1 | 'LA PHOTO DE TROP'
[NDA : Je sais pas dessiner les vêtements, jugez pas trop siouplé, c'est juste pour donner une idée vite fait de ce à quoi il ressemblait pour moi, bref je sais que des fois c'est cringe les auteurs qui postent leur dessins en croyant que c'est une œuvre d'art mais vas-y si yolo]
Ran s'installa un peu plus confortablement contre le pied du lit de son petit frère alors qu'il se repositionnait pour ne pas faire tomber les ramen qu'il avait dans les mains. Assis en tailleurs sur le lit, Tohma était en train de souffler sur ses nouilles pour les refroidir un peu. Rindo était à son bureau, en train de gribouiller sur une feuille.
« Dis, Tohma, tu comptes retourner chez toi à un moment ? finit par demander Ran en relevant la tête. Il était déjà huit heures, après tout, Ou alors tu restes ici et tu t'habilles avec ce qui traîne ? »
Les trois avaient passé une heure à essayer de ne pas se rendormir, puis avaient décidé de manger après que Rindo et Tohma aient disputé de trop nombreuses parties de pierre-feuille-ciseaux.
Le plus jeune eut l'air de réfléchir très sérieusement quelques instants.
« Je vais rentrer, bientôt. Je ne sais pas avec quel type de client ma mère était, mais il devrait être parti. Et elle devrait s'être calmée, maintenant.
— Hm, Ran hocha doucement la tête, impassible, et finit d'avaler ses ramen, Si tu le dis. »
Ran n'avait jamais été du type très bavard, il était un jeune homme plutôt calme. Un peu fou sur les bords, mais très calme. Aujourd'hui ne fut pas différent, et il ne rajouta rien. Avec Rindo qui avait ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles, le nez rivé vers sa feuille qu'il était presque en train de trouer tellement il s'acharnait dessus, ils restèrent dans le silence.
« Ah. »
Ran posa sa barquette de ramen au sol, la bouche légèrement entrouverte, un sourire faiblard au coin des lèvres. Presque immédiatement, son frère et son voisin se tournèrent pour l'observer étrangement, quelque peu déboussolés par le son qui venait de quitter ses lèvres sans aucune raison.
« Je me souviens, finit par affirmer le tressé, Tohma, tu portes des chaussures à talons, pas vrai ?
Clignement d'yeux assez confus.
— Je porte des talons comme je porte des baskets, mais je ne vois pas ce que tu veux dire ?
— On m'a donné un magasin qui devrait te plaire, ça a l'air dans ton style.
— Depuis quand tu donnes des conseils de mode, toi ? Rindo se tourna sur sa chaise de bureau, un sourire sarcastique trônant sur ses lèvres.
— Depuis jamais, débile. »
Un stylo vola à travers la pièce, sifflant contre les oreilles de Tohma qui se figea instantanément, et Ran l'esquiva sans aucune difficulté. Doucement, il sourit.
« Je t'enverrai l'adresse, Tohma. »
{❦}
Ses yeux bleus relirent une dernière fois l'information sur l'écran de son téléphone, puis il releva la tête pour observer l'enseigne du magasin de chaussures.
Tohma n'arrivait pas vraiment à voir l'intérieur de la boutique, ce qui ne le mettait pas vraiment à l'aise – après tout il était quand même dans un quartier de racailles, et il n'avait pas forcément envie d'entrer dans un endroit où il n'était pas censé être.
Il soupira doucement. Il pouvait faire confiance à Ran, il le connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir qu'il ne le guiderait pas vers un endroit dangereux.
Après quelques instants de mûre réflexion, où il resta debout sans bouger devant le magasin comme un idiot, il finit par avancer et entrer.
Quoi qu'on aurait pu dire, c'était un magasin de chaussures comme un autre. Bon, bien sûr, ce n'était probablement pas l'endroit que les mères du nom de "Stéphanie" assez conservatrices et avec deux enfants iraient faire leur shopping, mais c'était quelque chose que Tohma avait l'habitude de visiter. Ça le fit sourire : c'était bien une preuve que Ran le connaissait bien.
Il ne savait pas où regarder, ses yeux scannaient l'entièreté du bâtiment avec une sorte d'émerveillement d'enfant, comme si c'était le jour de son anniversaire et qu'il découvrait une immense pile de cadeaux dans le salon. Son sourire s'agrandit un peu plus alors qu'il continuait d'observer l'endroit sans bouger pour autant. Il n'y avait pas grand monde dans le magasin – après tout, il ne s'agissait pas d'un centre commercial ou d'une chaîne connue. Une vendeuse avec de nombreux piercings qui l'observait avec un certain amusement, un garçon aux cheveux rasés avec une énorme cicatrice en travers du visage et–
En un instant, le visage de Tohma tourna au rouge pétant, et il manqua de s'étouffer en avalant sa propre salive de travers. Une douleur lancinante le prit alors aux poumons et il essaya de se reprendre, le dos de sa main plaquée contre sa bouche, complètement désemparé.
Éthérée. C'était le seul adjectif qu'il aurait pu sortir pour qualifier la personne qu'il venait d'apercevoir dans son champ de vision. C'était la première fois de sa vie qu'il considérait une personne comme un ange : à ses yeux, même Johnny Depp ne lui arrivait pas à la cheville, et c'était beaucoup dire étant donné que l'acteur était sa célébrité préférée.
Son cœur résonnait et tapait dans sa cage-thoracique comme une batterie durant un concert de métal, et bordel il avait vraiment du mal à respirer. Sa peau foncée, un peu couleur chocolat chaud, ses cheveux blancs comme la neige, et juste toute sa posture alors qu'il observait une paire de chaussures lui paraissait gracieuse et légère – alors que vraiment, il était juste debout et ne bougeait pas vraiment.
Il n'aurait vraiment pas dû faire confiance à Ran et entrer dans cette boutique. Oh comme il le maudissait à cet instant, alors qu'il n'arrivait pas à calmer ses rougissements qui sortaient de nulle part.
Sa respiration était sifflante, peut-être trop sifflante, et chaque inspiration lui donnait l'impression que son poumon droit allait s'enflammer. D'une main un peu tremblante, il attrapa son téléphone et au lieu d'appeler quelqu'un pour venir l'aider, il prit rapidement une photo du jeune homme à quelques mètres de lui avant de faire demi-tour et de s'enfuir du magasin.
Pourtant, au moment où il avait tourné les talons, il avait juré voir deux orbes améthystes se tourner pour le fusiller du regard. Dès qu'il fut sorti du magasin, il se colla contre un mur et se laissa glisser pour se recroqueviller, une main agrippant son t-shirt avec force, comme si ça allait l'aider à respirer plus facilement. Il toussa assez violemment, et finit par se relever et prendre une grande inspiration.
Il secoua doucement la tête, ses cheveux voletant dans la même direction. Il se trouvait assez pathétique. C'est vrai ça, qui était-il pour réagir de manière si incongrue face à un inconnu ?
« Hé. Pourquoi tu m'as pris en photo ? »
Là, Tohma se figea. Devant lui, comme sorti de nulle part, ce même inconnu l'avait coincé contre le mur. Rapide. Il était vraiment rapide.
« Quoi ? balbutia l'adolescent, assez déboussolé. Il ne s'était surtout pas attendu à le voir devant lui, il était visiblement surpris.
— Tu m'as pris en photo, répéta le jeune homme froidement, son visage impassible, ne laissant trahir aucune émotion, Y'a quoi ? Tu travailles pour Mikey ? Qu'est-ce que tu me veux ?
Le garçon aux cheveux lilas cligna des yeux et se colla un peu plus contre le mur, sa respiration reprenant un rythme erratique.
— Euh ... C'est qui Mikey ? »
Le jeune homme plissa futilement les yeux et le jugea rapidement. Il pencha légèrement la tête sur le côté, ses longues boucles d'oreilles suivant son sobre mouvement.
« Hm, fut le seul mot qui quitta d'abord ses lèvres avant qu'il ne reprenne, manifestement ennuyé par la situation, Alors pourquoi tu m'as pris en photo, si ce n'est pour me causer du tort ?
— Causer du tort ? répéta Tohma en un souffle, déconcerté, Mais– Tu– Tu es beau, c'est tout ! »
Le temps d'une seconde, le visage antipathique de l'étranger laissa passer un éclair de surprise. Il eut un léger mouvement de recul, ses yeux s'étant faiblement écarquillés, puis il avait reprit son aspect habituel, voire un peu plus méprisant qu'avant.
Le visage du plus jeune, généralement assez pâle reprit une énième fois une teinte cramoisie, visiblement paniqué après avoir déclaré quelque chose de si osé à un inconnu sur le point de l'agresser. Ce ne fut donc qu'une question de secondes avant qu'il ne réussisse à se faufiler pour s'enfuir et disparaître hors de portée, se mettant à courir et à prier pour sa vie au moment où il avait quitté le champ de vision de l'homme qu'il venait de considérer comme un ange.
Les dents serrées, jurant contre lui-même, Tohma se promit de ne jamais retourner dans cette partie de Roppongi.
Toujours dans l'allée mitoyenne au magasin de chaussures, Izana resta figé quelques instants, perdu.
« Qu'est-ce qu'il me voulait au final ce gosse ? se questionna-t-il en enfonçant ses mains dans ses poches. »
Il commençait déjà à oublier le visage embarrassé de cet inconnu, et haussa les épaules avec nonchalance. Alors qu'il allait faire demi-tour pour rejoindre Kakucho qui devait l'attendre sans rien faire, quelque chose de brillant l'attira du coin de l'œil. Son regard se riva vers le sol, pour y trouver une unique boucle d'oreille, dorée et en forme de triangle inversé.
Ah, c'était celle que ce garçon portait.
Il se pencha, ramassa le bijou du bout des doigts, et l'observa quelques instants avant de la lancer dans la poubelle à quelques mètres de là.
« Je suis écolo moi, je laisse pas traîner des trucs par terre, se moqua-t-il. »
{❦}
Après avoir marché seul pendant quinze minutes, quand Tohma arriva dans sa rue, à tête reposée, il n'avait qu'une envie : s'enfoncer dans un trou et mourir étouffé.
« C'est pas grave, c'est rien. C'est vrai, après tout, je ne le reverrai jamais, murmura l'adolescent comme un aliéné en fuite de l'hôpital psychiatrique, Je vais l'oublier, et ce sera du passé. C'est pas du tout gênant quand on y pense, d'ailleurs, il a probablement déjà oublié mon visage.
Il bifurqua et ouvrit la porte de chez lui.
— Et puis de toute façon, c'est quoi après tout un mec comme ça ? Pft, on peut en trouver à tous les coins de rue. Je me suis ridiculisé une fois, ça n'arrivera plus. Et je ne le reverrai plus jamais. Tant mieux. Tant mieux. Oui, c'est pour le mieux. »
Il traversa le salon, son regard vide tellement rivé vers le sol devant ses pieds qu'il ne vit même pas Rindo l'observer clairement abasourdi en l'entendant répéter des « tant mieux » à tout bout de champ.
« Hé, tête de nœud, tu t'es trompé de maison là, fit-il remarquer assez agressivement. »
Tohma releva la tête, imperturbable, et s'arrêta au beau milieu de l'escalier.
« Oh. »
Le blond haussa un sourcil, assez perturbé par le manque de réaction évident de son voisin, et lâcha son téléphone pour s'approcher de lui.
« T'es con ou quoi ? T'as subi un lavage de cerveau ?
— Je suis con, oui, finalement, le plus jeune soupira, ayant l'air de reprendre ses esprits, J'ai jamais eu aussi honte de ma vie. »
En entendant des bruits de voix, Ran finit par arriver lui aussi, au moment où Tohma sortait son téléphone de son sac et le déverrouillait.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il simplement.
— J'ai croisé un mec ... commença le garçon aux cheveux lilas, scrutant son téléphone, Il m'a vu le prendre en photo et m'a à moitié agressé, mais j'y peux rien il était magnifique.
— T'as pris un inconnu en photo ? Ran fit la moue, anéanti par ce simple fait.
— C'est pas nouveau que Tohma est glauque.
— Ta gueule, espèce de sadique, lui rétorqua l'intéressé. Il n'aimait pas qu'on dise qu'il était glauque. Il était beaucoup de choses, mais glauque, c'était juste trop. Il n'empêche qu'en entendant son insulte, Rindo eut la forte envie de lui écraser la tête contre le mur, Et quand je lui ai dit qu'il était beau, il m'a regardé avec tellement de mépris ... J'ai vraiment envie de m'achever là.
— Je t'achève quand tu veux, marmonna le garçon aux lunettes en croisant les bras. »
Tohma lui fit un vague signe de se taire, et pour éviter qu'il ne s'énerve encore plus, lui flanqua son téléphone en plein nez. Rindo prit un pas de recul, et lui et son frère se concentrèrent pour observer le jeune homme dont leur voisin parlait depuis tout à l'heure.
Tohma en était sûr, il ne les avait jamais vu avec un tel air d'horreur sur leur visage de toute sa vie.
Autre NDA : Bon je fais une double update au final, mais c'est juste parceque c'est le début, donc le prologue c'est peut-être pas assez (j'ai juste pas de patience, mskn). Bref, j'suis un peu hyped up 🤠 je sais pas si j'ai dit que j'allais updater le mercredi et le samedi, mais si je l'ai dit tant pis, et si je l'ai pas dit ben je le dis maintenant.
Bonne soirée, friendly reminder que vous êtes bg, que vous vouliez l'admettre ou non <3
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro