Charly

-Comme on se retrouve. Tu ne t'attendais pas à me revoir de sitôt. Tel est pris qu'il croyait prendre.

-Charly fais pas le con. Pose cette arme. On va parler. 

Il se tenait devant lui. Sans perruque ni maquillage. Simplement vêtu d'un jean et d'une chemise polaire . 

Avec une lueur meurtrière dans le regard.

-Oh que non! TU vas parler. Et fais gaffe, moi aussi je sais me servir d'un flingue.

Ses mains commençaient à trembler. Il poursuivit néanmoins.

Tu les as tous buté. Et tu voulais faire pareil avec moi. Tu souhaitais venger notre crime, c'est ça? Pour te débarrasser définitivement de nous. des fois qu'on aurait voulu te faire chanter. Facile, maintenant que t'es riche. 

Pierre s'était reculé. Instinctivement. Il repérait l'un des piliers afin de pouvoir se réfugier derrière au cas où les choses tourneraient mal.

-Ne dis pas de bêtises Charly. Je n'ai tué personne. Je te le jure. Je suis innocent.

-Tu me le jures. Parfait! Alors à genoux. Plus vite que ça. Et je te préviens que je n'hésiterai pas à te faire sauter la cervelle.

Devant la menace de son arme, Pierre s'exécuta.

Son plan tombait à l'eau. Il ne pouvait plus bouger. Adieu le pilier salvateur.Il importait de trouver autre chose. Et vite!

Charly continuait de parler. Libérant une parole trop longtemps contenue.

-Tu as toujours été très sûr de toi Pierre. Le meilleur de la bande. Incontestablement. Mais regarde-toi maintenant, là, à ma merci. Tu n'es plus rien. Tu m'entends !!! 

Allez rampe jusqu'à moi sur les genoux. Comme un soumis.

-Charly, putain! Je te répète que c'est pas moi !

-Ta gueule. Rampe! Si tu savais à quel point j'ai pu être jaloux de toi. Alex pouvait bien avoir toutes les filles qu'il désirait, Baptiste être un excellent musicien, Luc la bonté même, Jack mon meilleur ami,...  c'est toi qui nous surpassait tous. Toi qui a créé "Délit", toi qui a négocié notre contrat, toi et ta confiance inaltérable...

Tout ce que je n'ai jamais eu.

Des larmes lui venaient à présent.

Mais tout ça c'est terminé. Je te tiens entre mes griffes. Et finalement à te voir, tu n'est pas différent des autres.

Tu as la trouille je le vois dans tes yeux. ça fait quoi de savoir qu'on va mourir? Tu fais dans ton froc. Comme les autres. Tu as perdu de ta superbe, hein?!

Il dégrafa le ceinturon de son jean.

Tu serais prêt à me faire une gâterie pour sauver ta peau? Regarde-moi quand je te parle, putain. REGARDE-MOI !!!

Il tendit rageusement le bras qui tenait l'arme tout en faisant un pas supplémentaire en direction de Pierre, l'index crispé sur la gâchette.

C'est ça. Allez,viens... Rampe en bon toutou que tu es.

Pierre le regardait franchement, à présent. Il avait face à lui, un homme aveuglé par la rage. Les yeux injectés de sang. Il ne reconnaissait plus le Charly d'autrefois. Il tenta une dernière négociation.

-Arrête tes conneries. Je te répète que je n'ai rien à voir avec ça. Tu n'es pas obligé de m'humilier. Toi aussi tu avais ta personnalité dans le groupe. Je ne vous ai jamais imposé quoi que ce soit. 

Et puis grâce ta voix tu aurais pu faire une belle carrière. Mais il n'est pas trop tard, Charly. Je connais du monde, des impresarios. Je pourrai t'aider. Je te donnerai de l'argent...

-C'est trop tard. J'ai changé de vie. Et cet accident voilà dix ans m'a ouvert les yeux. Il m'a révélé ma vraie nature. Celle que j'avais toujours refoulée inconsciemment. 

Et ce n'est pas toi et ton désir de vengeance qui va tout foutre en l'air.

Ses yeux lançaient des éclairs de haine.

Il baissa le zip de sa braguette.

-On va s'amuser un peu, tous les deux.