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27. Le cœur du monstre


(2100 mots)

Un sage a dit : tout peut devenir une arme.

Anonyme


L'ascenseur ralentit et son sifflement prit fin. Au cours de la descente, l'air avait gagné une odeur de carbone et de soufre. Une inquiétude palpable prenait racine parmi les hommes de Catius.

« J'ai ordre de ne laisser ici aucun survivant, dit le consul. Je ne sais même pas si je dispose d'assez de forces pour cela.

— Oh, si, largement, évacua le Collecteur. Dix hommes, vous avez très bien fait. Si vous aviez besoin de prévoir davantage, Aton vous l'aurait dit. »

Une dernière porte s'ouvrit et le tunnel de métal fit place à un boyau creusé dans la pierre. Cette transition brutale confirma l'hypothèse de Catius : les aiguilles étaient des voies d'accès qui ne faisaient pas partie de Naglfar.

« Quel genre d'arme est-ce donc ? tenta le consul. Comment fonctionne-t-il ? De quel équipage a-t-il besoin ?

— Ce vaisseau n'a besoin que d'un seul pilote. »

Le Collecteur marchait en terrain connu. Il les dépassa bientôt, faisant de grands gestes de la main pour leur indiquer de le suivre. L'air s'alourdissait d'une puanteur infecte et les corridors, de plus en plus étroits, ne leur inspiraient pas confiance.

Catius cogna par mégarde son coude dans le mur et il s'y enfonça ; ce n'était pas de la pierre, mais une matière organique souple.

« Ce vaisseau est une forme de vie, s'exclama-t-il.

— Oh, oui, dit le Collecteur. C'est très important. Le roseau est plus résistant que l'arbre, dit le dicton ; il ploie mais ne se rompt pas. Si une bombe à fusion éclate à sa surface, Naglfar cicatrisera bien vite. Si une foreuse tente de traverser sa peau, il la dévorera.

— Et les portes d'accès ?

— Les aiguilles de métal n'ont pas été plantées ; elles faisaient partie de la structure, Naglfar s'est construit tout autour. Une fois totalement réveillé, il les rejettera. Il sera alors impossible d'accéder à l'intérieur. »

Le Collecteur posa la main sur la paroi.

« Cette science, Aton la tient d'un autre dieu, qui se nommait Varuna et qu'il a dévoré en arrivant dans l'Omnimonde. Il a beaucoup appris sur le maniement de la vie, en tant qu'outil – donc en tant qu'arme. Vous aussi, vous êtes des formes de vie, des sujets, des servants et des armes entre les mains d'Aton – mais Naglfar a été optimisé pour cet usage.

— Il n'y avait donc pas d'ouvriers sur ce chantier, comprit Catius.

— Oh, non, pas besoin. Il suffisait juste d'une seule personne.

— Le pilote. Où est-il ?

— Où est-elle, vous voulez dire. Je vous y emmène justement. »

Le boyau déboucha sur un laboratoire en désordre. Des fioles aux couleurs variées, des instruments d'expérience, des couteaux, des électrodes. Un fond de puanteur émanait de bacs remplis d'une eau souillée et stagnante, où flottaient parfois des débris organiques en putréfaction. Mais les murs avaient déjà avalé une partie de la pièce, coulant autour des meubles, des ustensiles et des fioles. Une fois complet, Naglfar n'aurait plus besoin de ces couloirs.

Comment fonctionnait-ils ? Quelles armes Aton pouvait-il avoir caché dans ce monstre stellaire ? La question taraudait Catius ; il craignait de se trahir en la posant de but en blanc au Collecteur. Il ne faisait pas le poids face à cet individu, ce demi-dieu mage d'Arcs.

« Naglfar vous impressionne, mais tout ceci n'est qu'une façade. Le vaisseau n'est rien sans sa pilote.

— Vous dites « elle » alors que tous les pilotes de l'empire sont des hommes.

— Oh, c'est vrai. Voyez-vous, il ne s'agit pas de quelqu'un de l'empire. Les habitants de l'empire sont des humains. Un humain n'aurait pas suffi. Je ne dis pas cela contre vous, consul. Physiquement, vous êtes d'une force honorable, votre intelligence se situe bien au-delà de la moyenne impériale, mais votre esprit manque d'une certaine... ampleur... nécessaire.

— De qui s'agit-il ?

— Elle se nomme Lilith. C'est une personne admirable.

— Une autre servante d'Aton, comme vous et moi ?

— Oh, presque. Il a fallu la convaincre. »

Leur chemin interminable pouvait prendre fin à tout instant. Le boyau ne cessait de bifurquer au hasard et de se rétrécir, comme si Naglfar jouait avec ses visiteurs. De temps à autre, le Collecteur tapotait la surface, comme pour en tester la solidité.

« Savez-vous, consul Catius Decius Flaminius, une grande ère s'apprête à prendre fin : le temps de Kaldor. Un rival est apparu : Aton. Mon rôle dans cet histoire est limité, oui, très limité. Je ne suis qu'un petit dieu. Une divinité mineure. Je n'ai pas un très grand pouvoir. J'ai un domaine d'expertise, voilà tout. Je trouve, je collecte et je transforme des choses de nature spirituelle. Les âmes, les esprits, sont pour moi semblables à des joyaux. Je suis un artisan dans ce domaine. Aton est un être puissant, mais ses manières sont parfois... hmm... rustres. Voilà pourquoi il a besoin d'experts tels que moi. Ou tels que vous, lorsqu'il s'agit de stratégie militaire.

— Ou Lilith, pour prendre les commandes de son arme.

— Oh, oui, c'est cela. Naglfar est une arme conçue pour abattre un dieu : le grand Kaldor en personne. Ce qui n'est pas facile, oui. Pour anéantir un dieu, il faut être soi-même un dieu. La puissance actuelle d'Aton n'est pas suffisante pour ce... hmm... combat. D'où l'importance de Naglfar.

— Quel sera mon rôle ?

— Vous ? Vous êtes aux commandes des légions impériales. Vous frapperez l'Armada Magna et laisserez à Naglfar le soin de s'occuper de Kaldor. Ah, nous sommes arrivés. »

Le Collecteur donna un coup de pied dans un mur qui s'ouvrit avec un chuintement de protestation.

« Lilith, je t'amène de la visite. »

Dans cette salle à peine plus grande que la précédente, l'éclairage provenait du sol au centre de la pièce, donnant aux légionnaires en combinaison les allures de gros insectes pesants. Catius s'avança de quelques pas. Un léger renfoncement marquait la présence d'une grande gemme enchâssée dans la matière de Naglfar, un œil de verre d'un jaune translucide d'où essaimaient des nervures organiques. Il approcha encore et fut pétrifié sur place. Une solaine était coulée dans cette matière comme un insecte pris dans l'ambre. Elle avait la même peau rouge qu'Othon et Néa, des cheveux et des cornes noires. Des ramifications nerveuses émergeaient de ses membres et se dispersaient à travers Naglfar.

« Hélas, murmura le Collecteur, elle ne nous entend pas. Oh, elle a conscience de notre présence. Vous ne voyez pas, mais l'intérieur de Naglfar est toute une festivité d'Arcs, dont elle est le centre.

— Vous m'avez dit qu'il avait... fallu la convaincre. »

Plongée dans la même torpeur que ces murs organiques, Lilith était pourtant encore vivante ; on devinait les battements espacés de son cœur. On aurait pu la croire en paix, si ses yeux figés n'avaient pas été ouverts.

« Oh, oui. Mais le plus dur est terminé. Maintenant, Lilith a changé de... hmm... nature. Son esprit a le contrôle de Naglfar, et Naglfar a le contrôle de son esprit. Ils sont en symbiose, en quelque sorte. Voyez-vous, Naglfar se devait d'être une arme totale : à la fois dans le domaine de l'esprit et de la matière. La matière, nous en avions, elle nous entoure. L'esprit, j'en avais moi-même, quantité d'âmes prêtes à servir Aton avec enthousiasme. Mais pour faire le lien entre les deux, il nous fallait une puissante mage d'Arcs. Cela ne se trouve quasiment plus. J'avais quelques candidats, mais la symbiose avec Naglfar les a détruits. Alors nous nous sommes tournés vers une valeur sûre.

— Les solains sont des êtres puissants, comprit Catius. Aton est bien placé pour le savoir, puisqu'il est l'un d'entre eux. »

Ses légionnaires ne voulaient pas en entendre davantage. À plonger dans le secret de ces plans divins, ils savaient qu'ils couraient un grand danger.

Le Collecteur marcha sur la surface transparente et soutint le regard de Lilith. Voyant cela, Catius se sentit pris de colère envers les solains. Que faisaient-ils ? Une des leurs était emprisonnée ! Pourquoi ne l'avaient-ils pas délivrée ?

« Mais savez-vous ce qui est plus admirable ? Kaldor serait prêt à se laisser tuer par un de ses propres enfants, plutôt que de frapper le premier. C'est ce sur quoi nous comptons. Vous devez savoir qu'au combat, tout instant d'hésitation est de trop. La nature de Naglfar va créer chez Kaldor cette hésitation.

— C'est monstrueux, dit Catius en mettant la main sur son glaive, prêt à activer son bouclier de combat.

— Je le reconnais. Mais cette monstruosité est nécessaire pour la survie de l'Imperium. Je suppose que vous le savez déjà.

— Je le sais. »

Une décision difficile. Catius écarta la main de son glaive, accorda un dernier regard à la solaine figée. Ses cheveux suspendus, elle paraissait flotter dans l'eau. Mais Lilith n'était pas en paix. Elle ne dormait pas. Elle vivait en perpétuel anéantissement, brisée par une indicible douleur, fracassée par des vagues infernales, incapable de crier à l'aide.

« Cela ne durera pas, nota le Collecteur en s'approchant de Catius. Son calvaire prendra fin sitôt que Kaldor sera détruit ; il n'appartient plus qu'à elle de s'en libérer. Venez, partons. »

Il avait remarqué le glissement de sa main vers le fourreau fixé à sa cuisse. Les hésitations de Catius étaient escomptées, mais le sens du devoir du consul devait primer sur ses atermoiements. C'était le dernier test. Satisfait, le Collecteur marcha vers la sortie.

Catius agrippa son épaule de la main droite ; de la main gauche, il dégaina et planta le glaive entre deux côtes. Cela fit un bruit mat, comme un sac de sable qui se perce, le Collecteur n'ayant ni chair ni sang.

« Voyez-vous cela, siffla-t-il. Vous n'êtes pas à la hauteur, premier consul. »

Le Collecteur écrasa son pied dans son estomac et ôta lui-même le glaive de bronze, d'un geste sec, comme on arrache une épine du pied. Du revers, il le jeta en direction d'un des légionnaires. L'arme entra au niveau de l'abdomen et le cloua au mur.

Naglfar commença aussitôt à se refermer sur lui.

« Vous n'êtes qu'un visage parmi d'autres, premier consul. Vous ne gagnez rien à vous opposer à Aton. Vous périrez et vous serez remplacé par un être similaire, plus docile, qui suivra les ordres.

— Je serai remplacé par un chien, moins bon que moi, dont l'incompétence accélérera votre ruine » cracha Catius en reprenant son souffle.

Le Collecteur soupira.

« De la matière la plus vile, on bâtit les empires les plus solides. »

Indifférent à sa blessure, qui ne saignait pas, il fit quelques mouvements flous et indiscernables. D'autres légionnaires s'effondrèrent. À coups de pied et de couteau, Catius entreprit de libérer le premier blessé, que le mur se résigna à lâcher.

S'arrêtant net dans sa danse mortelle, le Collecteur se baissa sur un homme à terre comme pour récolter ses dernières volontés. Il posa la main sur son visage.

« La séparation de l'âme et du corps, expliqua-t-il, est un des grands mystères. Nous savons que les esprits des morts entament un voyage à travers la Noosphère, mais ils sont trop subtils, trop agiles, et nous ne pouvons les suivre. Où vont-ils ? Quels fleuves rejoignent-ils ? Je l'ignore. »

Une étincelle brillait au-dessus de sa main, qui s'éteignit comme une bougie soufflée par le vent.

« Peut-être n'est-ce pas important. »

D'un violent coup de coude, il plaqua Catius contre le mur. Il projeta d'un coup de pied un légionnaire qui tentait de s'approcher.

« Nous n'avons même pas eu le temps de procéder à votre évaluation finale, consul. Chacun des hommes ici présents devait mourir pour garder le secret. Et voilà que je dois m'en charger moi-même... seul... »

Il posa une main sur son front, l'autre sur sa gorge fit étau. Catius tenta de se débattre ; les parois vivantes de Naglfar revenaient à la charge, se refermant sur ses bras.

« Vous pensez que vous n'êtes plus utile à Aton, remarqua le Collecteur. Vous vous trompez. Votre matière aura toujours quelque valeur. Votre esprit aussi. »

Seul contre la force du Collecteur, Catius aurait pu résister, mais Naglfar complétait l'étau.

« Cela me rappelle Lilith. Ses réactions quand nous l'avons emprisonnée étaient tout à fait semblables aux vôtres. Jusqu'à ce que nous complétions le carcan. Naglfar, cette arche puante faite de rognures organiques, sera l'instrument de la chute de Kaldor. Nous avons rassemblé les souillures et les poussières et nous avons réussi à leur donner un usage. »

Eucher serait en sécurité, avaient promis les solains. Mais que valait une telle promesse ici, dans un océan d'horreurs ?

Il sentit soudain la prise sur son cou se relâcher. Dans un grognement, Catius s'écarta du mur. Le bras du Collecteur tombait en lambeaux. Il tourna la tête. Othon.

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