rencontra Yunho par l'intermédiaire de Yoochun qu'elle avait vu arriver après elle à l'orphelinat.
Jaejoong portait le panier que sa mère avait rempli de victuailles et se frayait un chemin entre les enfants qui jouaient au ballon, et leurs parents, profitant des rayons du soleil, assis dans l'herbe.
— Tu as cuisiné pour tout un régiment, ou quoi ? Grommela-t-il en pensant à ses doigts sciés par l'anse du panier trop lourd.
Sa mère rit.
— Mais non, je n'y ai mis que le strict nécessaire pour passer l'après-midi.
Certainement des thermos remplis de thé, car elle adorait le thé.
— Et je t'ai fait du café, aussi. Puisque tu aimes ça.
Et voilà, une thermos de café, aussi. Et puis de l'eau, des kimbap, de la salade, et du kimchi. Des gâteaux. Et des fruits aussi. Bref, comme elle l'avait dit, juste le nécessaire pour passer l'après-midi.
— Là, c'est très bien, Jaejoong ! Annonça-t-elle en pointant du doigt une place sous un arbre, qui n'était encore occupée. Un peu à l'ombre et un peu au soleil. C'est juste parfait.
Le jeune homme posa enfin sa charge à terre, et s'adossa au tronc en étendant ses jambes devant lui. La vue sur la rivière était magnifique. Les rayons du soleil faisaient scintiller l'eau, et l'habillaient de milliers de petits diamants. Il observa pendant un long moment, un héron, posé sur la berge opposée. L'oiseau finit par s'envoler, et Jaejoong suivit du regard le trajet de l'animal, libre. Il respira profondément. Cette nouvelle odeur, celle de la liberté, dont il ne se laissait pas. Sa mère l'observa un long moment avant d'ouvrir le panier.
— Ah oui, j'ai aussi fait des sandwiches, rit-elle en tendant un à son fils.
— Mangeons-les, plus on vide le panier, plus il sera léger au retour !
Sa voix portait. Une mélodie douce qui tintait agréablement aux oreilles de chacun. Ils échangèrent des blagues, des nouvelles et des taquineries. Leur complicité apparente attirait l'œil des visiteurs du parc, ainsi que leur attendrissement. Un joli jeune homme qui prenait soin de sa mère, cela réchauffait le cœur.
Yunho avait spontanément tourné la tête vers ce couple insolite, comme les autres personnes présentes. Puis, il croqua dans un morceau de fruit, à nouveau plongé dans ses soucieuses pensées.
Mais... mais, qui voilà ?
Une voix plutôt chevrotante retentit, et Jaejoong releva la tête. Sa mère en fit de même, surprise de rencontrer une vieille connaissance dans ce parc.
Madame Jeong ! Ça alors ! S'exclama la mère de Jaejoong.
La vieille madame Jeong, l'épicière du bout de la rue, du temps où Jaejoong allait acheter quelques bonbons avec sa poignées de wons.
Et c'est le petit Jaejoong, là ? Mon Dieu qu'il a grandi ! Quel beau jeune homme il est devenu ! Vous vous en êtes bien occupé toutes ces années !
Jaejoong inclina sa tête par respect, et eut un petit pincement au cœur.
Yunho avait entendu. Les vieilles dames ne sont pas réputées pour leur grande discrétion, et leurs discussions se font entendre aux alentours. Il avait entendu, mais il avait du, une fois de plus, avoir imaginé le prénom de Jaejoong qui hantait son esprit. Machinalement, il regarda à nouveau le jeune homme blond auquel il n'avait pas prêté attention plus que ça, la première fois.
Jaejoong.
Yunho le fixa. Était-ce vraiment Jaejoong ? Ce regard, cette voix. Il n'avait quasiment plus de doute. Ses yeux étaient hypnotisés par la vision de son camarade. Son meilleur ami. Celui qu'il avait tant cherché. Il était là, après cinq longues années, il était près de lui. Son âme entière lui soufflait de se lever et d'aller le voir, de hurler son prénom, de le serrer dans ses bras ou de le gifler. Ou d'aller pleurer dans ses bras, lui demander pourquoi il l'avait abandonné, qu'il voulait revenir en arrière, qu'il allait être papa et que c'est pas ce qu'il voulait. Mais il était tétanisé. Son regard fixe brûlait le dos de Jaejoong qui finit par se retourner.
Enfin. Enfin leurs regards se croisèrent. Enfin, ils s'étaient retrouvés. C'était pour Yunho, une longue période de souffrance qui s'arrêtait. Jaejoong l'avait reconnu tout de suite. Il s'était levé et Yunho l'imita.
En s'approchant, Jaejoong souriait. La vie même lui souriait. Il n'y avait que quelques mètres qui les séparaient, mais il ne cessait de se dire que c'était trop beau. Retrouver, si rapidement, ce garçon dont il avait été amoureux pendant longtemps. Pendant si longtemps. Ses yeux fixaient Yunho. Le lycéen déjà bien viril de l'époque était devenu encore plus beau. Son teint s'était hâlé, ses cheveux un peu plus coiffés. Et cette jeune fille à ses côtés le faisait paraître plus... Cette jeune fille ? Jaejoong s'immobilisa.
— Kim Jaejoong... murmura Yunho.
Jaejoong sursauta et regarda son ancien camarade, et sourit enfin.
— Jung Yunho !
Le blond s'apprêtait à le prendre dans ses bras mais se refreina quand il vit Yunho lui tendre sa main. Il la saisit par dépit mais n'abandonna pas son sourire.
Tu étais où ?
Yunho n'avait pas pu s'empêcher de demander. Il savait que c'était quelque peu chevalier, mais il avait besoin de réponses, comme pour guérir d'une vieille maladie qui lui avait empoisonné l'existence tout ce temps. Surpris, Jaejoong n'avait pas préparé de parade et se sentit pris au piège. Ses joues pâles rougirent sur le champs.
Je... j'ai du déménagé dans l'urgence. J'ai été à l'étranger... je... je ne pouvais pas revenir... je...
Yunho scrutait son ancien camarade de classe et chercha à savoir si ce qu'il disait était vrai ou non. Le regard du blond se posa sur Angel et il en profita pour changer de sujet.
C'est ta copine ? Demanda-t-il avec le sourire.
Oui, c'est Angel. Ma petite-amie.
C'était la première fois qu'il la nommait ainsi. « Sa petite amie ». Il eut l'impression que cela résonnait bizarrement dans sa bouche, mais personne d'autre que lui n'avait remarqué le caractère spécial de cette dénomination. En entendant son nom, la jeune femme se leva et les rejoignit. Son sourire illuminait son visage, Jaejoong la trouvait étrangement très belle. Rayonnante. Et pourtant, il était dérangé par sa présence. Il savait très bien que cinq années étaient passées et que de l'eau avait coulé sous les ponts. Yunho avait eu le temps de faire sa vie et de se poser. Mais pourquoi avec une femme ? Cela semblait déloyal à Jaejoong. Yunho n'était pas gay. Peut-être même s'était-il simplement servi de lui, au lycée, par curiosité. Mais Yunho vivait avec une femme. Une jolie femme. Il sentit une boule se former dans sa gorge, un sentiment d'injustice.
— Bonjour Jaejoong, salua-t-elle en tendant sa main.
Il la prit, la serra et esquissa un sourire.
— Yunho m'a parlé de toi.
Elle voulait lui dire que ça avait pris une telle place, cette obsession qui devait ronger son amoureux. Elle voulait lui parler de la photo dans le tiroir de la table de chevet. Elle voulait lui demander quelle avait été le genre de relation qu'ils avaient eu. Elle avait tellement de choses à dire, qu'elle choisit, sagement, de se taire et de l'observer. De les observer.
Il était clair, pour l'un comme pour l'autre, que plus rien d'autre qu'eux deux n'existaient. Ils ne parlaient pas, mais se disaient tout. Le silence n'était même pas devenu gênant.
— Tu as changé, finit par lâcher Yunho.
Jaejoong approuva d'un signe de tête.
— Je... Je vais te laisser profiter avec ta petite-amie, répondit-il presque dépité de devoir déjà dire au revoir.
Il s'inclina pour les saluer tous les deux avant de faire mine d'aller retrouver sa mère.
— Attends ! L'interpella Yunho.
Le jeune homme se rapprocha de lui.
— Tu as un téléphone ? Prends mon numéro, appelle-moi. On doit se revoir. Tu dois me raconter.
Le cœur de Jaejoong se mit soudainement à battre la chamade. Revoir Yunho. Malgré les changements de vie. Le revoir, lui raconter. Oui, bien sûr ! Volontiers.
Il prit le morceau de papier sur lequel son ancien camarade avait noté son numéro et sourit longuement.
— Appelle-moi, hein ? S'assura Yunho.
— Oui.
Les yeux de Jaejoong s'étaient perdus sur cette écriture qu'il reconnaissait.
A l'époque où les deux étudiants révisaient ensemble, Yunho rayait les réponses fausses de son ami, en grognant qu'il ne savait vraiment pas y faire avec les chiffres. Il écrivait ensuite, avec sa douce calligraphie, le résultat correct et le raisonnement pour y arriver.
Au final, toutes les explications mathématiques de Yunho n'avaient pas servi à grand-chose. Jaejoong n'avait jamais passé son bac, il n'avait même pas envisagé de reprendre ses études. C'était un ancien détenu. Un ex-taulard. Qu'est-ce qu'il allait faire de sa vie ?
Il était retourné près de sa mère en serrant le morceau de papier dans sa poche, et d'un coup, la réalité de la vie vint lui frapper au visage. Il avait retrouvé Yunho. Mais Yunho avait sa vie. Une vie dans laquelle Jaejoong n'était pas inscrit. Il n'était plus qu'un ancien camarade de lycée, qui repassait en coup de vent. Condamné à vivre dans un mensonge, ou des cachotteries.
Retrouver Yunho lui avait mis le cœur en joie, mais à présent toutes les angoisses remontèrent à la gorge. Discuter avec l'homme qu'il avait aimé. Lui avouer ses anciens sentiments, lui dire où il avait vraiment été pendant toutes ces années. Ou bien mentir ? Ou encore fuir ?
Fuir, comme toujours. Comme quand il était enfant et qu'il ne voulait plus entendre ses parents se disputer. Fuir, loin. Comme toujours. Remettre son casque sur ses oreilles et repartir en dehors de ce monde qui n'aurait jamais du compter un Kim Jaejoong.
Au fond de sa poche, il froissa du bout de ses doigts, le papier remis quelques minutes plus tôt par Yunho, et laissa échapper une larme, la gorge nouée.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro