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3-

- Jeskary ? Tu m'entends ?

Non, il ne l'entendait pas. Il n'entendait rien, même pas le « bip-bip » effroyable des machines surveillant son état de santé. Le brouhaha des couloirs, le téléphone qui sonne, même la personne assise en face de lui. Tout ça n'était qu'un lointain bourdonnement à ses oreilles. Même cette femme, il ignorait qui elle était réellement. Elle s'était présentée. C'était une inspectrice ? Il avait oublié son nom.

Il était arrivé à l'hôpital, frigorifié et confus. On l'avait emmené ici pour s'assurer que le sang présent sur lui n'était pas le sien, s'assurer qu'il n'avait rien de grave, que ce froid hivernal ne l'avait pas atteint. Il espérait retrouver ses parents. Ils n'étaient pas là. Ils étaient en retard. Non, ils ne viendraient pas. Ils ne pouvaient plus venir.

- Qu'est-ce qu'il sait passer cette nuit Jeskary ? Tu t'en souviens ?

L'inspectrice parlait dans le vide. L'adolescent était incapable de répondre. Il entendait à peine sa question. Le bourdonnement dans ses oreilles était assourdissant.

Pourquoi tout cela lui arrivait ? À lui ? Il avait toujours tout fait pour être un garçon normal, un adolescent dont ses parents pouvaient être fiers. Il avait de bonnes notes à l'école, il avait une copine qu'il aimait, il était apprécié des professeurs, surtout de Monsieur Jackson visiblement, malgré son côté fêtard, il ne faisait pas de vagues. Alors qu'est-ce qui avait bien pu déraper ?

Le mal de tête... Il s'était couché... Tout ça la nuit de son anniversaire. Il imaginait autrement la fête de ses seize ans.

- J'ai besoin que tu me parles Jeskary.

Jeskary plissa les yeux. La voix de l'inspectrice tentait tant bien que mal de se frayer un chemin jusqu'à lui. Elle voulait se faire entendre. Mais lui, restait sourd et muet. Il ne parvenait plus à entendre, plus à parler. Il avait la sensation d'avoir perdu ses sens au moment de son arrivée à l'hôpital. Ce n'était ni le froid, ni la douleur interne qu'il ressentait, qui l'avaient rendu sourd. Non. C'était tous ces agents présents, juste pour lui. C'était cette inspectrice dont le nom lui échappait. Elle avait été la première à lui parler, juste après ses premiers examens médicaux. Il aurait préféré ne pas l'écouter, qu'elle se taise, qu'elle ne soit pas là.

En sortant de cette forêt, il n'espérait qu'une chose : retrouver la chaleur, sa chambre, ses parents. Il aurait voulu que ce soient eux qui lui parlent. Eux qui lui expliquent la nuit. Eux qui le réconfortent, lui assurent que ce n'était pas grave, que cela allait s'arranger, qu'il n'avait rien fait. Mais ses parents n'étaient pas là. Ils ne seraient plus jamais là.

Une larme silencieuse coula le long de la joue de l'adolescent lorsqu'il réalisa, pour la deuxième fois, cette évidence. Ses parents ne seraient plus jamais là.

En tant qu'orphelin abandonné au pied d'un orphelinat, il connaissait cette sensation de ne plus avoir de parents. Bien que bébé au moment de l'abandon, il avait déjà ressenti cette solitude, ce manque parental. Il avait trouvé chez les Saint-Clair une famille accueillante, ce qu'il avait toujours recherché. Georges avait été un père pour lui. Anne, une véritable mère. Les perdre, c'était comme vivre un abandon, encore une fois. Il aurait pu s'y faire, s'habituer à la situation, l'accepter, si la perte n'avait pas été aussi brutale.

L'inspectrice lui avait épargné tous les détails, il n'avait pas besoin de savoir, pas encore. Elle s'était contentée de lui dire que ses parents étaient morts et que cela n'avait rien d'un accident ou de naturel.

Ils avaient quitté ce monde... C'était trop tôt, trop inattendu... Tués... Par qui ? Comment ? Pourquoi ? Tant de questions qui alimentaient le mystère. Et encore aucune réponse.

Sans prendre la peine d'essuyer les larmes qui lui échappaient, Jeskary se perdit un peu plus dans le bourdonnement assourdissant et dans l'obscurité de ses pensées. Il ne voulait plus rien entendre, surtout pas cette inspectrice. Il avait toujours froid, il était terrifié et seul. Dans cette tourmente, il avait besoin de réconfort. Il fallait qu'il se raccroche à quelque chose, de la chaleur, du bien-être, de la sécurité. Un nombre incalculable de souvenir aurait pu l'aider. Le fait, tout simple, de penser à Emy, sa copine, aurait pu suffire. Rien de tout cela ne lui vint. À la place, le loup de son rêve s'imposa.

Il se rappela son souffle chaud dans sa nuque, la beauté immaculée de son pelage blanc, la pureté de son regard. Avec lui, aucune peur, aucune crainte, aucun froid. Simplement du réconfort et de la sécurité.

Jeskary ferma les yeux et visualisa plus profondément ce loup, se raccrochant à son image comme à une bouée de sauvetage. Il l'imagina, calqua sa respiration sur celle de l'animal. Il fixa ses yeux dorés qui n'avaient rien de sauvage. Ce loup, qu'il n'avait jamais vu en vrai, qu'il ne connaissait pas avant cette nuit, parvint à le calmer. Enfin, son souvenir apaisa le jeune homme. Une respiration plus calme, un bourdonnement qui cessa.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, l'adolescent entendait de nouveau les bruits de couloirs et le bip-bip des machines. En relevant la tête, il réalisa que l'inspectrice était toujours là. En la voyant, son nom lui revint même en tête. Elle s'était présentée comme étant Deva Salliet. Elle cherchait à comprendre les événements de la nuit. Elle lui avait assuré qu'elle découvrirait la vérité et trouverait le coupable. Une promesse qui faisait doucement rire le jeune homme. La vérité ou le coupable ne lui rendrait pas ses parents. Mais savoir lui permettrait sans doute de mieux faire son deuil. Il était encore trop tôt pour le savoir.

- Je vais te laisser Jeskary. Tu as besoin de repos. Je reviendrais te parler demain, c'est d'accord ?

L'adolescent n'apporta aucune réponse. Il n'avait pas besoin de le faire. En réalité, il n'avait pas le choix. Cette inspectrice ne le lâcherait pas tant qu'une conclusion à cette affaire ne serait pas apportée.

- Je crois que quelqu'un veut te voir.

Jeskary porta son regard au-delà de la porte vitrée. Emy attendait de l'autre côté, sautillant d'un pied sur l'autre, impatiente. Elle se rongeait les ongles, c'était son côté anxieux qui refaisait surface. Sa copine n'était pas coiffée, elle portait un jogging mal assorti à son pull. Signe qu'elle était venue là précipitèrent en apprenant la nouvelle, sans prendre le temps de faire attention à son apparence. Pour Emy, sortir ainsi, prouvait à quel point elle tenait à Jeskary et s'inquiétait pour lui. Et lui l'aimait vraiment pour ça.

- Parle-lui, ça te fera du bien. Dans ce genre de moment, il ne faut pas rester seul, d'accord ?

Il se contenta de hocher la tête, acceptant.

L'inspectrice quitta la petite chambre d'hôpital, laissant l'adolescent seul face à la situation. Une solitude qui ne dura pas bien longtemps, Emy rentra comme une furie et le prit dans ses bras. Elle le sera, tellement fort, que ses douleurs musculaires se rappelèrent à lui.

- Je suis désolé Jessy... Tellement désolé. Pardonne-moi, j'aurais dû être là, j'aurais dû te raccompagner.

Jeskary apprécia ce contact avec sa copine. Il prit une grande inspiration, son nez perdu dans le coup de la jeune fille. Il goûta à son odeur. C'était tellement agréable, autant que le regard de ce mystérieux loup.

- Tu n'y es pour rien.

La jeune fille ne le lâchait pas. Elle craignait de le perdre si elle s'éloignait trop. Jeskary ne s'en plaignait pas.

- Comment tu te sens ? Demanda sa copine, d'une petite voix.

Comment il se sentait ? La question paraissait simple. Par principe, elle l'était. Pour le jeune homme, elle était plus compliquée qu'un examen d'histoire. Il avait reçu trop d'informations en peu de temps, pour réellement savoir comment il se sentait. Il avait peur, il avait froid, il avait mal, il était perdu. Un parfait mélange de tout ça à la fois.

- Je ne sais pas Emy...

- Ma question était bête, excuse-moi.

- Tu es en droit de la poser.

Emy s'écarta un peu pour plonger ses yeux verts dans le regard, qui s'était assombri, de son copain.

- Est-ce qu'ils savent ce qu'il s'est passé ? Osa demander la jeune fille.

Jeskary baissa les yeux. Il n'avait pas la réponse à la question de sa copine. Ni lui, ni les autorités. Ils n'avaient que la conclusion, sans toute l'histoire avant. Tout ce qu'il savait c'était sa propre partie de l'histoire : il s'était couché, fiévreux. Il s'était réveillé nu dans la forêt. À son retour chez lui, on lui annonçait la mort de ses parents. On avait beau lui poser la question, aucun autre élément ne lui venait en tête. À part peut-être le sang. Tout ce liquide rouge, poisseux, qu'il avait vu et sentit. Pas seulement sur lui ou dans la forêt, mais partout. Les murs, le sol, les corps, dans sa bouche, sur sa langue. Le sang l'attirait, tel un aimant. Il le voulait, il l'aimait. Ses oreilles captaient chaque battement de cœur permettant à ce liquide de circuler, de faire vivre un corps. Il voulait que ces battements cessent, pour que chaque goutte rouge et vitale lui appartienne.

Même encore maintenant, au chaud, en sécurité, au sein même d'un hôpital, l'odeur du sang lui parvenait. Elle lui chatouillait les narines, comme s'il en était encore couvert. Pour la première fois depuis son réveil, l'odeur ne lui était pas désagréable, pas au point d'en vomir. S'il avait été un animal, il se serait même léché les babines.

Jeskary plissa les yeux et secoua la tête. Un certain dégoût monta en lui. Venait-il réellement d'avoir ce genre de pensée ? Non, elles ne lui appartenaient pas, ce n'était pas lui. Pourtant, les images des murs ensanglantés, d'un tapis s'imbibant de sang, de tout ce liquide quittant un corps, s'imposaient assez bien dans son esprit, comme s'il l'avait vécu.

Vécu ? Qu'avait-il vu réellement ? Était-il présent au moment où la vie avait quitté le corps de ses parents ? Pourquoi, lui, était toujours là, bien vivant ? Qu'avait-il vu.

L'apaisement que le loup de ses rêves et Emy lui avaient apporté, disparu en un battement de cil. La confusion et la peur reprirent le dessus.

Il ne comprenait pas. Et surtout, il ne parvenait pas à se souvenir. Il était perdu dans sa tête, envahit par cette odeur de sang.

- Jessy, ça va ? Tu trembles...

Il rouvrit les yeux, réalisant où il était et avec qui. Emy tenait fermement ses mains, créant un contact qu'elle refusait de briser.

- Tu t'es souvenu de quelque chose ? S'inquiéta-t-elle.

- Non... Pas vraiment.

Il ne pouvait pas sciemment lui dire qu'il venait de repenser à tout ce sang qui avait coulé et que, durant un court instant, il avait aimé ça. Oui, cette odeur, cette texture, ce goût, s'il avait pu, il en aurait redemandé.

Il reprit sa copine dans ses bras, apeuré et dégoûté de lui-même.

- Reste avec moi, s'il te plaît. Ne me laisse pas seul.

- Je ne pars pas Jessy. Je reste là. Je ne bougerais pas, tant que tu en auras besoin.

Jeskary se perdit dans le cou de la jeune fille, mi-rassuré, mi-inquiet. Son odeur naturelle, d'habitude fraîche et agréable, parvenait à peine à masquer celle du sang environnent venu s'imposer à lui. Et dans son esprit, le loup n'était plus là. Il venait de disparaître entre deux arbres, emportant par une brise hivernale. 

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