⌇Village.
10:01 pm.

⌦ ❛ Friends at a party ❜

La fête battait son plein, les vieilles musiques étaient de sorties ainsi que les chorégraphies de groupe que l'on retrouvait aux boums de camps de vacances. Ayant entendu parlé d'une fête que le village voisin organisait, la bande d'amis s'était décidée à s'y rendre afin de profiter de leur avant-dernière soirée de vacances ensemble. Alors Junkyu et Yoohyeon avaient joyeusement entraînés leurs nouveaux amis sur la place du village où les explosions de spotlight faisaient rage. Une table pleine de boissons et de nourriture avait été installée dans un coin pour faire office de mini-bar tandis que de l'autre côté des pavets, un homme s'amusait à passer au hasard des musiques des années 90 que tout le monde connaissait à l'aide de son ordinateur et de sa grosse enceinte. On aurait dit que l'entiereté du village s'était donné rendez-vous sur la place : des enfants aux personnes âgées, en passant par les quelques touristes, l'espace était rempli de gens et tous semblaient heureux d'être là.

La magie de l'été, disait-on.

Le groupe d'amis avait réussi à s'emparer de quelques chaises et les avait mis dans un coin pour y laisser reposer leurs affaires et ceux qui n'avaient pas très envie d'aller se déhancher sur du Beyonce. En l'occurence, seuls Jisung et Minho y étaient installés tandis que le reste de la bande s'amusait un peu plus loin avec quelques inconnus. Ils avaient réussis à piquer du bon punch servi dans un saladier au mini bar et l'on pouvait aisément remarqué ceux qui en avaient un peu trop bu — spoil : Ryujin et Changbin. 

Les bras croisés sur sa chaise, un air boudeur sur le visage, Minho observait ses amis sauter en hurlant. Pour une fois, il se sentait capable d'aller se mêler à la foule pour s'amuser mais Jisung avait refusé d'aller danser et Minho ne voulant pas le laisser seul, s'était résigné à faire le gardien de chaises et d'affaires pour tenir compagnie au brunet. Néanmoins, il restait ronchon et ne s'abstenait pas à demander encore et encore à Jisung pourquoi il ne voulait pas rejoindre les autres. 

—       Comment tu peux rester aussi stoïque alors qu'on a du Flo Rida dans les oreilles ? Bougonna Minho, fixant ses pieds qui s'agitaient d'eux même sous le rythme entraînant.

—        J'aime pas danser, soupira Jisung pour la énième fois.

—       Et sauter de partout ?

Le garçon lâcha un cri de douleur exagéré lorsqu'il reçu un coup de pied dans la cheville et fusilla du regard Jisung qui faignait l'innocence. S'en suivit une petite bataille de coup de pieds, c'était à celui qui déclarerait forfait le premier et très vite, Minho se désigna. Son ami savait frapper là où ça faisait mal. 

—      Va t'amuser avec les autres. Je peux survivre sans toi hein. 

L'argenté esquissa une petite moue et secoua la tête.

—      J'veux pas te laisser tout seul.

—      Je suis un grand garçon Minho, il leva les yeux au ciel.

Le dénommé secoua la tête et se tourna sur sa chaise, faisant face à son ami avant d'attraper ses mains. Jisung sursauta tant le geste fut brusque et eut un léger mouvement de recul en voyant que Minho s'avançait dans sa direction. Fallait dire que dans sa tête à lui, le souvenir de ce moment étrange dans la forêt restait frais dans sa mémoire et ça ne lui avait pas échappé que le plus vieux avait également bu un peu de punch. Alors avec un peu de retrait, Jisung observait le beau visage de Minho dont la lumière des spotlights se reflétait dans le creux de ses orbes. Ça lui donnait ce regard plus profond, plus doux aussi et si le garçon n'avait pas exercé une pression sur ses doigts, Jisung aurait continué de se laisser aller dans l'infini des yeux de son ami. Parfois, Minho, il faisait ce genre d'effets-là.

—       J'suis garant de ton bonheur pendant ces vacances Hanji.

Le brunet cligna plusieurs fois des paupières et déglutit. Il lui fallu quelques secondes avant de secouer la tête et de rouler des yeux, arborant son éternel air je-m'en-foutiste. 

—      Monsieur me skip deux jours, ça change de chambre mais ça se porte garant de mon bonheur, il lui lança un regard ennuyé, garant mon cul, ouais.

Minho entrouvrit la bouche, surpris puis se redressa en lâchant les mains de son ami. Il porta une main à son coeur et écarquilla les yeux, faignant d'être affreusement offusqué.

—      Sale rancunier. Je suis désolé je t'ai dit. 

Jisung balaya sa phrase d'un geste de la main et se détourna pour fixer de nouveau la place du village. Il étendit ses jambes, croisa les bras sur son torse et souffla exagérément, non sans cacher avec difficulté le petit sourire qu'il avait au coin des lèvres. Il lui avait tout pardonné, même si dans un coin de sa tête, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Il était un peu complexe, Minho, Jisung ne comprenait pas toujours le pourquoi du comment de ses agissements et même s'il prétendait pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert, certaines pages restaient collées et le garçon avait du mal à les séparer. Néanmoins, Jisung restait et resterait patient, peu importe le temps que ça mettrait. Minho en valait la peine. 

Le brunet sentait son regard sur lui et même s'il faignait l'indifférence, il avait soudainement du mal à se sentir à l'aise sur sa chaise. Minho, c'était vraiment quelque chose. Jisung se racla la gorge et lui donna une petite tape amicale sur l'épaule.

—      Allez lâche-moi la grappe et va voir les autres, il lui sourit légèrement. Ça se voit sur ta tronche que t'en crèves d'envie.

—      Moins si t'es pas là, il secoua la tête. Je préfère rester avec toi.

Et dans le fond, ça réchauffait quelque chose dans la poitrine de Jisung.

—     T'es vraiment collant.

—     Ah bah dis le tout de suite si tu veux te débarrasser de moi. On sera plus clairs comme ça.

Pour la millième fois, Jisung leva les yeux au ciel avant de lâcher un petit rire. Son genoux cogna doucement le sien et très vite, Minho perdit son air boudeur. Le brunet le fixait lourdement et comme il s'y attendait, l'argenté détourna rapidement le regard. Il l'avait remarqué, Jisung, que depuis quelques jours c'était devenu habituel pour Minho de tenter de fuir d'une quelconque manière dès que ce n'était pas lui qui instaurait un contact physique. Ça aussi, ça faisait partie de ces choses que Jisung ne comprenait pas vraiment de la part de son ami. Mais c'était toujours amusant et un poil satisfaisant de le voir soudainement perdre ses moyens alors le brunet continuait sur cette voix. Puis avec un peu de chance, il finirait par avoir une réponse à ses questions.

Jisung reporta à son tour son regard sur la piste de danse et la première chose sur laquelle son regard se posa fut Ryujin et Junkyu. Ryujin et Junkyu qui s'embrassaient à pleine bouche. Le brunet s'étouffa avec sa salive et n'eut pas besoin de jeter un oeil à Minho pour savoir s'il les avait vu : l'argenté les pointait du doigt, la bouche tordue en une expression choquée qui débitait mots incohérents sur mots incohérents. Alors celle-là, ils ne s'y attendaient pas.

Jisung sentit l'embarras se répandre dans son corps, lui qui avait une légère aversion pour les contacts physiques trop poussés en public. Même s'il n'était pas concerné, cela le gênait toujours et ses deux amis n'échappaient pas à la règle. Alors il se tourna définitivement vers Minho qui fixait toujours les deux autres de ses yeux ronds. Ryujin allait en entendre parler de cette histoire... 

—      Ferme la bouche, tu vas gober des mouches, Jisung lui donna une tape sur l'épaule.

—      J'suis sous le choc.

—      T'as jamais vu deux ados qui se roulent des pelles ?

—      Pas Ryujin ! S'exclama l'argenté. 

—      Et toi alors ?

Minho cligna plusieurs fois des yeux, probablement surpris par la question et se tourna enfin vers Jisung, la tête penchée sur le côté. Il fronça les sourcils, pas certain de ce qu'il devait répondre et alors, le brunet se rendit compte de la question qu'il venait de poser. Il repensa alors à cette fameuse soirée où il avait — vraisemblablement — failli embrassé Minho et ce fut à son tour de vouloir esquiver la situation. 

—      Quoi moi ? Bégaya Minho.

Lui aussi semblait avoir perdu ses moyens. Ses joues rosirent et son regard se fit fuyant, lèvres et mains tremblantes.

—      T'as jamais embrassé quelqu'un ?

Jisung sentit sa bouche s'assécher. Il ne savait pas vraiment ce qui le prenait, pourquoi d'un seul coup c'était la seule question à son égard qui tournait en boucle dans sa tête. Le garçon sentit ses joues chauffer alors qu'il se forçait à garder la face devant Minho dont les mains commencaient à se tordre entre elles. Le brunet s'en voulu de rendre aussi mal à l'aise son ami mais aucune autre phrase ne parvenait à sortir de sa bouche.

—      Euh, Minho passa sa langue sur ses lèvres et pencha sa tête sur le côté, faisant mine de réfléchir, si mais c'était au collège. Ça compte pas trop.

Il avait toujours été plutôt du genre à avoir des béguins sans jamais chercher à se lancer. Jeongeun était probablement la première pour laquelle Minho se lançait dans une telle aventure.

—      Pourquoi ?

—      Je l'aimais pas tant que ça, c'était trop chelou, il haussa les épaules. Un vrai baiser c'est quand ton cœur bat pour l'autre. Alors à mes yeux, j'ai pas encore eu « the kiss », il mima les guillemets.

Jisung pinça les lèvres et hocha la tête. Lui qui n'avait jamais embrassé personne devenait de plus en plus curieux. Il n'était pas du genre à trop s'interroger sur ce genre de sujet, il ne s'y intéressait pas vraiment.

Mais encore une fois, Minho avait tout chamboulé. Depuis cette fois dans la forêt, il ne faisait qu'y songer.

—      J'ai jamais embrassé quelqu'un, avoua-t-il soudainement.

Jisung détourna le regard et se gratta la nuque. Il ne savait même pas pourquoi il se sentait aussi embarrassé, lui qui restait toujours posé sur n'importe quels sujets. Jisung était celui qui rassurait, pas celui qui en avait besoin. C'était étrange d'être dans cette position, il avait l'habitude de se débrouiller seul avec ses insécurités.

—      C'est pas grave. T'as juste pas encore trouvé la bonne personne.

Minho était peut-être l'exception à la règle.

—      J'en ai envie.

Jisung baissa la tête et essuya ses mains moites sur son jean.

—      D'embrasser quelqu'un, s'empressa-t-il d'ajouter.

Il ne vit pas Minho écarquiller les yeux, il ne l'entendit pas non plus s'étouffer avec sa salive. Les joues de Jisung chauffaient de plus en plus et il se sentit obligé de poser ses mains fraîches contre sa peau brûlante.

Plus loin, les villageois (et leurs amis) continuaient de danser, de sauter et crier — certains bouteille à la main. Ils semblaient tous si loin, à l'extérieur de tout dans la fraîcheur estivale quand eux consumaient les parois de cette bulle qui leur était propre. Jisung et Minho, ils étaient dans leur monde, où les rafales de vents pouvaient être aussi douce que violentes, aussi chaudes que fraîches. Et même si parfois, c'était déstabilisant, c'était parfait à leurs yeux.

Alors entre quelques vents du Sud, leurs regards se croisèrent et s'entremêlèrent. Et peut-être que le cœur de Minho rata plusieurs battements. Et peut-être que celui de Jisung s'emballa violemment.

—      J'ai mon troisième voeu.

Sa voix s'était faite fébrile dans le fond.

—      A-Ah ?

Celle de Minho s'était faite inaudible.

Jisung cligna plusieurs fois des yeux, sourit faiblement avant de passer sa main moite dans ses cheveux. Comme une habitude, son genoux cogna le sien et Minho n'eut même pas la force de sursauter. Une éternité sembla s'étendre dans l'espace temps et probablement que l'un aurait fini par faire un arrêt cardiaque si la voix de Jisung que Minho aimait tant n'avait pas brisé le silence qui s'était installé entre eux.

—     J'aimerais que tu sois mon premier baiser, Minho.

Il voulu sûrement rajouter quelque chose, parler de leur stupide contrat pour faire passer la pilule. Il ne se sentait pas en capacité de réfléchir correctement et rationnellement.

La magie de l'été. Tout s'était mis sur pause.

Dans le cerveau de Minho. Dans le cœur de Jisung.

—      D'accord.