A 10 heures, vingt-trois minutes, et quatorze secondes, Pierre se munit de son téléphone portable.

Au bout de quatre sonneries, une voix forte répondit.

-Allo?

-C'est Pierre.

-Bonjour patron.

-J'ai une mission.

-Bien!

-Délicate.

-Pas de problème, patron.

-Il te faut partir sur le champ à Ganière-Sur-Loire, près d'Orléans. Ta cible est un certain Jack. Martin Jack!

-J'emporte quelques affaires et je pars.

-N'oublie pas l'essentiel.

Un rire bruyant résonna dans l'appareil.

-Patron! Je suis un Pro. Un Pro de chez les Pros.Ne vous tracassez pas, le travail sera clean. Sans bavure.

-Je te contacte à ton retour de mission.

Pierre venait juste de raccrocher, que le téléphone de son bureau sonnait.

-Quoi, encore!!! beugla-t-il dans l'appareil.

-Et bien, cache ta joie.

-Oh! Excuse-moi, ma chérie. J'ai eu un début de journée mouvementée. Entre les fournisseurs qui se font tirer l'oreille, et les clients récalcitrants,...

Babeth avait ce privilège rare, qu'elle pouvait le contacter au travail, directement sur sa ligne privée.

Sans passer par l'intermédiaire de Gladys. Ce qui arrangeait grandement Pierre.

Ces deux là, ne pouvaient pas se souffrir. La seule fois où elles s'étaient croisées, chacune avait toisé l'autre comme des lionnes prêtes au combat. Savoir qu'il était l'unique trophée, remplissait Pierre d'un orgueil sans nom.

Il bombait le torse. Mais la situation n'était pas simple. Il fallait pouvoir gérer les égaux.

Rester magnanime devant des qualificatifs tels " Ta bimbo"  ou   " Votre Mistinguette".

-Je sors de chez le gynéco. ça y est, nous sommes fixés.

Pierre se raidit. Il redoutait le verdict. Il serra les poings bien malgré lui. "Mon dieu, pourvu que ce ne soit pas une..."

Théo va avoir un petit frère.

Toute la tension accumulée, soudain, disparut.

Ils discutèrent encore quelques instants avant de raccrocher.

Pierre se renversa dans son fauteuil, fixa le plafond. Puis ferma les yeux. En signe de reconnaissance.

-"Si tout pouvait reprendre comme avant."

Comme avant ...

                     " Oublier que tout se casse

                      que la vie nous dépasse.

                      Comme avant,

                      contre le temps

                      remonter les jours

                      et retrouver l'innocence.

                      Comme avant

                      à contre-courant

                      emmené vers un passé

                     où plus rien n'a d'importance.

                     Comme avant."

https://youtu.be/J5uQoFrXOOY

                                                                    Marie Mai