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30. Le soulèvement

(1800 mots)

L'empire vaut-il la mort de dix mille innocents ?
L'empire vaut-il la mort de cent innocents ?
L'empire vaut-il la mort d'un seul homme ?

Kaldor, Principes


Le sénateur Lucius Maximus Eschillus, fatigué par son travail, s'autorisa une brève pause. Il se leva de son bureau, fit quelques pas, but une tasse de citronnade, profita de la vue imprenable sur Amor que lui offrait le balcon du Sénat.

Toute la journée, il n'avait fait que rédiger des ordres et des comptes-rendus d'arrestation. La mort de Thaddeus avait pris par surprise le clergé d'Aton et une petite fraction des prêtres avait cru pouvoir en tirer quelque profit, voire, renverser le Sénat à cette occasion. Ils n'avaient pas eu le temps de sortir de leurs maisons, la garde prétorienne les attendait déjà. Lucius avait dressé depuis longtemps la liste des conspirateurs potentiels.

L'empire entrait dans une phase critique de son existence, c'était évident, et d'ici la résolution de ces intrigues galactiques – la grande guerre d'Aton, la grande expansion promise, l'annexion de nouveaux territoires et la pacification des colonies agitées, Lucius officierait d'une main de fer pour garder l'ordre dans le microcosme politique d'Amor.

Tel était son rôle, qui dédoublait parfaitement celui de Catius.

Lucius était un homme honnête. Fidèle à ses valeurs, il ne se mentait jamais. Il n'était pas hypocrite, seulement ignorant.

Le jeune sénateur Ab Actis s'étonna de la colonne de fumée qui séparait en deux le ciel bleu d'Amor. Il crut à quelque aberration optique, ombre nuageuse ou poussière dans son œil gauche qui aurait tôt fait de se disperser. Mais la fumée se densifiait, s'incrustant dans le paysage, telle un ami collant dont on ne peut plus se débarrasser une fois qu'on a remarqué sa présence.

Lucius appela ses secrétaires, dont certains avaient de meilleurs yeux que lui. C'est la prison Septima qui brûle, répondirent-ils.

La prison brûlait ! Lucius n'était pas assez naïf pour croire à un hasard, alors que se trouvaient là-bas de nombreux hommes de Tivan attendant leur exécution différée. Il traversa en trombe les couloirs du Sénat, ordonnant de voir le commandant de la garde prétorienne, ou au moins, de lui parler par radio.

Quelques minutes plus tard, une des garnisons de prétoriens brûlait, bien plus proche. La fumée s'abattait sur le Sénat par gros bouillons, obligeant les hommes à battre en retraite de leurs fenêtres ouvertes et de leurs balcons. Des cendres tombaient dans les jardins du Sénat, colorant les vasques d'eaux claire ; la toge de Lucius sentait déjà la fumée.

Évidemment, Catius, le meilleur homme de l'empire, était en déplacement et n'avait pas donné de date de retour !

On lui dit qu'un centurion des prétoriens se trouvait peut-être à l'entrée du bâtiment. Lucius s'y rendit en courant, mais il fut arrêté net par un cordon de soldats aux armures déjà noircies de suie. La première fumée n'était visible que depuis une heure, mais une des tours de la prison s'effondrait déjà, toute la charpente en bois s'étant consumée. À Amor, ville ensoleillée et sèche, les incendies faisaient des ravages.

« Je dois sortir d'ici, dit Lucius, qui se sentait soudain pris au piège du Sénat. Je suis le sénateur Ab Actis, laissez-moi passer.

— Le Sénat est l'un de leurs objectifs, indiqua un prétorien. Ils vont venir par ici. Vous devez vous barricader à l'étage. »

Il entendit des bris de verre et de bois. Les prétoriens vidaient les bureaux les plus proches, jetaient les meubles de l'étage et les empilaient devant l'entrée du bâtiment, en haut des quelques marches de marbre.

« Que se passe-t-il ? Expliquez-moi !

— Une foule de plébéiens a mis le feu à la prison et à la garnison que vous voyez là-bas. Ils sont bien coordonnés et bien armés. On pense que des espions kaldariens se cachent parmi eux. Il paraît aussi que Tivan est à leur tête.

— Certainement pas ! Il est mort sous les yeux de dix mille citoyens. Qui serait assez stupide pour croire une chose pareille ?

— Ils crient que Tivan est ressuscité par un pouvoir plus grand que celui d'Aton. »

Un tremblement parcourut Lucius. Il n'ignorait pas que la guerre d'Aton avait pour but de renverser d'autres dieux, Kaldor le premier. Mais cela lui avait toujours semblé métaphorique, de même qu'il ne prenait pas le culte du dieu-soleil au premier degré. Les forteresses spatiales situées des deux côtés de la planète devaient permettre de protéger Neredia contre toute agression extérieure ; en leur présence rassurante, il avait exclu que ces dieux lointains viennent perturber le quotidien tranquille d'Amor.

« C'est une rébellion kaldarienne, déclara-t-il, contribuant ainsi sans le vouloir à propager la rumeur.

— Montez à l'étage, dit le prétorien. S'ils arrivent ici, on ne pourra pas vous protéger.

— Êtes-vous assez nombreux ?

— Nous sommes plus nombreux, mais dispersés. Une fois qu'on aura bien cerné où ils attaquent, nous les repousserons de manière efficace.

— Entendu. Empêchez-les d'entrer dans le Sénat et je vous ferai centurion.

— Hum... sénateur... je suis centurion.

— Vous passerez en première classe, alors » corrigea Lucius.

À l'étage, des fusiliers avaient brisé les vitres et pris position à chaque ouverture. Une poignée de sénateurs se trouvaient réunis ici. Faute de mieux, ils se laissaient aller à des suppositions ; Lucius se joignit à eux.

« Ne trouvez-vous pas l'absence du premier consul troublante ? avança le sénateur Ancillus, remarque d'autant plus ironique qu'il avait fait l'éloge de Catius quelques jours plus tôt.

— Qu'entendez-vous par là ? intervint Lucius.

— Rien de plus que je n'ai dit. Il est de notre rôle de formuler des hypothèses et des extrapolations.

— Je n'aime pas la tournure de vos extrapolations, Ancillus. Vous sous-entendez que Catius, à peine revenu de campagne et bombardé consul, serait de mèche avec les plébéiens révoltés. Écoutez-vous !

— Oh, grand bien me fasse, ce n'est pas ce que j'avais en tête. Non, mais peut-être que Catius a un autre plan en tête, voilà tout.

— Le Deus Imperator lui-même l'a envoyé en mission.

— Oui, une mission secrète dont nul ne sait rien... sinon le Deus... et Catius. Mais cela ne veut rien dire, Lucius. Ou bien je divague, ou bien Catius savait déjà que cette révolte aurait lieu, et il s'est mis dans la meilleure position pour servir l'empire.

— C'est-à-dire... ? »

Ancillus pointa un doigt vers le plafond.

« Notre garde prétorienne est certes brillante, mais ce sont des muscles humains, des lames d'acier et quelques pétoires discutables. Toute la puissance de feu de l'Imperium se trouve en orbite de cette planète. Les deux Arx Imperii en état de marche auraient de quoi anéantir Amor en une heure.

— Vous pensez que Catius va frapper les rebelles depuis l'espace ?

— Pourquoi pas ? Ce serait une manœuvre risquée, audacieuse et courageuse : exactement les qualités que nous lui avons reconnues. »

Des cris résonnèrent en contrebas. Le premier étage s'emplit des détonations des armes et de l'odeur de poudre. Plus athlétique que ses collègues, Lucius les laissa en peine dans les escaliers et monta de plusieurs étages. La fumée avait pénétré partout, à croire que le Sénat lui-même était en feu.

Il s'inquiétait modérément pour la sécurité d'Eucher. La garde prétorienne dans le quartier des patriciens était abondante et bien positionnée ; au vu de l'emplacement de la maison du consul, ils n'auraient aucun mal à exfiltrer son enfant. En revanche, le Sénat lui paraissait compromis. Lucius se voyait déjà obligé de redescendre et de parlementer avec les rebelles. Peut-être pouvaient-ils parvenir à un arrangement. S'il suffisait de baisser les impôts de dix pour cent et d'organiser une distribution de pain, pourquoi en arriver à de telles extrémités ?

Il passa la tête à travers une lucarne du cinquième étage. Un tourbillon de fumée l'empêcha de voir. Tivan devait se trouver parmi eux ? Mais Tivan était mort ! Et Lucius n'avait jamais entendu parler d'un dieu, ni Aton ni un autre, qui aurait ressuscité un mort.

Il entendit des détonations plus proches, au deuxième ou au troisième étage. Si les rebelles avaient mis la main sur des boucliers de combats, le champ inertiel les protégerait contre les balles ; au final, le glaive était déterminant sur le champ de bataille. Fort à propos, en fouillant dans le bureau abandonné d'un questeur, Lucius dénicha une lame de bronze.

Le silence revint aux étages inférieurs. Lucius avança à pas de loup, inquiet de trouver face à lui une foule hurlante armée de fourches, ou quelques prétoriens essuyant leurs lames rougies. Il buta sur des corps des deux camps. Des gardes adossés aux murs reprenaient leur souffle. Le centurion était introuvable.

« Est-ce que l'un d'entre vous a une radio ? Un moyen de contacter le commandant de la garde ?

— On pense qu'il est mort dans l'attaque de Septima, expliqua un prétorien ruisselant de sueur, qui venait de retirer son casque.

— Savez-vous si les assauts sont terminés ?

— Oh, non, nous reprenons à peine l'avantage. »

Le sénateur Ancillus apparut en haut des marches, qu'il descendit une par une, par petits bonds, en évitant les corps – les bons hommes politiques d'Amor étaient habitués à la vue des cadavres.

« Je viens d'avoir le centurion Septus, de l'Arx qui est au-dessus de nous. Apparemment, les insurgés sont retranchés dans les environs de la prison, j'ai demandé au centurion de procéder à une frappe orbitale avec leur meilleur canon.

— Vous plaisantez, Ancillus ! Ces canons sont faits pour percer des blindages de milliers de tonnes et briser les vaisseaux en deux ! Un seul tir pourrait réduire le quart d'Amor en poussière !

— Je lui ai demandé de régler la force du tir au minimum, il m'a assuré que c'était possible.

— C'est une très mauvaise idée.

— Lucius, vous savez comme moi ce qu'est un empire comme le nôtre. Quoi qu'il arrive, la rébellion sera matée. Il en va surtout de notre crédibilité. L'avenir de l'Imperium se joue dans les méthodes employées. Les ennemis de l'empire ont réussi à frapper au cœur de notre capitale ; à notre tour de montrer ce dont nous sommes capables. Si le peuple nous juge trop faibles, il y aura une deuxième révolte dans quinze jours, et la moitié des colonies réclameront leur indépendance.

— Catius aurait refusé une telle folie.

— Au contraire. Votre ami Catius sait que l'usage de la force est nécessaire. De toute façon, il n'est pas ici.

— Combien de victimes ferait une telle frappe orbitale ?

— Entre dix et quinze mille, je pense, dont les deux cent insurgés et tous ceux qui soutiennent leur entreprise.

— C'est beaucoup trop. C'est une folie !

— Vous vous répétez, Lucius » remarqua le sénateur, comme si cela rendait automatiquement son opinion caduque.

Effrayé, le jeune Senator Ab Actis entreprit de remonter l'escalier.

Quelques conspirateurs exécutés, passe encore. Pour la sécurité de l'empire !

Deux cent, cinq cent plébéiens vaporisés, nécessaire, pour la sécurité de l'empire !

Mais la sécurité de l'empire ne valait pas dix mille innocents.

Lucius venait de trouver ses limites.

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