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63. Nous sommes arrivés


Qu'est-il arrivé à l'amirale E'ptal ? De la pêche dans les îles australes de Rems. Très clair.

Qu'est-il arrivé au grand Barfol ? Beaucoup de bonnes et de mauvaises bouteilles, donc très clair en théorie et pas clair en pratique.

Et enfin, je vous le donne en mille, qu'est-il arrivé aux solains ?

Des moutons !

Barfol, La fois où je portais la moustache


Son grand-père lui avait dit un jour : en amour comme à la pêche, souviens-toi que tu ne peux lancer ton harpon qu'une seule fois. Prends ton temps pour étudier ta cible, car tu n'as droit qu'à un seul essai. Mais il était né dans des temps moins permissifs ; E'ptal avait essayé trois fois avant de harponner le bon poisson.

À plat ventre sur les rochers, elle étudiait d'un œil attentif les eaux un mètre au-dessous d'elle. Les poissons-scie, reconnaissables à leur longue crête d'écailles tranchantes argentées, avançaient à contre-courant. Pour eux, la pêche en eaux douces avait été bonne ; après une journée de dur labeur, ils profitaient de la marée haute pour quitter les lagons et s'en retourner à l'océan.

Chacun d'entre eux traçait une ligne sinueuse dans l'eau ; elle suivait ces lignes en se cherchant une cible.

Ne parvenant pas à se décider, elle se releva et reposa son harpon, une arme familiale taillée dans une dent de baleine. Toujours bredouille, son époux se joignit à elle sur les rochers. Stella Rems se trouvait devant eux, vaste boule orangée s'en descendant dans son univers marin, qui enflammait déjà les eaux à son contact. E'ptal tourna la tête vers la plage blanche où ils avaient été pris en photo deux ans plus tôt ; en pensant à cette argentique en noir et blanc, elle dériva aussitôt vers l'Armada Magna.

Beaucoup de vaisseaux de Rems avaient été directement plongés dans l'étoile, un incinérateur puissant et définitif. Il avait toutefois fallu en garder quelques-uns pour transporter les troupes sur la planète. Pour des raisons budgétaires et des économies de carburant, les tous derniers appareils avaient été coulés dans les fosses océaniques de Rems.

En fait, sept d'entre eux se trouvaient à quelques dizaines de lieues à peine de l'île natale d'E'ptal, enfouis à dix lieues de profondeur, écrasés par la pression des fonds marins.

Un jour, elle regarderait l'océan sans plus y penser. Ce jour-là l'Armada, même pour elle, serait devenue une légende.

Même le culte de Kaldor, depuis quelques années, ne passionnait plus Rems. Ses derniers temples se vidaient de leurs adeptes, on lui préférait la déesse Orval, divinité océanique montée de toutes pièces, à tête de femme et queue de poisson, avec qui les pêcheurs se sentaient peut-être plus d'affinités.

« Tu ne me parles jamais de ton épopée dans les étoiles, E'ptal. Je pensais que quand l'armée rentrerait, ce serait le seul sujet de conversation. Au lieu de cela vous avez brûlé les uniformes et coulé les vaisseaux.

— Qu'y aurait-il à dire ? »

En rentrant de cette guerre, on ne pouvait plus voir le soleil comme un simple élément de décor. Une torche vivante, bouillonnante, furieuse, souffrante peut-être. De même, les ombres sournoises, emplies de promesses malveillantes, happaient parfois E'ptal dans des rêves inquiétants. Elle ne se sentait bien qu'à l'aube et au crépuscule, lorsque l'affrontement grandiose des forces de la lumière et de l'obscur se porte aux horizons du monde, et laisse aux êtres humains un peu de calme et de liberté.

« Nous avons vécu des choses à peine croyables, dit-elle. C'est difficile de les raconter ici. Dans dix ans, on doutera que cette Armada Magna ait jamais existé et ceux qui en sont revenus ne feront rien pour contredire les imbéciles.

— Même toi, l'amirale, toi qui as dirigé la flotte ?

— Quelle flotte ? Quand j'ai rendu mon rapport, le gouvernement y a aussitôt mis le feu. Il était content de voir ces cendres s'envoler au-dessus de la mer, tandis que la dernière frégate plongeait dans la grande fosse océanique. Ces vérités sont inconcevables. Comment raconterais-je Kaldor, le dieu-sage, Aton, le dévoreur d'étoiles, Naglfar, l'armée des morts, la bataille des omnisaures et celle des solains ? La trahison de Lazarus ? Et la nôtre ? »

Un sentiment d'amertume la gagna. Quelque chose s'était arrêté trop tôt. Les alliés d'autrefois s'étaient tourné le dos avec empressement ; les solains, qui avaient tant sacrifié à l'Omnimonde, avaient promptement disparu. Comme ce descendant d'Atrée, vainqueur des troyens, assassiné à son retour sur le pas de sa porte. Personne n'avait goûté à la gloire, personne n'avait tenu le flambeau de la victoire. Personne n'avait remporté la guerre !

« Les solains sont partis. Nous n'étions que quelques-uns à les avoir vus ; bientôt ce sera comme s'ils n'avaient jamais existé.

— Kaldor se souviendra.

— Je l'espère. Car Aton n'est pas mort. Il reviendra un jour. Dans un siècle, deux siècles, mille ou deux mille ans. »

Tout ceci avait été comme un rêve, songea-t-elle. Pour nous, les rêves s'oublient si facilement. Mais il faut qu'il demeure un phare dans cet Omnimonde privé de dieux, une vigie dans ce phare. Un jour, Aton remontera de son enfer. Il étendra de nouveau sa main vers les étoiles.

Voilà tout ce que nous dirons à nos enfants, que nos enfants passeront à leurs enfants.

Qui était-il ? D'où venait-il ? Comment a-t-il été vaincu ? Qu'importe ! Mais sachez qu'il reviendra !


***


À leur arrivée dans le système Sol T'schnitza, le capitaine Barfol prit conscience que toute sa flotte manquait de carburant. Après quelques calculs hâtifs, Segonde, l'autre capitaine, conclut qu'il leur faudrait une journée complète pour rejoindre T'schnitza.

« La poisse » commenta Barfol en constatant que toutes ses bouteilles étaient vides.

Les solains qui voyageaient avec lui virevoltaient entre le rêve et la réalité, indécis, partagés entre des impressions contradictoires. Pour certains, la victoire contre Aton signait la fin de leur chemin ; pour d'autres il ne ferait que commencer. La vie sur T'schnitza serait une autre forme de lutte.

Ils ne voulaient brusquer personne et se contentaient de se promener dans le vide spatial, rejoignant parfois Barfol et ses hommes pour discuter. À mesure qu'ils revenaient vers leurs lointaines attaches, ces flibustiers se montraient plus loquaces quant à leur histoire ; Barfol lui-même, forcé à la sobriété, commençait à mettre de l'ordre dans ses élucubrations.

Il semblait à Othon qu'il avait déjà connu le capitaine, mais il n'osait pas poser la question.

« Allez chercher Seryn, je vous montre un truc. »

Barfol débarrassa une table jonchée d'outils. Ses hommes essayaient de réparer un des compresseurs du vaisseau, qui fuyait de toutes parts. Il y avait toujours quelque chose à faire sur ces engins hors d'âge, dépareillés, aux pièces de rechange douteuses.

Il déroula une mappemonde parsemée de taches lie-de-vin, comme une obscure carte au trésor.

« Voici T'schnitza, annonça-t-il fièrement. Dans ce système, vous allez voir pas moins de quinze planètes telluriques qui se bousculent, c'est l'anarchie. Mais celle qui nous intéresse est T'schnitza. Elle subit l'influence gravitationnelle d'un petit satellite, ainsi que de sa consœur T'schou, qui s'amuse à racler ses océans lors de marées exceptionnelles.

Alors, on ne va pas se mentir, T'schnitza c'est essentiellement du désert et de la plaine à moutons. Pour résumer, vous avez quelques républiques indépendantes, une confédération de petits royautés ici. Chacun a sa spécialité, là les moutons, là les fruits à coque. Depuis peu, les gars ont inventé la navigation à voile et se passionnent pour le commerce. Ils en sont à la machine à vapeur. Autant dire que j'ai dû construire mon premier vaisseau tout seul dans mon garage.

— Je comprends mieux, ironisa Seryn.

— Bien. Ce que je vous propose, c'est un petit tour des chaumières. On vous présente aux gens, on sélectionne deux-trois voisins sympathiques, on investit une petite plaine à moutons et on y met des moutons. De toute façon, la moitié de la planète n'a pas de propriétaire.

— Notre présence ne dérangera personne ?

— Tant qu'on vous présente comme des exilés de l'espace et pas comme des mages cosmiques capables de vaporiser des étoiles. Les gens à T'schnitza sont comme les moutons. Je n'ai pas trouvé de monde où les humains sont plus gentils. Je pense que ça vient du climat. À part les marées, dont tout le monde se fiche puisque personne n'habite les côtes, il ne se passe rien. Quand il grêle un peu, c'est déjà la fin du monde. »

Barfol remballa sa carte avec des gestes soupçonneux, comme un vendeur qui vient de révéler, à son meilleur client, une affaire en or.

« Je ne prends pas de commission, indiqua-t-il. C'est tout sur les frais de la maison. Ma seule exigence, c'est que si je passe vous voir et que je suis assoiffé, vous ayez une bouteille pour moi dans le placard.

— On fera ça, sourit Seryn. Pourquoi vous donner tout ce mal, Barfol ? Vous faites encore ceci pour Kaldor ?

— C'est pour vous, les amis. J'ai une grosse dette envers vous.

— Comment ça ?

— On en reparlera, ne vous en faites pas.

— Capitaine ? intervint Segonde. On commence à voir la planète.

— Alors ? Que s'est-il passé en notre absence ?

— Rien, semble-t-il. Comme d'habitude. »

Barfol reparti, Seryn tira Othon par le bras et l'emmena à l'extérieur du vaisseau, où ils pouvaient parler librement sans être entendus.

T'schnitza s'approchait d'eux, petite boule bleue et verte, modeste et discrète à tous points de vue ; une retraite idéale aux confins de l'univers.

« Qu'est-ce que tu en penses ? demanda-t-elle.

— Je ne sais pas. Je pensais encore à Néa.

— Tu n'as rien à te reprocher.

— Pourtant ce que nous redoutions est arrivé. Et quand je l'ai vu arriver, je me suis dit qu'il n'y avait pas d'autre moyen.

— Kaldor a été trahi trois fois dans cette bataille, nota Seryn. Il a été trahi par Sol Lazarus. Il a manqué d'être trahi par Stella Rems. Mais je ne m'attendais pas à ce que Lilith le trahisse.

— Elle voulait que nous soyons réunis tous les trois. Elle voulait surtout que Néa revienne la sauver. Je ne comprends pas le pourquoi de ma présence. Servir de témoin ? »

Seryn lui répondit par un sourire gêné. Elle avait sans doute sa propre idée, mais jugeait inutile d'en dire davantage.

Othon s'assit sur un rebord de métal. Les immensités de l'espace ne lui avaient jamais paru aussi silencieuses, maintenant que Kaldor les avait laissés. Les solains ne lui en tenaient pas rigueur. Le dieu-sage leur avait beaucoup donné, il avait sacrifié lui aussi nombre de ses espoirs.

« Est-ce que tu crois que nous survivrons ? demanda-t-il. Est-ce que nous allons tous disparaître ?

— En tout cas, le reste de l'univers n'en saura rien. Nous n'avons plus aucun rôle à jouer, hormis pour notre nouveau monde. Nous sommes libres. »

Libres ! Un mot étrange pour ceux qui n'avaient cessé d'être aux prises avec les malédictions de leurs dieux, les démons de leur monde et les fantômes de leur passé.

De ce qu'ils avaient perdu sur le chemin, Othon ne pouvait même pas en faire la liste ; ce serait comme vouloir se souvenir de ses rêves. Il se souvenait d'un vieux solain nommé Wei, d'une solaine nommée Livenn, emportés par la disparition de Sol Finis. Il se souvenait de visages brouillés, de paysages flous ; Stella Medius. Il se souvenait de son ami Ikar.

C'est donc que je n'ai pas tout perdu, se rendit-il compte. Car Shani elle-même, qui a tout abandonné pour nous, a recommencé une nouvelle vie. La médiatrice de Kaldor ne saura même plus qui j'étais et qui nous étions. Quant à Seryn, elle a dû tout réapprendre de Sol Finis. C'est comme si j'étais le dernier solain d'origine.

Quant à l'Armada Magna, Kaldor, Aton, Lazarus, Rems, et même le capitaine Barfol, ils appartiendraient tous bientôt à la légende. Les humains, les solains futurs regarderaient la légende d'un œil circonspect, ils croiraient élever leur raison en refusant ce passé grandiose. Et peut-être était-ce mieux ainsi.

Pour que les solains deviennent un peuple parmi d'autres, perdu tout au bout de l'Omnimonde, oublié de tous les dieux – et de Kaldor lui-même ! – le Temps serait leur meilleur allié.

Il creuserait dans les pans de cette histoire trop lourde, comme on dégrossit le bloc d'une statue, et par de subtiles touches d'érosion, mettrait à jour le monde futur des solains.

« Regarde devant nous » dit Seryn en posant sa main sur son épaule.

Ils entraient dans l'orbite de T'schnitza. Les échos tranquilles de cette planète isolée leur parvenaient déjà. Un monde peu farouche, recevant rarement des visiteurs, mais habitué aux passages tonitruants de Barfol. Othon se risqua à un sourire. Ils avaient grandi. Libérés des Sermanéens, soutenus jusqu'à présent par leur père adoptif, ce serait désormais à eux de bâtir leur monde.

Seryn ouvrit les bras et lança dans l'espace un cri qu'ils n'espéraient plus.

Nous sommes arrivés à destination !

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