chap22
[...]
« En fait, il a des parents absents, sa mère est-», Jimin ne parvient pas à finir sa phrase. Il a comme une boule à la gorge.
Ça va faire deux mois qu'il vit chez moi.
Chez nous.
Ses derniers bleus ont déjà disparu et la dernière blessure a laissé une cicatrice visible sur le coin droit de son front, ses cheveux retombent dessus, on ne la voit pas.
Quand Jimin n'est pas assaillit par les tourments de sa vie passée, il est et restera le grand frère que j'ai toujours voulu avoir. C'est un être attachant et passionné, il aime les gâteaux à la crème, les mochis et les Bubble tea.
Tout mon contraire, moi qui trouve un goût spécifique et singulier à l'amertume, je m'oppose à lui qui est un véritable esclave de la sucrerie.
Père a accepté que j'intègre le club de boxe de la ville, et comme je possède mon propre matériel chez moi, j'aide Jimin à devenir plus fort et à comprendre que le combat peut être perçu comme autre chose que de la violence gratuite.
Je le sais, je le sens, je le vois, il va mieux.
Mon père paye un coach référent qu'il voit trois fois par semaine, c'est aussi un psychologue de formation qui applique ses propres méthodes. Jimin apprécie sa façon de faire, c'est tout ce qui compte. Il est plus éloquent, plus vivant, plus strict. Son changement est puissant, il devient celui qu'il a toujours été en réalité.
Sans son géniteur, ce qu'il aurait dû être sans la présence de ce monstre.
Jimin a commencé aussi la danse contemporaine, le hip-hop et le mercredi il participe à un atelier de mode où il apprend aussi le maquillage artistique. Mon père ne fait aucune différence conséquente entre nous deux, il nous traite de la même façon, et je lui en serai toujours reconnaissant.
Nous sommes justement assis sur les marches d'escaliers extérieurs pour fuir la foule qui se trouve actuellement à la maison. Mon père reçoit des investisseurs et des collègues de travail, il nous a obligé à porter des costumes pour être présentable. On a réussi à s'échapper quelques minutes.
« Pourquoi tu m'en parles ? », je lui demande en le regardant, alors que lui, il fixe l'horizon.
« Je sais que tu te sens paumé à chaque fois qu'on évoque sa mère et puis, non rien, laisse »
Je sais ce qu'il veut dire, je sais qu'il veut aider son meilleur ami à me dire ce qu'il a sur le cœur et c'est pour ça que je ne lui demande pas de continuer sa phrase.
Je n'ai pas besoin de ça.
« Je crois que je l'aime », je l'ai dit sans vraiment réfléchir.
La tête de Jimin se relève, ses lèvres forment un o et ses yeux s'agrandissent, cette fois c'est moi qui détourne mon regard vers l'horizon. J'ai pensé que peut-être si je le disais à voix haute, ça rendrait les choses plus réelles.
« Tu devrais lui dire, je suis sûr qu'il ressent la même chose et je ne comprends pas-»
Il n'a pas la chance de finir sa phrase que je le coupe.
« Tu n'as pas le droit de lui dire, t'es mon grand frère, je n'ai fait que me confier », je dis sur la défensive.
Mes mots touchent mon frère qui me prend dans ses bras automatiquement, c'est sorti si naturellement, je l'ai appelé 'grand frère'. Je réalise.
(...)
Les jours sont passés à une vitesse, c'est déjà vendredi et après nous aurons deux semaines de vacances. Demain, je m'envole pour la Turquie.
Si mon humeur n'était pas déjà merdique, elle l'est encore plus à mesure que l'heure du vol approche.
« T'es vraiment obligé d'y aller ? », Hoseok m'a demandé
Je grogne de mécontentement.
On est tous assis au réfectoire, je mâche lentement mon chocolat comme si ça pouvait me calmer.
« Je n'ai pas le choix, c'est le juge qui a décidé ça, les vacances je dois être avec elle », je dis d'une lenteur écrasante, je me concentre sur un point vide.
Peut-être parce que Jungkook se trouve juste en face de moi et me fixe inlassablement. Je sais que nos amis ont remarqué, on ne peut pas dire qu'on se court après mais nos attitudes ont changé.
Et quand c'est devenu trop flagrant, je me suis éloigné. Je n'ai pas besoin de ça, je le répète.
Quand nos regards se croisent, je suis cloîtré dos contre mon siège, jambes écartées et les mains dans les poches de mon sweat. Mes yeux sombres le sondent et lui fait de même. Ça arrive souvent, les autres s'y sont habitués.
Nos amis m'ont déjà fait savoir qu'ils sentaient cette attraction entre Jungkook et moi, mais j'ai tout nié en bloc et je me suis enfuit alors qu'il cherchait à en savoir plus. Je crois que le roi s'est déjà ouvert à eux, autrement, je ne vois pas pourquoi ce serait de moi que l'on exige quelque chose.
Je sursaute un peu quand mon téléphone vibre, suivit de ma montre connectée. Je réponds et le haut-parleur se déclenche sans que je ne puisse le contrôler.
« Dis à ton frère qu'il va être puni !! », crie mon père au téléphone.
Le visage de Jimin se crispe, je coupe le haut-parleur et porte le téléphone à mon oreille. Je réponds brièvement à tout ce qu'il dit puis raccroche. Quand je regarde le blond il me fixe déjà, le regard honteux mais un peu joueur.
« T'as ramené une fille à la maison ? », je demande en riant.
Tous les autres se retournent et commencent à le charrier.
« Et t'as pas réussit à la faire partir sans te faire cramer, appa l'a trouvé dans ta chambre », je dis, après quoi , j'éclate de rire et les autres me suivent.
« Tu crois qu'il va me faire quoi ? »
Cette question n'est plus la même qu'avant, parfois, je crois que sans le vouloir, Jimin pense que mon père le battra s'il fait la moindre erreur. Mais aujourd'hui, il a compris que ça n'arrivera plus jamais.
« Soit il prendra ta carte, soit il te privera de sortie »
Je pose mes mains sur la table et instinctivement, je ne comprends pas ce qui le pousse à le faire mais Jungkook pousse ses doigts jusqu'aux miens.
Je relève les yeux, le fixe quelques secondes, me lève et pars.
Je n'ai pas besoin de ça, je le répète.
Je n'ai pas besoin de ça, je me répète.
Je n'ai pas besoin de lui, lui n'a pas besoin de moi.
Je n'ai pas besoin d'amour, l'amour ça disparaît.
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