Chapitre quarante quatre.
[On ne devrait jamais se haïr. On a déjà si peu le temps de s'aimer.
Maxence Van Der Meersch]
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Sous l'onde silencieuse de la nuit, à l'heure où la vie s'interrompt pour laisser la place au sommeil apaisé, un reflet de lune est venu s'allonger sur le sol de la pièce plongée dans le noir.
Son éclat bleuté, comme un petit morceau de ciel offert, se reflète le long d'un mur, illuminant discrètement une bande de peinture, presque en secret.
Comme un appel aux confidences, loin des indiscrétions du jour qui se fait toujours témoin de tout, les étoiles, elles, se font muettes et invisibles dans leur lit de pénombre.
En suspens, dans le temps et l'espace, quelques atomes d'air curieux surveillent la scène, murmurant un grésillement d'impatience, le chant des folies nocturnes, celles que les insomnies déposent près du cœur quand les yeux ont besoin de rester ouverts pour ne pas se mettre à ruisseler.
L'écho régulier d'une horloge pour seul repère, unique messager de la courbe de l'existence, résonne sans honte à travers l'atmosphère noctambule.
Le crépitement d'une respiration douce et pénible à la fois se revendique maître des lieux, accaparant l'attention de son public assidu, la nuit et le temps.
Sans qu'aucun mouvement ne perturbe l'obscurité, seul le ronronnement d'un millier de pensées torturées trahit la présence d'une âme encore éveillée.
Allongé, presque abandonné de lui-même, dans la mousse de son canapé, la tête contre l'accoudoir et les jambes étendues, le regard figé de Katsuki scrute le plafond délaissé par la lumière.
Les paupières grandes ouvertes sur ses iris baignés d'hésitation, il voit ses idées se torde et se mélanger entre ses cils.
L'esprit agité malgré son corps immobile, il passe et repasse, à ses réflexions, les événements de sa journée, songeant à la décision qu'il s'apprête à prendre.
Sans avoir la notion des minutes qui se sont écoulées, depuis qu'il traine ici, il cligne une fois des yeux avant de resserrer la prise de ses doigts autour de son téléphone, posé sur son ventre.
Juste pour le sentir un peu plus dans sa paume, se rassurer de sa présence inerte comme s'il pouvait l'aider à mieux faire un choix.
Dans ses tympans gavés de silence résonnent encore les paroles d'Eijiro, celles qui ont terminés de le bousculer, alors qu'il ne lui manquait déjà plus grand chose pour chavirer.
Sur ses appuis déjà fragilisés, depuis qu'il a vu l'eau et la détresse dans les pupilles épuisées d'Izuku, les mots de Kirishima sont venus lui asséner le coup de grâce.
Comme l'ultime clapotis d'une vague qui détruit un château de sable ravagé par la marée.
Les larmes d'Izuku, il les avait déjà vues, une fois.
Le soir où le secret est tombé, quand il a fallu s'embrasser une dernière fois, elles étaient déjà là, elles noyaient son regard sous une pellicule de regrets.
Elles lui ont fait mal, comme une morsure à la gorge.
Les voir tâcher et salir les joues de Deku, emporter sur leur passage l'éclat lumineux de ses tâches de rousseur, sonnait à sa poitrine comme un hurlement de douleur.
Elles étaient violentes, ces larmes, agressives et menaçantes.
Mais, la deuxième fois, il y a six jours, sur le pallier de son appartement, elles n'étaient plus les mêmes.
Elles se faisaient discrètes, presque absentes, il les a seulement deviné dans l'écho humide de sa voix, elles ne se voulaient plus destructrices, combatives.
Tout juste témoins de détresse et d'abandon, comme un préavis de disparition, et Katsuki a failli s'effondrer sur ses jambes.
C'est son regard qui l'a brisé, un peu comme un caillou lancé dans une fenêtre, il a vu ses certitudes se fendre, puis se disloquer dans un bruissement strident.
Une envie suffocante a secoué ses hanches et ses épaules.
L'inquiétude au fond de la gorge, il a eu envie de prendre Izuku dans ses bras, de le supplier de sourire à nouveau, comme avant.
Son visage n'avait presque plus rien de ce qu'il fût autrefois, privé de son impertinence et du scintillement provocateur des reflets d'absinthes de ses yeux.
Au final, l'homme qui lui faisait face semblait déjà presque mort, tout juste maintenu debout par quatre bouts de ficelle d'un marionnettiste fatigué.
Le murmure éteint de son cœur a ébranlé le sien, si fort qu'il s'est arrêté de battre pendant quelques secondes.
Un rugissement terrible a soulevé ses côtes, celui de ses sentiments, de sa peur aussi.
Yo est arrivé à ce moment là, juste quand il s'apprêtait à supplier Izuku de ne pas s'en aller, d'arrêter d'avoir mal.
Et puis, juste avant de s'enfuir, il a affirmé n'être personne.
C'était comme une centaine d'aiguilles plantées dans la peau, toutes en même temps et au même endroit.
Juste là, sous le sternum, et elles ont percé ses poumons, l'air s'en est échappé tout seul.
C'est pour ça qu'il ne pouvait plus respirer, et qu'il ne pouvait plus bouger.
Il risquait de mourir s'il faisait un pas en avant, il n'avait plus d'oxygène dans le sang.
S'il n'avait pas reconnu les pulsations de son cœur, qui résonnaient dans ses tempes, il aurait même pu penser être déjà mort.
Parce qu'Izuku n'est pas personne, c'est même la chose la plus fausse qu'il lui ait été donné d'entendre de toute sa vie.
A ses yeux, il est tout.
Toutes les émotions du monde se rejoignent au creux de son image, tout ce qu'il a pu ressentir de plus fort venait de lui.
Parfois ce fût magnifique, d'autres fois douloureux, comme ce jour-là.
Sa poitrine a mis du temps à se débloquer, il n'a pas remarqué tout de suite que Yo lui parlait, accroché à son bras, les sourcils froncés.
A l'interroger sur ce qu'il venait de se passer, sur l'identité précise de l'homme qui venait de les réveiller au beau milieu de la nuit, sur l'origine de la larme insidieuse qui venait de le trahir en s'échouant sur sa pommette.
Ensuite, il se sont pris la tête, longtemps, presque toute la nuit, ou ce qu'il en restait du moins.
Yo lui a reproché de ne pas lui avoir parlé de cette relation mal résolue, et Katsuki a affirmé qu'il ne s'agissait pas de son ex.
Simple formulation de phrase, parce qu'Izuku est simplement bien plus que ça.
Et puis, un peu après sept heures du matin, Yo est sorti de l'appartement, et Katsuki a pensé qu'il ne reviendrait peut-être pas.
Ca ne lui a pas fait mal, d'aucune manière, il ne s'en est même pas voulu lui-même de l'avoir blessé.
Alors, sans chercher à le contacter, il a fini par aller s'allonger dans son lit, a jeté les couvertures son propre corps, et a fermé les yeux alors que le soleil, lui, se levait.
Il ne s'est pas endormi, évidemment, il souffrait bien trop pour ça, mais il a réfléchit.
A ce qui venait d'arriver, aux raisons qui ont poussé Deku à venir le voir.
Au final, il s'est demandé à quoi ça rimait, tout ça.
Fallait-il systématiquement d'une tierce personne intervienne et s'interpose entre eux pour déclencher quelque chose ?
Pourquoi, malgré le flot terrible de leurs sentiments, n'étaient-ils simplement pas capables de se rejoindre d'eux-mêmes sur un chemin plus calme ?
A quoi aurait-pu ressembler cette histoire sans Ochaco, sans Shoto, sans Mina.
Et puis, finalement, il a compris.
C'est parce que leur histoire est rythmée d'interventions extérieures qu'elle fonctionne de travers.
Un peu comme sous une vitrine, à la vue et au jugement de tous, ils n'ont fait que mettre leur relation entre les mains des autres.
A leurs liens avec Ochaco, aux menaces de Shoto, à l'indiscrétion de Mina, sans jamais s'autoriser à emmerder le monde.
Caché entre le draps et la couverture, il a relu le message d'Izuku, et il s'est dit qu'il avait raison dans ses réflexions.
A cause de cette phrase "J'ai conscience d'avoir fait n'importe quoi, avec toi, avec elle, avec tout le monde ", leur amour a toujours impliqué tout le monde, les autres.
Et, une nouvelle fois, il a tenté de rédiger une réponse, sans y parvenir.
Pourtant, les mots étaient là, juste au fond de sa bouche, ne demandant qu'à sortir, mais il n'a pas su les formuler, les manipuler, les faire parler correctement.
Alors qu'il y avait si simple à dire, si peu aurait suffit.
Je t'aime.
Reviens.
Tu me manques.
Je te pardonne, s'il te plait ne pleure plus.
Mais il n'a pas réussi et, un peu après dix-huit heures, Yo est revenu.
Sans rien dire de particulier, il est rentré comme il était parti, sans prévenir.
Il est entré dans la chambre, et l'a rejoint sur le matelas, pour s'allonger à côté de lui, et le prendre dans ses bras.
Il a respiré contre sa joue, touché son bras, regardé ses yeux, une minute, peut-être deux.
Sans s'énerver, sans l'accuser, il a embrassé son épaule en silence.
- Je sais que notre couple vaut ce qu'il vaut, que toi et moi on s'est tombé dessus par hasard, et qu'on a pas grand chose à se partager. Alors, même si je suis là que pour t'aider à te sentir mieux, moi ça me va.
Ensuite, ils ont fait l'amour, si tant est qu'on puisse appeler ça comme ça.
Katsuki n'a fait que faire taire son cœur au travers de caresses dénuées de sens.
Encore.
Yo est resté les jours suivants et Katsuki a continué d'avoir mal, au final, rien n'avait changé.
Et puis, aujourd'hui, alors qu'il fumait une cigarette un peu après quatorze heure, le coude appuyé sur la table, en dessous du détecteur de fumée qu'il a amputé de ses piles pour le faire taire, il a reçu de la visite.
Pour le moins fracassante.
Assis sur sa chaise, il a mis un peu trop de temps à se lever, et c'est Yo qui a ouvert la porte.
Depuis le pallier, il a reconnu la voix d'Eijiro, et l'étrange conversation qu'il a engagée avec son petit ami de secours.
Je viens voir Katsuki.
Après un petit moment de flottement, alors qu'il écoutait de loin ce début de discussion, il a plissé le front quand Yo s'est permis de demander à Eijiro qui il était, et ce qu'il venait faire ici, sur un ton ouvertement méprisant.
Dans un petit ricanement sournois, Eijiro l'a gentiment remis à sa place.
Pardon, mais il me semble que c'est chez Katsuki ici, et il a pas besoin d'un chien de garde. Je suis son ami, et de nous deux, c'est toi qu'à rien à foutre ici.
Yo s'est vexé, mais avant qu'il ne rétorque, Katsuki a décidé d'intervenir pour éviter l'incident diplomatique, s'avançant dans l'entrée pour accueillir, lui-même, Eijiro.
En posant sa main sur l'épaule de son "petit ami", il lui a demandé de bien vouloir aller faire un tour chez ses potes et de les laisser discuter ensemble.
Sans doute l'a t-il mal pris, il veut bien faire l'effort de le comprendre du reste, mais il a accepté sa requête, et il est sorti.
Et, en le regardant s'éloigner dans les escaliers, Eijiro a étouffé un petit rire victorieux avant d'entrer complètement dans l'appartement.
- T'as été le chercher où ce mec ? C'est qu'il mordrait presque.
Sans répondre à sa petite remarque, haussant simplement les épaules, Katsuki a repris sa place près de la table, récupérant sa clope à moitié consumée dans le cendrier.
Puis, en arquant un sourcil désabusé, Eijiro l'a regardé fumer dans le salon avant de lui taper une leçon de morale.
- T'es sérieux mec ? C'est un appart' ou un fumoir miteux de boite de nuit ? Sans déconner fais un effort, on dirait un ermite qui croupit dans une cave.
Sans demander la moindre autorisation, il a ouvert toutes les fenêtres, arraché le cendrier des mains que Katsuki pour le vider dans la poubelle et le poser sur un des rebord en béton, l'obligeant à aller griller sa clope là bas en soufflant sa fumée vers l'extérieur.
Puis, alors que le vent s'afférait à estomper l'odeur du tabac froid dans le salon, Eijiro l'a dévisagé de haut en bas.
- Eh ben, t'es pas beau à voir. T'as toujours plus ou moins tiré la tronche, mais là y'a de quoi faire peur à un miroir.
- Je t'emmerde.
- Ah ! T'es toujours toi même malgré tout, ça fait plaisir.
Alors qu'il commençait à se demander si Eijiro était simplement venu dans l'unique but de l'insulter, il a écrasé sa cigarette pour aller s'affaler sur la méridienne de son canapé, sans prendre la peine d'inviter son ami à en faire de même.
Mais de toute manière, il l'a fait quand même, s'échouant à côté de lui pour continuer sa discussion.
- Comment ça va ?
Une nouvelle fois, Katsuki s'est contenté d'hausser les épaules sans vraiment le regarder, fixant son attention dans le vide.
Et Eijiro a soupiré d'exaspération, avant de l'engueuler gentiment.
- Ecoute, on va pas y arriver comme ça. Un moment va falloir que tu me parles, tu vas pas passer ta vie à tourner en rond là-dedans et à te taper ce mec sorti de nul part. Ca fait un mois maintenant, il faudrait peut-être envisager d'arrêter de faire n'importe quoi.
Surpris, et peut-être un peu vexé, Katsuki a écarquillé ses yeux l'espace d'une seconde, avant de se ressaisir pour affronter son regard, et formuler une réponse.
- T'es venu pour quoi en fait ? Jouer les grands frères ?
- Ah.. tu me fatigues ... C'est incroyable d'être à ce point une tête de con. Mec, regarde autour de toi, c'est quoi ce bordel ?
Avisant l'appartement à moitié rangé, à moitié ravagé par un mois de flemme, Eijiro a soupiré une nouvelle fois avant de poursuivre :
- Ca te mène à quoi tout ça ? Ca te rassures de vivre avec cet abruti ? T'as l'impression que ça te fait du bien ? Moi j'ai surtout l'impression que tu t'enfonces un peu plus. Et ça m'énerve.
En détournant le visage, masquant, sans vraiment le masquer, son léger malaise, Katsuki a promené ses yeux un peu partout dans la pièce, cherchant peut-être une réponse sur les murs.
Vivre avec Yo ne le rassure pas outre mesure, c'est pas tellement la question d'ailleurs, il s'agit plus d'un moyen de détourner sa propre attention, même si ce n'est pas vraiment probant.
A vrai dire, ça ne lui fait pas spécialement du bien non plus, même si Yo n'est franchement difficile à vivre, Katsuki admet que parfois, souvent, sa présence l'agace.
Mais, quand il n'en peut plus de ses pensées, quand il a besoin de mettre son cœur en sourdine, il se retranche derrière ses bras, il n'y prend pas réellement de plaisir, mais il oublie, un peu.
C'est juste ça, ça peut paraitre dérisoire, mais c'est déjà ça.
- J'vois pas où ça te pose problème. C'est mes histoires.
- Et en plus tu te fous de ma gueule ..
Cette conversation commençait doucement à peser sur sa patience, même s'il entrevoyait les intentions d'Eijiro, il n'avait pas envie de tenir cette discussion.
Parce que, malgré tout, il était parfaitement conscient de ses décisions bancales en ce qui concerne Yo.
Et, en réalité, il n'avait pas vraiment d'arguments pour se défendre à ce sujet.
- J'me fous pas de ta gueule.
- Tu vois pas où ça me pose problème ? Sérieusement ? Ca me pose problème parce que t'es là, comme un con, à te laisser pourrir avec un inconnu sorti de nul part, alors que tu pourrais tout aussi bien régler le conflit avec Deku, et arrêter de vous fuir mutuellement.
Sans le vouloir, ses paupières ont tressauté, comme un réflexe à son nom, une sorte d'automatisme.
Son corps réagit systématiquement quand il s'agit de Deku.
Aussi, il a senti sa mâchoire se contracter contre sa volonté, peut-être pour retenir une plainte dans sa gorge.
Ou pour empêcher ses épaules de se mettre à trembler.
- Y'a pas de conflit.
- Non de Dieu tu m'esquintes ... Tu le fais exprès, rassure moi ?
Sur un ricanement nerveux, pour dissimuler son désarroi, il s'est redressé un peu, verrouillant sa colonne vertébrale en position défensive, et a laissé courir sa frustration à travers sa voix.
- Non. Y'a pas de conflit c'est tout. Je lui en voulais pour ce qu'il a fait, je lui ai dit ce que j'en pensais. Il m'a demandé de plus m'en prendre à l'autre connard, et qu'il voulait que cette histoire s'arrête. Je suis pas retourné voir l'autre enfoiré, j'ai pas relancé le débat, chacun à dit ce qu'il avait à dire, non ? Donc c'est bon, tout est à plat, y'a pas de conflit.
Exaspéré, Eijiro a secoué la tête, soupiré bruyamment puis, après lui avoir offert un sourire sincère, bien que légèrement sarcastique, lui a donné une gifle du revers de la main, en plein milieu de la joue.
- Arrête un peu ton cinéma. Vous avez besoin de vous parler toi et Deku, pas de vous engueuler sur un pallier en pleine nuit, de vous parler. Pour de vrai. Et sans ton animal de compagnie de préférence.
Passablement vexé, quand bien même le coup n'était pas assez puissant pour lui faire mal, il a froncé les sourcils en détournant le regard, comme un enfant puni.
Et, sans relever le surnom qu'Eijiro a employé pour désigner Yo, il s'est mordu la langue en suivant du regard la course d'un oiseau à travers une fenêtre ouverte.
C'est qu'il n'était pas certain de l'intérêt d'une conversation, parce que, de toute évidence, elles ne mènent toutes nul part.
A chaque fois, elle ne conduisent qu'à les déchirer un peu plus, et Izuku fait toujours des choix que Katsuki ne comprend pas.
Alors ...
- Et on est censés se dire quoi ?
- Tu veux pas que je t'écrive un script aussi ? Tu vas pas me dire que t'as rien à lui dire ?
A sa question, il est resté silencieux.
Bien sûr qu'il a des choses à lui dire, des milliers, il ne sait juste pas comment les dire.
Alors, en le regardant s'enfermer dans un nouveau mutisme, Eijiro a renchérit.
- Vous allez pas bien, tous les deux. Je sais pas si tu te rends compte d'à quel point vous allez pas bien. T'as vu Deku l'autre jour n'est-ce pas ? Je l'ai pas vu depuis un mois, mais j'ai parlé à Hanta, et ça suffit pour que je m'inquiète. Et quand je vois ta gueule, je m'inquiète aussi. Alors, je sais pas moi ... écris lui, appelle le, envoie lui un putain de télégramme, fais ce que tu veux, mais fais quelque chose.
Et, comme pour enfoncer le clou une dernière fois, il a ajouté:
- Vous allez vous tuer mutuellement à ce jeu là. Ca se voit, vous vivez plus depuis que vous êtes séparés. Et laisse moi te dire que, sincèrement, je pense que tu le regretteras si tu fais rien. Parce qu'il te reste peut-être plus que ça à perdre, mais je t'assure que ça va faire très mal si t'attends trop.
Il s'est senti heurté par ses mots, par ses insinuations surtout, et quelque chose a résonné dans sa poitrine, un peu comme un craquement, une déchirure peut-être.
C'est sans doute cette dernière phrase qui l'a bousculé le plus, quand il a compris qu'il pouvait, encore, tomber plus bas.
Il n'a pas répondu là non plus, mais c'était juste parce que sa voix venait de se retrancher au fond de sa gorge soudain toute emmêlée.
Il s'est dit que, peut-être, il pourrait y songer, au moins un peu.
Essayer d'accorder des mots à ses pensées, d'écouter autre chose que ses vieilles rancœurs.
Peut-être.
Il n'a plus fait qu'y penser à partir de là en fait.
Quand Eijiro est parti, et que Yo est revenu, il n'avait plus que cette réflexion en tête.
Yo a essayé de lui parler de la manière dont il l'avait évincé un peu plus tôt, et Katsuki s'est contenté de lui demander ne pas l'emmerder avec cette histoire.
Parce qu'il avait déjà trop d'idées dans la tête, et ce n'était définitivement pas le moment de se disputer.
La soirée, forcément, a été plutôt tendue entre eux, et Yo est parti se coucher en premier, un peu après vingt deux heures.
Katsuki l'a rejoint plus tard, une fois qu'il dormait.
Il s'est allongé à côté de lui sans effleurer son corps, et s'est évertué à fermer les yeux.
Le sommeil ne lui venait pas, naturellement.
Et puis, pendant que ses pensées s'agitaient derrière ses paupières, il a entendu une vibration courte, sur la table de chevet près de son lit.
L'écran de son téléphone s'est illuminé, et il a ouvert les yeux pour le prendre dans sa main.
Sa respiration s'est bloquée, il lui semble même s'être mordu la joue sans le vouloir.
De : Deku
Kacchan ?
C'était presque rien, juste un mot, mais c'était réel.
Sa gorge a vibré un peu, et il resté figé un long moment devant le message, à sentir son cœur s'accélérer au fil des secondes, à imaginer la voix d'Izuku prononçant son nom, à revoir l'éclat ancien de son sourire.
A se dire que c'était sûrement l'occasion de lui répondre.
Il lui suffisait de dire "oui?", rien de compliqué.
Alors, en même temps que son estomac se retournait, il a commencé à taper les trois lettres.
Juste avant de les effacer, une vibration d'hésitation dans le ventre.
Puis de sortir du lit quand ses jambes réclamaient à être mises en mouvement pour mieux réfléchir.
Dans la nuit, sans allumer la lumière, il a rejoint le salon, tourné en rond trois fois, puis s'est installé sur le canapé, la tête contre l'accoudoir.
Sous le reflet de la lune.
A penser que, éventuellement, s'il en prenait la décision, il pourrait lui envoyer un peu plus qu'un "oui".
A se dire aussi qu'il préférerait entendre sa voix, écouter son souffle.
Parce qu'il a envie de l'entendre, sa voix.
Elle lui manque.
Alors, brisant l'onde silencieuse, secouant l'air statique autour de lui, il redresse enfin son corps dans le canapé, s'enfonce dans le dossier, ferme les yeux, et colle le téléphone à son oreille, juste après avoir pressé le bouton d'appel.
Pour entendre sa voix.
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Hey !!
J'espère que vous allez bien 😁
Enfin ! Il se passe des choses plutôt positives ! 🥰
Je suis relativement contente de ce chapitre, je l'aime bien ❤
Je sais que vous êtes certainement pressé.e.s d'avoir cette fameuse conversation téléphonique, mais il est fort probable qu'il n'y ait pas de chapitre demain, je prends une petite pause 😊
J'espère que celui ci vous aura plu 😁
Plein de bisous 😘
Prenez soin de vous ❤
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