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19. Thaddeus


(1200 mots)

Sous le règne d'Aton, le clergé de Justitia devint hors de contrôle et étendit partout les ramifications de son pouvoir. Le dieu-soleil se moquait des équilibres implicites sous-tendant l'empire. Il souhaitait développer les légions impériales et en faire usage ; peu lui importait que les dissensions internes pussent engloutir le Sénat et la magistrature d'Amor.

Caelus, Histoire de l'Omnimonde


« As-tu soif ? demanda Lucius en entrant dans son bureau.

Sans attendre la réponse, il lui tendit un verre de citronnade.

— C'était très amusant, tout à l'heure, dit le jeune sénateur. Inattendu. Finalement, les kaldariens ne sont peut-être pas si idiots que ça ; à croire que leur dieu les protège réellement.

— Si Kaldor agissait vraiment comme ils le disent, il n'aurait pas sauvé neuf d'entre eux au détriment d'un seul. »

Lucius fronça des sourcils pour se composer un visage soucieux. Sa prédisposition à la politique était équivalente à celle de Catius pour la guerre et, dans les deux cas, le sérieux est un outil indispensable.

« Comme je te le disais l'autre jour, il est maintenant temps pour toi de rencontrer le Deus. J'ai l'impression que tu fais comme si cela ne te concernait pas. L'audition au Sénat était une formalité, Catius, parce que les sénateurs sont des hommes qui se comprennent aisément et qui se manipulent. Le Deus n'est pas un homme, il ne peut être ni compris, ni manipulé.

— Toi, tu l'as déjà rencontré ?

— Je n'ai jamais eu cette... chance, dit-il avec un sourire mi-figue, mi-raisin. Je n'ai pas été demandé.

— Il doit bien arriver qu'un sénateur prenne l'initiative de se présenter à lui.

— Oh, parmi la petite dizaine qui a dû avoir cette idée saugrenue, je ne crois pas qu'on en ait sauvé un seul. En général, le taux de survie est d'environ cinquante pour cent.

— Ce qui fait combien de morts ?

— Depuis son avènement ? Un bon millier. On ne retire pas tous les corps, donc il paraît qu'il demeure un peu de poussière et de fragments d'os dans la salle de règne. Il ne faut pas que tu en tiennes compte. Le Deus déteste sentir la peur qu'il inspire dans le cœur des hommes. Pense que ce sont les cendres de ceux qu'il a jugés indignes de lui. Des arrivistes sans intérêt, malhonnêtes, ceux qui ont tenté de lui mentir ou de lui cacher quelque chose. »

Aton a dévoré une étoile, songea Catius. Il a dévoré mille hommes. Ce monstre ne vaut pas mieux que celui de l'arène. Pourtant, il est nécessaire – comme celui de l'arène !

Serait-il foudroyé sur place pour cette pensée honteuse ?

Cette perspective le cloua à sa chaise. Sorti victorieux d'innombrables campagnes, stratège reconnu, Catius avait sans cesse triomphé des ennemis de l'empire ! Mais il ferait bientôt face au plus grand ennemi, situé au cœur de l'empire lui-même, le parasite qui logeait dans son cerveau, tenant dans une main la religion, dans l'autre le Sénat et les légions. Un monstre face auquel il serait nu, son esprit un livre ouvert.

Il fallait donc se concentrer sur ce qu'Aton devait savoir et enfouir l'inavouable sous des montagnes de sentiments et de souvenirs. Le dieu se moquait de la petitesse des esprits humains, jugeant ce menu fretin indigne de son intérêt. Sa seule faille était sa vanité.

« Allons-y, proposa Lucius. Ne le fais pas attendre. »

En haut des escaliers, à l'orée du couloir menant à la salle de règne, les attendait Thaddeus, premier prêtre d'Aton. Le vieil homme croisait les mains derrière le dos, coutume de ceux qui n'ont rien à craindre ; car il disposait dans tout l'empire de la meilleure place. Les légions, la garde prétorienne, les congrégations ouvrières recrutaient à tour de bras pour la gloire de l'empire ; rares ceux qui échappaient à leur devoir citoyen, hormis les prêtres et les vestales d'Aton.

« Vous voilà enfin, dit-il en souriant. Alors, cette exécution ?

— Curieuse » évacua Lucius en étudiant l'homme le plus puissant d'Amor.

Il y avait quelque chose d'anormal, de révoltant dans ce borgne solitaire. En voilà un qui aime son destin, songea Catius. Premier à déclarer allégeance à leur nouveau dieu, soixante ans plus tôt, Thaddeus s'était empressé d'adapter la religion de l'Imperium, de corriger le dogme, de décréter que la déesse avait changé d'identité.

Justitia devenue Aton, l'Imperium devait donc changer de même, accélérer son expansion, étendre ses frontières et se donner les moyens de les défendre.

Au fond, tout cela allait dans le sens des ambitions des uns et des autres ; personne n'y avait trouvé à redire. Justitia n'était pas indispensable. Une fois acté, son remplacement apparaissait comme la meilleure chose, et Aton, comme le sauveur de l'Imperium, et le meilleur des dieux.

« Vous êtes venu me dire quelque chose ? gronda Catius en soutenant ce demi-regard incisif et cruel.

— Vous souhaiter bonne chance, consul. Si vous ressortez vivant de cette salle, vous deviendrez le bras droit d'Aton dans cet univers.

— Je reçois mes ordres du Sénat.

— Allons donc, susurra Thaddeus. Vous êtes bien placés, tous les deux, pour savoir que le Sénat n'obéit qu'à moi, qui obéis au Deus lui-même.

— À la bonne heure, dit Lucius avec un geste badin de la main. De toute manière, nous suivons tous les volontés d'Aton.

— Vous avez raison, sénateur Lucius. Et notre dieu ne récompense que la loyauté. »

Le vieil homme se tourna de biais, en direction des ailes du palais où logeaient ses pieux semblables. L'Empire s'arrêtait aux portes de Thaddeus. Théologie et mysticisme, lecture des astres, oniromancie, sacrifices animaux, offrandes au panthéon, toutes ces activités lucratives permettaient aux prêtres et aux vestales d'avoir toujours la main sur l'épaule des hommes haut placés de la cour. On ne réussissait jamais mieux qu'en s'offrant les bonnes grâces des dieux ; le clergé de l'Imperium en avait le jaloux monopole.

« Est-ce que quelqu'un l'a vu aujourd'hui ? demanda Lucius en observant le bout du couloir.

— Personne » assura Thaddeus.

Un couloir très long, comme le boyau d'un titan, s'étendait devant eux trois, fermé à son bout de lourdes portes de bronze. Des prétoriens statufiés y montaient la garde. Un éclat retentit là-bas, se répercuta le long du corridor ; les portes roulèrent et frappèrent les murs. Catius vit distinctement plusieurs hommes s'affairer à extraire ce qui ressemblait à un blessé, le faisant disparaître dans un couloir annexe, comme si tout ceci n'avait été qu'un rêve. Aussi près de la divinité, les concepts de vie et de mort perdaient en consistance, tout comme ils s'effaçaient au lointain. Personne ne pleurait la disparition d'une vestale de septième rang, tout comme celle d'un plébéien.

Catius et Thaddeus échangèrent un regard. Vous me mentez, voulut dire le consul, mais sa gorge resta sèche. Pour sûr qu'il mentait ; jamais, pas une seule fois, Thaddeus n'avait dit la vérité. Il était ce prêteur sur gages avare qui, sur le moindre objet qui passe entre ses mains, cherche à réaliser quelque bénéfice.

« Ne Le faites pas attendre, souffla le prêtre d'Aton. Il doit sentir déjà votre présence, ainsi que votre inquiétude. Il s'impatiente. »

Le vieillard s'éclipsa. Bon débarras. Catius n'était pas aussi crédule que ses concitoyens, et n'avait pas besoin d'un quelconque interpréteur des volontés divines. Il allait entrer dans ce cercle fermé de ceux qui confrontaient Aton en personne.

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