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#89

Minho's house.
8:47 am.

⌦ ❛ Boyfriend ? ❜

Ce fut un mal de dos fulgurant qui fit ouvrir les yeux à Minho. Le garçon roula sur lui-même, grognant sous les courbatures et finit par lâcher un long soupir lorsque son nez rencontra le bois froid de son parquet. Il avait bel et bien finit par dormir sur le matelas. Il se revoyait, à moitié dans les vappes, promettre à Jisung qu'il ne s'endormirait pas là. Jisung qu'il avait d'ailleurs embrassé pendant de longues heures à ce même endroit.

Minho se sentait affreusement rougir rien que d'y songer. Il sentait encore le souffle chaud du brunet sur son visage, la douceur de ses lèvres quemendeuses sur les siennes, le goût de sa langue contre la sienne et le toucher de ses mains sur son corps. Décidément, Jisung lui faisait tourner la tête à n'importe quelle heure de la journée.

Et maintenant que Minho était pleinement réveillé, il remarquait que le brunet n'était même pas là pour en être témoin.

Le châtain se redressa, une main dans le dos et leva le nez pour voir si le plus jeune n'avait pas fini dans son lit... Mais non, pas de Han Jisung. Une grimace au visage, Minho se jeta presque sur son téléphone pour jeter un œil à ses notification et éventuellement l'heure. Il n'était pas tôt, tard non plus et hormis sa conversation de groupe avec ses meilleurs amis, le châtain n'avait aucun message venant de son ami spécial.

Pendant un instant, Minho l'imagina être rentré chez lui sans un mot. Et après la nuit qu'ils avaient passé, le garçon aurait du mal à laisser couler. Même, il pourrait dire que ça lui ferait atrocement mal au coeur. Cependant, connaissant ses parents et les remarques  auxquelles il avait eu droit la veille, Minho doutait fortement qu'ils aient laissé Jisung s'en aller sans un mot. Alors faisant le calcul rapidement, le châtain en conclu qu'ils étaient probablement en train de prendre le petit déjeuner à trois. Ce qui signifiait, plus clairement, que Jisung était seul avec ses parents.

Ça suffit à Minho pour se décider à sortir de sa grotte. Ce fut même au pas de course, avec une glissade mal maîtrisée sur la fin que l'adolescent débarqua dans le séjour, la respiration saccadée. Il voulait éviter une catastrophe.

Et heureusement pour lui, Jisung n'était pas parti de chez lui sans attendre son réveil. Malheureusement, il mangeait tranquillement en compagnie de ses parents et même si ces derniers avaient perdus leur air ronchon de la veille, ce n'était qu'une question de temps avant que se passe quelque chose qui n'enchanterait guère Minho.

—       Regardez qui se lève enfin.

Les trois têtes se tournèrent simultanément vers lui et le garçon les salua d'un signe de la main, ébouriffant ses cheveux d'un air embarrassé. Son regard croisa celui de Jisung, les joues pleines de céréales, qui lui sourit légèrement, les yeux pétillants. Minho y répondit timidement, les joues rougies et s'empressa d'aller s'asseoir sur l'une des chaises hautes qui entouraient l'îlot central de la cuisine. Il saisit un bol propre posé là à son attention, le remplit de riz et de céréales sans sucre avant d'en prendre une grande cuillerée. Assis entre ses deux parents et face à Jisung, Minho préférait dissimuler son trouble. Il n'avait pensé qu'il se sentirait complètement déstabilisé par la présence du plus jeune après leurs échanges de la veille. En compagnie de ses parents, il avait bêtement cru pouvoir passer outre. Or, les sentiments étaient parfois plus forts que les apparences, Minho l'avait oublié.

Alors le garçon déjeuna sans un mot, le nez dans son bol et à écouter d'une oreille distraite la discussion entre son père et son ami qui semblait porter sur la cuisine. C'était assez amusant d'entendre Jisung, quinze ans et toutes ses dents, donner des conseils à ses parents qui avaient le triple de son âge. Pendant un instant, Minho se sentit fier d'avoir quelqu'un d'aussi doué à ses côtés. Son cœur se réchauffa et il ne put s'empêcher de lancer un regard attendri et pincé d'admiration au brunet. C'était fou de constater que plus le temps passait, plus le châtain s'éprenait de toutes ces petites choses qui faisaient de Jisung qui il était. Ces même choses qu'il trouvait agaçantes, snobinardes quelques mois plus tôt.

—      Minho, tu pourras débarrasser ?

Il était évident que sa mère ne demandait pas vraiment son avis.

—      Oui.

Il détourna les yeux du garçon en face de lui pour les poser sur ses parents qui enfilaient une petite veste (inutile, vu les températures extérieures) ainsi qu'un petit sac à dos. Comme chaque matin quand ils ne travaillaient pas, ils partaient se balader dans les rues pour explorer ou juste se retrouver tous les deux. Ils agissaient comme s'ils habitaient en région campagnarde ou montagneuse et parfois, Minho les soupçonnait de planifier un déménagement dans les régions reculées du pays. Sûrement attendaient-ils le départ de leur fils à l'université pour mener à bien leur projet. Ça ne l'étonnerait pas vraiment.

—      On va y aller, déclara sa mère en attachant ses cheveux. Si on est pas rentré à onze heure et demi, regarde pour faire à manger. Et ne traînez pas, elle les menaça du doigt. Jisung, ça serait bien que tu sois rentré chez toi pour le déjeuner.

Cette dernière phrase, elle l'avait dite avec un sourire qu'elle n'adresserait jamais à Minho. Ce dernier retint un long soupir.

—     Oui.

—      Sans faute madame, répondit Jisung en se redressant sur son siège. Encore une fois, je m'excuse pour m'être présenté si tard et pour avoir imposé ma présence. Merci beaucoup de m'avoir laissé dormir chez vous.

Il s'inclina légèrement, éternelle politesse et les parents de Minho lui sourirent. Ils devaient être surpris de voir que leur fils fréquentait un gamin aussi bien élevé et qui s'exprimait correctement. Ça changeait de Ryujin qui était trop renfermée selon eux, Oli qui semblait toujours vouloir casser des gueules et Changbin qui n'avait plus la notion de savoir-vivre. Les parents de Minho avaient du mal avec ses amis, c'était pourquoi le châtain savait qu'ils allaient l'assaillir de questions sur Jisung. D'autant plus qu'il ne leur avait jamais parlé de lui.

Après des dernières instructions, les adultes enfilèrent leurs chaussures et quittèrent la maison. La porte d'entrée claqua, le son sembla résonner dans tous l'habitacle. Il s'écoula quelques minutes durant lesquelles, seuls les bruits de couverts et de mastication emplissaient le séjour.

Minho gardait le regard dans le vide, mangeant lentement et assimilant tout juste qu'il était enfin seul avec Jisung. Et puis sans un mot, ce dernier se leva de sa chaise d'un air guilleret et fit le contour de l'îlot en sautillant. Minho, lui, le suivit des yeux, surpris et il lâcha sa cuillère dans son bol lorsque Jisung se planta devant lui. Le brunet arborait un grand sourire, les orbes pleines d'étoiles et le plus sentit son cœur s'emballer. Un peu plus même lorsque Jisung se pencha pour embrasser chastement ses lèvres. Minho, qui avait encore la bouche pleine, manqua de s'étouffer avec sa bouchée de riz.

—      Hey, murmura le plus jeune en penchant la tête sur le côté.

Il posa ses mains sur les genoux du châtain, pinçant les lèvres d'un air timide. Minho avala bruyamment sa boule de riz et prit quelques secondes à reprendre contenance. Soudainement, il avait légèrement honte de son apparence quand en face, Jisung était resplendissant. Il cacha sa bouche du plat de sa main et détourna le regard quelques secondes.

—       Je pue de la gueule, se plaignit-il d'une petite voix.

—      J'ai pas relevé, répondit le brunet.

Un nouveau silence s'installa. Les deux garçons s'observèrent quelques secondes, sourires aux coins des lèvres et yeux plissés de scintillements. Ils étaient un peu hésitants, ils ne savaient pas trop comment agir. C'était nouveau, timide aussi. Ils n'étaient pas sûrs de faire les choses correctement, avaient du mal à anticiper la suite. L'esprit de Minho était encore coincé à ces baisers échangés dans le secret, dans l'obscurité et à l'écart de tous. Il n'avait jamais envisagé la suite, ce que ces sentiments forts partagés pouvaient impliquer. Minho le redoutait, il angoissait quand il y songeait sérieusement pourtant, lorsque son regard s'ancra dans celui de Jisung, il repoussa une nouvelle fois ces pensées.

—      T'as bien dormi ? Demanda-t-il après une grande inspiration.

—      Mmh mmh, il hocha grandement la tête. Pour une fois d'ailleurs.

—      C'est grâce à moi ça.

—      Je me sens obligé de le reconnaître, pouffa-t-il. Et toi ?

Il attrapa ses mains pour entremêler leurs doigts sur les cuisses du plus vieux.

—      J'ai mal de partout, il grimaça, la prochaine fois, on pionce dans mon lit hein.

—      La prochaine fois ?

Minho rougit violemment.

—      Euh... J-Je...

Il ouvrit la bouche puis la referma, embarrassé et baissa les yeux sur leurs doigts.

—       On peut discuter ? Finit-il par demander du bout des lèvres.

Il voulait passer du temps avec Jisung, l'embrasser des heures comme cette nuit pourtant, la réalité forçait aux portes du déni. La suite à tout ça, Minho avait besoin d'en parler. Comme la veille, il sentait qu'il fallait qu'il sorte ce qui le pesait maintenant. Il n'était pas certain d'être capable de le faire plus tard.

—       T'es sûr ?

—       Il faut.

Jisung hocha la tête et caressa le dos de sa main de son pouce.

—       Alors on nettoie avant.

Tranquillement et sans un mot, les deux garçons terminèrent rapidement leur petit déjeuner. Puis ils débarrassèrent le plan de travail, rangeant la nourriture et mettant la vaisselle dans le lave-vaisselle. Ils passèrent un coup d'éponge, un coup de balais.

De temps en temps, quelques doigts se promenaient : sur la taille, les épaules, les mains. Jisung et Minho ne pouvaient s'empêcher d'établir un contact physique avec l'autre, de montrer qu'ils étaient là et qu'ils tenaient à l'autre. Auparavant, s'ils avaient eu de tels gestes, probablement qu'ils seraient passés pour anodins ou innocents. Aujourd'hui, ils en connaissaient la signification.

Après avoir terminé, les deux garçons partirent s'asseoir dans le salon, au pied du canapé en bons coréens qu'ils étaient. Adossés au sofa, yeux posés sur l'écran de la télévision éteinte en face, ils gardèrent le silence quelques minutes. Jisung attendait patiemment que Minho rassemble dans sa tête ce qu'il voulait lui dire. Il sentait ses craintes, son angoisse et même s'il avait une petite idée de leur origine, le brunet préférait l'entendre de la bouche de son ami. Il voulait probablement être sûr et se préparer à l'avance à répondre à ses mots, anticiper l'attaque que ça lui ferait au cœur. Mais voyant que Minho ne parvenait toujours pas à ouvrir la bouche, Jisung décida de mener la danse.

Il se tourna vers lui, un bras appuyé sur le canapé. Le garçon observa quelques secondes son profil si parfait à ses yeux malgré ses froncements de sourcils et sa grimace incontrôlée à cause de son intense réflexion. Jisung aussi le trouvait beau, affreusement magnifique même.

Le brunet s'humidifia les lèvres et se racla la gorge avant de sortir d'une voix rauque :

—       Tu sais Minho, toi aussi tu me plais.

Il préférait commencer par répondre concrètement à sa déclaration de la veille plutôt que s'aventurer dès le début sur une pente glissante.

Il le vit écarquiller les yeux, ses joues prendre une teinte rosée tandis qu'il tournait la tête vers lui.

—       Je suis pas très fort pour dire ce que je ressens, il gloussa nerveusement, mais pour être honnête, c'est même plus que plaire. J'y connais pas grand chose mais je suis pas ignorant au point de pas faire la différence entre un crush et plus. Et je pense que tu l'as compris, j'en ai marre de faire genre.

Le temps d'une seconde, il laissa son regard courir sur les lèvres entrouvertes de Minho. C'était fou de constater combien il était déjà accro à leur goût et au bien qu'elles lui procuraient.

—      Si tu savais à quel point je suis heureux que ça soit réciproque, il souffla d'une voix plus basse, peut-être plus pour lui-même. Et je pense que toi aussi t'en as marre de faire semblant, c'est fatiguant.

—      Mmh mmh.

—      On est pas obligés de mettre des mots sur quoique ce soit pour l'instant, tu sais. Enfin... On s'en fout, non ? Y'a un truc entre toi et moi et c'est le plus important. Enfin, c'est ce que je pense.

Minho hocha la tête, ses épaules s'étaient détendues et il avait perdu sa grimace. Jisung mettait peu à peu des mots sur une partie de ce qui mettait des nœuds au cerveau et le garçon le remerciait silencieusement de le faire. Minho avait l'impression que ça lui retirait un poids énorme.

—      Après si ça te convient pas et que tu préfères qu'on reste comme ça avec le cul entre deux chaises, très bien. Je te forcerais pas à faire de choix et même si ça pique, je respecte.

Jisung força un sourire, l'espoir débordant du regard. Minho, lui, voulait se jeter dans ses bras pour le serrer contre lui.

—      Je t'ai dit que j'avais déjà eu des crush sur des mecs avant mais j'ai... Je me suis jamais ouvert, 'fin c'est la première fois que j'ouvre mon cœur comme ça à quelqu'un.

Le brunet détourna les yeux, les lèvres pincées d'embarras. C'était amusant, voire même adorable, de le voir parler ainsi de ses sentiments. Minho et lui avaient toujours eu de grandes discussions mais le plus jeune s'était toujours contenu quand il s'agissait d'exprimer oralement ce qu'il ressentait. Il préférait les gestes à la parole, avait toujours les bons mots pour rassurer et consoler mais quand il s'agissait d'enfin enlever les filtres, il était plus réservé. Minho sentit son cœur se tordre quand il se rendit compte que Jisung faisait cet effort pour lui, qu'il effectuait cet énorme pas rien que pour sa petite personne.

Il saisit sa main, lui offrit une légère étreinte pour le remercier et lui montrer qu'il était plus qu'attentif à ce qu'il lui disait. Le brunet reporta son regard sur lui, puis leurs mains liées et un petit sourire naquit sur ses lèvres. Minho songea qu'il pourrait mourir de le voir disparaître.

—      C'est un peu compliqué, il finit par répondre. Tu sais, je crois que c'est la première fois que je suis comme ça avec quelqu'un. Moi non plus, je me suis jamais ouvert à ce point. Et c'est à un mec. Et honnêtement, t'es le premier, il marqua une pause, réfléchit à la suite. J'ai jamais eu ce genre de sentiments envers un garçon, vraiment vraiment jamais. Et maintenant je sais pas comment gérer, il rit sans joie, j'avoue que je suis perdu parce que moi, bah j'pensais que j'aimais que les filles. Du coup j'sais pas trop ce que ça veut dire, j'suis vraiment paumé et je veux pas que ça te fasse du mal.

Il pinça les lèvres d'un air désolé. Minho s'en voulait horriblement, pourtant il savait qu'il n'y avait aucun mal à dire ces mots-là. Ils n'étaient que vérité et dans le fond, il savait que Jisung comprenait. Seulement, Minho avait l'impression de le blesser avec tous ses doutes et ses questionnements quand à côté, le brunet était affirmé et semblait ne pas douter. Comment pouvait-il envisager un seul instant s'engager dans une relation romantique avec un mec qui n'avait même pas conscience d'être dans le placard ? C'était ce genre de phrases que Minho se répétait en boucle.

—      Le truc c'est aussi que ça me bouffe le crâne, toutes ces questions que je me pose. J'ai pas envie que ça devienne toxique pour toi, il avoua d'une voix plus triste qu'il ne l'aurait voulu. Mais j'ai pas non plus envie de continuer à attendre et de te faire attendre. On peut arrêter d'ignorer ce qui se passe entre nous mais je crois que je vais pas supporter qu'on continue à être distants pour éviter j'sais pas trop quoi.

Minho voulait se claquer le visage tant il se contredisait lui-même dans ses propos. Jisung restait patient, à l'écoute et le châtain pensa qu'il détestait cette conversation.

—      Si faut attendre, j'attendrais. Tu sais que je connais quand même un peu ce que tu traverses, il rit légèrement en haussant les épaules. J'ai pas tout de suite su que j'étais gay moi. Et c'est pas parce que t'as des sentiments pour un garçon que ça y est, t'es branché que mecs. Y'a pleins d'autres possibilités et t'es absolument pas obligé de te poser une étiquette sur le crâne tout de suite. T'as le temps tu sais.

—        Ça me prend la tête, marmonna Minho en fermant les yeux, laissant tomber sa tête sur le canapé.

—       Je sais.

Jisung entrecroisa leurs doigts.

—       Fais comme tu le sens Minho. Tu sais que je peux attendre, il saisit délicatement son autre main. Pour moi, le plus important c'est les sentiments et ce que t'as envie de faire.

Le châtain rouvrit les yeux, croisa son regard bienveillant et il ne sut pas réellement ce qui le retint de se jeter contre sa bouche. Il aurait largement préféré passer la matinée à l'embrasser plutôt qu'à avoir cette discussion. Mais comme il l'avait dit, il savait aussi qu'il n'aurait plus d'autres chances d'être à ce point honnête et cœur ouvert.

—       Toi de quoi t'as envie ?

La question parut surprendre Jisung qui répondit tout de même aussitôt.

—       J'ai envie d'être avec toi, ça sonna comme une évidence, vraiment très envie mais je suis jamais sorti avec quelqu'un. Je sais pas comment ça marche ces trucs-là et pense ce que tu veux, ça me stresse de fou et j'me pose aussi beaucoup de questions. Ça aussi, je sais que c'est quelque chose qui peut devenir blessant au bout d'un moment.

—      Y'a pas de codes.

—      Je sais, il sourit.

Minho le lui renvoya avant de le perdre dans la seconde. Il lâcha un long soupir et mordit violemment l'intérieur de sa joue, détournant un regard honteux.

—      J'ai envie d'être avec toi aussi. Mais j'sais pas si j'suis prêt à assumer une relation avec un mec.

Il ferma de nouveau les yeux, il avait trop peur de voir l'expression des traits de Jisung. Minho avait honte, lui qui avait toujours soutenu ses amis pour se montrer tels qu'ils étaient — même Oli qui cachait sa non-binarité à ses parents. Minho, il restait toujours ce gamin qui se souciait trop du regard des autres. Et jusqu'à présent, il était seul à en être affecté. Embarquer Jisung dans ses barrières, un garçon qui ne s'écrasait pas sous l'oppression et ne cachait pas spécialement son orientation sexuelle, ça lui faisait affreusement mal au coeur. Minho s'en voudrait éternellement de lui imposer une telle situation.

—      Lino, regarde moi.

Le dénommé s'éxecuta subitement, les yeux grands ouverts et le palpitant en accélération. Il l'avait pas entendu depuis un moment ce surnom-là. Ça eut don de faire fleurir plus d'une rose dans sa cage thoracique et son ventre. Minho serra un peu plus fort leurs mains et se redressa lorsque Jisung s'approcha sur le tapis, cognant leurs genoux.

—      Tu sais que je comprends ? J'ai peut-être fait mon coming-out mais je suis jamais sortit avec personne. Je suis pas un grand fan des démonstrations d'affection en public et puis on est peut-être ouverts d'esprits entre nous, on a peut-être fait une manif' au lycée, tout le monde ne valide pas les relations homos. Flemme d'être pointé du doigt ou de me faire tabasser dans la rue.

La réalité de la dureté de ses mots se peignit sur son visage. Ils avaient beau être en deux mille vingt trois, les mentalités restaient fermées en Corée du Sud et même parmi leur génération. Et Minho comprit à ce moment-là combien Jisung était fort et courageux pour ne pas mentir sur sa sexualité, répondre honnêtement lorsqu'on lui posait la question. Il se demanda si c'était là la raison pour laquelle il s'était mis à la boxe. Pour se défendre face à ces personnes qui osaient condamner autrui pour simplement ce qu'ils étaient. Pour montrer que non, il n'était pas un opprimé.

—      Je pourrais pas le dire à mes parents. Ils vont me haïr.

Minho, il était son contraire absolu et il ne savait pas s'il serait un jour capable de mettre la bonne lumière des spotlights sur sa personne. S'il oserait être aussi assuré et franc. Le garçon avait horriblement peur de ce qui en résulterait, des représailles morales comme physiques.

—      T'es absolument pas obligé de le leur dire, c'est marqué dans aucune loi. Si tu le sens pas, ne le fais pas. C'est pas parce que moi je l'ai fait ou que Changbin va le faire, que faut absolument faire ton coming-out.

Jisung lâcha ses mains pour saisir son visage et l'inciter à le regarder. Il caressa ses joues du bout des doigts pour le rassurer, s'assurer qu'il ne parte pas trop loin dans ses pensées.

—       Et puis s'ils te haïssent pour ça, c'est de sacré enculés.

La franchise de ses mots eut l'effet d'une baffe. Jisung utilisait rarement de mots aussi crus, fallait dire ça surprenait.

—       Oui, je sais dire des gros mots qui claquent.

Le petit air fier qu'il arbora redonna le sourire à Minho qui pouffa en roulant des yeux. Jisung lâcha l'une de ses joues et vint tapoter la poitrine du châtain, juste au niveau de son cœur.

—       Le plus important, c'est ce que tu ressens toi et ce que tu penses être juste pour toi. Et sache que je t'en voudrais pas si tu veux pas te lancer dans quoique ce soit, peu importe la raison.

Minho ouvrit la bouche en se redressant vivement, comme pour répliquer avec frénésie. Il y eut un blanc durant lequel Jisung se retrouva un peu perdu face à la réaction du plus vieux. Puis ce dernier s'affaissa en retroussant le nez, claquant sa langue contre son palais en détournant le regard.

—       Tu peux pas être vénère contre moi deux minutes ? Non parce que ça me gonfle que tu sois aussi compréhensif.

Sa mine renfrognée fit rire Jisung qui secoua la tête et lui donna une petite tape sur l'épaule. Il était rassuré de voir que Minho avait fini par se sortir du tourbillon de ses tourments. Il savait qu'ils restaient toujours présent dans un coin de la tête du châtain... Mais il espérait grandement qu'ils aient perdu en intensité et que le garçon leur accordait à présent moins d'attention que quelques minutes plus tôt.

—      T'es con.

Minho feignit de le fusiller du regard avant de rire à son tour. Ils évacuèrent la pression et ses angoisses, les craintes qui les bouffaient et le futur qui les écrasait avant même de n'avoir commencé. Ça faisait du bien de s'ouvrir autant, Minho n'avait pas réalisé à quel point ça le soulagerait.

Jisung passa ses bras autour de son cou, le châtain l'imita en passant les siens dans son dos pour le serrer contre lui. Ils s'étreignirent pendant un long moment, écoutant le rire de l'autre et leurs battements de cœur en bruit de fond. Ils profitèrent de la chaleur de l'autre, du contact rassurant qu'ils s'apportèrent et se délectèrent de ces sentiments à présent nommés qu'ils se portaient. C'était étrange, ils n'y étaient pas totalement habitués pourtant, tous deux pourraient dire que c'était là la meilleure chose qui leur était donnée de vivre. Minho enfouit son visage dans le creux du cou de Jisung, inspira son odeur et ferma les yeux en l'étreignant un peu plus. Il ne se lasserait jamais des câlins du plus jeune, il en était persuadé.

—      J'ai envie qu'on soit ensemble Hanji.

—      Moi aussi Lino.

Leurs yeux se retrouvèrent et ils se sourirent d'un air timide. C'était étrange de le dire à haute voix et d'entendre à nouveau ces surnoms qu'ils affectionnaient particulièrement.

—      Alors on est quoi du coup ? Demanda Minho après une hésitation.

—      Je sais pas, à toi de me dire.

Le châtain réfléchit quelques secondes, cherchant un mot adéquat à poser sur ce nouveau eux.

—      Un..., il fronça les sourcils. Un couple un peu bizarre ?

—      Ça me va.

Jisung haussa les épaules d'un air enjoué et Minho pouvait jurer qu'il ne l'avait jamais vu aussi emballé depuis qu'il le connaissait. Y'avait pas à dire, l'amour pouvait vraiment changer une personne.

Le châtain eut une soudaine pensée pour Changbin qui devenait gaga quand il parlait de Seungmin et il se rendit compte qu'il allait probablement devoir annoncer à ses meilleurs amis que son histoire avec Jisung prenait un tout autre tournant. Ah ça, Ryujin n'allait pas le lâcher d'une semelle. Et probablement que Changbin et Oli avaient déjà pariés. Minho soupira lourdement en imaginant parfaitement les remarques auxquelles il allait avoir droit. Il savait qu'ils n'étaient pas obligés de le savoir mais le garçon ne voulait pas le leur cacher. Et puis même s'il le faisait, ils finiraient par capter assez rapidement qu'il se tramait quelque chose entre Jisung et lui.

—      J'sens que j'vais en entendre parler quand j'vais le dire aux autres, marmonna-t-il.

—     Leur dire quoi ?

—     Que t'es plus mon copain amical mais mon copain amoureux.

—     Wow.

L'appelation eut don de faire rougir entièrement le visage de Jisung qui porta une main à son coeur, comme foudroyé d'une attaque. Ça amusa Minho de constater que lui aussi pouvait faire de l'effet.

—      Je vais vraiment avoir du mal à m'y faire, souffla le brunet.

—      Ça fait chelou dans ma bouche mais j'avoue, j'aime bien le dire.

Il pouffa en voyant l'autre lever les yeux au ciel. Certaines choses ne changeaient pas. Et lorsque Minho écrasa ses lèvres contre les siennes dans un sourire, il pria pour que ces choses aussi restent comme elles l'étaient dans ce nouveau présent.







;『• • • ✎ nda • • •』;

jvais péter mon crâne, wattpad arrêtez de m'enlever mes tirets là 😤

j'ai chialé comme une merde en écrivant purée
j'espère que ça vous aura plu

je le répète mais sachez que vous n'êtes pas obligés de faire votre coming out et encore, je déteste ce mot pcq cest normal. on devrait pas avoir à le faire juste pour ménager les autres, en mode « oh tiens d'ailleurs je suis blablabla ou je suis gngngn » vous restez vous et si autrui est pas capable de se le rentrer dans le crâne, bah fuck
anyway comme le j a dit, si vous le sentez pas, ne le faites pas. c'est triste à dire mais parfois, c'est mieux de se taire pour éviter le danger (santé mentale ou physique)

bref soyez heureuxse et fier.es de vous mes compatriotes lgbtqi, c'est bientôt notre mois 💪🏻🤍

également du bonheur à nos ami.es les cis héteros, personne ne mérite d'être misérable tant qu'on reste dans le respect de l'autre (ça vaut pour tout le monde sur cette planète ‼️)

anyway je vous souhaite une bonne nuit, hydratez-vous et prenez soin de vous

<3

sunny~

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