Dix-sept heures, quarante-huit minutes, trente-neuf secondes.

Pierre ne perdit pas de temps. Il empoigna son téléphone portable. Un Samsung Galaxy s8.

- C'est moi.

Une voix hésitante lui répondit.

-Bonsoir, patron.

-Il faut qu'on parle!

L'embarras devint plus net.

-Je suis désolé pour avant-hier, patron. Je l'avais pris en filature. Il ne pouvait pas m'échapper. Du reste, c'était facile, il ne bougeait pas de chez lui. Il habitait au fond d'une impasse, et j'avais garé ma voiture juste en face de sa maison.

-Tu ne t'étais pas fait repérer j'espère!

-Pensez donc. Avec ma vielle caisse vert-olive, spécial camouflage, ça risquait pas. 

J'avais pris mon Compact Nikon Coolpix A 10, comme vous me l'aviez demandé, et je le guettais à la jumelle... Sauf qu'à dix heures, il a tout éteint. Alors j'ai levé l'ancre pour aller dormir, moi aussi. Dans le Formule 1 du coin.

-Un vrai pro!

-Seulement quelques heures, patron. Je comptais reprendre mon poste vers minuit. Mais je ne pouvais pas imaginer qu'un abruti me crèverait mes quatre pneus...

Quand j'ai vu mes quatre pneus à plat, j'étais furax. Imaginez les frais supplémentaires que cela allait me coûter. D'ailleurs, à ce propos, je me demandais si vous pourriez...

-Abrège! J'ai pas tout mon temps.

Une légère pointe de déception nuança sa voix.

-Ben, j'ai fait venir la dépanneuse, vous croyez bien! Ah, j'étais en rogne. Mais le boulot avant tout, patron. J'ai repris ma filature vers  quatorze heures trente.

-Et tu n'as rien remarqué d'anormal ?

Pierre commençait sérieusement à perdre patience.

-Non, rien, patron. Ah, si! Il n'avait pas ouvert ses volets. Après trois heures d'attente, ça m'a paru bizarre. ça vous aurait pas paru bizarre, à vous, patr...

-Mon avis ne te regarde pas. Va droit à l'essentiel. Et dépêche toi, avant que je m'énerve!

-J'y viens. J'y viens. Moi, en tous les cas, ça m'a mis la puce à l'oreille. "Un lève tard votre client", je me suis dit.

-Humm !!!

-Désolé. J'arrive aux faits... Bien planqué dans ma voiture, dans cette impasse paisible- sérieux, y a pas un chat dans ce quartier-  j'ai attendu vingt-trois heures dix-neuf minutes, et puis, j'ai pris mon courage à deux mains. 

-C'est à dire?!

-Je me suis introduit discrètement dans son jardin, sans éveiller les soupçons des voisins, et puis j'ai fracturé la porte de derrière, celle qui donne sur le potager. D'ailleurs, il a des tomates énormes, je me demande comment il fait. Moi, je...

-Hummm !!!

-Oui, oui, j'arrive à notre homme. Où ce qu'il en restait, patron, parce qu' à l'intérieur, c'était l'horreur...

Il stoppa un instant. Revivre ce souvenir  lui provoquait des hauts le coeur.

Notre homme était allongé dans le salon. Une balle entre les deux yeux... Et un volant de voiture sur le ventre, et les mains qui tenaient ce volant. Houlala, c'était horrible.. Je vous assure, patron, en vingt ans de métier, je n'ai jamais connu...

-Et c'est toi qui a prévenu les flics?

Il eut une longue hésitation.

-Ben, oui, patron. Que pouvais-je faire d'autre? Je n'allais pas laisser pourrir ce pauvre bougre.   Il reprit contenance. Mais j'ai été discret, j'ai laissé aucune trace.

-Tu n'as touché à rien, j'espère ?!

Pierre devina le malaise du détective à l'autre bout du fil.

-Presque à rien, patron. En fait, sur la table, il y avait une traînée de sucre en poudre, avec une paille.

- Et ??

-J'ai goûté. C'était pas du sucre.

-Rien d'autre?

-Si. Un billet de train.

-Ah!

-Pour Paris, je crois. Mais je vous jure, patron j'y ai pas touché. Par contre...

-Oui?

-Sur le sol, j'ai découvert, par hasard, une liasse de billets de cinquante euros. Juste à côté du corps. Là, par contre, j'ai pris mes responsabilités.

- Et?

-J'ai fait disparaître cet indice compromettant. J'ai bien fait patron?

Pierre ne releva pas.

-J'ai une autre mission pour toi. Si tu échoues, comme cette fois, je te vire.

-Patron, en trente ans de métier, c'est mon unique échec, je vous assure!

-J'ai besoin que tu me retrouves deux individus. Un certain Charly Thomson, et Luc Lagarde. Tu te mets IMMEDIATEMENT à leur recherche. Compris?

-Compris patron.

Sa bonne humeur reprenait le dessus. Il parlait, soudain, beaucoup plus fort.

 Considérez que c'est dans la poche. Je vous recontacte dès que j'ai du nouveau.

-Dès que tu auras remplis TA mission.

Et Pierre raccrocha.

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Chers lecteurs, demain nous parlerons cuisine.

Et plus particulièrement, de pâtisserie.  😊

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