Il était accroupi au bord d'un toit, surplombant la ville. D'ici, il pouvait contempler toute la ville, ses appartements crasseux, ses quelques buildings illuminés, les échanges douteux. Rien ne lui échappait.
Une légère brise nocturne caressait ses cheveux de jais, les faisant onduler. Il avait des tonnes de choses à faire ce soir-là mais pourtant, il restait là, ses pensées occupées par toute une multitude de choses dont une personne revenait souvent le troubler.

-Bonsoir, beau brun, dit une voix suave dans son dos.

Il se releva et se tourna brusquement, prêt à bondir.

-Ne sois pas si tendu, nous sommes là pour discuter un peu. Je ne te ferais pas de mal... Enfin, peut-être.

-Qui es-tu? Que veux-tu?

Il avait cet air de déjà-vu. Cette senteur... Il la connaissait, il en était persuadé.

La femme s'approcha, ses talons claquant contre le bitume et force fut à Dick de le reconnaître : cette femme était d'une beauté éblouissante. Ses cheveux couleurs de feu descendaient en une cascade savamment désordonnée sur ses épaules, sa peau aussi pâle que la Lune faisait ressortir ses yeux verts et son costume partiellement noir se fondait dans la nuit tandis qu'une bande émeraude partait de son épaule droite, formait un sillon sur son ventre et terminait sa course enroulée autour des jambes longues et fines de la femme.

-Qui je suis? Tu ne l'as pas encore deviné? Certaines personnes affirment que tu as un esprit de déduction hors du commun. Surprends-moi, mon chou.

Elle plaça une main sur sa hanche, penchant légèrement la tête sur le côté, faisant bouger sa chevelure.

-C'est toi. Tu les as tous tués. Un par un. Tu les as fait souffrir. Tu...

C'était tout ce qu'il parvenait à dire. Des chose qu'il savait déjà. En regardant cette femme fatale, qui surjouait et qui savait user de ses charmes, il était comme hypnotisé, incapable de se détacher de son regard de braise. Il était désarçonné, troublé et il avait du mal à analyser quoi que ce soit la concernant. A part sa taille de rêve, ses cheveux brillants et son visage hors du commun, rien ne lui venait en tête. Un désert.

-Allez! Dit-elle, faussement impatiente. Je suis sûre que tu peux faire mieux.

Elle sourit, dévoilant une fossette que Dick ne pût s'empêcher de remarquer.

Réfléchis, Dick! Réfléchis!

-On s'est déjà vu, n'est-ce pas? Demanda-t-il en examinant la chevelure de feu. Il l'avait déjà vu, il y a de cela longtemps, lorsqu'il était allé... à la morgue!

Elle haussa un sourcil, interrogatrice.

-En effet. Tu es sur la bonne piste, mon beau.

Elle s'approcha de lui en quelques pas. Trop médusé, il ne réagit pas et la laissa passer ses deux bras autour de son cou, son visage à quelques centimètres du sien. Ses lèvres teintées de cette étrange couleur vert de chrome, n'aspiraient plus qu'à être embrassées.

Un semblant de réflexion se forma dans sa tête. Cette femme était présente en même temps que lui. Comme si elle savait qu'il allait venir. Elle avait prévu son coup, elle avait anticipé ses gestes!

Son regard descendit sur la combinaison moulante qu'elle portait. L'ensemble noir et vert et ces cheveux lui disait quelque chose. Comme si tout son être connaissait l'information mais qu'une force mystérieuse l'empêchait d'y avoir accès.

- Tu savais que je viendrais. Tu avais tout prévu depuis le début. Tu cherches l'affrontement! Pourquoi?

Mais à cet instant, il n'avait plus qu'une idée en tête. L'embrasser. Cependant, elle se recula brusquement, avec un sourire malicieux sur ses lèvres.

-Tu vois quand tu veux? Tu peux encore découvrir plein de choses sur moi, j'en suis certaine. Crois-moi Nightwing, nous nous reverrons et cette fois, je te laisserais me trouver. Et alors, peut-être, je dis bien peut-être que je répondrais à tes questions.

Elle se tourna, balançant sa crinière en arrière et disparut aussi vite qu'elle était venue. Il resta là, pantelant.
Ce n'est que lorsque le charme de la femme au sumac vénéneux cessa enfin de faire effet qu'il se décida à bouger. Il regarda à ses pieds et fut surpris de constater qu'autour de lui, des dizaines de petites touffes d'herbe naissaient entre les fissures du goudron et semblaient s'épanouir de minute en minute. Et soudain, comme un flash, comme un souvenir refoulé, elle immergea dans son esprit. Oh oui, il la connaissait. Et pour cause. Il avait déjà eu affaire à elle. Enfin, pas exactement puisqu'il s'agissait de Bruce.

-Poison Ivy, Poison Ivy, se répéta-t-il comme un mantra.