64. [IRL] I don't wanna live forever
Point de vue : Zayn
Les minutes passent, et j'essaie de faire en sorte qu'elles ne soient pas trop longues. Il y a toujours un farfadet blond qui m'attend dans ma cuisine. Je finis donc par me redresser, et Perrie fait de même en m'interrogeant du regard.
- Faut que j'y aille, je lui dis alors. Tu restes là, tu m'attends, et surtout tu la fermes.
Elle lève les yeux, mais fait mine d'être muette et m'obéit. Je sors donc de la chambre, à peine à moitié rassuré, ne sachant pas si je peux lui faire confiance. Je ne sais déjà pas si je peux me faire confiance à moi-même.
- Ca va mieux ? me demande Nina
- Hmhm. Elle était bonne la glace ?
- Parfaite. Mais il va falloir que tu en rachètes, il en reste pas beaucoup.
- Evidemment, tu les as toutes mangées.
- Eeeeh, pas ma faute si y a quasiment rien dans la boite !
Je pouffe en levant les yeux, puis je m'avance dans la cuisine et commence à ranger ce qui traine encore.
- Je peux te demander un truc ? fait subitement Nina
Je pense que si je la laisse me poser sa question, je vais être coincé et obligé d'y répondre, mais si je ne la laisse pas la poser, ça va être encore pire. Elle va me trouver bizarre, et se poser plus de questions.
- Oui, je dis alors
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Elle désigne d'un geste le carnage qui règne dans la cuisine. Je me mordille la lèvre. C'est maintenant que je dois répondre, pas trop précisément, pas trop peu précisément, juste assez pour qu'elle passe à autre chose.
- Je me suis engueulé avec ma copine.
- Engueulé ? demande-t-elle perplexe. Excuse-moi mais là, on dirait une scène de crime.
- Ok, on s'est peut-être un peu battus.
- Un peu... battus... Oh okay. Elle va bien au moins ?
- Aussi bien que d'habitude, je dis en haussant les épaules
- C'est quoi cette réponse ? T'as l'habitude de frapper ta meuf ou quoi ?
- Qui a dit que JE frappais ma copine ? je réponds du tac au tac. Elle va bien d'accord ? On a l'habitude de se prendre la tête. Ce sont des embrouilles qui ne te regardent pas.
- Quoi, c'est elle qui te frappe ? demande-t-elle en faisant de gros yeux
- Non. On peut changer de sujet ?
- En vrai tu l'as défigurée et c'est pour ça que tu veux pas que je la voie ?
Et voilà. Je savais que c'était une mauvaise idée de lui répondre. Maintenant je ne vais plus pouvoir m'en sortir.
- Non mais tu me prends pour qui ? je réponds. Tu crois que je suis un mec violent ?
- Excuse-moi, mais tu fais tant de mystères... dit-elle en haussant les épaules
- C'est juste que tu es un peu trop curieuse.
Elle fait une moue toute mignonne et ne dit plus rien. Tant mieux, je commençais à ne plus savoir comment lui répondre.
- Du coup on... on fait quoi ?
Je relève la tête de ce que je faisais – ramasser ce qui traine par terre – et fais face à une moue toute timide.
- Quoi ? je demande
- Bah... On fait quoi ? Genre... Maintenant, quoi.
Ce troll est définitivement trop mignonne quand elle est timide. Je me relève, jette les dernières conneries à la poubelle, et lui souris.
- Je sais pas.
- Ah.
- Sois pas déçue babe. Je suis sûr que tu vas trouver quelque chose.
- Moi ?
Elle a l'air perturbée en disant ça.
- Ouais. Toi.
Je passe devant elle pour aller jusqu'au salon, et me laisse tomber sur le canapé. Elle reste toujours au même endroit, sans bouger, en me regardant.
- Oui ? je demande
- J'ai rien dit.
- Non, mais tu me regardes fixement.
- Ah.
- Donc ?
- Bah, rien.
- Bah viens alors.
Elle s'approche et s'assoit à côté de moi.
- Pourquoi tu veux pas me parler de Perrie ? demande-t-elle alors
- Parce que je n'ai aucune envie de te parler de Perrie, je réponds simplement. Autre question ?
- Non, ça va aller. De toute façon tu voudras pas me répondre.
- Sûrement. Alors ? On fait quoi ?
- Bah, je sais pas, on est chez toi.
- Je fais grève. A toi de réfléchir.
- Bah merci.
- De rien.
- Okayyyy... On n'a qu'à regarder un film ?
- Oh nan, t'as vu l'heure. Je veux pas me coucher au milieu de la nuit.
- Ok, ça veut dire que je reste pas longtemps.
- Hm.
- D'accord, on n'a qu'à juste mettre la télé et parler un peu, et je partirai dans pas longtemps. Comme ça tu pourras aller te coucher.
- Ouais.
J'attrape la télécommande et allume la télé. Je zappe un peu, puis arrête mon choix sur la chaine de musique.
- Pourquoi tu... non, rien.
- Pose ta question, je t'en prie.
- Mais tu vas pas répondre.
- Tu peux toujours la poser.
- Okay... Pourquoi tu soignes pas tes maux de tête ?
- Mais je les soigne. J'ai fumé un joint avant que t'arrives.
- Tu appelles ça te soigner ?
- C'est ce que j'ai de plus fort contre la douleur, je dis en haussant les épaules. Mon médecin est d'accord, si c'est ça qui t'inquiète.
- C'est ton médecin qui te dit de fumer ?
- Ouaip.
- Mais quel genre de médecin tu as, dit-elle horrifiée
- Un médecin qui tient à ce que je n'aie pas trop mal.
- Hm... Okay. Et Perrie, elle dit rien ?
- Elle dit que c'est pas bien de se droguer. Mais elle me préfère quand même quand j'ai fumé.
- Sérieux ?
- Ouais. Elle dit que je suis moins chiant.
- Toi, chiant ?
Elle pouffe. Elle n'a pas l'air de vraiment croire à ce que je lui raconte.
- Je te promets.
- En quoi t'es chiant toi ?
- Je râle tout le temps.
- Ah, ça. Ouais, c'est pas faux. J'approuve.
- Tu vois.
- Et donc quand t'as fumé t'es détendu et t'arrêtes de râler ?
- C'est à peu près ça.
- Cool. Appelle-moi la prochaine fois que t'auras fumé.
- C'est pas toi qui disais que la drogue c'est mal ?
- Mais je suis curieuse de voir ce que ça donne un Zayn qui ne râle pas.
Je pouffe malgré moi et me mordille la lèvre.
- D'accord, je dis alors
- Cool. En fait, si t'es le genre de gars qui aime planer, pourquoi tu viens jamais en soirée ?
- Je prends des joints pour passer la douleur, ça n'a rien à voir.
- Ah... Si tu le dis.
- J'ai aucune envie de venir à vos soirées.
- Pourquoi ? Pourquoi tu veux toujours rester tout seul ?
- C'est un problème si je n'ai pas envie de trainer avec vous ?
Elle reste silencieuse et se mordille la lèvre.
- Et... Et moi ? demande-t-elle timidement
- Quoi toi ?
- Tu as envie de trainer avec moi ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais reste silencieux. Parce que je n'ai aucune idée de la réponse à donner. Si je lui dis que oui, elle va être trop heureuse et elle ne va plus me lâcher, si je lui dis que non elle va être blessée. Et si je lui dis juste la vérité... Je ne peux pas lui dire la vérité.
- Wow. Okay. Ecoute, je ne vais pas te déranger plus longtemps.
Elle dit ça en se levant, et je sens qu'elle est blessée.
- Nina.
- Nan. Je sais pas ce que tu vas me dire mais c'est pas la peine. T'as pas envie de trainer avec moi. J'arrête pas d'insister mais en fait ça t'emmerde c'est tout. Je te pollue, c'est tout ce que je fais. Moi je croyais que finalement derrière ta carapace de mec dur et froid tu m'aimais bien quand même. Mais en fait tu veux juste être tout seul, et t'as jamais eu le cran de me le dire. Alors je suis là et je t'emmerde, sans le savoir. Donc, je vais rentrer chez moi.
Wow. Je ne m'attendais pas à ça. Depuis le début de notre « relation » si on peut appeler ça comme ça, j'attends qu'elle me dise ça pour qu'il n'y ait finalement pas de relation, et maintenant que c'est fait... je veux revenir en arrière.
- Nina, je voulais pas te blesser.
- Je m'en fous.
Elle remonte la fermeture de sa veste et commence à partir.
- J'ai pas dit que tu devais partir.
- J'ai plus envie de rester.
- J'ai pas voulu te blesser.
- Nan, je sais, c'est pour ça que t'as rien dit. Mais maintenant je sais, alors tu n'as plus à te soucier de moi.
- Nina.
- Quoi ?
Sa voix est froide, tranchante, et ses yeux se plantent dans les miens. Et je vois bien qu'elle est blessée, plus que ce qu'elle veut bien me laisser voir.
- C'est compliqué, je dis alors
- Si tu n'as pas mieux que ça, je peux partir ?
Je me mordille la lèvre. J'avais imaginé tous les scénarios, mais pas celui-là, et je dois dire que la situation m'échappe totalement.
- Ecoute, c'est pas que je veux pas de toi, c'est...
- Nooooooooooooon à peine.
- Arrête. C'est injuste.
- Qu'est-ce qui est injuste ? Tu as exactement ce que tu voulais.
- Eh bien, je ne veux plus ça.
Je la regarde dans les yeux, et je vois sa carapace de défense faiblir.
- Non ? demande-t-elle
- Non.
- Alors, tu veux quoi ?
Je la vois complètement perdue, à ne pas savoir si elle doit doit être sur la défensive, se protéger, ou baisser les armes et me faire confiance. Et c'est ma faute si elle en est là. Et c'est ma faute si j'en suis là. A ne pas savoir qui écouter entre ma raison qui me dit de la laisser partir tant que j'en ai l'occasion, et mon cœur qui me dit que je n'ai pas envie de la laisser s'en aller pour ne plus jamais la revoir. Mais si j'écoute mon cœur, c'est tout ce que j'ai entrepris jusqu'ici qui vole en fumée. Et si j'écoute ma raison, c'est mon cœur qui se brise, et je ne sais pas si je suis assez fort pour endurer ça.
Je ne le suis pas.
- Je veux juste que tu restes. Et je veux que tu arrêtes de me poser des questions, parce que je ne peux pas y répondre.
Elle me regarde quelques longues secondes sans rien dire. J'ai peur, pour la première fois depuis bien longtemps, peur qu'on m'abandonne. Peur qu'elle m'abandonne. Et je l'aurais mérité. Mais je ne veux plus. C'est trop difficile. Je ne voulais pas l'avoir, mais je ne veux pas la perdre. La perdre est plus difficile que ne l'avoir jamais eue.
Elle est la seule personne à qui je me suis ouvert réellement ces derniers temps, et elle ne le sait même pas.
Je ne sais pas ce qu'elle a de plus, mais elle l'a. Je ne sais pas pourquoi elle, mais c'est elle.
Et je ne sais pas pourquoi j'ai besoin d'elle, mais j'en ai besoin.
- Tu veux que je reste ? demande-t-elle alors comme pour vérifier qu'elle a bien entendu ce que j'ai dit
- Oui.
- Et tu vas te coucher au milieu de la nuit ? dit-elle en croisant les bras
- Peut-être bien.
- Tu vas me racheter des glaces ?
- Si toi tu arrêtes de me poser des questions auxquelles je ne peux pas répondre, je t'achèterai toutes les glaces que tu veux.
- C'est ta seule condition ?
- Et des fraises tagada. Je veux des fraises tagada.
- Ca marche.
Elle dézippe sa veste et retourne s'asseoir sur mon canapé.
Eh bah, ça a été plus simple que ce que je pensais.
Peut-être parce qu'elle aussi elle tient à moi... Plus que je ne le voudrais. C'est tout ce que je voulais éviter.
Je viens de m'enfoncer dans la merde dans laquelle je traine depuis tout à l'heure.
Mais à la fois, je me sens bien.
Je sais que je ne peux plus faire marche arrière. Je ne pourrai pas effacer l'erreur que je viens de commettre. Je sais que je n'ai juste fait qu'empirer la situation. Et je sais que je la mets elle dans une merde dans laquelle elle n'a pas conscience et qui est la mienne. Mais ma raison n'est plus assez forte pour empêcher tout ça. C'est mon cœur qui agit maintenant, et qui hurle à ma conscience de se taire. Ma conscience qui hurle à mon cœur qu'il a tort et qu'il est égoïste, et que j'entraine quelqu'un dans ma chute sans fin ; quelqu'un qui ne le mérite pas. Mais mon cœur ne veut plus être seul, alors mon cœur n'écoute plus. Mon cœur bat. Mon cœur bat pour la première fois depuis très longtemps. Et mon cœur ne veut plus s'arrêter de battre.
Mais mon cœur va s'arrêter de battre.
Parce que tout ça n'est qu'illusion.
Tout ça va s'envoler. Tout ça n'est pas possible. Et tout ça, je vais le perdre. Et ma conscience le sait. Et mon cœur veut l'ignorer.
Et c'est mon cœur qui gagne cette bataille. Je suis sourd à tout le reste. Le battement nouveau de mon cœur est tout ce que j'entends, tout ce que je veux entendre, parce que pour la première fois depuis très longtemps, je le sens battre ; pour la première fois depuis très longtemps, je suis vivant.
Tant pis pour ma conscience qui me dit que ça ne durera pas. Je m'en fous au fond, je peux vivre, même pour une nuit. Si une nuit est tout ce que je peux avoir, alors je prendrai une nuit et rien de plus. Je ne veux plus penser à demain. Je ne veux plus penser à rien. Je veux juste entendre mon cœur battre, un peu plus, un peu plus fort, un peu plus vite, un peu plus longtemps.
Je veux juste que mon cœur puisse battre. Même si ce n'est que pour une personne. Même si je suis complètement fou. Même si je n'aurais probablement pas dû fumer ce joint avant de prendre cette décision. Même si je signe moi-même ma descente aux enfers, et la sienne. Même si c'est égoïste. Je veux être égoïste, juste cette nuit.
Juste cette nuit.
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