partie unique
TW : présence de sous entendus sur l'automutilation, mention de suicide et de mort.
please no hate envers le perso de Minho <3
""Les cliquetis de verre qui s'entrechoquaient résonnaient dans la petit bar à l'ambiance calme. Un simple mercredi soir d'hiver au bout d'une petite rue d'un des quartiers populaire de Séoul, très apprécié par les étudiants.
Un jeune homme aux cheveux colorés, la vingtaine et l'air ennuyé laissait son regard s'échouer sur les gouttes de pluie qui longeaient les vitres opaques et salies par le temps.
L'hiver était rude, et lui plus que quiconque semblait en prendre conscience une année de plus. Il finit d'une traite son verre initialement remplit d'un alcool fort à l'odeur nauséabonde et à la couleur douteuse, noyant son chagrin comme il voulait par le pouvoir de cette étrange mixture, espérant réparer son cœur brisé.
Il ne détestait pas particulièrement la vie, il fut un temps où celle-ci lui semblait être un don des dieux, un temps où la moindre poussière lumineuse le fascinait, un temps où chacun des faits qu'il relatait dans sa tête bien remplie le passionnait. Il détestait juste le destin qui s'était joué de lui. Alors il s'était mis à jouer avec lui, il jouait au plus idiot et trichait pour essayer de survivre à ses émotions.
Tout compte fait il détestait sûrement cette vie.
C'était il y a maintenant plus de trois années, trois longues années depuis que ses lèvres avait effleurer les siennes pour la dernière fois.
Trente-six mois depuis que ses mains avaient frôlé sa taille par envie.
Cent cinquante-six semaines depuis que ses phalanges avaient caressé sa joue avec douceur.
Mille quatre-vingt-quinze jours depuis que leurs doigts s'étaient liés ensemble dans une tendre étreinte.
Vingt-six milles deux-cent quatre-vingt heures depuis qu'il avait quitté la chaleur de ses bras possessifs.
Un million cinq-cents soixante-seize-milles huit-cents minutes depuis que son regard brillant avait croisé le sien le faisant frissonner.
Quatre-vingt-quatorze-millions six-cents-huit milles secondes alors qu'une dernière larme avait coulé sur sa joue.
Il ne pleurait plus.
Seule sa présence avait le pouvoir de réveiller cette âme qui semblait éteinte, ce cœur qui battait sans but dans sa poitrine alors que trois ans en arrière il ne battait que pour lui.
"- Jisung !"
Le bleuté s'extirpa brutalement de ses pensées alors que son regard froid et vide se dirigea vers les deux jeunes hommes assis face à lui. Le blondinet et celui aux cheveux d'un gris polaire posaient un regard remplit d'une grande inquiétude sur leur vis à vis. En voyant celui-ci loucher sur son verre vide le plus jeune des deux s'en saisit pour l'éloigner de son possesseur qui semblait bien trop s'y intéresser ce soir.
"- Stop, tu as dis que c'était le dernier."
Le plus âgé jeta sur lui un regard mauvais, son cerveau bien trop embrumé par l'alcool pour mesurer l'impact de ses actes sur ses cadets.
Jeongin était un de ses plus vieux amis, rencontré sur les bancs de l'école primaire le plus petit était une véritable étoile qui veillait sur lui depuis bientôt seize années. On pouvait dire que Jisung en était l'astre, dans une autre vie le cadet devait être son ange gardien.
Assis aux côtés de ladite étoile il y avait Félix. Si Jeongin était une étoile Félix était sans aucun doute un soleil, quelqu'un qui avait toujours tout donné pour répandre le bonheur autour de lui, il illuminait sa route depuis le collège. Les deux garçons furent de très bons conseillers et confidents respectifs jusqu'à il y a trois ans.
Ils étaient ceux pour qui Jisung n'avait pas encore franchi le pas, ceux pour qui il était encore là à traîner tout sa peine et sa douleur, ceux pour qui il n'avait pas encore quitté ce monde.
Les deux jeunes hommes demeurerait la raison consciente qui le poussait à continuer à respirer douloureusement.
Mais les deux cadets le savaient, même si leur ami était présent physiquement la vérité c'était qu'il vivait comme si son âme s'était envolée. Une âme qui était partie il y a trois ans, emportant et détruisant tout le reste sur son passage.
Trois années auparavant un soir d'été Han Jisung était mort, mais personne sauf ces deux-là n'aurait pu le remarquer ou le deviner. Oui, car en ce soir d'été le sang n'avait pas coulé, le jeune homme s'était éteint en une seconde d'un souffle silencieux
Depuis rien n'était pareil. Alors qu'avant le plus grand les menaient uniquement par son aura lumineuse et sûre d'aîné dans ce long couloir étroit qu'était la vie il n'avait suffit que d'un soir d'été pour que ce soit à eux de le traîner dans ce couloir, l'empêchant de se laisser partir, ils refusaient d'avancer entre ces murs s'ils ne les suivaient plus. Ils le savaient tout les trois que ça n'avait pas de sens, que plus grand chose ne semblait tourner tourner correctement sur leur petite planète.
Et pourtant ils ne pouvaient pas se faire à l'idée de briser ce qui restait de ce lien entre eux, un lien bien abîmé par ces un million cinq-cents soixante-seize-milles huit-cents minutes.
Alors quand le bleuté se leva pour rejoindre la sortie, le blond aux tâches de rousseurs et le gris aux traits juvéniles ne cherchèrent pas à le retenir se murant dans le silence.
Un silence qui était devenu commun entre eux depuis trois ans.
---------------------------------
(flashback de trois ans)
"- Je vais m'engager, je ne reviendrai pas."
Ces mots résonnaient en lui, détruisant tout ce qu'il y avait de bon et heureux.
Il était son bonheur, sans lui la vie perdait son sens.
Alors pourquoi ?
Pourquoi ce regard sombre plus déterminé que jamais, ce regard qu'il aimait plus que tout en ce monde. N'avait-il aucun scrupule à le laisser de la sorte ? N'était-il pas peiné de lui annoncer cela les yeux dans les yeux alors que lui sentait son cœur éperdument amoureux se briser dans sa poitrine ?
Pour la première fois depuis neuf années qu'il était à ses côtés Jisung ne s'était jamais senti aussi seul que dans ses bras.
Il resserrait sa prise sur ses avant-bras comme une supplication silencieuse de ne pas le laisser seul ici sans sa présence à ses côtés, une prière de ne pas partir loin de lui sans retour.
Comme une réponse à ces sentiments lui avait relâché sa prise sur la taille du plus jeune.
À ce simple geste Jisung se sentit partir, tomber dans un vide sans fond, un monde d'une obscurité terrifiante et insurmontable à ses yeux innocents de l'amour qu'on leur avait porté depuis si longtemps. Alors il se raccrocha comme il put au plus grand, encerclant sa nuque de ses bras frêles pour s'y raccrocher comme à une bouée au milieu d'un océan bien agité.
"- Je ne te laisserai pas faire ça."
Il était son repère, le phare qui le guidait dans cet océan nocturne, sans lui il le savait il serait condamné à errer dans l'obscurité pour l'éternité s'il il ne se noyait pas avant. Si aujourd'hui était le jour de leurs adieux Jisung en était persuadé : il n'y survivrait pas.
Le plus âgé laissa entendre un bien triste soupir, resserrant ses bras autour de la taille de son amant alors qu'il laissait son front s'échouer contre le sien, son regard anéanti fixant le sol d'un air exténué.
"- Je t'en supplie essaye de comprendre"
Ces mots qu'il avait à peine souffler s'accompagnèrent alors de douces larmes qui se mirent à couler sur ses joues, brisant un peu plus ce qui restait du cœur de son cadet.
Lui ne pleurait pas.
Il refusait que ses larmes coulent pour cette réalité absurde et douloureuse qu'il n'acceptait pas, une réalité où Minho n'était plus de son monde.
Et pourtant ses mots brisés, ses mains tremblantes, ses joues humides et son regard blessé lui hurlaient qu'il serait forcé de vivre dans cette réalité qu'il haïssait plus que tout.
Alors il mit un peu plus de force dans son étreinte, il n'en avait pas grand chose à faire de lui faire mal à ce moment là, lui était bien entrain de briser son cœur. Non, si jamais ces instants étaient leurs derniers, si jamais il passait cette porte pour ne plus se retourner, si jamais il partait pour ne jamais revenir alors il voulait que Minho soit imprégné de l'empreinte de son corps contre le sien, il lui laisserait la marque indélébile de son passage, le souvenir de son visage gravé dans son âme meurtrie.
-------------------------
(retour au présent)
On aurait pu croire que le bruit de ses pas lourds sur le sol humide jouait en harmonie avec le tonnerre qui présageait un orage tumultueux. Pourtant pour Jisung c'était plutôt les battements de son cœur qui semblait s'aligner à l'électricité de l'air ambiant. À cet instant, le monde entier était le théâtre de ses émotions, le miroir de son esprit et le reflet de ses sentiments. Le chaos semblait être maître se battant au côté de la tristesse et du désespoir pour remporter cette guerre de désarroi. Sombre et agité, c'en était l'état de son âme.
Depuis trois ans il n'y avait qu'à ces quelques moments que la logique du monde semblait enfin s'encrer dans son esprit, elle ne semblait plus si idyllique enfin accessible au jeune homme alors qu'autour de lui on semait la tristesse et la désolation.
Puis, alors qu'en avançant dans les rues de Séoul son regard restait fixé sur le sol, une simple flaque d'eau lui renvoya son reflet indésiré, le reflet de son visage. Cette image ça faisait longtemps que le bleuté ne l'avait pas vue. Suite à son départ il avait renié sa propre image, il refusait de voir celle-ci se dessiner devant lui.
Il refusait de se voir si ce n'était pas pour briller dans les yeux de l'autre.
Ce qu'il voyait c'était un homme qui était son plus grand inconnu. Ses cheveux initialement colorés en bleu avaient poussés ne laissant que quelques pointes teintes au bout de mèches qui tombaient dans son cou. Ses yeux ternes étaient cernés, marqués d'un grand épuisement, reflétant le vide de son esprit.
Il détourna le regard immédiatement refusant d'en voir plus, mettre une image extérieure sur ce qu'il ressentait à l'intérieur le terrifiait. La souffrance et la torture de ses sentiments se dessinaient sur ses traits affinés dangereusement par sa sous nutrition. Mais cette information il la refusait préférant le souvenir de son visage heureux contre le sien , malgré la souffrance que la réminiscence de son abandon provoquait il préférait se rattacher à cela, sûrement dans l'espoir qu'il lui revienne. Il se détestait de penser cela, il haïssait sa dépendance à cette seule âme jumelle de la sienne, le plus précieux de ses trésors, une inestimable valeur qu'il avait perdu.
Il poussa la porte de son appartement en soupirant, la moindre pensée lumineuse semblait être contaminée par un poison obscure et cela l'épuisait. Il n'était plus capable de penser au bien sans se faire de mal.
Et alors qu'il se dirigeait vers la porte de sa chambre pour finir sa soirée en compagnie de sa bouteille de whisky, son pied glissa sur quelque chose au sol. Une simple petit enveloppe blanchâtre était échouée sur le parquet, nuançant avec le teint sombre de l'appartement plongé dans l'obscurité. Il se saisit alors du bout de papier observant le nom de l'expéditeur sans grand conviction.
"Base militaire de XXXX, Régiment n°13"
Il fronça les sourcils perturbé par l'inscription. Cela lui semblant irréel, un tas de questions fusaient dans son esprit à la seconde alors que son cœur loupa un battement. Il dû vérifier qu'il était bien le destinataire pour y croire. Son souffle se coupa et ses mains se mirent à trembler. Il n'était pas stupide, il avait vite compris qui avait bien pu lui écrire. Après plusieurs instants de silence et de réflexion ce fut sans trop d'hésitation qu'il déchira l'enveloppe pour se saisir de la lettre, l'objet de son interrogation. Un simple bout de papier dont il connaissait pas le contenu, et pourtant il jurerait qu'il n'eut jamais rien tenu d'aussi important pour lui entre ses doigts.
"Mon cher Jisung,
T'écrire cette lettre après t'avoir laissé sans jamais te donner de nouvelles pendant trois ans est insolent de ma part et crois-moi j'en suis désolé.
Mais voilà, la vérité c'est que je suis fou de toi et que tu hantes chacune des secondes de ma vie depuis que ton regard a croisé le mien pour la première fois. Je me souviendrais pour toujours de ma rentrée au collège quand mes yeux se sont posés sur ta silhouette apeurée. Ce n'est lorsque j'ai croisé ton regard que je l'ai vu, toute la beauté de ton âme, la subtilité de ton esprit et la grandeur de ta sensibilité. Je ne crois pas vraiment au destin mais je crois qu'une personne sur terre nous complète plus que quiconque. Et moi, alors que j'avais à peine 11 ans je l'ai compris à cet instant, tu es ma personne.
Au fond on a toujours su tout les deux qu'on avait une relation exceptionnelle, le genre de lien qu'on voit que dans les livres, ce genre d'alchimie qui est le rêve d'une vie, le genre de cadeau que tout le monde nous envie. Puis, ça a toujours été juste toi et moi contre le reste du monde, on y comprenait pas grand chose à ce monde enfermé dans notre bulle.
On s'est d'abord pensé comme des frères, pour moi tu étais l'ami auprès duquel je n'avais plus peur de rien, celui avec qui je resterais envers et contre tout. Mais j'ai compris rapidement que tu étais également celui que j'aimerai comme un mari, celui que je chérirai comme mon premier amour que tu étais, celui que j'aimerais au delà des rouages complexe de l'amitié, un amour éternel qui n'a pas de limites en ce monde de haine.
Cette première fois où tes lèvres ont frôlés les miennes est encrée de façon indélébile sur les chairs de mon cœur. Nous n'étions que deux enfants qui goûtaient pour la toute première fois à un fruit, un fruit rare et défendu, un met bien trop savoureux, un sentiment bien trop puissant. Et pourtant cette sensation délicieuse, ce goût de paradis, j'étais persuadé être incapable de vivre sans.
Mais il y a trois ans je suis parti, j'ai laissé ce sentiment se faner en moi, ses pétales répandant un poison qui s'est encré dans chacune des cellules de mon corps, libérant une souffrance indescriptible. Une chose est sûre, même après des années passées sur un champ de bataille je n'ai jamais rien connu de si douloureux.
Réussir à t'oublier est un luxe qui de toute évidence ne m'est pas réservé, ne serait-ce que essayer entraîne une punition insoutenable, te savoir souffrant par ma faute est le pire des châtiments.
C'est alors pour ça que je t'écris cette lettre, j'ai mis fin à ma carrière de soldat et dans quelques semaines je serai de retour à Séoul. Je n'espère pas retrouver tes bras ou panser les plaies de mon cœur par un sourire qui me serait destiné. Je veux juste que tu saches que mes sentiments pour toi n'ont jamais été aussi réels que tu peux sûrement en douter. Alors si pour guérir tes blessures ton cœur appelle le mien je serai là. Puis, si tu veux juste être extrêmement violent, te venger ou relâcher la pression je serai là aussi, tout comme si tu me fais l'honneur de laisser tes larmes couler pour moi, je serai là.
Je suis tout à toi, alors tâche de t'en souvenir.
Minho"
-----------------------------------
(ellipse de trois semaines)
Le tintement répétitif des aiguilles de l'horloge se distinguait dans l'air se couplant avec la respiration du garçon allongé sur le lit fixant le plafond miteux du premier hôtel bas de gamme qu'il avait pu réserver. Cela faisait plusieurs jours qu'il demeurait là, attendant que l'on toque à sa porte.
Minho était rentré en ville il y a maintenant une semaine et depuis son retour il avait vite compris une chose. La vie avait continué ici même lorqu'il était était loin entrain de se battre contre l'ennemi, et contre lui-même. C'était son plus grand combat, un combat contre les remord, contre la culpabilité, un combat qu'il avait perdu et de toute évidence un combat qu'il l'avait changé. Il ne voyait plus le monde comme il l'avait vu, il ne se regardait plus comme il se regardait auparavant. Aimer de nouveau lui semblait impensable, même si son amant était l'homme qu'il avait abandonné il y a trois ans. Durant ces trois ans Minho était mort à petit feu, il mentirait si il avait dit qu'il était mort ce jour où il était parti. Le processus avait été long, il avait tout perdu petit à petit, rien ne le faisait se sentir plus vivant que la douleur de vivre, vivre alors qu'il avait commis une telle erreur. Une chose était sûre : sa place n'était et ne serait plus ici à Séoul. Le petit monde qu'il avait connu avait continué à tourner sans lui et l'image qu'il lui restait avait fané demeurant comme un souvenir comme un autre dans son esprit.
Ces mêmes souvenirs ne cessaient de l'accabler depuis son retour. En quelques jours il avait eu maintes occasions de tourner dans la ville. Il jurerait alors que chaque simple détail du paysage urbain qu'était le quartier de Hongdae l'amenait à un souvenir. Les vitrines de boutiques qu'il avait visité, les lampadaires qu'il lui avait servit de barre de pole dance pour amuser la galerie tard dans la nuit, ou même les simples pavés sur lesquels il avait déambulé plus que de raison, oui il avait toujours aimé sortir et se balader au milieu de cette effervescence citadine. Puis il y avait ces ruelles, l'herbe de ce parc, ces barrières qui longeait la rivière ou encore ces bancs abîmés par le temps qui passait. Tant d'endroits banals, mais pour lui chacun de ces petits détails représentait un souvenir, un souvenir où son regard amoureux croisait le sien tout aussi hypnotisé. Il avait le souvenir d'être tombé un peu plus amoureux à chaque coup d'œil qu'il s'échangeait au milieu de cette effervescence citadine.
Lee Minho était, est et sera amoureux de Han Jisung, il n'y avait aucun doute.
Il avait merdé, après une énième violente dispute avec son géniteur à propos de tout les mauvais choix que le jeune homme avait pu prendre à ses yeux il avait totalement paniqué. Il n'était encore qu'un jeune garçon de 19 ans à l'époque, un adolescent un peu perdu qui rentrait tout juste dans le monde des adultes. Le jeune Minho n'avait qu'un seul objectif, une seule obsession en sortant du lycée : il voulait protéger et chérir Jisung jusqu'à son dernier souffle.
Mais ce jour là il a merdé, il a réellement merdé. Il était totalement terrifié, obnubilé par l'idée de s'émanciper. Alors il avait envoyé le monde chier, il avait céder à la pression sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Il avait levé son majeur en l'air à la vie qu'il aurait pu avoir, une vie sous le contrôle de ceux qu'il méprisait même si cela voulait dire qu'il resterait avec Jisung.
Minho avait tellement haït cette possibilité qu'à l'époque il s'était convaincu qu'il pourrait vivre sans son autre.
Il avait considéré Han Jisung comme remplaçable.
Cependant, la réalité l'avait violemment rattrapée. Après son départ il avait bien vite compris qu'il avait eu tort, c'en était ridicule. Sa vie n'avait de sens que parce qu'il était à ses côtés, la vérité c'était que son cœur n'aurait jamais battu pour un autre que lui.
Qu'il avait été bête d'oser penser le contraire.
Il lui avait fallu douze ans de vie pour donner une raison à son monde de tourner mais une seule seconde, une seule parole pour se condamner à la souffrance éternelle.
La souffrance, la souffrance et le regret, le regret et le mépris, le mépris et la haine, haine de lui-même. Son reflet le répugnait, le reflet d'un lâche qui avait choisi la facilité. Il était persuadé que sa simple existence n'était qu'un fléau pour ce monde, il n'était qu'un monstre, un être égoïste et répugnant. Son égoïsme avait brisé un cœur qu'il ne saurait réparer, une âme qu'il ne saurait guérir et il se détestait d'être aussi faible et médiocre.
Minuit était affiché sur l'horloge et le brun soupira, un jour de plus où le visage juvénile de Jisung hantait son esprit et ses pensées.
On toquait à la porte, interpellant les pensées mauvaises du jeune homme toujours allongé sur son lit, son regard sombre fixant toujours le plafond de la même intensité. Minho le savait, il n'y avait qu'une personne capable de toquer à sa porte au milieu de la nuit. Il aurait pu le faire il y a bien des années comme il savait qu'il le ferait encore si nécessaire.
Entre eux les règles semblaient différentes et ils en étaient tout les deux conscients. Tout pouvait être bien plus simple ou infiniment plus compliqué, ce lien invisible entre eux avait ce don de défier tout ces codes sociaux qu'on leur avait inculqué, remettre en question ce qu'il connaissait de l'amour. Quand l'autre était là rien n'existait, leurs sentiments étaient infiniment plus forts quand il étaient destinés à leur amant. Ils étaient des âmes sœurs ou en tout cas c'est comme ça qu'ont les eus considérés.
C'est bien pour cela que Minho n'ait même pas eu besoin de bouger le petit doigt, les pas de Jisung ne tardèrent pas à résonner dans la petite chambre.
Le plus âgé était pétrifié, il n'osait plus bouger se contentant seulement de continuer à fixer le plafond les larmes lui montant aux yeux. Il avait peur de briser l'instant, ces quelques mètres qui les séparait lui semblait si irréels qu'il refusait de briser leur bulle, il avait cette étrange impression que en un coup de vent l'autre pourrait s'envoler. Au bout d'un long moment de silence total il sentit le matelas s'affaisser à ses côtés. Il retint sa respiration alors qu'un sanglot résonna dans la pièce, il ne sut dire si celui-ci provenait de lui ou de son colocataire d'un soir. Cependant il ne se posa pas plus de questions alors qu'il sentit un contact chaud sur sa poitrine. C'était doux et rassurant, comme un pensement sur une plaie ouverte. Il se sentait comme chez lui face à cette sensation si lointaine et familière. Il avait rêvé de ce simple contact.
Ce ne fut qu'à ce moment là que Minho se décida enfin à poser son regard sur le plus jeune.
Jisung était allongé à ses côtés recroquevillé sur lui même, le jeune homme avait posé sa tête sur le torse de Minho. Face à cette vue le cœur du brun rata un battement. Il semblait si faible, prêt à se briser à chaque seconde.
La vérité le rattrapait, il n'avait pas le droit à ce semblant de bonheur, cette simple émulsion de sentiments. Il l'avait lâchement abandonné, il était parti en laissant son cœur brisé derrière lui. Il n'avait aucune droit de le sentir contre lui, aucun droit d'être à ses côtés après ce qu'il lui avait fait subir, il ne pouvait pas accepter cette situation après ce qu'il avait fait.
Mais alors qu'il allait prendre la parole il se ravisa.
Jisung pleurait.
Ses larmes mouillaient le tissu blanc de son t-shirt.
Elles étaient comme des lames de rasoir qui transperçait sa poitrine, comme des centaines de poignards qu'on lui enfonçait dans le cœur. Il en était l'auteur, il était responsable de ces larmes, l'entier coupable de sa peine. Comment osait-il encore se tenir là ?
Mais après tout, ce n'était pas à lui de le repousser.
Ce n'était pas lui qui avait été brisé sans rien demander.
Il avait bien moins le droit de le repousser plutôt que de le prendre dans ses bras à cet instant où il semblait si effrayé, en pleine détresse.
Alors il fit taire ses pensées, il en avait marre de réfléchir.
Il fit le choix à cet instant de le prendre à son tour dans ses bras, il le serra si fort qu'il crut l'avoir tué pendant un instant alors que ses sanglots avaient cessé sous la surprise.
Bien vite les larmes de Minho rejoignirent celles de Jisung sur les draps trempés de leur tristesse.
Ils avaient tout les deux souffert c'était indéniable.
L'un avait souffert d'abandonner et l'autre d'être abandonné.
L'un avait pleuré leur distance l'autre avait pleuré son départ.
L'un avait perdu la guerre et l'autre la vie.
Ce qui était sûr c'est que ni l'un ni l'autre n'avait arrêter de s'aimer durant ces quatre-vingt-quatorze-millions six-cents-huit milles secondes.
Ils le savaient tout les deux, il étaient faits pour se retrouver encore et encore, faits pour s'aimer à travers les vies qu'ils traverseraient.
Dans chaque monde où ils respiraient, chaque dimension où ils existaient, chaque livre où on les contaient ils se retrouveraient et ils s'aimeraient passionnément.
Le monde pouvait tomber en ruines, le soleil aurait pu exploser, la mort les auraient séparer qu'ils se seraient retrouver.
C'était ça leur force.
Après tout, ils étaient des âmes sœurs non ?""
------------------------------
"Depuis le début c'était donc un suicide..."
L'homme en uniforme tira la moue en reposant le dossier qu'il venait de refermer sur son bureau, celui qui lui faisait face hocha la tête.
"On a retrouvé ce testament comme dernière preuve près de la scène de crime, les deux corps des victimes seront transférés pour les funérailles du fait que l'affaire est classée."
Le plus âgé opina son regard concentré fixait la boule à neige posée sur l'étagère en face de lui. C'était une simple petit scène hivernale qui y était représentée, des enfants jouant dans une patinoire enneigée en compagnie d'une ridicule miniature de sapin en plastique.
"Merci Jungwon vous avez fait du bon travail, vous pouvez disposé."
L'officier hocha lentement la tête en soupirant un rictus de satisfaction collé à ses lèvres fines. Alors qu'il semblait vouloir ajouter quelque chose il tourna finalement les talons pour sortir de la pièce. Quand la porte du bureau se referma Christopher laissa alors son regard se poser de nouveau sur le dossier qu'il avait refermé et classé quelques instants auparavant. Il l'ouvrit pour en sortir un petit bout de papier glissé entre les nombreuses pages de testament écrites à la main. C'était un mot destiné aux personnes qui avaient trouvé les corps des deux amants, deux pauvres jeunes hommes qui n'avaient jamais voulu perdre leurs amis. Le policier les plaignait, deux garçons qui s'était retrouvé à leur tour mêlés dans des histoires bien trop dures et compliquées. c'était bien trop fréquent. Il se laissa alors un peu plus aller sur sa chaise de bureau alors qu'il relisait le contenu du papier.
" Nous avons préféré partir ensemble que rester dans un monde où nous devons vivre avec le poids et la douleur de nos actes passés.
Merci pour tout, prenez soin de vous.
Han et Minho."
Ces mots torturaient le lieutenant, il ne comprenait pas ce choix. Mais après tout il n'était qu'un policier. Il était bien trop empathique avec les victimes et il savait que c'était un bien vilain défaut dans son métier. Il était persuadé cependant que si il avait eu la chance de les connaître il aurait aimé leur montrer que même après être tombés si bas il auraient pu se relever, il en était intimement convaincu.
Ses yeux s'humidifièrent, l'histoire de ces deux garçons était bien trop tragique pour son petit cœur.
Par les derniers mots des deux jeunes hommes il prenait conscience d'une chose.
L'amour est un cadeau empoisonné.
-------------------------
soulmate
noun
UK /ˈsəʊl.meɪt/ US /ˈsoʊl.meɪt/
a person with whom you are intimately connected, a soul that you will follow against all odds, you will find each other again and again.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro