Elle rentra chez elle, sous le coup de la colère et ne dormit pas. Elle ne croisa pas Dick et elle en fut heureuse, sans quoi, elle lui aurait sans doute giflé. Elle bouillonnait de rage, d'incompréhension et des tonnes de questions se bousculaient dans sa tête en même temps que certaines pièces du puzzle s'assemblaient. Son comportement étrange, ses réactions, son inquiétude, tout ça, c'était pour se protéger. Parce qu'elle avait toujours été proche de la vérité sans jamais l'atteindre.

Il a feint de l'aider alors qu'il savait déjà tout. Elle essuya une larme au coin de son oeil d'une main rageuse et contempla pour la dixième fois la vidéo de la nuit où il était venu par surprise, dans son costume pour la prévenir. La carrure, la façon de se tenir... Elle aurait dû le voir plus tôt. Des petits détails qu'elle n'avait pas remarqué plus tôt mais qui faisaient toute la différence aujourd'hui.

La nuit avait été longue et les journées qui suivirent, encore plus. Il l'avait appelé plusieurs fois sans qu'elle ne décroche, était même allé jusqu'à toquer chez elle pour vérifier que tout allait bien mais elle fit la morte. Il ne comprenait pas ce soudain silence et voulait même défoncer sa porte pour s'assurer qu'il ne lui était rien arrivé mais il reçut un appel et disparut.

Elle resta à bonne distance de la porte à chaque fois qu'il venait, écoutait ce qu'il disait et s'énervait toute seule lorsqu'il repartait. Pauvre idiote qu'elle était. Stupide au point de s'aguicher d'un menteur qui se prenait pour un justicier à la fois en tant que flic et en s'habillant d'un ridicule costume moulant. Pathétique.

Combien de temps elle resta muette et sourde à toute tentative? Elle n'en su rien. Il avait fini par diminuer les visites pour ne plus passer du tout.

Aux infos, les rues étaient toujours inondées d'un monde révolté, au bord de l'Apocalypse parce qu'un personnage avec un statut important avait été touché. Les gens se plaignaient quand ils étaient vivants et râlaient davantage lorsqu'ils étaient morts.

Barbara avait tenté de la faire sortir sans succès. Elle passait régulièrement prendre de ses nouvelles et voyait son état empirer chaque jour.

«Tu ne peux pas te laisser mourir pour un tel abruti. Il t'a menti, c'est ce que font tous les gars. Passe à autre chose.

La brune n'avait pas parlé du secret de Dick mais avait inventé un mensonge banal, histoire de le couvrir.

-De toute façon, reprit la rousse, les trop beaux garçons sont souvent les pires connards. Tu n'aurais rien gagné de plus qu'un coeur brisé avec lui.

Hayley dut admettre qu'elle n'avait pas tort. C'était souvent le cas.

-Allez, viens. Je te sors de ce trou à rat et on va aller casser la gueule de ce fantasme sur patte. Tu es beaucoup trop bien pour lui, Hay'. J'espère que tu le sais.»

Barbara l'aida à se débarbouiller et elles sortirent faire les magasins. Comme avant. Quand tout était normal. Mais tout avait changé. Les rues déjà sales étaient jonchées de papiers, de prospectus, de tout ce qui pouvait accuser les entreprises Wayne de tuer son personnel pour le remplacer.

-Tiens, c'est nouveau, ça?

La brune ramassa le papier pour le lire quand son amie lui arracha des mains.

-On s'en fout de ça, on est venues pour se détendre, ok? On a déjà la télé pour se ruiner le moral, on ne va pas laisser les autres nous empêcher d'acheter des vêtements !

La journée en compagnie de son amie se passa bien. Plutôt bien, même. Elle se vida la tête et rentra chez elle, soulagée et le cœur léger.

Mais lorsqu'elle poussa la porte de chez elle encore le sourire aux lèvres et les mains pleines de paquets, toute joie disparut de son visage.

-Qu'est-ce tu fais là ? Demanda-t-elle sèchement à l'homme qui l'attendait patiemment penché à la fenêtre.

Il se tourna.

-Je crois qu'il faut qu'on parle.

Elle leva les yeux au ciel en poussant un soupir agacé et posa ses paquets et sa bonne humeur pour mieux l'affronter.

-Je t'écoute.