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32. Pour l'empire, contre l'empire


(1700 mots)

Après deux siècles sous le commandement de Justitia et soixante ans sous celui d'Aton, les forces armées de l'empire offraient une étonnante disparité.

La garde prétorienne constituait les deux tiers de ces forces. Il s'agissait d'une sorte de police militaire et politique placée sous l'autorité du Sénat. Les prétoriens, de plus souvent des patriciens de rang moyen, s'engageaient par calcul, faute d'avoir pu accéder au statut de fonctionnaire de l'empire ou à la questure. Ils disposaient de garnisons sur chaque planète et dans chaque capitale coloniale. Amor comptait par exemple plus de vingt mille gardes prétoriens.

Les prétoriens, par leur nature, étaient attachés à une terre en particulier. Mais pour assurer l'expansion de l'empire, sa cohésion et la capacité d'intervention du Sénat sur toute planète, les Légions étaient nécessaires. D'abord dévolues à la protection des transports intersystème et des fonctionnaires impériaux en voyage, elles devinrent bientôt le couteau suisse de l'empire. On décida de n'embaucher que les volontaires. C'étaient des hommes sans attache sur leur monde d'origine, plus désireux de s'enfuir de leur condition misérable que d'assurer la gloire de l'empire – ce qu'ils firent pourtant avec le plus grand sérieux.

La popularité croissante des Légions irritait les prétoriens. Il faut dire que, malgré les grands efforts entrepris pour redorer leur image, ces derniers maintenaient l'ordre de fer et de bronze de Justitia, puis d'Aton, procédaient aux arrestations arbitraires et aux mises à sac des provinces ayant refusé de payer l'impôt.

Pour la plèbe, invisible mais essentielle à la puissance de l'empire, le Sénat, Aton, les prétoriens ne représentaient rien. Seule les Légions incarnaient encore un idéal. L'empire devint ainsi mûr pour son effondrement.

Caelus, Histoire de l'Omnimonde


« Mauvaise nouvelle, consul, dit le pilote. Ils ont deux hangars ouverts, mais c'est déjà occupé. »

Vue du centre, l'Arx se révélait creuse. Les différentes unités de tir et les baies d'appontage étaient reliées à la structure centrale par des forêts horizontales d'acier, des barres ou circulaient l'eau, l'électricité, l'équipage. Les systèmes critiques avaient été rassemblés au centre, notoirement difficile d'accès, hormis pour de misérables navettes comme les leurs.

« On n'aura pas l'occasion de faire un deuxième tour. Ils nous ont vus et je n'ai pas assez de jus pour éviter efficacement leurs tirs. Il suffit d'un rien. »

Les hangars centraux se situaient au bout d'une tour haute et lisse.

« Vous pensez à une sortie dans l'espace ?

— Est-ce qu'on a assez de combinaisons ? »

Catius se hasarda à un regard vers ses troupes. Seule la moitié des hommes avaient des casques. C'était ça ou rester sur la canonnière pilonnée.

« Ce n'est rien, dit-il. Nous le ferons en deux fois.

— Nous sommes une cible trop facile.

— Alors descendez à la base de la tour. Une fois à la surface, nous serons dans l'angle mort de leurs canons.

— Entendu. »

Un choc brutal ébranla la navette et les tira vers le haut. Leur manœuvre périlleuse avait consommé une bonne part de leur carburant et le pilote se montrait économe, quitte à secouer ses occupants.

« Où allez-vous ? demanda Catius en les voyant dériver sur le côté.

— Il n'y a rien à la base des tours. Tous les sas manuels sont situés dans l'espace entre les différentes unités. »

Un gouffre apparut sur leur gauche. Les tuyaux, les barres d'acier et les câbles de la mégastructure qui connectaient les deux bords semblaient jetés au-dessus du vide ; au loin, les nuages et les océans de Neredia figuraient le fond brumeux d'un canyon.

« M'étonnerait qu'ils savent où nous sommes. Ce doit être la panique dans la forteresse. »

Le pilote fit glisser son vaisseau avec douceur le long de la paroi métallique. Il se stabilisa entre deux grands chiffres peints, comme une fourmi voyageant sur une tablette cunéiforme. Une autre vibration.

« J'ai collé mon électro-aimant de sécurité à la surface. Il devrait y avoir un sas de maintenance pas loin.

— Allons-y » ordonna Catius.

Ils tendirent deux cordes dans l'espace et cheminèrent un par un, comme les perles sur un boulier. Ce fut le moment que choisirent les questions pour secouer son esprit. Entre lui et le centurion Septus, qui combattait pour l'empire et qui contre l'empire ? Celui qui s'opposait au Sénat et au dieu-soleil, ou celui qui s'apprêtait à raser une partie d'Amor ?

À moins que cette contradiction obtuse provienne d'une faute de logique : qu'entendait-on par l'empire ?

Catius découvrait, bien qu'un peu tard, que tous les sophismes politiques ont la même origine : le glissement des concepts.

Sur la papier, la foule plébéienne, même grondante de violence, représentait la majorité de l'empire. Dans l'esprit des sénateurs, elle ne comptait pas, de même qu'on disait « je suis seul » entouré de ses domestiques, car ils n'étaient pas vraiment là.

Une alarme retentissait déjà dans les couloirs de service lorsque le groupe de Catius y fut reconstitué. Les derniers arrivés ôtèrent leurs combinaisons spatiales : leur entreprise exigeait de la rapidité et de l'agilité.

« Les autres groupes ont des objectifs annexes, indiqua le consul. Nous devrions être deux à converger vers la salle de commandement. Impossible de savoir qui arrivera le premier, ni si nous serons interceptés par des prétoriens. »

Il vérifia le commutateur de son bouclier, sans l'allumer pour économiser la batterie.

« Nous ferons ça uniquement au glaive, par mesure de discrétion. N'infligez aucune blessure mortelle, sauf si vous n'avez pas le choix. Aujourd'hui, c'est l'empire qui affronte l'empire. Je ne prétends pas posséder un suprême sens moral, peut-être que tout ceci est une erreur. Mais cette forteresse ne frappera pas Amor. »

Leurs pas résonnèrent sur les grilles métalliques des coursives de service. Hormis les alarmes encore actives et les compresseurs ronronnants qui maintenaient la pression atmosphérique, cette partie de l'Arx était vide. Ils contournèrent une baie de stockage, dont les portes avaient été verrouillées. Le pilote prit rapidement la tête ; il semblait connaître mieux que Catius les plans génériques des Arx. Le groupe s'arrêta en bas d'un escalier assez étroit.

« Dix étages au-dessus de nous. »

La gravité artificielle de l'Arx était largement favorable aux légionnaires, habitués de planètes parfois plus massives que Neredia. Ils montèrent les marches sans effort jusqu'à une porte de service pressurisée. Catius examina le panneau de contrôle. Détectant une pression habituelle des deux côtés, la porte accepta de coulisser dans un dégagement de vapeurs. Les glaives sortirent sans bruit de leurs fourreaux et dansèrent dans le brouillard comme les étoiles à la surface d'un lac.

Catius fit un geste, la troupe se déploya dans le couloir telle un vol de faucons. Deux prétoriens, dix mètres plus loin, battirent en retraite. Des balles rebondirent contre les cloisons métalliques. Catius reçut des gouttes de sang sur le visage et dans l'œil ; le légionnaire à sa droite était déjà tiré en arrière. Il accéléra ; les prétoriens avaient reculé jusqu'à une porte encore ouverte, qu'ils cherchaient sans doute à verrouiller. Ils jetèrent leurs fusils et dégainèrent des glaives d'acier. Le consul écrasa son pied dans l'estomac du premier, repoussa l'assaut du second et entailla son bras au niveau du coude, juste sous la plaque de métal protectrice. Il lui arracha l'arme de la main et la planta dans l'encadrement de la porte, bloquant son engrenage.

La salle de commande de l'Arx était vaste, à la mesure de la forteresse. Des vitres blindées offraient à ses occupants une vue panoramique sur cinq de ses sept branches. Au centre, un haut gradé encerclé de moniteurs, de cadrans et d'opérateurs se mit à crier des ordres. À la voix, Catius reconnut le centurion Septus.

Les prétoriens ne savaient pas se battre dans un environnement confiné, pas aussi bien que la Troisième Légion, qui avait accumulé de l'expérience lors de sa dernière campagne. Catius repoussa les hommes deux par deux, jouant des poings et des pieds, tailladant les poignets pour désarmer d'un coup.

Un prétorien surgit par l'arrière ; dans un réflexe salvateur, Catius retourna le glaive. Il entra entre deux côtes, tout près du cœur. L'homme hoqueta et cracha du sang. Une artère pulmonaire devait avoir été touchée. Celui-ci ne survivrait pas.

Encerclé de légionnaires, le centurion rendit les armes, non sans les agonir d'injures et de malédictions. Catius chercha la radio tandis que ses pilotes et techniciens prenaient déjà position dans la salle, que l'on vidait de ses blessés.

« Ils n'ont pas tiré, lui souffla-t-on. Pourtant ils auraient eu le temps...

— Centurion Septus ! éclata le premier consul. En vérité, nous vous avons servi de prétexte. Je vous entends d'ici, prétendre que vous ne pouvez pas faire feu sur les cibles demandées, parce que l'Arx est assiégée. Vous avez refusé d'obéir aux ordres, vous aussi !

— Certainement pas, blêmit le prétorien, pour qui il s'agissait là d'une insulte plus grave encore que toutes celles qui venaient de salir sa bouche.

— Cette lutte était donc inutile. Vous saviez que les ordres étaient mauvais. »

Le premier consul alluma la radio.

« Catius Decius Flaminius, déclara-t-il dans une voix déformée par les haut-parleurs. J'ai pris le contrôle de cette forteresse. Dorénavant, cette garnison est placée sous mon commandement. Toutes les séquences de tir prévues doivent être abandonnés. Aucun canon thermo-cinétique ne sera pointé vers Neredia.

— Reste à savoir s'ils suivront cet ordre, nota un légionnaire.

— Ce qu'il faut surtout savoir, c'est combien de temps il nous reste avant que les prétoriens nous délogent d'ici. Septus, combien de vaisseaux sont à quai sur l'Arx ?

— Un... un seul, consul. »

Vidé de toute énergie, le regard vague, Septus avait abandonné la bataille.

« Quel tonnage ? De quoi s'agit-il ?

— Un croiseur léger Virgo.

— Eh bien, va pour un croiseur Virgo. Une ou deux heures devraient suffire pour amarrer.

— Où allons-nous, premier consul ? se risqua à demander le pilote.

— Excellente question, il est vrai. Où aller ? Je crains qu'Aton et le Sénat ne veuillent plus de nous. Il ne nous reste plus qu'à plonger dans l'inconnu.

— Quitter l'empire, consul ?

— Quitter l'empire, pour défendre l'empire ! » s'exclama Catius.

L'ironie de cette situation lui arracha un éclat de rire. Le centurion Septus l'observait avec des yeux exorbités, certain de faire face à un fou.

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