- Euh on fait quoi là ? me demande Nina perdue

Je crois qu'elle n'a jamais vu personne s'évanouir.
Contrairement à moi.

- Je gère, je lui dis. D'abord on va le poser dans son lit.

La blonde m'obéit, on pose Zayn sur le matelas après avoir jeté un oeil vers mes soeurs pour les surveiller.

- Maintenant, tu vas surveiller les petites.

- Hein mais on fait rien pour Zayn ?

- J'ai l'habitude tu sais. Il faut le laisser se réveiller tranquillement. Et je peux déjà te dire qu'il préférerait que tu ne sois pas là quand ce sera le cas.

- Bah pourquoi ? me demande-t-elle avec une tête de merlan fris

- Parce que. C'est tout. Occupe-toi des filles avant qu'il y ait une catastrophe.

A contrecoeur et après hésitation, elle m'obéit et sort de la chambre. Je m'assois sur le lit et attend. J'ai l'habitude avec Zayn, ses migraines ça fait des mois qu'il en a, et les pertes de connaissance vont avec. Moi aussi je lui ai dit d'aller aux urgences, mais il ne veut pas en entendre parler. Il me dit qu'il a déjà vu le médecin, et qu'il a des médicaments. Je ne sais pas ce que c'est ses médicamentts mais visiblement ça ne calme pas les migraines.

A sa place je crois que j'aurais déjà changé de médecin. Mais bon, c'est Zayn, s'il préfère rester comme ça et souffrir ça le regarde hein. De toute façon ce n'est pas comme si j'avais réellement une chance de lui faire changer d'avis.

Nina revient en faisant une tête bizarre, mi-déterminée mi-interrogative. Elle est vraiment spéciale cette fille. Elle me dit qu'elle va emmener les filles dehors pour que Zayn puisse se reposer. C'est gentil de sa part. Surtout que ces deux chipies n'arrêtent pas de hurler. Elle a du courage.

On parle quelques secondes, puis elle sort de la chambre, après m'avoir laissé Zaïda, et bientôt j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. La maison devient instantanément calme.

Je regarde mon frère, et finalement je le vois qui ouvre les yeux tout doucement. Puis il se met à trembler, de plus en plus violemment, et bientôt ses larmes se mettent à couler. Les nerfs qui lâchent, ça va de paire avec les pertes de connaissance. Je le serre contre moi pour le calmer et le réchauffer alors qu'il est glacé.

C'est pour ça que j'ai dit à Nina d'aller s'occuper des filles. Je sais que Zayn n'aurait pas voulu que Nina le voie comme ça, et puis je préfère m'en occuper moi, c'est mon grand-frère. Nina elle le connait à peine, elle est beaucoup plus utile dehors avec les filles.

Mon frère finit par se calmer, ses pleurs puis ses tremblements, et il se décale de moi en essuyant ses yeux en reniflant.

- Ca va mieux ?

- Nickel. Je sens plus rien.

Il me sourit puis se mouche. Je vais pour répliquer qu'il irait encore mieux s'il acceptait d'aller à l'hôpital, mais il fronce les sourcils.

- Pourquoi j'entends plus rien ?

- Nina est partie faire un tour avec les filles pour que tu te reposes.

- Ah bon ?

Il semble perplexe.

- Tu sais ce qu'elle m'a dit avant de partir ?

- Non, quoi ?

- Que t'as un gros caca à nettoyer.

Je lui mets Zaïda dans les bras et il rigole, contre toute attente. Je crois que ses nerfs ont vraiment lâché, pour le coup.

- Quand est-ce que tu vas accepter d'en parler ?

- Du caca de Zaïda ? Oh bah quand tu veux. Mais changer sa couche serait mieux je crois.

- Fais pas l'idiot, je dis en levant les yeux

- J'ai juste rien à dire.

Il dit ça en baissant les yeux vers ma soeur, avant de parcourir la pièce des yeux, et finalement essayer de se lever.

- Non mais tu restes couché, je lui dis

- Et la couche je la change dans mon lit ? Oh non, je sais, t'as envie de la changer toi-même !

- Beurk, ça va pas ou quoi ? C'est bon va la changer, mais ensuite tu te poses et tu bouges plus.

- Oui chef, dit-il en levant les yeux avec un sourire malgré tout

- Je suis sérieuse. Je sais que t'es épuisé et tout, je veux pas que tu fasses n'importe quoi. Il faut te reposer.

- Je vais juste changer sa couche. Pas de conneries, promis.

Il se lève et sort de la chambre, et moi je soupire. Ok, ce n'est peut-être rien les évanouissements, mais c'est quand même impressionnant.

Je sais les gérer et tout, et maman et Zayn - et le médecin de Zayn - n'ont pas l'air de s'inquiéter de ça, mais ça n'empêche que ça reste impressionnant.

Je souffle et sors de la chambre à mon tour. Je pense qu'on va finir l'après-midi devant la télé. Zaïda est calme quand Zéline et Zena ne sont pas là, alors je devrais enfin avoir mon moment tranquille avec mon frère. Lui aussi il est calme d'ailleurs. Après une perte de connaissance il est toujours léger et détendu. Ca au moins c'est cool à voir.

- T'es venue changer la couche finalement ? me dit-il en me voyant. Quel dommage, je viens de finir.

- Tant mieux.

- T'as raté quelque chose, elle nous a fait un énooooorme ca...

- Mais tais-toi ! je l'interromps

- Bah quoi, dit-il en haussant les épaules. C'est mignon.

Il tire doucement sur la joue de ma petite soeur, puis part jeter tout son bordel à la poubelle. Beurk, comment il peut trouver son caca mignon ? Beurk beurk beurk.

Mon frère est fou je crois.