Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

28. Le Collecteur


(1500 mots)


Othon aurait pu marcher, invisible, dans les pas de Catius. Il aurait même pu s'installer en périphérie de ses pensées, parasite souple et discret, en attendant que le consul le transporte jusqu'à Naglfar.

Mais il n'était pas certain des réactions du Collecteur ; Néa, Seryn et Kaldor pas davantage. Le demi-dieu l'aurait-il vu venir de loin ? Aurait-il aussitôt tué Catius, les légionnaires et ordonné à Naglfar de vaporiser la canonnière ? Certainement. En mauvais servant, le Collecteur aurait préféré faire disparaître toute trace de la découverte et cacher à Aton que son secret s'était éventé.

Le plus simple était de suivre Catius sans le suivre ; d'attacher à lui un Arc, comme un fil d'Ariane. Pour demeurer indétectable, cet Arc devait être un lien ténu, capable de transmettre peu de vibrations, peu d'informations. À peine de quoi savoir si Catius était en danger de mort ou non. En d'autres termes : si Catius pensait à son fils Eucher.

En remontant cet Arc, en entrant dans l'univers de Naglfar, la première forme sur laquelle se focalisa son esprit fut Lilith.

Néa avait raison. Elle se trouvait ici.

Kaldor n'avait pas encore décidé de la méthode qui leur permettrait de détruire Naglfar. Il faudrait ajouter Lilith à l'équation. Informé par les vibrations des Arcs, Othon comprit que la proximité de ses ennemis jurés excitait les ressentiments de Naglfar et que cette folie meurtrière se déversait aussitôt dans l'esprit torturé de Lilith.

Il devait porter le combat au plus loin possible afin de limiter ses effets sur la solaine emprisonnée.

Il n'avait aucun moyen de la sauver maintenant.

Othon émergea dans une explosion violacée, avec la douceur d'un coup d'épaule dans une porte, qui laissa dans l'espace des failles transparentes en dégradés de rouge. Le Collecteur se trouvait devant lui ; il envoya une onde locale qui pulvérisa la forme physique de son bras.

« Partez, ordonna-t-il à Catius. Prenez vos hommes et rejoignez Neredia. »

Le consul ne protesta pas. Libéré de l'étreinte mortelle, il se laissa glisser sur le côté, prit un blessé sur l'épaule et se tailla à coups de couteau un chemin dans l'unique accès à la pièce, qui se refermait déjà.

« Oh, voyez-vous cela » dit le Collecteur, désormais indifférent aux hommes en fuite.

Des gouttes bleues suintaient de son épaule ouverte, demeurant en suspension dans l'air.

« Vous auriez dû le laisser mourir. Aton saura tout. Il déplacera Naglfar et lui ordonnera de frapper plus tôt ; vous avez perdu votre seule chance de sauver Lilith. Car vous faites bien tout cela pour elle, n'est-ce pas ? Vous avez pu pénétrer dans la structure de Naglfar, car il n'est pas actif, sa peau n'est pas encore scellée ; c'est donc votre dernière chance de le détruire et vous vous y refusez !

— Je ne pense pas être en mesure de détruire ce vaisseau.

— Mensonge ! Il suffit de briser le cristal sous mes pieds. Lilith sera anéantie. Seulement, elle connaîtra d'impossibles tourments. Vous avez pitié d'elle. »

Le Collecteur désigna la solaine emprisonnée de son bras valide.

« Voyez ! Voici la pilote de Naglfar. Si elle meurt, Kaldor survivra. En quoi cette décision est-elle difficile ? La vie d'un de ses servants, contre la sienne ?

— Je n'ai pas le temps de parler » déclara Othon.

Il prit le Collecteur dans une toile d'Arcs et l'emmena à l'extérieur. La peau artificielle de Naglfar était doublée d'une maille d'Arcs à toute épreuve, imperméable à de tels transferts d'énergie et de matière. Ce n'était pas le cas de l'aiguille de métal par laquelle Catius était arrivé. Ils traversèrent sa paroi et flottèrent quelques instants dans le vide spatial.

Le Collecteur, méprisant sa blessure, fit le geste d'attraper quelque chose sur une étagère qui se serait trouvée derrière lui. Une lance de verre doré surgit dans sa main. En collectionneur d'esprits de toutes natures, il possédait de vastes ressources.

« Je vous ai ramassés sur la terre de Stella Ostium. Je vous ai tenu dans mes mains alors que vous étiez réduits à d'insignifiantes pépites de lumière. Que ne vous ai-je aussitôt écrasés dans mon poing !

— Vous agissiez ainsi sur demande de Kaldor.

— Kaldor ! Je ne veux plus entendre ce nom ! »

Sur ordre du Collecteur, la lance traversa l'espace, matérialisant une onde capable de désintégrer la matière – donc le corps d'Othon. Le solain se protégea d'un maigre bouclier ; l'arme dévia de sa course, passa tout près de lui et s'écrasa dans l'arête de métal. Des débris d'acier projetés manquèrent de heurter la navette impériale qui récupérait les hommes de Catius.

L'apercevant, le Collecteur se saisit d'une plus grande quantité de lames, qu'il jeta dans toutes les directions. Othon les bloqua par des boucles locales – il ordonnait à l'espace de prendre fin, rendant tout mouvement caduque.

Des fouets d'Arcs claquèrent autour de lui. Le Collecteur compensait sa faible magie par sa vitesse et sa réactivité. Othon sentit une corde se refermer sur son poignet ; il fut tiré en avant, manquant de s'écraser sur la surface de Naglfar.

Il s'arrêta à quelques mètres du sol. Des geysers de matière grumeleuse surgissaient sous ses pieds, cherchant à l'attraper et le dissoudre, tandis que la pluie métallique de la tour éclatée se poursuivait derrière lui. Retournant la corde contre son adversaire, il tira un coup sec. Le Collecteur fut propulsé vers l'avant, dans la trajectoire d'une barre de métal brisée de plusieurs mètres de longueur, qui le traversa au niveau du ventre. D'autres gouttelettes bleues apparurent, mais malgré ce trou béant, le Collecteur s'accrochait toujours au monde des vivants.

Othon doutait qu'il s'agît là d'un véritable corps.

Il coupa les fouets d'Arcs et se dédoubla. Le deuxième Othon, en tous points semblable à lui, était même ignorant de sa nature artificielle.

« La fortune sourit aux audacieux » déclara le Collecteur.

Ils échangèrent quelques passes d'armes, mais le dieu mineur avait une autre idée en tête. Il rafla d'une main avide toutes les âmes rangées sur leurs étagères invisibles ; une armée de fantômes prit vie, qui se rua sur les deux Othon.

C'était de cette matière que le Collecteur avait nourri Naglfar jusqu'à lui donner sa volonté propre, écrasant celle de Lilith, son réceptacle. Ces êtres incorporels, formes astrales visibles seulement par des mages d'Arcs, faisaient écho dans sa mémoire aux hordes de démons qui avaient envahi Sol Finis.

Parmi eux se trouvaient de fiers guerriers récoltés sur les champs de bataille, hommes puissants et résolus, en armure de plates, de cuir, nus même, armés de fer et de bronze, dévots de la gloire militaire. Inconscients d'être déjà morts, ils croyaient toujours rejouer la bataille qui les rendrait invaincus et immortels. Ceux-là étaient la pointe de la lance, la lame affûtée qui frapperait Kaldor au cœur.

Derrière les guerriers venaient les esclaves, morts anonymes, féroces de n'avoir jamais rien possédé ni protégé, pas même leur nom. Ils formaient une troupe cent fois plus nombreuse. Conscients d'être morts chargés de regrets, ils méprisaient les vivants et, plus que tout, les dieux, qui n'avaient pas répondu à leurs appels. Ceux-là étaient la hampe de la lance, une foule forte de son nombre, dont la haine coulait comme un feu dans les veines de Lilith.

Enfin, les magiciens, anciens occultistes d'Arcs, avides de pouvoir, prêts à se ranger dans n'importe quel camp, du moment qu'on accède à leurs demandes. Ils luttaient entre eux comme des chiens à la curée ; on leur avait promis qu'une fois Kaldor vaincu, Lilith serait à eux, un vaisseau pour – enfin – arpenter la réalité, de nouveau !

Les démons de Sol Finis étaient de telles âmes, comprit Othon. Des humains et des cousins d'humains, de tous lieux et de toutes époques, semblables à ceux-ci ; des souvenirs qui avaient refusé de disparaître, et dont le ressentiment infusait dans la réalité et empoisonnait des vivants.

Le solain mit fin à son double. Être deux ne suffisait pas pour vaincre une armée, il fallait être mille ou seul ; une armée ou un héros. En premier lieu, il traça un tunnel dans l'espace, traversa l'armée en marche et donna au Collecteur un coup fatal.

Puis il refusa de fuir.

La horde convergeait sur lui comme une tempête, ombres parmi les ombres, dont les lames à peine visibles pouvaient à tout instant lui transpercer le dos. Il apporta la division parmi ces hommes déjà morts, fit naître des surfaces arbitraires sur lesquelles s'écrasait leur charge folle, fracassa ces squelettes ambulants contre des miroirs, les força à se combattre eux-mêmes.

Les solains n'avaient rien à craindre de l'ombre ! Tous ces démons, ils les avaient déjà vaincus.

Victorieux, Othon traversa le système en direction de Neredia, espérant qu'Aton n'aurait pas eu vent de la mort du Collecteur.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro