#97
⌇High school
7:54 am.
⌦ ❛ Two lovers trying
to sound like friends❜
Minho était arrivé en courant aussi vite que ses jambes le lui avaient permis. Il avait tenté de glisser sur le trottoir pour réaliser un déraper contrôlé mais avait compris trop tard que le goudron, ça ne glissait pas. Le surveillan chargé de contrôler les entrées au portail l'avait attrapé au vol, le réprimendant pour être aussi agité dès le matin et déjà en retard pour la rentrée. Minho ne s'était pas gêné pour lui faire remarquer qu'il restait moins de dix minutes et lui avait adressé un sourire exagéré. Puis il avait aperçu la silhouette de Jisung derrière et n'avait pas attendu une quelconque réponse pour s'approcher du brunet. Peu de mètres les séparaient pourtant Minho eut l'impression qu'il s'agissa là de la marche la plus lente du centenaire.
Il lui avait semblé que le temps avait ralenti lorsque le regard de Jisung avait accroché le sien et le garçon n'avait pas pu s'empêcher de se dire qu'il adorerait passer les doigts dans les cheveux du plus jeune qui commencaient à se faire plus long que la longueur autorisée par le règlement. Minho sentit son cœur s'emballer doucement et lorsqu'il se planta enfin devant lui, le châtain se retrouva vide de mots. Pourtant entre quelques plaintes dans la voiture, il avait répété ce qu'il dirait à Jisung après tant de temps de séparation. Le plus jeune lui avait affreusement manqué, plus que ce qu'il aurait imaginé. Il avait cru pouvoir surmonter la chose après leur froid de trois semaines mais il s'était avéré que ces deux semaines sans la présence physique de Jisung lui avait paru presque fatales. Non décidemment, il n'arrivait déjà plus à se passer de lui.
Les deux garçons se fixèrent pendant de longues secondes, les yeux brillants et le coin des lèvres relevé. Minho respirait à peine, de crainte de briser ce qui se tissait lentement entre eux. Les mains moites, il serrait de toutes ses forces la boîte entre ses doigts, la bouche sèche et les cils papillonnants. Il lui semblait que Jisung était encore plus beau que la dernière fois qu'il l'avait vu et Minho se trouva surpris d'avoir une telle explosion de sentiments dans sa poitrine. Il voulait parler, dire quelque chose mais trop s'acculait à ses lèvres et il ne voyait que l'envie de le prendre dans ses bras. Seulement, les voix des lycéens aux alentours et les regards de certains l'en dissuadaient. Minho avait toujours ce frisson désagréable dans la nuque qui lui donnait l'impression que le monde l'observait de sa perfidie et son jugement haineux.
Alors il resta là, crispé de la tête aux pieds à fixer Jisung avec des étoiles amoureuses dans les yeux et de la poussière anxieuse derrière la tête.
— J'ai connu des pièces de théâtre moins longues. Ton texte Minho, ton texte !
— T'as jamais mis les pieds au théâtre abruti, répondit Oli en lui donnant une claque derrière la tête.
— J'aurais dû prendre mon enceinte pour mettre un OST, bougonna Ryujin.
Minho n'eut pas le temps de se retourner pour accorder un temps soit peu d'attention à ses amis ; Oli les avait tous deux attrapé par le bras pour les traîner jusqu'à leur établissement. Minho grimaça en remarquant que de plus en plus d'élèves les contournaient pour s'engager à l'intérieur du lycée. En effet, les aiguilles tournaient plus vite qu'il ne l'aurait cru, il réalisa que ces précieuses minutes avec Jisung qu'il avait compté chérir avaient plus été gâchées qu'autre chose... Minho soupira et passa une main moite derrière sa nuque en lançant un sourire maladroit au brunet :
— Hey.
— Salut.
Jisung pouffa.
Probablement qu'il devait trouver la situation un poil ridicule.
— Il reste trois minutes.
— On peut refaire le monde en trois minutes.
— Fais-moi voir ça alors.
Jisung sourit et fit un pas dans sa direction. Minho se crispa, le coeur battant la chamade et un sourire maladroit fendit ses lèvres. De sa main gauche, il serra un peu plus la boîte qui lui avait valu d'être en retard avant de la tendre brutalement à Jisung. Ce dernier eut un léger mouvement de recul, les sourcils froncés et attrapa l'objet du bout des doigts. Il fixa la boîte quelque secondes sans comprendre et lança un regard interrogateur au plus vieux en la secouant.
— C'est une bombe ? Demanda-t-il, suspicieux. Minho je suis désolé si c'est l'impression que je t'ai donné mais non, je suis pas prêt à mourir pour toi.
— Ok Romeo.
Jisung leva les yeux au ciel et pouffa de nouveau.
— C'est quoi du coup ?
— C'est à cause de ça que j'suis en retard ! Il accompagna ses dires en pointant la pauvre boîte d'un doigt accusateur.
Jisung plissa les yeux, son regard glissa de l'objet à la montre à son poignet puis de la montre au visage rougi de Minho. Puis il soupira d'un air désabusé.
— Flemme de jouer aux devinettes, ça sonne dans une minute.
— Non !
Minho se jeta presque sur lui pour l'empêcher d'ouvrir le carton. Jisung eut un nouveau mouvement de recul, surpris par le geste si soudain du châtain qui avait brusquement saisit ses poignets. Jisung cligna plusieurs fois des paupières, fixa quelques secondes les doigts de Minho et un petit sourire prit place sur le bout de ses lèvres.
— T'es pas le maître du temps Lino, la sonnerie sonnera.
— Non mais... Non.
Il secoua la tête et Jisung rit à nouveau avant d'attraper délicatement les phalanges du châtain. Il les tint quelques secondes, le temps d'en caresser l'épiderme et lorsque Minho s'en rendit compte, il crut fondre sous son toucher. Ses joues rougirent davantage et le temps de visualiser l'assemblage de sa phrase dans sa tête lui parut durer une éternité. Il déglutit, souffla bruyamment et désigna la boîte du menton.
— C'est un prototype.
— D'une bombe ?
Minho soupira et mordit l'intérieur de sa joue pour cacher sa frustration. Il le força à lâcher ses mains pour lui donner une tape sur le bras.
— Si t'es dans une organisation terroriste, dis-le moi tout de suite que je sache dans quoi je m'embarque hein, marmonna-t-il.
— Alors arrête de faire le mystérieux, je m'appelle pas Hercule Poirot.
— Gngngngn.
Minho chérissait ces petits moments où ils se chariaient. Ça lui rappelait qu'avant d'être des amoureux, ils étaient avant tout des amis. Ça lui faisait oublier combien les choses avaient été compliquées pour eux, combien même c'était encore maladroit et délicat aujourd'hui. Minho ne savait jamais comment se comporter avec Jisung depuis qu'il avait réalisé ses sentiments pour lui — même avant — et ces moments de complicité enfantine avaient ce pouvoir de tout repousser dans un coin sombre de sa tête.
Puis un groupe d'élèves en retard passa par là et Minho se rendit compte combien il s'était approché du plus jeune. A les regarder de loin, on ne pouvait pas facilement deviner une certaine ambiguïté et que l'amour flottait dans l'air. Ils ressemblaient plutôt à deux gamins s'amusant de l'agacement de l'autre. Pourtant Minho eut la soudaine impression que tous les lycéens les observaient avec leurs nez retroussés et les imagina les prendre en photo pour les afficher dans le journal du bahut. Alors lorsque la sonnerie retentit les faisant sursauter, Minho s'éloigna d'un grand pas en arrière et il ne manqua pas la perte de sourire de Jisung. Le garçon baissa les yeux, honteux et rajusta la bretelle de son sac à dos sur son épaule.
— C'est la première version de ma mixtape avec Oli, finit-il par avouer. Je t'avais dit que tu l'aurais en avant-première.
— Oh.
— Et je l'ai dédicacé aussi, il pointa l'objet du doigt.
— Oh.
— J'espère vraiment que ça te plaira, il se gratta l'arrière de la tête.
— Oh.
Minho cligna plusieurs fois des yeux et laissa retomber son bras dans le vide. Jisung semblait avoir cesser de fonctionner et en dépit de l'amusement que ça procura, le châtain resta embarrassé. Par son geste attendrissant, par son éloignement brusque, par les potentiels regards jugeurs qu'on pouvait leur porter. Minho tritura ses doigts, humidifia ses lèvres en donnant un petit coup de pied dans le vide.
— J'savais pas que j'sortais avec le Père Noël.
Jisung n'eut pas le temps de répliquer quoique ce soit. Le surveillant du portail leur somma de se dépêcher d'aller en classe s'ils ne voulaient pas se prendre une retenue dès le jour de la rentrée. Minho se rendit alors compte du temps qu'il avait prit à Jisung et ses précieuses minutes qu'il aimait passer dans sa salle de classe vide. Le châtain s'en voulu encore plus.
Il attrapa les bretelles de son sac et les resserra avant de poser une main hésitante sur l'épaule du plus jeune pour le secouer doucement. Il espéra ne pas l'avoir cassé en lui donnant sa mixtape.
— On se voit à midi Jisung.
Puis après un faible sourire, Minho lui tourna le dos pour se diriger à grandes enjambées vers sa salle de classe. La journée allait être longue et dure, il le sentait.
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