#87
⌇Minho's house.
11:38 pm.
⌦ ❛ A boy meeting
his friend's parents ❜
Évidemment qu'il n'aurait pas été plus rapide que ses parents pour aller ouvrir leur porte.
C'était avec les cheveux en bataille et une expression horrifiée que Minho avait débarqué dans son salon après être tombé du lit. Jisung était assis sur le canapé, le dos droit et une tasse fumante entre les doigts tandis que ses parents, eux, le fixaient depuis l'îlot central de la cuisine ouverte. Ils devaient probablement se demander qui il était, quel genre de personne il était et pourquoi est-ce qu'il débarquait chez eux à une heure pareille. Etant la définition meme de la paranoïa et de la suspicion, Minho pouvait être certain que ses parents n'allaient pas le lâcher de sitôt avec Jisung et son arrivée soudaine. Le garçon n'avait jamais présenté son ami à ses parents. En vérité, il ne leur avait pas vraiment parlé de lui.
Pas qu'il en avait honte, loin de là, ses parents avaient toujours bien accueilli ses nouvelles rencontres. Ils n'étaient pas tellement strictes, ils avaient une bonne autorité et avaient malheureusement pris l'habitude de réprimander Minho dès que celui-ci s'éloignait des attentes qu'ils avaient envers lui. Seulement, ils avaient également le don de ridiculiser leur fils de n'importe quelle manière en présence d'invités. Minho savait qu'ils le faisaient sciemment, histoire de montrer à l'extérieur qu'il était un garçon perdu dans sa vie. Ils n'appréciaient pas cet aspect là de sa personnalité, il en était conscient. En tant que premier fils et enfant unique, ils avaient placés leurs espoirs du futur et du passé en lui pour le remodeler et se prouver qu'il était une réussite à leur existence. Ses parents étaient fixés sur leurs idées et ne lui laissaient pas l'espace nécessaire pour être libre d'être qui il voulait.
Minho, ce qui l'empêchait surtout aujourd'hui de présenter ses nouveaux amis à sa famille, c'était cet aspect étouffant dans lequel il évoluait depuis dix-sept ans. Malgré tout, il les aimait parce qu'ils savaient être là pour lui quand il le fallait. Même s'il n'était pas le fils idéal.
— Il a battu son record, commenta son père lorsqu'il le vit glisser en chaussettes sur le carrelage du séjour.
— Tu as oublié quelque chose mon chéri ? Demanda sa mère en mettant ses mains sur ses hanches. Ton ami peut-être ?
Laisser Jisung constater de lui-même que leurs familles étaient des opposés complets embarrassait Minho. Lui montrer à contre-coeur qu'il restait coincé dans cet environnement opprimant en dépit de ses aspirations à faire le tour du monde, ça ne lui plaisait pas vraiment. Minho était toujours le premier à dire aux autres de faire ce qu'ils voulaient, ce qu'ils aimaient... Il craignait que Jisung ne constate qu'il ne cherchait même pas à appliquer ses conseils lui-même.
— Jisang nous disait justement qui il était, continua son père avant de se tourner vers le dénommé en effectuant un signe de la main. Enchanté jeune homme.
Automatiquement, son ami se leva du canapé pour s'incliner face aux adultes. Probablement pour la énième fois depuis qu'ils leur avaient ouvert.
— Il s'appelle Jisung, rectifia Minho d'une petite voix.
Les deux adolescents échangèrent un vague regard avant de reporter leurs yeux sur leurs pieds. Malaise, crainte et timidité. Minho repensait à ce qui avait manqué de se passer dans la chambre du plus jeune... Il se demandait la raison de sa présence chez lui, ce qui avait bien pu le pousser à prendre son skateboard au milieu de la nuit alors qu'ils auraient pu échanger par messages comme d'habitude.
D'un côté, Minho bouillonnait d'excitation et d'appréhension à l'idée de se retrouver seul à seul avec Jisung. Mais d'un autre côté, la présence de ses parents lui donnait cette impression de rester clouer au sol sans échappatoire. Ses orteils s'agitaient, ses doigts se trituraient et ça serait mentir de dire qu'il ne crevait pas d'envie de fuir au pas de course.
— Excuse moi Jisung, reprit le père en se raclant la gorge. Comme tu es un total étranger à notre maison, j'ai du mal à retenir les prénoms du premier coup.
Il lui adressa un sourire aussi grand que faux au garçon qui hocha simplement la tête d'un air poli.
— Y'a rien de compliqué dans son prénom, marmonna Minho.
— C'est certain. Ce qui va l'être en revanche, c'est de nous expliquer pourquoi ton ami qu'on ne connaît ni d'Adam ni d'Eve a débarqué chez nous à cette heure-ci de la nuit, sa mère leva un doigt dans sa direction, du style de réprimande « je te préviens ». Minho, on est pas dans une de tes séries que tu regardes avec Ryujin.
Comment ne pas se retenir de lever les yeux au ciel ?
— Je sais.
Il soupira lourdement. Ils n'étaient pas prêts de le lâcher de sitôt, il le savait. Dans un coin de sa tête, Minho cherchait à vive allure un moyen de les sortir, Jisung et lui, de cette situation.
Alors qu'il s'apprétait à sortir une excuse aussi décalée que ses chaussettes dépareillées, le brunet se racla bruyamment la gorge et s'avança dans le séjour. Mains jointes devant lui, les traits tirés par le respect, Jisung se planta à la limite entre la cuisine et le salon. Juste entre les parents et le fils, face au couloir menant à la porte d'entre. Un rempart, un panneau sortie de néons verts.
— Minho ne savait pas que je venais, je l'ai prévenu quand je suis arrivé devant chez vous. Je suis vraiment désolé d'avoir débarqué à l'improviste, il s'inclina. Je n'ai aucune mauvaise intention mais je comprends qu'il soit déplacé de venir à cette heure. N'en voulez pas à Minho s'il vous plait.
Le châtain ne l'avait jamais entendu parlé aussi solennellement.
— Ji...
— Je comprends que vous soyiez surpris, poursuivit-il sans adresser un regard à son ami. Je ne veux pas déranger plus longtemps, je suis vraiment désolé, nouvelle courbe.
Sans attendre une réponse quelconque, Jisung tourna les talons et se dirigea vers la porte d'entrée. Sous les yeux ahuris de la famille Lee, le garçon remit tranquillement ses chaussures, s'apprêtant à repartir de là où il venait sans un mot de plus.
Pour être déçu, Minho l'était. Jisung laissait tomber aussi facilement ce pour quoi il était venu ? Il comptait repartir dans la nuit comme un fantôme ?
— Wow wow wow jeune homme, où crois-tu aller ?
Jisung se redressa en sursautant et eut un mouvement de recul lorsque la mère de Minho contourna le plan de travail à grande vitesse pour s'approcher de lui, l'air sévère.
— Chez moi ?
— A cette heure ?
— Je suis bien venu jusqu'ici à la même heure..., il fronça les sourcils, lâchant la chaussure qu'il avait entre les mains.
Derrière, Minho restait cloué au sol, sans rien dire. Il avait du mal à assimiler la scène, lui ne pensait qu'à aller s'enterrer quelque part.
— Je n'étais pas au courant. Maintenant, il est hors de question que je laisse un enfant rentrer seul chez lui aussi tard sans adulte.
— J'ai quinze ans, fit remarquer Jisung.
— En plus ! S'esclaffa la mère en levant les mains au ciel avant de se tourner vers son fils. Minho, va installer un matelas dans ta chambre. Je ne vais pas laisser ton ami rentrer seul et je n'ai pas l'énergie de l'emmener.
Le garçon mit quelques secondes à sortir de sa léthargie pour comprendre ce que sa mère voulait dire. Jisung allait dormir ici ? Dans sa chambre ? Le châtain déglutit, le coeur battant. Il ne savait pas si c'était mieux ainsi ou s'il aurait préféré que son ami rentre chez lui... D'un côté, il ne se voyait pas attendre pour entendre le pourquoi du comment Jisung était venu jusqu'ici. Il voulait lui parler avant d'oublier ce qu'il se répétait en boucle depuis qu'il était rentré. Mais d'un autre côté, la présence de ses parents dans la maison rendait tout plus pesant, plus emprisonnant. Il n'avait pas envie que ses propres murs soient témoins de leurs émois, quels qu'ils soient.
— Je peux le faire..., rétorqua-t-il tout bas.
Ils pourraient parler sur la route, c'était sûrement mieux ainsi...
— Tu es un enfant toi aussi.
Echec de la mission.
— J'ai dix-sept ans.
— Tu restes un enfant Minho, souffla sa mère d'un ton dur. Va chercher le matelas.
Il ne chercha pas à protester, il n'y arriverait pas. Tout compte fait, il allait devoir passer la nuit en compagnie de Jisung et leurs états d'âmes fleuris. De toute manière, Minho ne se voyait pas attendre plus longtemps en sachant que le brunet avait fait tout ce chemin pour lui parler.
Le châtain hocha la tête aux dires de ses parents et tourna les talons pour se rendre dans l'ancien bureau de sa mère qui, aujourd'hui, ressemblait plus à un débarras qu'autre chose. Quand ils ne savaient pas quoi faire de meubles ou d'objets, c'était souvent dans cette pièce que les choses finissaient. Jisung ferait probablement un arrêt cardiaque s'il voyait le bordel présent derrière cette porte... Minho se fraya un chemin entre quelques cartons, se prit le pied dans un vieux téléscope et se cogna la hanche dans l'angle du fameux bureau (qu'il n'avait pas vu à cause de la masse de documents le recouvrant). Il cracha quelques insultes, maudit son père pour laisser le bureau se remplir d'autant de choses inutiles.
Finalement, posé contre le mur et recouvert de poussière, il trouva le fameux matelas qui servait pour les invités. Minho avait toujours préféré de les faire dormir sur le canapé. Quitte à pioncer sur une surface inconfortable, le canapé était mieux rambourré que ce matelas qui était plus un morceaux de tissu qu'autre chose. Mais ses parents avaient toujours étrangement insisté pour faire dormir les invités sur ce truc plutôt que leur sofa bien-aimé. Ryujin n'avait jamais dormi dans son lit, pas plus que Changbin et Oli qu'il connaissait pourtant depuis la maternelle... Même sa tante avait droit au matelas plutôt que le canapé lorsqu'elle leur rendait visite. Minho supposait qu'il s'agissait-là d'une des énième bizzareries de ses parents dont il n'aurait probablement jamais de réponse exacte.
En soupirant, le garçon traîna le matelas jusqu'à sa chambre et l'installa dans l'espace qui séparait son lit du mur extérieur, juste à côté de la fenêtre. Il s'empressa de passer un coup de chiffon et de le secouer dans tous les sens pour essayer d'enlever un minimum de poussière avant de lui mettre un drap propre et d'y jeter un plaid et une paire d'oreillers. Quand il se retourna pour chercher de quoi améliorer la qualité de ce lit de fortune, Minho eut un violent sursaut.
Jisung se trouvait sur le pas de sa porte, les mains dans les poches et l'épaule appuyée sur le cadran. Il avait gardé le même accoutrement que la dernière fois qu'ils s'étaient vu, ses jambes étaient égratignées et ses cheveux avaient séchés et partaient dans tous les sens. Il gardait cette expression neutre, un poil blasée pourtant ses joues rougies ne trompaient pas. Lui aussi, ça lui faisait quelque chose de se retrouver à passer la nuit dans la chambre de Minho. Et le palpitant de ce dernier s'emballa de plus belle.
— J'ai dû donner le numéro de ma mère à la tienne pour qu'elle la prévienne que je suis chez toi, soupira Jisung en se grattant la nuque.
— Purée, j'suis désolé.
Minho voulait se claquer le visage.
— C'est moi qui ai débarqué sans prévenir aussi. Elle a raison, il haussa les épaules et sourit, on est pas aux States et encore moins dans une série.
— Dire que tu me sortais le même discours quand je t'ai demandé de venir m'aider pour le monstre-là, il leva les yeux au ciel.
— De quoi tu te plains ? Si je me souviens bien, je suis quand même venu. Et c'était deux heures du mat' !
Minho le fusilla du regard avant de pouffer légèrement. C'est vrai, Jisung était venu l'aider pour une broutille alors qu'ils se connaissaient à peine et criaient qu'ils se détestaient. Ils avaient bien évolué depuis, à un stade qu'ils n'imaginaient même pas.
Minho contourna son lit, trébucha sur le matelas avant de rejoindre Jisung à sa porte. Le plus jeune ne bougea pas, restant appuyé contre l'encadrement à un pas de la vue de tous, à un pas de l'intimité. Il gardait ce petit sourire un coin qu'il avait gagné au fur et à mesure qu'ils discutaient et même lorsque Minho s'approcha d'un peu trop près, il resta là. Le châtain ne sut pas vraiment ce qui le prit lorsqu'il appuya son bras sur le cadran, au-dessus de la tête de Jisung qui leva le nez dans sa direction. Il n'avait pas prévu de le retrouver aussi tôt, d'être aussi proche de lui dans sa maison alors que deux heures auparavant il fuyait un presque-baiser.
Mais Minho, il avait le cœur qui battait la chamade, les pensées en ébullition et n'avait d'yeux que pour Jisung. Et pourtant, il ne savait pas quoi faire ou quoi dire. Ses parents se trouvaient à l'autre bout du couloir, ils discrets et rapides comme des serpents et pourraient les coincer en l'espace d'une seconde. Minho n'y survivrait probablement pas.
— C'est quoi sur tes jambes ?
Mais le garçon n'esquissa pas un mouvement pour le tirer un peu plus à l'ombre, loin des regards et des oreilles indiscrètes.
Jisung sourit, ses yeux balayèrent le visage du châtain penché sur lui. Malgré les fourmillements qu'il ressentait de haut en bas, le trouble causé par la faible distance, Minho sourit à son tour.
— Je me suis cassé la gueule sur le chemin.
Il pinça les lèvres.
— T'as besoin d'un pansement ou d'un truc comme ça ?
— Ça va, c'est rien.
Jisung pencha la tête sur le côté, sourit un peu plus. Minho retint sa respiration, juste le temps d'admirer combien les lèvres du plus jeune semblaient briller et l'appeler.
— Par contre, j'ai besoin de fringues pour dormir.
Au ton employé, le brunet devait probablement avoir remarqué que les yeux du châtain s'étaient un peu trop attardé sur sa bouche. Ce dernier cligna plusieurs fois des yeux et sentit ses joues chauffer, pris sur le fait. Minho se racla la gorge et se détourna pour reprendre sa respiration, tenter d'apaiser la violence des battements de son coeur.
— Oh... Oui, ouais. J'ai.
Il lui tourna le dos et se dirigea vers son armoire où chaque vêtement était roulé en boule dans tous les sens. Finalement, à l'image de ses parents, Minho était bordélique et ses méthodes de rangement n'avaient pas vraiment de sens. Chose que Jisung ne comprenait toujours pas, lui qui détestait tant le désordre. Par ailleurs, il s'abstint de faire des remarques sur ce qui traînait sur le sol et le bureau de son ami. Il en ferait une priorité plus tard.
Jisung attrapa le t-shirt et le jogging que lui lança Minho depuis l'autre bout de la chambre et se permit de les étirer pour en voir la taille. De toute évidence, il allait flotter dans tout ça.
— La salle de bain est juste en face, indiqua le châtain en pointant le couloir du doigt.
Jisung hocha la tête et le remercia avant de partir s'enfermer dans la salle d'eau. Minho profita de son absence pour se laisser tomber sur son lit, posant une main moite sur sa poitrine, juste là où son palpitant lui faisait la misère. Avec autant d'affolement pour presque rien, il n'allait pas réussir à passer cette nuit en toute sérénité. Ce n'était pas la première fois que Jisung et lui dormaient dans la même pièce mais à ce temps-là, Minho n'avait pas cette impression constante de fondre rien qu'en la présence de l'autre.
A ce temps-là, tous ses sentiments étaient bien moins puissants, moins bouleversants. Minho y avait survécu parce qu'il avait de quoi se distraire, parce qu'ils étaient loin de tout.
Aujourd'hui, ils étaient revenus à la vie réelle et le garçon était complètement submergé par toutes ces choses qu'il ressentait pour le plus jeune. Il ne comprenait pas forcément, il restait confus mais Minho était certain qu'à présent, il ne pourrait pas — plus — fuir.
Et il se rendait compte qu'il ne le voulait pas non plus.
Son parquet grinça et le regard du garçon tomba sur sa mère à l'entrée de sa chambre. Elle semblait moins contrariée qu'un peu plus tôt, son front était moins creusé et elle n'avait pas pris cette pose où elle mettait les mains sur les hanches pour se préparer à l'engueuler. Minho se redressa, pinça les lèvres en un petit sourire.
— Ne vous couchez pas tard, dit-elle. N'oublies pas que tu as des examens à réviser.
Le châtain retint un soupir, ses épaules s'affaissèrent.
— Oui.
— Et demain, on discutera de ces histoires d'escapades nocturnes.
Elle n'allait vraiment pas le lâcher.
— Maman..., il souffla. C'est bon là.
— Non c'est pas bon Minho.
Le garçon mordit l'intérieur de sa joue et baissa la tête. Il n'osait pas rétorquer pour s'affirmer, se faire entendre. Il n'oserait jamais.
Sa mère parut vouloir ajouter quelque chose, un avertissement ou une réprimande supplémentaire. Heureusement, c'est à ce moment-là que Jisung sortit de la salle de bain et son arrivée dans le dos de la femme remplaça la virgule de cette conversation par quelques points de suspension. Minho attendrait le lendemain pour être sermonné.
Le brunet salua poliment la mère, écouta attentivement son ordre d'aller se coucher « illico presto » parce que son fils avait un bac à réviser avec sérieux. Le concerné n'intervint pas et se contenta d'observer l'interaction dans le silence, les muscles du cou tendus. Puis, enfin, après une énième excuse accompagnée d'une promesse de ne pas traîner, Jisung et Minho se retrouvèrent enfin seuls. Le plus jeune s'assura que la porte de la chambre était fermée avant d'aller poser ses vêtements soigneusement pliés sur le dossier de la chaise de Minho où une tonne d'habits traînaient. Jisung se força à ignorer pour ne pas faire de remarque désobligeante et se contenta de jeter au sol ce qui se trouvait-là.
— Eh ! S'indigna le châtain en se redressant.
— Arrête. Pour toi c'est rangé là.
— Non.
Jisung releva un sourcil et se tourna vers lui.
— Va falloir être plus convaincant que ça.
— Ma manière de ranger est très logique si tu regardes bien.
— Je sais même pas où regarder tellement c'est le bordel.
Bon. Au final, il n'avait pas pu s'en empêcher.
Et puis il appréciait taquiner Minho. Ça lui avait manqué de se moquer gentiment de lui.
— T'as pas un esprit d'artiste, c'est pour ça.
Le châtain lâcha un soupir bruyant, secouant dramatiquement la tête comme si son ami était une cause perdue. Jisung leva les yeux au ciel dans un petit sourire et vint s'asseoir à ses côtés. Le matelas rebondit sous leur poid, leurs coeur aussi lorsque leurs genoux se touchèrent. Le contat restait léger, moins appuyé qu'auparavant mais il était bien là. Leurs regards se croisèrent à la lueur de l'ampoule défaillante de lampe de chevet de Minho. Tour à tour, ils ouvrirent la bouche avant de la refermer, préférant garder le silence. Peut-être qu'il leur fallait un petit temps d'adaptation, pour assimiler où ils en étaient. Et combien l'attraction était évidente à présent. Timidité peinte sur leurs joues rougies, affection pétillante aux coins de leurs orbes.
Minho avait envie de saisir sa main et d'entremêler leurs doigts. Il voulait le sentir contre lui, le serrer fort et ne plus le lâcher. Un flash de cette proximité dans la chambre de Jisung lui vint subitement et Minho passa sa langue sur ses lèvres, se remémorant combien le goût de celles du plus jeune lui avait manqué sur le moment.
Le châtain détourna le regard le premier et se leva subitement. Il se gratta la nuque, mordilla sa joue et tourna les talons dans sa direction. Il glissa légèrement sur le parquet et perdit l'équilibre quelques secondes. Minho resta là, debout et immobile, à tenter de se vider la tête tandis que Jisung le fixait en se demandant probablement ce qui avait bien pu piquer son ami. Ce dernier sourit maladroitement et désigna le matelas d'un geste vague.
— Prends mon lit, je vais dormir parterre.
— Pour quoi faire ?
Jisung fronça les sourcils et se leva en croisant les bras.
— Tu vas rien dormir sur ce truc.
— Je dors déjà pas de base, ça va rien changer à ma vie, il lâcha un rire sourd.
— Justement. Mon lit fait des merveilles, j'te promets.
— Je vais pas pioncer dans ton lit alors que toi tu te casses le dos à côté, protesta-t-il.
Minho gonfla les joues et souffla bruyamment. Il le pointa du doigt, feignant la menace et pinça les lèvres d'agacement.
— Je... Tu me saoules hein.
Il avait laissé tomber l'argumentaire. Il était nul pour en faire de toute manière.
— Toi aussi tu me gonfles.
Jisung sourit, amusé et pencha la tête sur le côté. Il s'était lentement approché pour s'arrêter presque sous son nez pour le provoquer un peu plus. Le destabiliser surtout. N'oublions pas que Jisung adorait voir le plus vieux perdre ses moyens pour un rien.
De toute évidence, c'était un jeu dangereux.
— On est vraiment en train de se disputer pour un matelas..., constata Minho dans une grimace.
Lui, il essayait de passer outre le fait que Jisung — et lui — ne pouvaient s'empêcher de se rapprocher. Que la distance ne leur convenait plus.
— Je suis content qu'on soit redevenus comme avant, murmura le brunet.
Comme avant ? Minho sentit quelque chose se serrer dans sa cage thoracique. Il perdit son sourire, un goût amer se répendit sur sa langue. Ils n'étaient pas comme avant, le nous avait une toute autre sonorité à présent. Non, il devait forcément y avoir un sens caché dans sa phrase. Jisung ne pouvait pas réellement penser que les choses étaient revenues comme elles l'étaient auparavant.
— Je dors parterre.
Malheureusement, Minho n'eut pas le temps d'assembler les mots pour former une réponse adéquate.
Jisung lui tourna le dos et partit s'asseoir lourdement sur le matelas. Celui-ci ne rebondit pas.
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