(11) Confrontation
Ils se regardèrent droit dans les yeux. Kléo sentit sa gorge se nouer. Les yeux de Aurelius brillaient d'une lueur de haine, comme s'il avait devant lui une poussière. Les larmes montèrent aux yeux de la jeune fille tandis que le garçon la braquait avec un fusil à pompe. Quelque chose avait changé en lui. L'un de ses bras était à présent cybernétique, et son pied droit était constitué de métal également.
- Aurelius...parvint à murmurer Kléo.
- Tais-toi ! Espèce de monstre ! Comment as-tu put faire ça ?! Je me suis sacrifié pour te sauver, j'ai hérité de tant de souffrances....
- Aurelius....S'il te plait...
- Pas de s'il te plait ! Tu es un monstre, je le sais maintenant ! Le pire des monstres ! Tu as pris mon cœur, et tu l'as broyé dans tes mains sans pitié. Dire que....Dire que je t'aimais...Et toi....Tu t'es rangée de leur côté. Tu es devenue une Augmentée, une de ces horreurs sans nom. Tu as même fini par provoquer la chute de cette ville ! La chute d'un havre de paix ! Tu as entraîné avec toi des enfants, des vieillards, de pauvres familles dans la mort ! Je vais faire ce que j'aurai dû faire depuis longtemps !
Sur ces paroles, il tira. La balle atteignit Kléo dans les côtes, les brisant et endommageant plusieurs organes. Trop sonnée, elle ne put réagir lorsqu'une seconde balle vint lui briser l'épaule et la fit s'étendre, les bras en croix, sur le dos. Elle releva faiblement la tête, juste assez pour voir que Aurelius s'était approché et braquait son arme à seulement un mètre d'elle. Elle vit son visage habité par la haine se contracter de douleur, avant qu'une lame ne surgisse de sa poitrine. Le garçon fixa avec incrédulité l'instrument de sa mort se retirer, et s'écroula de tout son long, dévoilant Léna qui fixait Kléo avec inquiétude.
- Ça va ? interrogea la Vampire.
- Non....Non....Non....NON !
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Aurelius....Non...C'est pas vrai...
Un Sain se jeta sur Léna dans le dos. Elle eut à peine le temps de se retourner et de frapper son adversaire. Ce dernier dégaina un pistolet, et fit feu. La Vampire esquiva, et frappa. Le torse du Sain se couvrit de sang, et il bascula en avant, s'écroulant au sol exactement comme Aurelius quelques secondes plus tôt. La Vampire se jeta de nouveau dans le combat, abandonnant Kléo devant le cadavre de son ami. Elle fixa le corps d'un œil hagard, et se sentit pris d'un désir irrésistible de le dévorer. Ses pensées l'effrayèrent, mais en même temps elle était fatiguée, si fatiguée....Sa main arracha un morceau de chair, et elle le porta à sa bouche. En même temps, des larmes se mirent à couler sur ses joues, et elle partit d'un rire dément.
*****
Elle avançait, frappait, tuait sans états d'âme maintenant. Son corps ne lui appartenait plus. Ses blessures avaient guéri à une vitesse phénoménale. Deux portes s'élevèrent devant elle. Elle les détruisit de manière instinctive, et entra dans une pièce plutôt grande. D'environ douze mètres sur sept, il devait s'agir d'une église, car au fond se dressait un autel couvert d'offrandes. Des bancs se trouvaient de chaque côtés de l'entrée. En face de l'autel, agenouillée, se trouvait une vieille femme que Kléo reconnut aussitôt. Voûtée par le poids des âges, tordue comme un morceau de ferraille, sa peau craquelée et ses rides faisaient d'elle la plus vieille femme que Kléo n'eut jamais vu. La colère s'empara de la jeune fille en voyant celle qui l'avait bannie, et provoqué toutes ces souffrances. La vieille se leva difficilement, appuyée sur sa canne, faisant bruisser son manteau marron. Elle regarda la jeune fille de ses yeux violets, si étranges. Le bruit des combats disparut de manière si abrupte que Kléo se demanda si la vieille pouvait "couper le son".
- Bien....Parfait....Te voilà devant moi....Qu'attends-tu ? Je ne suis qu'une pauvre vieille sans défenses.
- Qui êtes-vous ?
- Oh ? Tu envahis la ville, massacre tout ceux que tu croises, mais tu me demandes mon nom à moi ? Quel honneur !
Elle partit d'un rire rauque, comme en fin de vie.
- Si tu le désires...Je me nomme Alexandra Engeldorf, et j'ai le déshonneur d'être la génitrice de ta mère.
- Comment ? Vous êtes....Ma grand-mère ?
La vieille a esquissé une grimace de douleur.
- Ne m'insulte pas ainsi ! Déjà que Lydia a couvert cette famille de déshonneur....J'ai été obligée de me faire appeler simplement "La Doyenne" pendant dix-sept ans ! Et tu suis sa voie. Tu es devenue ce monstre que nous appréhendions.
- Mais...C'est entièrement de votre faute ! Vous m'avez bannie ! Et si vous étiez réellement de ma famille, vous m'auriez élevée, pas abandonnée comme une simple salissure !
- Je vois que nous somme d'accord. Je ne suis pas de la famille d'une traîtresse et d'une demi-Vampire, tu n'es pas de la famille de ta grand-mère indigne. Maintenant...Tu es venue ici pour me tuer, non ? Alors, bourreau, fais ton office !
Elle leva sa canne de quelques centimètres, et frappa le sol, créant un écho dans la pièce. Le sol aux pieds de la vieille se colora d'une lueur violette. Des chœurs désincarnés retentirent. Kléo se positionna, puis sauta sur sa grand-mère, qui ne bougea pas d'un centimètre. A à peine un mètre de sa cible, la demi-Vampire fut repoussée avec violence, comme si quelque chose protégeait Alexandra. Une sphère se dévoila autour de la grand-mère, comme une main de géant. Elle esquissa un maigre sourire de satisfaction, puis grinça :
- Voyons voir qui va l'emporter.
La main se déplia, s'éleva dans les airs, forma un poing, et se propulsa vers Kléo. La jeune fille sentit l'énergie couler dans ses veines, et le poing s'arrêta en pleine course pour se retourner vers sa créatrice. Cette dernière écarquilla les yeux en voyant son arme lui arriver dessus à toute vitesse et la percuter. Il y eut un craquement, et la grand-mère s'écrasa au mur, réduite en purée d'humaine.
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