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Épilogue

Kléo sortit du bâtiment. Son crâne lui donnait l'impression d'avoir éclaté. Sa tête tournait. Tout autour d'elle, des dizaines de morts ou de mourants reposaient. La quasi-totalité était des Sains, mais elle remarque tout de même bon nombre d'Augmentés, parmi lesquels Franz, l'un des chefs d'escadron. Son crâne continuait à la marteler, et une goutte de sang s'échappa de son nez pour rouler sur son visage. Un enfant la fixait de ses yeux morts, comme pour lui reprocher ses actions. Elle se mit à marcher, sous le poids pesant des morts. Les cadavres semblaient tous la fixer, tous la jugeaient. Un vieillard cloué à un mur fixa ses orbites vides sur elle. Elle en était certaine à présent : les cadavres bougeaient.

Ils rampaient, s'agrippaient au sol, grattaient la terre. Ils se déplaçaient vers elle, et un choeur de voix désincarnées retentissait : Rejoins-nous, souviens-toi de qui nous sommes.

Elle se mit à courir à toute vitesse, écrasant des os, brisant des crânes. Les corps se décomposaient à vitesse grand V, devenant des squelettes macabres, toujours en la fixant. Ils riaient, tandis que Kléo courrait. Elle appela Scarlett, Killian, Léna, Rudolf, mais en vain. Rien ne répondait. Les maison disparurent, il ne restait plus qu'un océan de mort. Le sol devint ossements, le ciel rouge se mua en gris. Des mains l'empoignèrent par les pieds, l'empêchant de continuer. Les chœurs reprirent en nombre : Traîtresse...Voleuse...Tu as pris nos vies...Offre la tienne....

Elle tenta de faire usage de sa magie, sans succès. Les os remontaient le long d'elles, les squelettes l'utilisaient comme une marche d'escalier. Des mains désespérées agrippèrent ses jambes, puis son torse. Kléo tenta de hurler, mais rien ne sortit de sa bouche. Ses doigts s'effacèrent. Son corps maigrit à toute vitesse.

Elle vit alors une main se tendre. Blanche comme celle des squelettes, elle n'en était pas moins couverte de chair. Elle saisit la main, et fut tirée vers le haut. Les squelettes revinrent à leur état normal, voire même disparurent, les maisons et les immeubles de la ville réapparurent. Kléo s'écroula dans une mare de sang. A ses côtés se trouvait Scarlett. Elle arborait un sourire triste, mais la jeune fille ne comprenait pas pourquoi, ni ce qu'il venait de se passer. Elle entendit l'Impératrice murmurer :

- C'est bien ce que je pensais...Elle ne peut pas s'y soustraire...

Une seconde voix, que Kléo identifia comme celle de Léna, demanda, d'un ton larmoyant :

- On ne peut vraiment rien y faire ? C'est inéluctable ?

- Malheureusement...La même folie que Séraphin...Seule la mort m'a permis de l'en délivrer...

- Non ! S'il te plait, Scarlett ! Tu ne peux pas la tuer !

- Je suis désolée...J'ai à grand peine réussi à la stabiliser, mais il m'est impossible de lui retirer toute sa folie.

- Non...Tu en es vraiment sûre ? Killian est mort pour la sauver, ne me dis pas que c'était en vain !

- Hélas...A moins que...Peut-être que la maladie se trouve dans le sang vampire...Peut-être que je peux la transformer en une Saine complète...Mais...

- Mais ?

- Cela a de grandes chances de consumer l'une d'entre nous...

- Alors tant pis. Je ne veux pas te perdre toi.

- Soit.

Scarlett dégaina sa lame rouge et argent, et la posa sur la gorge de Kléo. Elle sentit quelque chose lui monter aux yeux. Une perle liquide roula sur sa joue. L'Impératrice pleura pour la première fois de sa vie lorsqu'elle trancha la gorge de la jeune fille. Cette dernière ne sentit aucune douleur, juste une sensation de sommeil. Elle se laissa tomber dans l'obscurité. Elle attendit, sans savoir combien de temps au juste. Une seconde ? Une heure ? Une décennie ?

Soudain, elle sentit quelque chose. Elle était allongée sur quelque chose. Mais n'était-elle pas morte ? Elle ouvrit les yeux, pour constater qu'elle se trouvait dans une pièce entièrement plongée dans l'obscurité. Les deux seules choses visibles étaient son corps, et une silhouette grande et mince. Elle portait un long manteau noir, qui s'étalait au sol. Son visage était simplement un ovale ivoire plat comme un masque et percé de deux trous, deux yeux. Un énorme sourire barrait son visage, le rendant encore plus malsaine. Il entama d'une voix spectrale qui fit mal au cerveau de Kléo :

- Bienvenue. Nous avons beaucoup de choses à parler. Appelle-moi le Chambellan.

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