[...]

[...]

Le père de Jimin est violent.

Le maquillage, les sursauts quand il est venu le chercher chez moi, les regards fuyants quand il a parlé de lui pendant le devoir.

Par contre, j'ignore si Jungkook est au courant. Il avait l'air lassé de son discours, il voulait juste aider Jimin à ne pas perdre pied devant les autres, alors il l'a tout simplement fixé en retour.

Ce cours infernal s'achève, je suis en train de ranger mes affaires et je sais que le duo m'attend dans le couloir pour qu'on aille rejoindre les autres au réfectoire. Je m'arme de mon sac et m'apprête à passer la porte quand je sens une poigne ferme me retenir. Le gars me pousse dans un coin et me retient par l'épaule.

« C'est la dernière fois que tu nous menaces Kim »

« Je me doutais bien que les connards dans ton genre n'agissaient jamais seul, une couille molle », je lui crache du tac au tac.

Il amorce un coup mais au lieu de le donner, il le reçoit. Jungkook vient de le mettre à terre en même pas deux secondes. Son groupe de potes recule et lui, il tient mon agresseur par le col, il se mets à trembler quand il se rend compte qu'il s'agit du roi.

« Je t'attendais p'tite merde. La prochaine fois que tu te moques de mon meilleur ami, crois-moi que tu n'en recevras pas qu'un »

« O-oui Jeon, je suis désolé », dit-il en protégeant son visage.

« Maintenant, tu dégages ! »

Jimin se rapproche de son meilleur ami et se cache derrière lui. Il prononce d'une petite voix :

« ça va ? », je crois que c'est à moi quil parle.

« J'avais pas besoin de toi », je rétorque plutôt à Jungkook.

Il a les dents serrés et ne me regarde même pas, qu'est-ce qui le fout autant en rogne putain.

« Je ne l'ai pas fait pour toi, je l'aurai chopé à un moment ou à un autre, allez, viens Jimin »

Il tient le poignet de son meilleur ami et s'évapore dans le couloir, Jimin m'envoie un regard désolé.

Mais qu'est-ce qui vient de se passer ?

Je réajuste mes vêtements, ramasse mon sac avant de constater que Jin m'attend plus loin. Je cours pour le rejoindre, et nous allons manger en présence de Namjoon et Yoongi hyung.

(...)

J'ai boudé au départ parce que je sentais bien que j'allais être seul, mais de découvrir les paysages et de savoir que j'ai en ma possession mon nouvel appareil photo m'avait réconforté.

Les terminales partaient en expédition dans une forêt à Gwangju, je n'allais donc pas voir Jing hyung durant toute une semaine, et je ne parlais à aucun élève de première.

Ce que j'appréhendais le plus, c'était le fait de me retrouver avec un abruti dans ma chambre. Si les binômes étaient effectués par ordre alphabétique, alors, il est clair que j'étais foutu. J'allais me retrouver avec un inconnu.

Je m'étais présenté à la gare avec un sac sur les épaules ainsi qu'une petite valise à roulette, mon appareil photo imposant prenait toute la place dans mon sac. Un groupe de filles avait insisté pour que nous soyons assis ensemble dans le train. Autant vous dire que pour une fois, j'aurai préféré me retrouver face à Jungkook et les pantins qui lui lèchent le cul.

C'est exactement ça. Parce que le train a à peine démarré que je peux sentir de l'agitation sur les quatre sièges en face. Bien évidemment Jimin est à côté de son meilleur ami et ils font face à deux abrutis qui se sont presque battus avec d'autres pour avoir ces sièges. Il tape la discussion et je reconnais là un trait de personnalité chez Jungkook, il a beau être un putain d'arrogant, il leur répond quand bien même ça se voit que cette discussion l'exaspère plus quautre chose. C'est quasiment la même chose de mon côté, sauf que moi je n'ai aucun scrupule à ignorer les conneries que ces filles partagent avec moi.

Je les ignore et pendant un moment, je me perds dans le paysage à travers la vitre. Puis, un reflet me vient, je ne sais pas comment mais j'arrive à percevoir Jimin, il n'est ni heureux, ni triste, il est juste constant. Il regarde les autres, mais ne dit rien. Et juste comme ça, je me demande si Jungkook ignore tout.

S'il ignore que Jimin est un enfant battu.

Je l'ai vu, je l'ai su et c'est tout. Je n'ai nul besoin qu'il me le confirme, ça se sent. Et si Jungkook est ce que Jin hyung est pour moi, alors, il n'y a aucun doute à ce qu'il sache.

Pourquoi son comportement à son égard semble aussi laxiste, détaché, il agit presque que comme si, il ignorait toute cette situation, ce qui pour moi, est tout simplement absurde.

Je sais, j'ai vécu un an, 365 jours les effets, les conséquences d'un harcèlement, je l'ai subi physiquement, mentalement.

Mes harceleurs faisaient en sorte que je ressente leur présence même quand je n'avais pas cours. Alors, même si ce n'est pas la même chose, je ne sais que trop bien ce que signifie une douleur inexprimée, ce que c'est de vivre une situation qui semble sans issue.

Et dans mon cas, il m'a suffi de parler.

J'ai dit un nom, un jour. Un nom relié à cette personne qui menait la danse, une personne que mon père a détruit sans aucun remord.

Je crois voir à un moment qu'il essuie du revers de sa main une larme qui lui échappe, je comprends donc qu'il est là sans vraiment l'être.

On a tendance à vivre dans nos têtes quand nous sommes tiraillés, nous tenons une conversation à voix basse avec notre 'nous' intérieurs, nous nous retenons de crier pour éviter qu'on nous prenne pour des fous mais en réalité c'est ce dont nous avons besoin.

Vous savez, de crier, nous avons besoin de crier haut et fort certaines choses que notre conscience étouffe.

Quand je suis sorti du tribunal ce jour-là, j'ai respiré pour la première fois en un an, et quand j'ai aperçu mon père au loin qui avait une dernière discussion avec ses avocats, j'ai couru dans ses bras je me suis réfugié là où était ma seule famille et j'ai crié de toutes mes tripes.

Je l'ai décidé.

J'aiderai Jimin à crier.

[...]

On prend soin de soi et de ses proches💕