Chapitre 15 ( nouvelle version )
Engy
J'essaie de me boucher les oreilles pour ne pas entendre le son de la scie digne d'un film de SAW. Il y a des bruits d'os qui cèdent et de chair broyée qui surviennent par moment.
Si je pouvais, je vomirais mes entrailles. Pas juste pour ce que fait Joshua à deux mètres de moi, mais aussi parce que j'ai la peur au ventre de voir arriver leur père. Ma tête pense à toutes les manières inimaginables qu'il prendra pour me tuer. Je serai poignardée ? Il va m'étrangler ? Un sac sur la tête jusqu'à ce que je suffoque ? Me noyer dans le sang d'Émilie quand Joshua enlèvera les morceaux... ? Peut-être qu'il va me battre à mort. Du poison dans une bouteille d'eau ? Oh mon Dieu... j'ai bu de l'eau dans une bouteille en me réveillant. Et si ils avaient mis quelque chose et que je faisais une hémorragie ?
Joshua arrête la scie et la dépose dans la baignoire. Stressée et en alerte sur tout ce qui se passe, je l'observe marcher vers l'établi où il enlève son tablier ensanglanté. Ça ne se voit pas beaucoup, le rouge sur du noir, mais le liquide perle de partout, ainsi que quelques éclaboussures sur son visage angélique qui cache une âme obscure.
Bien que ma chaîne m'offre des déplacements, je ne peux pas atteindre l'établi pour m'emparer d'un objet pour me défendre. Toutefois, la scie dans la baignoire, oui...
— Pourquoi m'avoir donné de l'eau si je vais mourir ?
Joshua essuie son visage avec sa manche et se tourne vers moi.
— Ça garde les pièces de viande tendres et juteuses.
J'entrouvre la bouche, mais aucun mot n'en sort.
— Non, je plaisante. On ne mange pas les gens. Enfin... mes frères ont un penchant pour le sang, mais t'inquiète, c'est pas des vampires. Quoi que... l'un adore le goût, l'autre fantasme à jouer dedans... À toi de voir lequel est le plus bizarre.
Facile de deviner... Je me souviens de Jonas qui lèche ses phalanges couvertes de sang de menstruation avec appétit. Ce n'était clairement pas la première fois qu'il faisait ça. Il ne connaît pas la limite à la folie ? On dirait que tout ce qui est dégradant, pervers et déviant, ça l'attire.
Et celui qui fantasme à jouer dedans c'est Jaylen je présume.
— T'es comme eux, en fait. Tu baignes dans le sang. Je pensais que t'étais un peu différent. Jaylen tue, et... c'est toi qui fais le sale boulot de se débarrasser des corps ?
— J'aime m'en charger.
— T'as déjà tué ?
— Je ne suis pas un tueur.
— Et... Jonas ?
— Tu lui demanderas.
Je suis surprise qu'il me fasse la conversation. Je veux essayer de voir si je peux l'amadouer et trouver un moyen de m'échapper. Déjà, s'il me laisse seule, je pourrais atteindre la scie.
C'est déconcertant, son regard, son physique et sa personnalité est tout à l'opposé de son jumeau.
Faut pas se méprendre, il cache bien son dark side.
— T'as quel âge, Josh ?
— Dix-huit.
— Wow ! Si jeune et tu traînes dans le crime... Jaylen, lui ?
— Vingt-cinq ans...
— Qui est ton père ?
— Tu vas bientôt le rencontrer.
— Qui était Émilie ? Pourquoi a-t-elle connu ce sort ?
Joshua change ses gants en latex et, à présent, il semble un peu irrité. Pourtant, il m'offre des réponses, alors qu'il pourrait juste m'ignorer.
— Tu poses beaucoup trop de questions.
— Est-ce que... tu me laisserais utiliser une vraie salle de bain ?
— Pour que tu tentes une évasion ? Certainement pas.
En dépit de sa froideur, il semble beaucoup plus sensible que ses frères. Je veux évaluer sa sensibilité émotionnelle.
— Non... c'est juste que j'ai mes règles et j'ai très mal au ventre. Je pourrais juste avoir un antidouleur ou quelque chose ? N'importe quoi pour me soulager, Joshua. Je t'en prie.
Il m'examine. Il évalue la possibilité, signe qu'il est empathique.
— Après tout, je vais mourir bientôt, donc si tu peux me donner un antidouleur ou n'importe quoi, j'apprécierais.
La porte de la maison s'ouvre.
Trop tard pour faire partir Joshua et récupérer la scie !
La peur envahit mon âme, la forçant presque à quitter mon enveloppe charnelle avant le massacre. Je me redresse sur mes genoux, comme si je voulais me préparer à fuir, mais je ne peux aller nulle part.
Plusieurs personnes descendent l'escalier. Je vois d'abord un motard dans la cinquantaine, le crâne chauve, les épaules larges, avec un blouson en cuir et le regard meurtrier qui m'incendie. Il est imposant et affreusement menaçant. Instinctivement, soumise à son aura, je me fais petite et recule dans l'angle du mur.
C'est le père, celui qui a le fourgon noir. Son look de motard, ses cicatrices, y compris sur son crâne dégarni, ses rides, sa barbe poivre et sel et son regard meurtrier me tétanisent. Il a des airs de Tommy Flanagan.
Ce dernier est suivi de Jonas et Jaylen.
À cet instant, le paternel et ses trois fils ont les yeux rivés sur moi. J'aimerais me liquéfier pour me fondre à travers le plancher.
— Je... échappé-je nerveusement.
— Tu fermes ta gueule, dicte le père.
Je referme aussitôt ma bouche et déglutis avec difficulté.
— OK, réglons ton problème, Jaylen. Je n'ai jamais vu cette nana ; c'est elle qui t'a vu tuer un membre du réseau ?
Il hoche la tête.
— Elle est mignonne. Mais la règle d'or, c'est la règle d'or : quand on tue, on ne laisse jamais de témoin.
— Je sais, mais je t'ai déjà expliqué, se justifie Jaylen, y faisait noir. Ces types rôdaient autour de la maison, j'ai cru que des gens venaient s'en prendre à nous, alors je suis sorti et j'ai planté le premier gars qui s'est jeté sur moi. Je ne savais pas qu'il y avait une fille et qu'ils étaient en train de l'enlever.
Le père soupire, découragé par le manque de prudence de son fils.
— Tu connais très bien ces types, Jay, grogne son père. Tu savais ce qu'ils étaient en train de faire ; ne me la fais pas à l'envers.
Le motard se tourne vers moi. Il a un petit accent russe comme ses fils. Il est tatoué un peu partout.
— Alors, mon petit sucre, comme ça, c'est ta jolie petite tête qu'on découpe aujourd'hui ?
Un tremblement effroyable me parcourt l'échine et je ne sais pas pourquoi, mais durant une nanoseconde, mes yeux remplis de larmes dérivent vers Jaylen, comme si j'espérais de l'aide. Mais je baisse aussitôt la tête en voyant qu'aucune considération ne m'est accordée.
Reste-t-il une infime part de lumière en lui ? Je le croyais parce qu'il m'a sauvée. Mais si la vérité est qu'il l'a fait parce qu'il croyait que des gens venaient attaquer sa famille et qu'il a tué le premier qu'il a vu, sans voir que j'étais là... alors c'est terminé pour moi.
Après avoir sorti un couteau automatique bien affûté de son blouson, le père met une botte sur le matelas et me saisit par une poignée de cheveux. Même si je m'agite, hurle et remue les jambes, il arrive à me tirer, dos contre ses jambes. Je ne vois rien d'autre devant moi que le matelas poisseux avec la tache de sang de l'ancienne victime où bientôt le mien va gicler aussi.
Je sens la lame presser contre ma gorge, prête à la trancher ! Je lâche un cri de détresse quand soudain :
— Attends !
C'est la voix de Jaylen.
— Quoi ?! grince le daron.
Je sens la lame couper un peu ma peau à force d'appuyer.
— Je veux le faire, somme Jaylen. C'est moi qui ai commis une erreur, c'est moi qui me charge d'elle.
Jonas se poste devant moi, botte sur le matelas, dos appuyé contre la poutre. Il reste planté là comme s'il voulait être aux premières loges pour voir mon sang éclabousser et ma tête se détacher de mon corps. Je soupçonne même que la mort l'excite, vu l'étrange tension sous sa ceinture.
Cette famille est un cauchemar.
Je reste plutôt concentrée sur la lame qui me blesse, à quelques secondes de m'ouvrir la trachée. Dans la position où je suis, avec ma tachycardie, je sens que je vais bientôt perdre connaissance.
Soudain, son père enlève le couteau et me pousse vers l'avant. Je me hâte de m'asseoir et de m'éloigner au mieux de lui et de Jonas.
— Enfin, tu réagis comme il se doit, s'exalte leur géniteur. C'est ce que tu aurais dû faire à la seconde où elle t'a vu commettre un meurtre. Règle ça vite fait, bien fait. Je ne veux plus en entendre parler. Quand je reviens à l'aube, elle a intérêt à avoir disparu.
— C'est comme si c'était déjà fait, déclare Jaylen en déviant lentement ses yeux charbonneux sur moi.
Inspiration de Orlando Jann ( Tommy Flanagan, mais sans ses cheveux )
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