Vengeance
~ Current - Remember me ~
— Exton —
Cette nuit, je n'ai pas pu dormir. Ce que j'ai appris dépasse mon entendement. Mes parents auraient été assassinés par le groupe Phôs, tout comme tous ces innocents, j'ai besoin de le lire pour le croire. Vers les 5h00 du matin, j'ai envoyé un message à Tamsin en espérant qu'elle puisse me montrer ces fichiers secrets. De ce qu'elle m'a dit, ils relatent de toute l'existence des personnes incriminées.
La belle a répondu quelques minutes après et m'a donné rendez-vous vers 6h00 devant le grand chêne dans la cours. À cette heure hivernale, le jour n'est pas encore levé, il sera plus facile d'œuvrer tranquillement. Quelques minutes plus tard, nous sommes à la frontière des deux mondes, si je peux appeler cela ainsi. Tamsin est chargée d'un sac qu'elle pose au sol, avant de m'expliquer la suite.
— Les alarmes ne fonctionnent que sur les étages et le jardin, pas dans les sous-sols. Alors il te faudra porter encore ce bracelet et l'uniforme des nouveaux arrivants.
— Je dois me déguiser ?
— C'est une nécessité, si tu veux passer inaperçu. Je préfère avoir toutes les garantis de mon côté. Avec ça, on pourra croire que tu es un nouveau dans la faction et que tu n'es pas totalement humain.
Je hoche la tête en saisissant ce vêtement noir dont la matière est vraiment désagréable au toucher. Sans rechigner, je l'enfile par dessus mes habits et mets le fameux bracelet. Celui-ci ne m'avait pas manqué. À peine je le place sur mon poignet qu'il serre limite presque comme un garrot.
Une fois prêt, Tamsin ouvre le portail et nous nous faufilons de l'autre côté. Nous atteignons une porte dérobée qui mène directement à un escalier au bout duquel se trouve une longue coursive maculée de blanc. J'avais oublié combien la décoration était vraiment minimaliste. Aucune couleur, aucune décoration, il y a le strict minimum. Tout est fade et sans surprise avec une odeur d'alcool qui persiste et brûle mes narines.
La belle me conduit dans un dédale de couloirs jusqu'à destination. Elle place alors un doigt sur ses lèvres à mon intention, avant de déverrouiller la porte et le système de sécurité. Un lieu dans les tons de gris apparaît devant moi. Les murs sont recouverts d'immenses bibliothèques où sont sûrement les fameux dossiers, un bureau en marbre trône au milieu ainsi qu'un parquet en verre. Tamsin me barre la route tandis que je m'élance vers les casiers.
— J'ai oublié un détail. Même si j'ai désamorcé la sécurité, tu seras repéré avec tes semelles. Il te faut des boots comme les miens avec un revêtement particulier en dessous.
— Et où on se procure ces choses ?
— Malheureusement nulle part. Il n'y a que les chasseurs et les professeurs du groupe Skiá qui en ont.
— Ok, j'ai compris, dis-je en retirant mes chaussures et en les jetant dans le sac, et comme ça, c'est bon?
— Oui, hoche-t-elle vivement la tête, vas-y je t'en prie.
L'aspect du sol est vraiment étrange et me force à faire attention à chaque pas. En observant tous les casiers, je comprends que tout est rangé par ordre alphabétique et que le début de la liste se situe tout en haut. Je grimpe alors par une échelle jusqu'à atteinte la lettre B.
Je parcours l'ensemble des fichiers jusqu'à tomber sur
celui où il est noté Brown. En espérant que nous ne soyons pas plusieurs à porter le même nom, par ici. Par chance, il y a seulement trois familles et la référence de la mienne se trouve bel et bien dans ces papiers. Le dossier que je récupère se compose d'une vingtaine de pages. De quoi avoir de lecture pour la soirée. En feuilletant le contenu, je reste surpris par la quantité de documents en leur possession. C'est pire que les archives des mormons. Il est noté chaque achat, chaque propriété au nom de mon père, en passant par ma naissance et celle de ma famille. J'ai l'impression d'être dans un centre de renseignements haut placé. Comme si des caméras avaient filmés en temps en heure chaque aspect de notre vie.
Tamsin arrive dans mon dos.
— Tu peux photographier ce qui t'intéresse, il y a beaucoup de documents et on n'aura pas le temps. Les casiers sont sous minuterie, et on a eu juste deux minutes pour consulter un dossier.
Sans qu'elle ait besoin de m'en dire davantage, je choisis de prendre le tout et de le glisser dans le sac.
— Vite! me presse Tamsin qui ne cesse de surveiller la porte, comme si un danger imminent allait surgir.
Je redescends à l'endroit initial, Tamsin sur mes talons.
Elle passe devant moi et tire la poignée, mais des pas se font entendre à l'autre bout du couloir. En mode arrêt sur image, j'attends ses instructions. Elle charge le sac sur son dos, rabat une capuche sur sa tête et se tourne vers moi.
— À mon signal, tu cours sans t'arrêter jusqu'au jardin, murmure-t-elle.
Elle évalue les distances pendant que je me tiens prêt, puis, me pousse à l'extérieur et claque la porte derrière elle. Des voix nous ordonnent de nous arrêter et on se lance dans une course folle vers la sortie, traversant le jardin. Courir pieds nus dans les graviers et l'herbe humide n'est vraiment pas ce que je préfère sous forme humaine, mais je m'abstiens de tout commentaire.
Tamsin grimpe la grille et passe par dessus. J'essaie d'en faire autant et dégringole de l'autre côté dans un buisson.
— Bordel !
— Comment ça se fait qu'un Lycan soit moins dégourdi qu'une sorcière ? Je me le demande, plaisante-t-elle.
Enfoncé dans les ronces, je me tire de cette mauvaise posture un peu agacé et m'avance vers elle.
— Oui, mais une sorcière avec des bottes ! Je te rappelle que tu m'as fait retirer mes groles juste avant d'entrer dans ce fichu bureau !
— Ah ! Oui, en effet, j'ai oublié ce détail. Tu dois avoir les chaussettes bien trempées !
— Je te le fais pas dire ! râlé-je.
— Oh tu chipotes un peu, se moque-t-elle
— Je voudrais te voir courir pieds nus sur des carrelages glissants, du goudron, des pierres et des végétaux humides !
Elle sourit si gentiment que je dépose les armes. En réalité, je me sens plus humilié par la situation plutôt qu'en colère contre elle. Je lâche un soupir avant de répondre à son sourire.
— Tu acceptes de me rendre mes chaussures ?
— Je veux bien oui.
Elle fouille dans son sac et affiche une mine horrifiée.
— Tu as pris le dossier avec toi ?
— Absolument ! dis-je en enfilant une chaussure, ce qu'il contient ne concerne que moi.
— S'ils s'en aperçoivent, ils vont te créer des ennuis.
— Je m'en fous, Tamsin ! argué-je en enfilant la deuxième, Tout ça, c'est à moi ! Les extraits de naissance et de décès de ma famille sans compter que je veux y voir les noms des assassins de mes parents.
— Viens ! Traînons pas là, lance-t-elle en me tirant par la main.
Les premières lueurs de l'aube commencent à apparaître et nous nous pressons jusqu'à ma chambre. Je n'ai qu'une hâte c'est découvrir l'intégralité de mon butin, parce que je n'ai pu lire qu'en diagonale. La belle sorcière patiente à mes côtés, tandis que je lui énonce mes commentaires.
— En fait, ils détiennent la vie de tout le monde !
— C'est exact.
— Alors pourquoi tuer tous ces gens s'ils ont les info ?
Pourquoi ils ne m'ont pas fait la même chose ?
Tamsin m'arrache le dossier des mains, le parcourt rapidement et place le passage intéressant devant moi.
— Je ne voulais pas te l'annoncer comme ça mais c'est une des raisons qui ont fait que tu es ici.
Mot pour mot, il est écrit que ma mère aurait eu une union avant d'être avec mon père et que je suis donc issu de leur amour. En résumé mon père n'est pas mon géniteur. C'est carrément un coup de massue qui s'abat sur moi, mon existence et tout le reste.
— Tous ceux qui sont ici, sont soit orphelins soit adoptés. Et pour les personnes dans ton cas, leurs parents ont été tués soit parce qu'ils refusaient de coopérer soit parce qu'ils cachaient un être surnaturel avec eux. Dans ton cas, c'est écrit plus bas. Ils ont refusé de se rendre.
Tout ce que je lis est une ignominie. Je me sens trahi, seul et perdu, mais je ne montre pas une once de cet état d'âme. Passant une main dans mes cheveux, j'arpente la chambre comme une bête en cage. La rage gronde en moi et je ne vais pas pouvoir la retenir longtemps.
— Co... comment ça se fait que les surnaturels ne se soient pas rebellés ?
— Emmet a réussi à obtenir une sorte de trêve. Tous ceux qui acceptent de coopérer passent des tests. En fonction des résultats, ils seront dans la faction Phôs, la lumière, ou la faction Skiá, l'ombre, avec ordre de ne jamais se mêler aux humains. C'est comme ça, me raconte-t-elle.
— Donc on est tous forcément ombre ou lumière ?
— Non. Il y a des variants. Ceux-là sont totalement à part parce qu'ils peuvent à la fois s'adapter chez les humains pour reprendre leur forme initiale mais aussi rester des êtres immortels. Ils sont ingérables et personne ne peut les dominer. C'est pour cela qu'ils sont pourchassés.
— J'arrive pas à croire qu'on réduit l'existence humaine à des clans ! argué-je.
— Je sais c'est horrible. Et je voudrais mettre fin à ce délire.
— Mes parents sont morts à cause de ces gens ! m'écrié-je.
— Je suis désolée Exton. Si je peux t'aider à quelque chose. Dis-le moi.
Je m'avance doucement vers elle, saisissant ses mains, et mon regard se perd au fond du sien. On se comprend sans se parler et cette petite lueur dans ses prunelles m'indique qu'elle éprouve la même attirance envers moi. Une sorte d'âme sœur, quelqu'un qui me serait destiné et pour toujours. Alors mes lèvres fondent sur les siennes avec une passion qui n'est pas coutume. Son corps fragile pressé contre le mien, bien plus grand, me fait frémir. Une coulée d'adrénaline longe ma colonne vertébrale et électrise mes sens, mais je n'ai pas le temps pour cela, pas tout de suite. Je colle alors mon front contre le sien, murmurant une réponse à sa demande.
— Merci d'être là. Mais j'ai peur de t'entraîner dans la descente car tu imagines bien que je ne vais pas rester là sans rien faire.
— Je sais, mais on peut trouver une solution sans que tu te risques à ...chuchote-t-elle d'une voix tremblante.
— Ne t'en fais pas, je n'ai pas envie de mourir.
Et je l'embrasse à nouveau comme si c'était la dernière fois. Mes bras l'entourent et la passion nous consume. En parallèle, dans le néant de mon esprit, je débute une vengeance contre ceux qui ont faits tout ce mal.
Il me faut un plan solide. Je dois empêcher que tout cela continue et reste impuni. La seule issue qui se trouve à ma portée est de m'adresser à Emmet, le chef du groupe Skiá. Le seul qui puisse m'entendre et me comprendre. Si je lui offre sur un plateau, ce dossier et que je lui explique mes intentions, il ne pourra pas refuser.
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