Enchaînée. Juste, enchaînée. Elle rêvait de pouvoir s'évader de cette réalité cruelle. Elle qui se croyait guérie quelques jours auparavant. Mais qu'elle était naïve... Elle se détestait actuellement. Elle avait baissé sa garde. Elle pensait être tombée dans le monde des bisounours ou quoi ? Pourquoi s'était-elle autorisée à penser ça si ça lui faisait si mal actuellement ? Elle avait l'impression que cette foutue maladie ne la laisserait jamais tranquille. Le pire était qu'elle aurait dû être réconfortée de son état puisqu'elle ne voulait pas changer. Mais la dépression faisait toujours mal lorsqu'on la vivait. Le jour suivant, peut-être qu'elle serait rassurée de savoir qu'elle était toujours la même. Cette chose qui la poussait à toujours se voir mourir, qui la forçait à s'éloigner des quais de trains quand elle n'était pas occupée par autre chose par pure précaution, à ne pas trop se rapprocher des routes non plus, sous peine de se jeter sous les roues de la première voiture passant. Mais elle ne pouvait se le permettre. L'un de ses amis avait déjà eu de grandes pertes ces derniers temps, elle ne voulait pas lui en infliger une de plus, même si elle était persuadée qu'en réalité cela ne changerait pas grand chose vu le peu d'importance qu'elle pensait qu'on lui accordait. De plus, elle avait des projets avec ses amis d'enfance. Elle ne pouvait se permettre de les abandonner. Et ce constat lui faisait mal, lui en était même douloureux. Elle avait déjà compté nombre de fois les pilules se trouvant chez elle, histoire d'être sûre d'en avoir assez. Avait déjà imaginé toutes les façons de mourir possibles et inimaginables avec ce qui se trouvait chez elle. Mais elle devait résister, à son plus grand malheur. L'une des éventuelles solutions pour soulager un minimum cette peine était le couteau suisse qu'elle avait pris l'habitude de garder près d'elle, rien que par précaution, mais elle était même incapable de se faire du mal. Elle avait peur. Elle avait peur d'elle-même. Elle avait peur du monde entier. Elle ne savait plus qui elle était. Probablement à cause du fait qu'elle avait découvert que son comportement changeait totalement au fil des années. Ses amis d'aujourd'hui, à qui elle tenait énormément, seraient-ils ses amis de demain ? Elle était sûre que non. Ils l'abandonneraient, comme l'ont fait tous les autres. Ils seraient dégoûtés d'elle, de son changement de comportement, s'il se modifiait encore, et la laisserait tomber. En plus, elle avait du mal à être amie avec plusieurs personnes en même temps. Elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle était totalement perdue, hors d'elle-même. Laissait son esprit vagabonder, extérioriser tous ses sentiments contradictoires. Il reviendrait sans doute le lendemain. Parce que demain est un autre jour, n'est-ce pas ? En attendant, elle allait se contenter de se torturer mentalement en fermant les yeux, avec l'espoir de pouvoir dormir rapidement, les pensées détruites et le cœur en miettes, tout du moins, s'il lui restait un cœur. Avec ce qu'il se passait, elle n'en était plus sûre. Elle allait dormir dans son lit et faire passer la nuit comme dans ses jeux vidéos qu'elle affectionnait tant, en espérant rouvrir les yeux avec des idées bien plus joyeuses en tête.