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Chapitre 17 - Message caché

Eleanor venait à peine de finir de se préparer, lorsque de petits coups se firent entendre à sa porte. Elle avait quasiment passé toute la matinée à s'occuper de ses interminables cheveux, ayant décrété qu'ils avaient besoin d'un soin. Quelques jours plus tôt, elle avait donné une liste de différentes huiles à une femme de chambre, qui n'avait réussi à en trouver qu'une seule. Les produits habituels de la louve se trouvaient essentiellement sur la Terre du Rubis, mais elle n'avait pas encore osé en commander.

Elle quitta le tabouret de sa coiffeuse pour venir ouvrir, délaissant le nettoyage de sa brosse.

— Bonjour, Elanor ! l'interpella une voix aussi légère qu'une plume.

La louve baissa les yeux et découvrit le petit Marcus. Une fois n'est pas coutume, il arborait un grand sourire et ses yeux brillaient d'enthousiasme.

— Mon papa a fait gaufres ! T'en veux une ?

Derrière lui se trouvait Judith, qui poussait un chariot plein d'assiettes couvertes par des cloches.

— Tu es sûr que je peux en prendre ? s'inquiéta Eleanor à l'adresse du petit. Elles ne sont pas juste pour toi ?

— Non, papa en a fait plein ! Avec Judi on en donne à tout le monde ! lui assura-t-il.

La gouvernante confirma par un hochement de tête.

— Elles sont trop bonnes ! ajouta-t-il pour finir de la convaincre. Tu veux sucre ou chocolat dessus ? On a miel aussi.

La jeune fille n'eut besoin d'aucun argument supplémentaire. Elle avait déjà pris son petit-déjeuner en début de matinée, mais elle n'allait certainement pas refuser une pâtisserie. Ce serait trop mal la connaître...

Elle opta pour une gaufre au chocolat et Marcus se tourna aussitôt vers son chariot. Il souleva l'une des cloches, qui libéra une odeur envoûtante dans tout le couloir. Eleanor résista à l'envie de sauter sur l'assiette remplie à ras bord. Le petit garçon se hissa sur la pointe des pieds afin de tartiner généreusement la gaufre, à l'aide d'un couteau à bout rond. Il renversa du chocolat liquide un peu partout sur le chariot, ce que lui reprocha gentiment Judith.

— Tiens ! fit-il ensuite en tendant le précieux trésor.

Elle l'attrapa en essayant de ne pas trop se salir les doigts avec le chocolat. La gouvernante s'empressa de lui donner une serviette, tandis que Marcus déchirait discrètement le coin d'une autre gaufre. Il le mangea au moment où Eleanor prenait sa première bouchée.

— C'est vrai qu'elles sont délicieuses, confirma-t-elle dès qu'elle eut avalé.

La gaufre était incroyablement moelleuse, tout en étant un peu croustillante. Le chocolat fondu sublimait le goût de la pâte, où pointait une note de fleur d'oranger.

— T'as vu ! s'exclama Marcus en hochant la tête. J'aime trop quand papa fait gâteaux !

La louve fronça les sourcils, un peu perplexe.

— Tu es vraiment sûr que c'est ton papa qui les a faites ? Ce ne sont pas plutôt les cuisiniers ?

Elle imaginait mal le Grand Alpha derrière des fourneaux, les vêtements maculés de farine et de la pâte plein les doigts... Le petit garçon s'empressa de la détromper :

— Non, il fait gâteaux tout seul ! Il est bien meilleur que cuisiniers !

Eleanor leva les yeux vers Judith, dans l'attente d'un démenti. À sa grande surprise, la gouvernante ne contredit pas Marcus.

— Monsieur le Grand Alpha aime beaucoup cuisiner, surtout des pâtisseries, expliqua-t-elle. Il se lève souvent aux aurores pour préparer des merveilles à tout le palais !

La jeune fille eut soudain très envie de trouver des défauts à sa gaufre, mais plus elle croquait dedans, plus elle lui semblait succulente. Loin d'elle l'envie d'exagérer, ou de louer le travail de Clark, or il s'agissait sans conteste de la meilleure gaufre de toute sa vie. C'est sûr que quelqu'un l'a aidé, songea-t-elle avec une pointe de mauvaise foi.

— T'en veux d'autres ? lui demanda Marcus. Goûte avec miel aussi !

Il n'attendit pas sa réponse pour verser trois cuillerées de miel sur une pâtisserie. De toute façon, préparés ou non par son ex-fiancé, Eleanor n'allait pas se priver d'un autre de ces délices. Elle remercia le petit garçon, qui supplia ensuite Judith de le laisser prendre une autre gaufre. Apparemment, il en avait déjà mangé plus que de raison...

— Tu peux en manger une autre, mais sans rajouter de sucre dessus, abdiqua-t-elle lorsqu'il commença à lui faire ses yeux de merlan frit. Tu vas finir par tomber malade !

Marcus ne se le fit pas répéter deux fois et dévora sa gaufre comme un petit goret. La gouvernante secoua la tête en lui essuyant les babines, cependant elle paraissait retenir un sourire. Cela devait faire longtemps que le petit n'avait pas affiché un tel entrain.

— Au fait, intervint Eleanor juste avant que Marcus et Judith ne reprennent leur tournée. Est-ce que vous savez où je pourrais trouver le Grand Alpha ? J'aurais quelque chose à lui dire.

Sa question s'adressait surtout à la gouvernante, néanmoins le garçon se fit une joie de lui répondre :

— Papa a beaucoup travail le matin. Après manger il a rendez-vous avec gens importants, faut pas trop aller l'embêter. Mais dis-lui que t'as besoin d'un gros câlin et il te laissera le voir !

Judith gloussa doucement et la jeune fille l'imita, le coeur attendri par cet adorable louveteau.

— Monsieur le Grand Alpha a des matinées très chargées, confirma la Neutre. Je ne sais pas jusqu'à quelle heure s'étalent ses rendez-vous de cet après-midi, mais vous pourrez demander à un autre domestique.

Eleanor les remercia de nouveau et retourna dans sa chambre. Elle attendit que le repas du midi soit passé, puis que la moitié de l'après-midi se soit écoulée, avant de s'aventurer près des appartements du Grand Alpha.

Chaque fois qu'elle évoluait dans les couloirs du palais, sa décoration austère et datant d'un autre siècle la sidérait. Le monde entier s'imaginait que le château du dirigeant n'était que richesses et splendeurs, alors qu'en réalité, il s'apparentait à une résidence secondaire laissée à l'abandon. Même si elle n'avait jamais mis les pieds au château du roi des vampires – la Lune puisse-t-elle l'en préserver – elle était certaine qu'il était d'un bien meilleur goût. Elle ne demandait pas au Grand Alpha de dilapider les caisses du pays, mais tout de même... Un petit rafraîchissement n'aurait pas été de trop.

Elle oublia ces considérations dès que sa route croisa celle d'un valet. Il la mena sans mal à l'endroit où se trouvait Clark, puis elle frappa à la porte. Était-il encore en réunion avec ses conseillers ? Ou peut-être recevait-il des ambassadeurs des autres meutes ? Et si un envoyé de la Terre du Rubis la reconnaissait ?

Elle retint un soupir de soulagement lorsque Rowan ouvrit le battant.

— Oh, bonsoir ! Vous avez besoin de parler à Clark ?

Eleanor tentait de s'habituer à son caractère lunatique : soit il lui souriait et se montrait agréable, soit il lui adressait quelques mots du bout des lèvres. Ce jour-là, il semblait décidé à faire preuve d'une courtoisie enjouée. Toutefois, elle nota que malgré sa peau sombre, son teint était un peu pâle.

— J'aurais quelque chose à lui dire. Par rapport à sa femme.

Une ombre voila brièvement ses yeux marron. Il s'écarta pour laisser passer la jeune fille et elle s'avança dans la pièce.

Si le bureau de Clark était l'incarnation du bazar, celui-ci représentait l'ordre et la rigueur. Pas un seul papier ne volait sur le secrétaire en bois blanc, qui n'était sali par aucune tache d'encre. Un sous-main impeccable le protégeait, disposé parallèlement à une petite boîte rectangulaire. Quelques étagères habillaient les murs d'un bleu très foncé, presque noir. On y trouvait des pochettes triées par couleur, puis par taille, parfaitement droites et alignées.

— J'imagine que ce n'est pas votre second bureau, commenta Eleanor en posant les yeux sur le Grand Alpha.

Il se tenait agenouillé derrière le secrétaire, afin de fouiller des tiroirs. Il leva la tête vers elle, visiblement surpris de sa venue.

— En effet, c'était celui d'Anya, déclara-t-il en se redressant. Nous tentons de l'inspecter, mais pour le moment, nous n'avons rien trouvé.

Bien que derrière lui, les rideaux de la large fenêtre soient ouverts en grand, la pièce paraissait drôlement sombre. Clark avait même déposé un chandelier à trois branches sur le bureau, qui apportait un semblant de lumière.

— Justement, j'ai réfléchi à ce que vous m'avez raconté à propos de votre femme et... Je crois avoir une idée.

Le Grand Alpha haussa brièvement les sourcils.

— Je vous écoute.

Prise d'un doute, Eleanor se tourna vers Rowan. Il se tenait près de la porte close, les bras croisés sur son torse.

— Il peut écouter, ne vous inquiétez pas, lui indiqua Clark. Lui et moi ne nous faisons aucun secret.

Ceci, la louve l'avait bien compris lorsqu'il avait été lui colporter son secret...

— C'est en lien avec les chevaux, commença-t-elle en se concentrant sur le Grand Alpha. Lorsque vous m'avez présenté les Rhodebrookes, vous m'avez bien dit qu'ils intervenaient dans le truquage de courses hippiques, n'est-ce pas ?

Le jeune homme marqua une hésitation, puis hocha la tête.

— Je crois qu'ils versent des calmants dans la nourriture des chevaux qu'ils veulent voir perdre, ou quelque chose de ce genre.

Eleanor retint un sourire. La situation ne prêtait aucunement à rire, or cette remarque convergeait vers son hypothèse.

— Vous m'avez aussi raconté que votre femme aimait beaucoup les chevaux. Elle devait sûrement participer aux paris, non ? Elle a peut-être menacé les Rhodebrookes de quelque chose s'ils continuaient à lui faire perdre de l'argent ?

Cette fois, Clark répondit par la négative.

— Elle détestait les courses. Beaucoup d'animaux sont maltraités et stressés, que ce soit avant ou pendant l'épreuve. Elle aurait même voulu que je les fasse interdire.

Cela surprit la jeune fille. Cependant, une autre théorie naquit dans son esprit, beaucoup plus plausible que la précédente :

— Dans ce cas, c'est sûrement pour cette raison que les Rhodebrookes l'ont tuée ! Eux ou un autre groupe criminel qui pratique les mêmes activités ! Si les courses avaient été interdites, cela aurait nui à leurs affaires !

Le dirigeant des loups la fixa quelques secondes, puis soupira.

— Ce n'est pas bête, sauf que les avis d'Anya n'ont jamais dépassé le cadre privé. Elle m'a simplement dit cela au détour d'une conversation, en sachant très bien qu'interdire les courses était impossible. C'est un domaine d'activité qui fait vivre beaucoup trop de personnes.

— Mais vous êtes sûr qu'elle n'a jamais menacé les Rhodebrookes ou un autre groupe ? insista-t-elle. Je doute qu'elle ait laissé des chevaux se faire à moitié empoisonner sans protester...

Les ficelles se reliaient tellement bien qu'Eleanor voulait y croire dur comme fer. S'ils avaient une piste à explorer, c'était celle-ci !

— Anya était... particulière, marmonna Clark en choisissant ses mots. Elle pouvait se montrer assez rebelle, tout en sachant se taire quand les circonstances l'exigeaient.

— Même si elle adorait les chevaux, elle ne se serait pas mise en danger pour eux, renchérit Rowan. Elle savait que se mettre à dos ces barbares de trafiquants aurait aussi eu un impact sur Marcus.

La louve tenta de leur exposer d'autres arguments : et si l'inconnu à qui elle avait donné rendez-vous était censé l'aider à interférer dans les courses ? Ses deux interlocuteurs lui répondirent que cela était fort peu probable. Malgré tout, le Grand Alpha promit d'essayer de se renseigner.

— Je verrai avec les palefreniers si elle leur avait parlé de quoi que ce soit. Vos spéculations sont bien pensées, mais en attendant, je préférerais que nous trouvions des pistes plus concrètes.

Il baissa les yeux sur le bureau, puis se pencha de nouveau vers les tiroirs.

— Si cela ne vous embête pas, vous pouvez tenter de regarder du côté des étagères, lui indiqua-t-il en désignant un pan de mur.

Eleanor s'en approcha, sans oser toucher aux pochettes bien rangées.

— Je... C'était les affaires de votre femme, hésita-t-elle. Vous êtes sûr que vous voulez bien que j'y mette le nez ?

Clark haussa les épaules.

— Ce ne sont que des documents professionnels. Si quelque chose vous semble plus suspect ou privé, vous n'aurez qu'à me le montrer.

— De toute façon, vous n'allez rien trouver, affirma Rowan.

Et sur ce, il quitta les lieux. Le Grand Alpha marmonna quelque chose d'inintelligible, tout en sortant des boîtes métalliques sur le bureau.

— Vous pensez que je l'ai fait fuir ? s'inquiéta-t-elle.

Décidément, elle ne parvenait pas à se faire un avis tranché sur le meilleur ami de Clark...

— Pas du tout, s'empressa-t-il de la détromper. Rowan était simplement venu me transmettre son rapport sur les effectifs de surveillance du palais. Il s'apprêtait à partir quand vous êtes arrivée.

Il désigna un document posé sur le secrétaire. Bien que peu convaincue, elle tâcha de se concentrer sur les étagères. Elle attrapa la première pochette qui s'offrait à elle et en examina le contenu. Il ne s'agissait que de vieux récapitulatifs de paiement, concernant des robes, bijoux et autres babioles. Eleanor prit malgré tout le temps de parcourir chaque feuille, au cas où un détail se cacherait derrière ces apparentes futilités.

— Votre femme achetait elle-même ses vêtements ? s'étonna-t-elle lorsqu'elle tomba sur une seconde pochette pleine de factures.

— Anya venait d'une famille assez riche. À notre mariage, ses parents voulaient me remettre une dot dont je n'avais pas besoin. Ils lui ont laissé la somme pour qu'elle puisse se payer ce qu'elle voulait. Comme elle piquait un scandale chaque fois que je m'aventurais à lui offrir quoi que ce soit, je la laissais faire.

Il arborait encore et toujours un ton neutre et détaché. La louve tenta de masquer sa surprise, mais ne put tempérer sa curiosité :

— De quelle meute venait-elle ?

Pour ne pas avoir l'air trop intéressée, elle demeura dos à lui, tournée vers les étagères.

— De celle du Saphir. Sa mère est une cousine de l'alpha et son père est presque plus riche que l'alpha lui-même.

— Ce n'est pas étonnant que votre père l'ait choisie, commenta-t-elle en s'emparant d'une nouvelle pochette.

Fortune et haute naissance constituaient un profil irréprochable. Pour peu que la demoiselle présente des manières impeccables et ne soit ni trop sotte, ni trop intelligente, elle incarnait la fiancée idéale.

— Ses parents l'avaient décrite comme étant "douce et bien élevée", poursuivit-il. Mon père leur a envoyé une sacrée lettre après le mariage, quand il s'est rendu compte qu'elle ne correspondait pas à toutes ses exigences...

— Il ne vous a vraiment laissé aucun choix ?

Toute sa vie, elle s'était naïvement imaginé que le futur Grand Alpha pourrait donner son avis sur sa fiancée. C'était pour cette raison qu'elle avait tenu Clark responsable de son rejet, lorsque son image de future épouse modèle s'était ternie.

— Mon père m'avait en quelque sorte... conditionné. J'ai toujours su que je devrai me marier avec la femme qu'il me choisirait. Cela me semblait presque normal.

Au fond, sa situation et celle d'Eleanor étaient quasiment identiques. Ils avaient été élevés dans l'idée que leur avenir ne leur appartenait pas. Leurs parents les avaient tellement habitués à prendre des décisions à leur place que cela ne les choquait presque plus.

— Anya est arrivée au palais peu de temps avant le mariage. Nous avons été présentés l'un à l'autre, puis quinze jours plus tard, nous étions mariés.

Quinze jours. C'était l'exacte durée des "présentations" qui avaient été prévues pour Eleanor. Elle aurait quitté la Terre du Rubis quelques semaines après son dix-septième anniversaire, prête à enfin rencontrer celui auquel se résumait son existence.

Cette pensée menaça de raviver sa colère envers sa famille. Elle serra les doigts autour de la feuille qu'elle parcourait en diagonale. Le document n'était qu'une liste d'invités à une réception.

— Cela faisait longtemps que vous étiez mariés ? s'enquit-elle en remarquant des dates relativement récentes.

— Un peu plus de trois ans et demi. Presque quatre.

Eleanor n'eut pas à réfléchir longtemps pour faire le calcul.

— Mais votre fils a trois ans, fit-elle en pivotant sur ses talons. Vous vous êtes... fréquentés avant votre mariage ?

De toutes les questions indiscrètes qu'elle avait pu lui poser, celle-ci était sans doute la pire. Néanmoins, il lui semblait que quelque chose clochait... 

— C'est ce que tout le monde a cru, mais Anya est juste tombée enceinte très rapidement, expliqua-t-il sans se formaliser de la question. La pleine lune est arrivée environ trois semaines après notre mariage et elle ne s'est pas transformée.

Effectivement, au cours des neuf mois de leur grossesse, les louves ne prenaient pas leur forme animale. Il s'agissait en général du premier signe annonciateur de l'arrivée d'un bébé, ce qui permettait de s'en rendre compte assez tôt.

Il n'ajouta rien d'autre et Eleanor reprit sa consultation des documents. Elle songea que si Marcus ne ressemblait pas autant à son père, certains auraient pu accuser Anya d'être déjà enceinte avant leur union. Elle n'avait d'ailleurs sûrement pas dû échapper à quelques commérages. Même si sa formation de Chasseuse lui avait apporté son lot de souffrances, la jeune fille ne regrettait pas vraiment d'avoir échappé à ce mariage arrangé...

Cette conviction se renforça au fur et à mesure qu'elle ouvrait le reste des pochettes. Non seulement la vie de femme de Grand Alpha paraissait incroyablement monotone, mais en plus, Anya semblait user d'une grande rigidité d'esprit. Elle conservait les menus de chaque réception qu'elle organisait, ainsi qu'une description détaillée de la décoration. Elle prenait soin à ce qu'aucune fête ne ressemble à une autre, tout en tenant compte des préférences de chaque invité.

Ainsi, elle rédigeait des fiches mentionnant les plats préférés de tous les habitués du palais. Elle y notait aussi les aliments auxquels chacun était éventuellement allergique. Le tout était scrupuleusement classé par meutes, par places dans la hiérarchie sociale, puis par ordre alphabétique. Une telle rigueur donnait presque le vertige à Eleanor. Certes, elle n'ignorait pas quels devoirs de diplomatie devait honorer la femme d'un dirigeant, mais de là à s'attarder autant sur chaque détail...

— Vous ne trouvez rien ? l'interrogea Clark au bout d'un long moment.

Cela devait bien faire une heure qu'ils furetaient dans les papiers, en vain. Le Grand Alpha s'était assis sur la chaise derrière le bureau, occupé à lire des lettres parfaitement conservées. 

— Hormis des listes plus assommantes que des somnifères, il n'y a pas grand-chose. Votre femme se fatiguait vraiment à rédiger tous ces documents ?

— Elle prenait son rôle très au sérieux, marmonna-t-il en retirant ses lunettes pour se frotter les yeux. J'avais beau lui répéter que se donner autant de mal était inutile, elle ne voulait jamais lâcher l'affaire.

Elle secoua la tête et attrapa une énième pochette.

— Si j'avais dû vous épouser, j'aurais bien été incapable de m'occuper du quart de cette paperasse...

— Et j'aurais été assez mal placé pour vous faire des remarques. Vous avez vu l'état de mon bureau ?

Elle croisa son regard et esquissa un sourire.

— Nous aurions été les rois du rangement et de l'organisation, ironisa-t-elle. Exactement ce dont la Terre des Loups a besoin !

Il laissa échapper un léger rire et elle reporta son attention sur l'étagère. Ils poursuivirent leurs recherches en silence, toujours sans dénicher la moindre information. Pile au moment où l'écriture fine et soignée d'Anya commençait à lui donner la nausée, un morceau de papier attira l'attention d'Eleanor.

Plié en quatre, il n'était pas rangé dans un étui cartonné, mais avait simplement été glissé entre deux pochettes.

La louve se figura qu'il devait s'agir d'une simple note anodine, et l'ouvrit sans s'attendre à un miracle. Néanmoins, les mots qu'elle déchiffra manquèrent de la faire chanceler.

« Si tu as pris ta décision, rejoins-moi dehors.
Quoi qu'il arrive, je ferai ce que je t'ai dit. Ça ne peut plus continuer. »

Eleanor relut plusieurs fois ces trois phrases horriblement mal écrites, puis se tourna vers le Grand Alpha. Elle eut la surprise de découvrir son regard posé sur elle, or il baissa aussitôt les yeux vers son bureau.

— Regardez, fit-elle en s'approchant pour lui tendre le papier.

Il cligna les paupières et s'empara du morceau de parchemin. Il le fixa pendant de longues secondes, le visage impassible.

— Ce n'est rien, affirma-t-il finalement. Ne vous préoccupez pas de ça.

En dépit de ses dires, une certaine tension raidissait ses épaules.

— Quoi ? s'exclama-t-elle. Comment pouvez-vous le savoir ?

Il ne répondit pas, mais sur le bureau, un autre document retint l'attention d'Eleanor. Elle le fit pivoter vers elle, puis déchiffra rapidement les gribouillages inscrits dessus. Elle se remémora ce que Clark lui avait dit lorsqu'elle était arrivée et son sang ne fit qu'un tour.

Sans perdre une seconde, elle dégaina le poignard caché dans sa poche et se précipita vers la sortie. Tandis qu'elle s'élançait dans le couloir, elle entendit le Grand Alpha l'appeler, mais elle ne s'arrêta pas.

Elle savait qui avait orchestré le meurtre d'Anya.

Et dès qu'elle aurait mis la main sur lui, il ne représenterait plus aucune menace.

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