#113
⌇Minho's house.
10:36 am.
⌦ ❛ Happy birthday ❜
Ce fut en trébuchant sur son propre pied et après s'être pris l'angle de l'îlot central de sa cuisine dans la hanche que Minho parvint enfin à ouvrir les yeux. Il grogna, lâcha quelques insultes dans le vent avant d'escalader avec difficulté une chaise tout en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Sous le regard médusé de ses parents, le garçon attrapa lentement une tasse pour se servir du café tout aussi lentement. Il avait beau en détester le goût, Minho se persuada bêtement que son organisme de « presque-adulte » pouvait lui offrir une toute nouvelle résistance à son goût aigre.
Il semblerait que quelqu'un ait oublié de lui dire que le corps humain ne fonctionne pas de cette manière...
A peine ses papilles gustatives eurent le temps d'analyser le goût dans son entièreté que le garçon avait déjà tout recraché dans sa tasse d'une manière peu discrète. Dépité, Minho souffla et reposa lourdement le récipient devant lui avant de se passer une main sur le visage.
Fallait le dire, il était éclaté. La veille, le garçon avait voulu accompagner Jisung dans une énième insomnie, proposant de regarder un film et de lui chanter des berceuses. Seulement, une fois que minuit eut sonné, annonçant alors les dix-huit ans du plus âgé, les deux amoureux s'étaient aventurés sur milles-et-un sujets de conversation et ils avaient fini par discuter toute la nuit. Infatigable sur le moment, à présent, il regrettait légèrement de s'être dit qu'il pouvait facilement survivre à une nuit blanche... La journée allait être dure, il le sentait.
Définitivement, Minho avait bien trop besoin de ses huit heures et plus de sommeil. Il admirait sincèrement Jisung.
— Dis moi fiston... J'ai une question.
La voix de son père le fit sursauter. Il commençait à s'endormir sur sa chaise. Minho hocha la tête et cligna plusieurs fois des yeux pour redonner un semblant de netteté à sa vision, soutenant sa tête dans le creux de sa main.
— Mmh ?
Il bailla bruyamment.
— On est quel jour ?
— Euh..., il fronça les sourcils puis baissa le nez sur ses doigts pour compter. Vingt-trois mercredi, vingt-quatre jeudi, vingt-cinq vendredi... On est vendredi.
Également, Minho avait dix-huit ans aujourd'hui. Plus qu'un vendredi lambda, le garçon avait impatiemment attendu ce jour tout au long de la semaine. Il avait même entraîné ses expressions faciales surprises pour ces moments où l'on viendrait lui souhaiter un bon anniversaire. Minho avait beau répéter constamment qu'il était maudit, il avait surtout la manie d'un peu trop apprécier le jour de sa naissance au goût de certains. Il pouvait aisément se souvenir des soupirs désabusés de ses parents alors qu'il débarquait comme une furie dans leur chambre dès l'aube pour hurler que c'était son jour lorsqu'il était plus jeune. Aujourd'hui, il s'était calmé (du moins avec eux, ses amis n'avaient malheureusement pas encore réussis à échapper ses pics d'excitations d'être l'abominable « centre de l'univers »), Minho préférait parier combien de temps ses parents mettraient à lui souhaiter son anniversaire. Avec le temps, il semblait qu'ils oubliaient de plus en plus... En dépit du fait qu'il en plaisantait, le garçon restait toujours vexé et soucieux de ce regard peu concerné qu'avaient ses géniteurs sur lui.
Alors face à la question de son paternel, le châtain sentit un pic encourageant monter en flèche pour s'éparpiller dans chacun de ses membres. Il avait osé parier avec ses amis qu'il aurait droit au « joyeux anniversaire fiston » avant dix heures du matin.
Il se dressa un peu plus sur sa chaise et retint un petit sourire.
— Ooh on est vendredi..., son père hocha longuement la tête. Et il est, il zieuta sa montre, dix heures et demi.
— Ça va il est pas tard.
— Minho tu avais cours à huit heures.
Ah !
Il était vrai qu'il lui avait semblé étrange d'être aussi facile à lever un matin de cours après la nuit qu'il avait passée.
— Ah. Oups ?
Il se crispa sur sa chaise et son semblant de sourire vira rapidement en grimace. C'était sûr et certain, ses parents n'avaient pas tant relevé que ça son anniversaire, il avait perdu 14 500 wons et il allait se faire tirer les oreilles plus d'une fois.
Sa mère soupira longuement et le garçon baissa les yeux par automatisme.
— Tu abuses jeune homme, dit-elle d'un ton las. Tu as encore des examens à passer et beaucoup de cours à rattraper si j'en crois les dires de ta professeure principale. Tu veux partir étudier mais ce n'est pas avec un comportement pareil que l'Université de Séoul t'acceptera. Je croyais t'avoir prévenu pourtant.
— Mais je travaille, bougonna Minho, je fais que ça. Me dis pas que tu crois vraiment que j'ai fait exprès de pas entendre mon réveil quand même...
— Tu ne fais pas assez d'efforts. Tu te contentes constamment du minimum.
Le garçon écarquilla les yeux, ses bras tombèrent d'eux même le long de son corps. Il n'arrivait pas à croire qu'elle osait lui sortir ce genre de discours alors qu'il n'avait jamais autant fait d'efforts de sa vie que ces derniers mois. Pour une fois, il était fier de ce qu'il avait pu accomplir dans le scolaire ; pour une fois, il ne se voyait pas totalement comme une cas désespéré lorsqu'on lui rendait ses notes. Il avait bêtement pensé que, quelque part, sa mère s'en était rendue compte lors de la réunion avec sa professeure principale.
— Je fais que ça « faire des efforts »..., répondit-il après quelques minutes de silence.
Y'avait ce poids dans sa poitrine qui ne cessait de grossir et s'alourdir. Il allait s'énerver, il le sentait venir de loin.
— Minho, tenta son père.
— J'me tue à la tâche pour vous satisfaire parce que je flippe tout le temps de vous décevoir ! J'sais que j'suis une catastrophe ambulante à tes yeux maman, j'le sais très bien mais c'est pas parce que je vis un peu, que je m'amuse ou que je fais le con que j'vous prends pour des abrutis. J'finis toujours par me plier à vos exigences pour que vous voyiez que j'suis pas un incapable ! J'me suis jamais autant impliqué de ma vie que ces derniers temps et t'es même pas foutue de le reconnaître. J'veux bien admettre mes torts mais là t'en as plus que moi maman et ça commence à me casser les couilles que tu fasses l'aveugle.
— Lee Minho ton vocabulaire ! S'exclama son père en tapant son poing sur l'ilôt, faisant bruyamment rebondir les couverts devant lui.
Le dénommé ne sourcilla même pas. La moutarde lui piquait trop le nez pour qu'il puisse sentir venir d'éventuels problèmes.
Il n'avait pas souvenir de s'être déjà énervé à ce point. Certes, ses parents avaient eu droit à la petite crise d'adolescence habituelle lorsque leur fils était au collège et pétait des câbles pour absolument tout et rien. Avec le temps, il s'était calmé — assagi même — en dépit de quelques bêtises à droite et à gauche ; c'était normal, il lui prenait parfois l'envie de profiter à fond de sa vie sans trop se soucier. Minho avait pris l'habitude des réprimandes, à acquiescer tout haut en contredisant tout bas. Il avait la flemme de se battre, aucune énergie à accorder à un conflit avec ses parents. Il s'était toujours dit qu'ils finiraient bien par lui lâcher la grappe pour voir qu'il n'était pas si pourri que ça... Malgré tout, Minho ne s'était jamais emporté avec autant de sentiments négatifs auparavant. Et même si cette réaction soudaine lui donna l'impression de se faire enfin regarder, il n'était pas vraiment sûr d'apprécier la violence de cette escalade.
— Et ton vocabulaire quand tu passes ton temps à me rappeler que j'suis décevant, un abruti blablabla.. Tu crois que t'y fais gaffe ? Sa voix trembla et il se mordit brutalement la joue pour renvoyer ces foutus larmes qu'il sentait monter. Non, bah non hein. Vous voyez que ce qui vous intéresse vous, pas moi et ça me pourrit en fait.
— Mais qu'est-ce qui te prend à la fin ?
Un rire sans joie s'échappa du fond de sa gorge et il leva les yeux au ciel.
— Si tu tenais à moi maman, tu devrais même pas me poser la question, cracha-t-il.
Elle écarquilla les yeux.
— Minho !
Le garçon descendit de sa chaise en prenant une grande inspiration et manqua d'en tomber tant ses jambes tremblaient. C'était comme s'il observait la scène depuis l'extérieur, comme si on avait appuyé sur un bouton off pour faire taire son côté prudent et rationnel. Il était hors de lui pourtant sa voix restait parfaitement calme. A côté de son scandale sorti de nulle part, c'était probablement ce qui décontenançait le plus ses parents. Ces deux-là restaient droit sur leur chaise, ahuris comme s'ils assistaient au plus grand plot twist de l'histoire.
— J'comprends pas pourquoi tu fais la choquée, il posa ses mains sur ses hanches et fixa longuement sa mère dans le blanc des yeux. Ça t'arrive jamais de te remettre en question ? Parce que j'sais pas toi mais moi j'y passe tout mon temps, il tapa son torse du plat de la main et se mit à faire les cent pas devant eux en enchaînant à toute vitesse. J'me demande tout le temps comment vous allez réagir, quelles tronches déçues vous allez tirer, quels discours stupide vous allez me servir en radotant jusqu'à me bourrer le crâne. C'est tout le temps comme ça et ça me pourri j'vous dis ! Il haussa le ton en se tournant vivement vers eux, un rapide éclair de folie dans le regard. Vous comprenez ou pas ?
Ses mains empoignèrent le dossier de sa chaise qu'il secoua distraitement, signe distinctif de sa soudaine nervosité alors qu'il prenait un peu conscience de la situation. Il gueulait sur ses parents et ne pouvait plus faire marche arrière. Sa respiration s'accéléra et il déglutit bruyamment.
— J'vous demande pas la Lune, juste de me prendre en considération, marmonna-t-il. Et pour de vrai.
— Mais Minho, nous ne t'ignorons pas ! Au contraire, on...
— Arrête de mentir papa, soupira le garçon en secouant la tête. De me mentir, même pire : de te mentir.
L'homme se rassit aussi vite qu'il s'était redressé. Probablement qu'il était trop abasourdi pour rassembler le moindre mot qui ferait redescendre son fils. Lorsque le wagon de la montagne russe est lancé, c'est compliqué de l'arrêter juste par la pensée.
Sa femme et lui n'avaient pas l'habitude d'écouter. Ils entendaient mais n'écoutaient pas, ils voyaient mais ne regardaient pas. Ils étaient deux grosses têtes de mules qui carburaient au sarcasme et la moquerie, se pensant drôles et persuadés d'être la vérité absolue en tant qu'adultes. Ils aimaient ce fils qu'ils avaient conçu, qu'ils avaient longuement imaginé parfait à leurs yeux parce qu'ils avaient voulu lui apprendre la vie autrement que celle qu'eux avaient connus; ils avaient ce truc de ne pas vouloir répéter les mêmes erreurs que leurs parents respectifs. Alors quand les choses n'allaient pas dans leur sens, c'était évident qu'ils s'emportaient pour obtenir une victoire qu'ils n'avaient peut-être jamais eue. Car si elle les rendait, eux, heureux et satisfaits, les répercussions sur leurs faits et gestes ne pourraient être que positives. Après tout, ils ne voulaient que son bien.
C'était un cercle sans fin bien trop commun.
Sûrement un syndrome de vieux, Minho espérait ne jamais l'attraper.
— Si vous aviez au moins un minimum d'estime pour moi, vous auriez pas oublié mon anniversaire. Vous auriez vu que je fais des efforts à l'école et que j'ai jamais eu autant de bonnes notes que ces derniers temps. Vous auriez vraiment pris en compte le fait que j'me projette enfin dans le futur et que ça me plait vraiment au lieu de m'imposer vos choix. Vous auriez vu que j'fais toujours des crises d'angoisses dans la foule, que c'est pas une séance à ticket unique chez la psy que vous m'avez « offerte » qui a changé grand chose. Oh et peut-être que vous auriez réussi à voir les choses qui me rendent super heureux au quotidien, genre mes potes que vous passez votre temps à critiquer, ou que j'suis amoureux et que j'me suis jamais senti aussi bien de ma vie.
Il débitait encore et encore, sans prendre le temps de respirer. Minho ne réfléchissait pas aux mots qui sortaient de sa bouche. ll avait intériorisé ce genre de discours tant de fois que même sur le mode « pilote automatique », il n'en bégayait pas une syllabe. C'était un éclat de ras-le-bol, le craquage d'une fatigue mentale avec laquelle il s'était habitué à vivre. Ses épaules et sa poitrine semblaient plus légères malgré une piqûre amère à l'arrière. Il avait l'impression de dépoussiérer complètement le placard à balais de sa grand-mère. Ça l'étouffait, pourtant le résultat était revigorant.
— J'suis désolé de pas être le fruit de vos espérances au final mais franchement, j'en ai ras le cul de continuer à essayer de l'être. J'suis fatigué.
C'était le genre de phrases qu'il avait l'habitude de sortir à ses amis sur le ton de la plaisanterie. Ça peut toujours faire rire de râler d'être le cas désespéré de sa famille, Changbin le comprenait parfaitement. Seulement, ces mots qu'il avait déjà prononcé à voix haute eurent l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Minho se rendit alors sincèrement compte du nombre de blessures accumulées par ce genre de pensées. Ça ne fait jamais trop plaisir d'être et se considérer comme le poids d'un groupe.
Étrangement, il s'en sentit satisfait. Il pouvait parfois être un boulet, certes, mais cette fois-ci, il avait parfaitement conscience de ne pas en être un. Parce qu'il était qui il était : tête en l'air mais avec un bon fond. Et Minho, il se surprit soudainement à s'aimer ainsi.
Il passa une main sur son haut de pyjama pour le plisser soigneusement avant de passer une main dans ses cheveux d'être dramatique. Un long soupir s'échappa d'entre ses lèvres tandis que son regard passait de son père à sa mère et sa mère à son père. Tous deux bouches et yeux grands ouverts, le teint livide et vides de mots. Ils parurent soudainement avoir pris dix ans de plus.
— Maintenant, j'ai fini. Donc j'vais me dépêcher d'aller en cours. Bonne journée.
Il se courba à quatre-vingt dix degrés et tourna sur ses talons pour se diriger lentement dans sa chambre. Ses parents, eux, n'esquissèrent aucun mouvement. Ils continuèrent à fixer l'endroit où Minho se trouvait deux minutes plus tôt comme si le lot d'informations avaient fait un détour avant d'arriver à leur cerveau.
Lorsque leur fils repassa devant eux après s'être préparé, ils n'avaient toujours pas bougé. L'odeur du café froid lui fit froncer le nez et il pensa qu'il aurait aimé grignoter quelque chose avant de s'énerver. Maintenant, il avait la dalle mais était trop fier (trop effrayé aussi) pour se repointer devant eux et piquer une ou deux tartines.
— Bon anniversaire à moi-même hein, marmonna-t-il en nouant ses lacets.
Ce soir, les choses allaient peut-être péter et il irait se coucher avec un mal de crâne mais Minho, il avait réussi à dire ce qu'il voulait dire. Et il avait une journée entière à vivre avec ceux qu'il aimait le plus avant de repartir sur le front.
La porte d'entrée claqua derrière lui et il eut la même sensation qu'un prisonnier mettant enfin les pieds dehors. Il prit le temps d'inspirer l'air froid, le renouveau, de profiter doucement de cette sortie en dépit de son retard plus que conséquent.
A la place du traditionnel carré de tofu, c'était un.e Oli avec un sourire ému qui l'attendait sur le trottoir.
;『• • • ✎ nda • • •』;
dites que vous êtes fier.es de notre minho national sans dire que vous êtes fier.es de notre minho national 😎
oui donc après plusieurs mois d'absence, j'ai le plaisir (?) de vous annoncer qu'il ne reste, à présent, plus qu'un chapitre à so let's love... j'espère que celui-ci vous aura néanmoins plu, c'était le plan mais j'avoue jsp quoi en penser
merci pour votre patience
je vous souhaite une bonne journée, hydratez-vous et prenez soin de vous
<3
sunny~
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